What? Elle a fait quoi?!

[SUITE DU RP "la boîte Noire" ici]

Flamina avait emmené le dénommé Shiro Amakusa à sa suite. Après lui avoir rendu son salut, sans ajouter un mot, omettant même de se présenter, elle lui avait fait signe de la suivre. Sans particulièrement adapter sa marche à un non initié, après tout, c’était à ses risques et périls s’il la suivait, mais pour le coup, les risques venaient plutôt des rongeurs ou d’infants un peu trop zélés, elle le mena à la bouche d’égoût toute proche, et descendit en premier, l’attendant en bas, les pieds dans une flaque d’eau dont elle ne se formalisa pas, ses bottes en avaient certainement vu d'autres.

Lorsqu’ils furent tous deux dans la place, il fut bien nécessaire de se rendre compte que l’obscurité était quasiment totale. Parfois, un lumière dansante accrochée à une paroi éclairait la pénombre, cependant, de façon globale, il était aisé pour la Nosferatu de se repérer dans ce lieu qu’elle avait maintes fois arpenté. L’exercice serait probablement un peu plus ardu pour le Lasombra, mais n’était-il pas l’enfant des Ombres. Elle avait toute confiance en son sens de l’orientation et en sa maîtrise des ombres pour se repérer dans l’endroit sans le moindre problème. Et s'il devait trébucher... ma foi, cela ferait une distraction. Elle ne comptait toutefois pas trop sur cette délicieuse éventualité.

Flamina resta un instant à détailler le vampire, puis, jugeant qu’il ne tenterait probablement rien de stupide ainsi qu’elle l’escomptait, et se comportait en parfait gentleman, elle fit volte-face, et l’invita à la suivre. A pas plus doux que ce dont elle avait l’habitude (il eût été stupide de le perdre dès l'entrée du tunnel), sans toutefois lui laisser le loisir de graver dans sa mémoire les passages qu’ils emprunteraient – il ne manquerait plus qu’elle lui livrât les arcanes de ces lieux, non mais sans blague – elle l’entraîna d’abord en ligne droite, puis bifurqua plusieurs fois à droite, à gauche de façon apparemment chaotique, puisqu'elle semblait décider à l'ultime seconde du chemin à prendre. Ils avançaient, mais certainement pas suivant la ligne la plus droite.

La Nosferatu avait en effet décrété qu'il serait bon d’éviter au maximum les zones où ceux de son clan pourraient apparaître et d'opter pour un long dédale labyrinthique qui avait tendance à brouiller les sens. Les siens ne l’utilisaient guère plus, sinon pour perdre des visiteurs par trop envahissants. Le but n’était cependant pas de semer l’ancien ce soir. Et comme elle ne tenait pas non plus à se manger un retour de flammes dans la tête - elle imaginait déjà parfaitement bien ce qu'on lui servirait comme discours en haut lieu lorsque l'affaire s'ébruiterait - il était essentiel de faire dans la discrétion.

Jugeant qu’elle avait assez perturbé les sens de son invité, elle se mit à deviser à mi-voix, tandis que les échos de leur pas s’étaient fait source sonore principale accompagnée du clapotis des eaux sombres de la ville. Le bruit se diffractait, résonnait, s'amplifiait, et emplissait finalement toutes les galeries environnantes d'un chuchotis suave.

« Je suppose qu’il est de bon ton de vous souhaiter la bienvenue bien que nous ne puissions guère nous attarder. Aussi vous la souhaite-je en toute sincérité, Shiro Amakusa-san si vous m'autorisez cette appellation. Je suis Flamina Adams, nommez-moi comme il vous plaira, je n’ai nul titre, sinon celui d’Ancienne qui est, à mes yeux bien suffisant. »

Elle fit encore quelques pas, bifurqua, et s’arrêta un instant. Un rat qui se tenait là leur bloquait le passage. Ses yeux injectés de sang les fixèrent tous deux intensément, et il fit mine de s’en aller, sans nul doute pour rapporter à l’un de ses collègues ce qu’il avait vu. Flamina garda les yeux sur lui quelques instants, et perçu l’esprit de l’animal. Dès lors, elle n’eut qu’à tendre la main pour que l’imposant mais décharné animal vienne grimper le long de son bras, et se nicher sur son épaule, aussi sagement que s’il eût été une poupée de cire.

« Mes collègues sont navrants à faire surveiller ces couloirs par des rats, commenta-t-elle, ils devraient bien se douter que la ruse ne marche plus à force. »

Combien de fois avait-elle surpris de ces animaux en train de la scruter, envoyée sans doute par un de ses paires par trop inquiet à l’idée qu’elle puisse revendiquer son titre. C’était bien mal la connaître que de la faire surveiller de la sorte.

Reprenant leur route, elle continua de le guider, dans le silence, espérant peut-être qu’il n’ait le désire d’entamer la conversation pour émailler la marche qui promettait de durer encore un peu.

Fiche par Narja

What? Elle a fait quoi?!

Le Lasombra était calme, suivant placidement Flamina. L’image lui passa un instant d’une possible traîtrise, mais elle ne conserva pas cette possibilité. Prêter sa confiance – car Flamina la donnait rarement – à ce genre d’individu revenait sans nul doute à une déclaration de guerre auprès des siens, et pourtant, elle avait ce soir toute confiance en le déroulement des événements. Peut-être un peu trop, sans doute.

Le vampire finit par faire entendre sa voix d’entre les ombres, douce, calme, elle lui évoqua un cours d’eau, un flot, une de ces estampes lointaines qu’elle avait vues maintes fois, cachée derrière son ordinateur – eh oui, Flamina se tenait avec assez de brio, il fallait l’avouer, au courant des dernières innovations – un paysage apaisé, en tous cas . C’était sans doute une illusion tournoyante, comme il y en avait tant dans son monde, mais ce soir, on pouvait bien laisser ces illusions en paix, pour une fois.

"Excusez ma surprise, je pensais converser avec le conseiller de votre clan auprès du Prince. Ne croyez nullement que j'attache de l'importance à ces titres ou ces fonctions politique. Même si concernant ma personne on m'a dévolu ce genre de charge, je pense qu'il s'agit d'un hochet de vanité que l'âme même délivré d'une existence mortelle aime se parer. Une faiblesse qui mène souvent à la ruine...

Cela m’amène à penser que si vous n'êtes point le Primogène, je risque de porter ombrage à votre personne. Peut-être à t-il déjà eu vent de ma présence et de notre conversation. Vous apporter des problèmes, je ne souhaite point cela."

Ah, on y était. Combien avant lui s’étaient étonnés de la sorte ? L’un des rares à n’avoir émis aucune surprise était sans doute un ancien Malkavian de sa connaissance, mais elle s’égarait en songeant à cette rencontre pour le moins improbable. La prévenance de Shiro Amakusa était une chose agréable à la mémoire du vampire. Il lui rappelait un autre temps, une autre époque, où les relations amicales, cordiales, ou même haineuses avait ce fond de prévenance. Quand était-ce au juste ? Jamais peut-être, les ans avaient tendance à brouiller les plus anciens des souvenirs de Flamina.

« Je ne suis pas Primogène, en effet, reconnut-elle avec une certaine indifférence, on ne laisse pas ce poste en les mains de quelqu’un qui est dangereux aussi bien pour ses ennemis que pour les siens, et cela tombe très bien, je ne veux pas de cette charge, toute honorifique qu’elle fût. »

Quelques temps s’égrenèrent, le rat sur l’épaule de la vampire s’anima soudainement, bondit de l’étoffe sombre de son vêtement, et fila dans les ténèbres. Des couinements s’élevèrent un peu partout autour d’eux, puis le silence revint. Les rongeurs s’agitaient toujours lorsqu’on passait ici. Après tout, leurs anciens en torpeur avaient laissé ici les résidus de leur pouvoir que Flamina percevait, et que les rats ressentaient aussi.

« Oh, il le sait, à n’en pas douter, le contraire serait d’ailleurs particulièrement alarmant pour notre clan. Nous verrons sans doute, ce soir, quelques vampires dans les parages. Ne vous en formalisez-pas, je me ferai un plaisir de faire respecter notre trêve s’ils se montrent irrespectueux, il y a trop longtemps que pareille occasion ne m’a pas été donnée. Cependant... il doit déjà savoir que cette trêve a permis d’éviter ce soir un fâcheux événement. Que peuvent-ils m’ôter sans risque, je me le demande. Après tout, je n’ai en ma possession rien qui en vaille la peine. Et je doute que le Primogène actuel, mon cadet de surcroît, ait vraiment envie que nous ayons une petite discussion à propos de sa légitimité à cette place qu'il fut si difficile pour lui d'ôter à son successeur. Après tout, le trône sur lequel il siège peut s’effriter du jour au lendemain. »

Voila quelle était sans nul doute sa meilleure arme : la peur. Inconsciemment, les siens craignaient le jour où elle ferait un mouvement pour s’opposer à la direction actuelle du clan. On avait soin de ne pas froisser sa susceptibilité à défaut de lui plaire, ce qui, du reste, n’était pas chose très difficile.

Quant à ce vampire, il était toujours amusant de croiser une charge similaire à celle qu'on lui prêtait couramment, mais dans l’autre camp.

« Ma foi, vous semblez un évêque tout à fait civilisé, lui dit-elle, un sourire que personne ne pouvait voir aux lèvres, c’est une qualité rare et précieuse. Je vous souhaite de la conserver pendant quelques siècles encore. »

Une pause, quelques pas, une goutte d’eau qui alla s’écraser au sol.

« Dites-moi, Amakusa-san, pourquoi montez-vous au front, vous ? Pour qui prenez-vous les armes ? Au nom de quelle croyance affrontez-vous nos rangs ? Ne vous méprenez pas, je ne veux pas vous influer en quoi que ce soit. Ce soir, je ne fais que vous poser la même question qu’à chacun des vôtres que j’ai rencontrés par le passé. Et il y en a eu un grand nombre. Mais je ne vous connais pas, au contraire de certains de vos paires, aussi me montre-je curieuse. »

Tandis qu’ils avançaient, une ombre, déjà, se profilait au prochain détour.

Fiche par Narja

What? Elle a fait quoi?!

Le Lasombra sembla troublé par la question que lui avait faite Flamina. Elle le remarqua lorsqu’il cessa de la suivre – un infime déplacement d’air précéda la seconde où il s’immobilisa – pour se planter devant elle, la fixant de ses grands yeux de jais. A chaque fois qu’elle voyait ce visage, il lui évoquait un enfant qui aurait dû grandir trop vite, un enfant qui ne pouvait pas avoir les trois ou quatre siècles qu’elle lui devinait. Pourtant, en cet instant, l’enfant des Ombres semblait vraiment avoir son âge. Son regard s’était voilé d’une sorte de douceur mélancolique que seuls ceux qui arpentaient depuis trop longtemps déjà ces terres savaient afficher. Il parla, et derrière chacun de ses mots naissait un tableau, reflet de cette longue existence. Pour un peu, sur le tableau des ombres qui ne quittaient jamais ce jeune vampire, elle pouvait distinguer des couleurs pâles, fantomatiques, qui fusaient les unes vers les autres jusqu’à former une image.

Une histoire.

"Si je combats encore, c'est parce que jadis j'en ai fait le serment. Une promesse est pour moi sacrée, c'est un contrat intemporel. Ma lame était déjà sombre et la mort ne semblait vouloir réparer le tourment de mon déshonneur. C'est ici que commença la quête du quatrième enfant du ciel, la conversion au Sabbat de l'empire nippon. Des décennies de lutte, reposant sur la promesse d'un cadavre samouraï encore debout. Même dans la non-vie je n'ai pas cessé de croire à mes enseignement, même mes anciennes croyances, je n'ai rien renié..."

En une seconde, elle vit défiler les cerisiers en fleurs, et les estampes japonaises. Les maisons de bois, et le sabre souillé de sang. Elle perçut presque la figure vivante de Samuraïs chargeant dans le soleil levant, et les pleurs de leurs veuves au crépuscule. Elle entendit les grognements de ses paires, et devina les combats qui s’étaient joués une fois la nuit tombée, entre des êtres qui n’avaient plus rien d’humain, désormais.

Et au milieu du sang, de la violence, du carnage, il devait y avoir cet enfant, debout, immobile, un pied dans son monde, et l’autre dans les ténèbres. Oui, voila comment Flamina se représentait les choses qu’elle écoutait avec un silence respectueux.

"Je n'ai rien oublié, malgré le temps. Si ce combat avait un sens sur mon sol, il s'érode avec le temps. La jeunesse impétueuse est aveuglée, pourquoi combat-elle? La Mascarade? Ce n'est qu'une Mascarade, Sabbat, Camarilla nous souhaitons tous que le secret soit préservé. On se bat pour des légendes, des croyances, une absurdité digne d'une fiction.

Adams-san, sachez-le malgré ces mots mon serment demeure inviolable. Mon clan, ma promesse, c'est tout ce qu'il me reste à présent. Je vous prie de respecter cela."

Ce fut la solitude qu’elle vit ensuite, une ombre sous le clair de lune, expatriée comme elle, et venue ici, sur cette terre de promesses – le rêve américain qu’on appelait ça – pour ensuite en subir la désillusion qu’elle-même avait rencontrée, et à laquelle tous devaient se mesurer un jour ou l’autre. Et malgré cette désillusion, il conservait la volonté d’accomplir son combat, droit et fier, comme un chêne qu’il semblait inenvisageable de voir plier. Oui, c’était cela que Flamina percevait dans ce discours qui lui faisait garder la bouche close.

Enfin, après quelques secondes durant lesquelles le trouble de l’Evêque était perceptible, la question lui fut retournée.

"Me connaitre, c'est côtoyer une ombre de plus. Mais vous Adams-san quel est votre sentiment, sur cette Mascarade?"

Flamina prit quelques instants pour réfléchir à la portée de ses paroles, puis invita le Lasombra à reprendre sa marche. Le connaître, c'était côtoyer une ombre de plus? Vraiment? Non, l'enfant qui se tenait près d'elle n'avait rien d'une ombre de plus. Sa présence avait quelque chose de rafraichissant, quelque chose de nouveau. D'amusant. Toutefois, il y avait là, tapie à l’encoignure d’une embouchure un jeune vampire dont elle se remémorait vaguement la démarche. Dès qu’il les vit se remettre en mouvement, il s’éclipsa, bien que sa présence fût encore perceptible.

« Je respecte votre promesse, Amakusa-san, je la respecte et la comprends. Mon histoire ne doit pas être très différente de la vôtre en vérité. J’ai fait la guerre contre vos semblables en Italie, en France, en Espagne. J’ai erré dans les catacombes, tendu des embuscades. Et puis je suis finalement venue ici, lorsque les choses se sont tassées.

Ce combat… il ne me concerne plus. Les Antédiluviens ont-ils existé ? Je n’en sais rien. Vont-ils se réveiller ? Je l’ignore également. La fin de notre race approche-t-elle ? Ce serait sans doute une bonne chose pour les humains. Notre existence est en elle-même contre nature, et pourtant, nous sommes là. Les jeunes générations ne rêvent que de nous départir de ce sang qui nous rapproche tant de Caïn, et les anciens ne se soucient que de leur influence. Comment pourrais-je me sentir concernée par cela, moi qui ait le sang de tant des nôtres et des vôtres sur les mains ?

Il faut se rendre à l’évidence, le monde a changé. La guerre telle que je l’ai connue est finie. Alors à quoi bon me mêler de combats extérieurs lorsque je peux déjà me distraire des conflits qui agitent l’intérieur de mon propre clan ?

Voyez-vous, Enfant des Ombres, si je ne suis pas Primogène, si je ne vous ai pas conduit en un traquenard ce soir, c’est parce que vous me sembleriez presque plus digne de confiance que mes propres paires. Presque. Vous êtes différent de vos paires, Shiro, et qui sait, nous croiserons peut-être le fer un jour. Ce jour là, je me souviendrai de votre réponse, et je tâcherai de me montrer à la hauteur de ce combat que nous mènerons, non pas parce que je me battrai pour la Camarilla, ou contre le Sabbat, mais parce que je me souviendrai que votre honneur est en jeu, et ce sera sans doute ma façon de vous remercier de ces quelques temps passés ici, ce soir. »

Oui. Ce jour là, ils combattraient, peut-être, dans une autre époque. Et si l’un des deux devait mourir, ce serait sans doute l’accomplissement logique de leur rencontre. Au final, se disait Flamina, ce jeune vampire était sans doute le plus appréciable des ennemis que l’on pût rencontrer.

En avançant, Flamina perçut la sortie de plus en plus proche. Il y avait de l’agitation au dehors, il était possible que l’on vînt à leur rencontre.

Fiche par Narja

What? Elle a fait quoi?!

Flamina n’avait cessé d’étirer la peau de son visage sous son masque en un terrifiant sourire. Terrifiant, il l’eût été si son interlocuteur avait pu le voir, mais tel n’était fort heureusement pas le cas. En général ceux qui avaient l’occasion de voir son visage étaient ses proies, et il n’y avait aucune raison que Shiro le fût ce soir.

"A vous entendre, je n'éprouve qu'un regret. Celui de n'avoir point combattu à vos cotés. Merci pour votre déférence, j'ai moi aussi conscience de notre situation, je l'accepte. Je combattrai sans doute avec la même pensée, le même respect."

Ce regret, elle le partageait. S’ils avaient été dans le même camp… s’ils s’étaient connus plus tôt… Les choses eussent-elles été différentes ? Sans doute pas, mais probablement moins ennuyeuses. Shiro s’inclina devant la Nosferatu qui appréciait cette forme de politesse – tiens, ne pourrait-elle pas opter pour un petit séjour au Japon un jour ? – et la lui rendit d’un hochement de tête.

"J'espère Flamina-chan vous revoir sincèrement, en adversaire? Non a vrai dire si j'avais le choix, converser avec vous une nouvelle lune pourrait s'avérer enrichissant de nouveau. Mais si le temps cruel nous a enseigné quelque chose, c'est bien l'impossibilité des choix importants. Qui possède réellement les choix...? Quel fardeau ce devrait être. Je m'égare sans doute..."

Etant un peu versé dans les us et coutumes du pays d’origine du Lasombra, elle nota avec un pincement au cœur l’emploi du « chan », indéniable de signification. Oui, vraiment, s’il en était allé autrement… La Nosferatu avait conscience que bientôt leur lune neutre s’achèverait, et que la vie reprendrait sans doute son cours.

"Qu'ils soient de votre clan ou non, il me parait judicieux qu'ils ne vous voient pas à mes cotés. Si vous me le permettez je partirai seul et profiterai des ombres pour sortir en toute discrétion. Cette lune est neutre à mon sens et elle le demeurera, nulle non-vie ne sera retirée, ceci est ma parole. Qu'en dites vous?"

Des paroles pleines de sagesse qu’elle dut approuver de la tête, silencieuse. Mi heureuse que rien de fâcheux ne fût survenu, mi-peinée qu’il fût déjà temps que ce moment de paix prît fin.

« Vous avez raison, Shiro-chan, bien sur. Je suis heureuse de cette rencontre, et puisse-t-elle se renouveler un jour prochain si vous en sentez le besoin. Tant que nos factions ne se lancent pas dans une guerre ouverte nécessitant notre présence, je n’aurai aucune réticence à ce que nos routes se croisent à nouveau sous cette lune neutre.

Qu’elle reste neutre, en effet. Je vous libère, Shiro-chan, il vous suffit de continuer tout droit. Repartez avec ma bénédiction, et la promesse d’un bon accueil tant que vous ne venez pas en ennemi. »

Dans son fort intérieur, Flamina se promit de repenser sérieusement à toute cette histoire tout en affrontant le courroux qui ne manquerait pas de lui tomber sur la tête dans les nuits à venir. Mais pour l’heure, l’aube ne semblait pas très loin, et il lui serait sans doute bénéfique de prendre un peu de repos pour méditer sur tout cela, et peut-être aller rendre une petite visite à une connaissance avisée.

Elle s’inclina une dernière fois devant Shiro, et se détourna dans un couloir opposé qui lui permettrait de gagner rapidement et sans encombre une des salles les plus secrètes de l’endroit : la crypte où elle-même avait connu la torpeur et où elle aimait à se rendre parfois.

Fiche par Narja