Quant le Régent avait posé sa main sur l'épaule de Brendan pour l'avertir et le réprimander, il s'était contenté d'un bref signe de tête, avant de filer dans la foule. Il préférait prendre les devants, avant que Jack n'explique la raison de leur venue ici.
Les vampires de la Camarilla étaient attirés vers eux comme des touristes devant des monstres de foire. Ils ne voyaient jamais d'anarch par ici ? Non, bien sûr que non, et c'était bien ça le problème !
Après que Céleste ait fait une rapide présentation, un autre vampire s'adressa à lui particulièrement, pour lui demander qui il était. N'avait-il pas entendu ?

Brendan : Brendan Mac Donnell, anarch Ventrue !

Il marqua un léger temps après la seconde question, laissa échapper un court rire un brin méprisant, avant de dire :

Brendan : "Votre" cité ? Intéressant !

C'est à ce moment là qu'ils furent interrompus par la demande d'attention du Régent.

En effet, pendant que les jeunes anarch commençaient les présentations à l'intérieur, le Baron avait discuté avec Nathanaël.
Suite à la remarque du Ventrue sur le non respect des traditions, il se renfrogna un peu et répondit, poliment mais fermement :

Jack : Je croyais que les Elyséum étaient lieux de paix, de rencontre et de discussion. Nous respectons les traditions Nathanaël, nous faisons partie de la Camarilla, ne l'oublie pas.

Il salua Lowell lorsqu'il se présenta à lui, et commenta simplement par rapport à son poste :

Jack : Parfait. Nous aurons probablement besoin de vous.

Puis il revint vers le Régent lorsqu'il lui demanda d'expliquer ses tourments, arguant qu'il pouvait peut-être l'aider seul. Il lui répondit en baissant la voix, pour que seules les personnes à proche proximité puissent l'entendre.

Jack : J'en doute fort.
Billy manque à l'appel. Voilà plusieurs mois que nous n'avons plus de nouvelles. Pire, les anarch de Los Angeles ont tous disparu les uns après les autres, et il commence à me manquer des camarades sur San Francisco. Quelque chose ou quelqu'un s'attaque aux miens, et je ne peux tolérer que cela continue. Amelia était restée sourde à mes demandes, mais j'espère que toi tu nous écouteras... La situation est plus que tendue, et je peine à maintenir mes troupes. Une guerre pourrait éclater si on ne dénoue pas la situation très vite.

Ce n'étaient pas des menaces. Pas réellement. Un simple état de fait. Nombreux étaient les anarch de San Francisco à clamer que c'était la Camarilla qui était à l'origine de ces disparitions. Jack n'en était pas sûr. Il préférait venir poser la question directement plutôt que de fonder son opinion sur des rumeurs.
Nathanaël l'invita à avancer et demanda l'attention de tous pour qu'il puisse exposer le problème à toute l'assemblée.
Jack Noyes, cible alors de tous les regards, dans un silence quasi-total réclamé par le Régent, fendit la foule d'un pas assuré pour se placer au centre de la salle et dire d'une voix forte et claire, en tachant de fixer son regard successivement sur le maximum de semblables présents.

Jack : Bonsoir. Je suis Jack Noyes, Baron anarch de San Francisco. Mes camarades et moi sommes venus pour demander le soutien de la Camarilla. Depuis quelques temps, une vague de disparitions inexpliquée frappe les anarch de cette ville. Le Baron local, Billy the Kid, ne donne plus signe de vie depuis des semaines. Cette plaie commence à s'étendre vers le nord de la Californie, et atteint ma Baronnie.
La colère gronde au sein du mouvement anarch. Votre ancien Prince, Amelia Quinn, ne voulait rien entendre. En cette nuit, votre Régent a entendu mon appel à l'aide. La Camarilla se souvient de ses engagements envers ceux qui la servent. Aussi je demande à tout semblable qui aurait des informations sur la plaie qui frappe les anarch de les partager ici et maintenant, sans crainte de représailles.

Et les larmes des anges, sanglantes et lumineuses, couvrirent les friches de la terre.
Les pétales coulaient, glissant, macabres, sur le parvis de l'auguste Elyseum.
Les yeux améthystes du Toréador regardèrent tomber ces gouttes pourpres. Il sentit les regards de plusieurs semblables ahuris voire outrés par le comportement de la Malkavienne. Ces gens là ne comprennent que rarement le vrai présent de la rose.
Telle une enfant trop gâtée, la Malkavienne avait déchirée le beau papier du cadeau du Primogène. Un si bel emballage... quel dommage, au moins pourrait-elle apprécier avec plus de subtilité le présent désormais mis à nu.
De belles épines, coutelas délicats pour entailler les chères, griffes à vitae du plus bel apparat.
Alors suivant la traînée rougeoyante, le Toréador un sourire amusé au coin des lèvres, s'approcha du petit groupe. Il ramassa quelques pétales traînant ça et là, les gardant délicatement dans sa paume.

Se glissant prêt de la protégée « iconoclaste » du Primogène Ventrue, le Toréador lui déposa dans la main les pétales de roses en lui soufflant :

- Petite empressée, êtes-vous si avides de présents que vous n'en gardez point le moindre emballage ?

Puis se tournant vers ses autres semblables, il leur adressa dans un sourire courtois :

- J'en perd mes manières, je suis Ismahel Lucilius Gaebius, Maître des Harpies de cet Elyseum. Cela fait bien longtemps que ce domicile n'a en effet pas reçu la vision de compagnons de votre trempe, votre venu est un véritable plaisir. Vous désirez peut-être quelque chose à boire ?

Et faisant un signe de la main, il attendit qu'une jeune rose vint à la rescousse de tant de caïnites assoiffés. Certains trouveraient peut-être l'utilisation si régulière des jeunes comme commis par le Primogène mais celui-ci avait à Florence et à New-York retenu que l'on acquiert les plus belles roses uniquement par un entretient rigoureux, et il comptait bien faire honneur à cet enseignement.

Soudain, le Baron de San Francisco prit la parole. Noires nouvelles pour le mouvement anarchiste... Ce « cher » Billy manquait à l'appel. C'est bien vrai que cela faisait longtemps que ce nom n'était plus arrivé aux oreillers d'Ismahel.
À croire le Baron, Amelia aurait fait la sourde oreille à ses suppliques. Combien de temps encore, allait-elle couvrir d’opprobre les glorieux enfants d'Arikel ?
Sa nouvelle goule avait fait disparaître tout l'attachement qui persistait dans le cœur du Toréador pour l'ancienne Prince. Il ne restait plus que de la déception et de la honte.

Même destituée, Amelia continuait à saper ses efforts pour glorifier le clan des Toréadors.

Je l’ai senti venir dans son sourire et cela m’a fait rire. Je l’ai déjà vu sur d’autres visages. Embarrassé, poli ou méprisant, c’est toujours le même qui est là. Je sais le reconnaître quand il apparaît sur une nouvelle tête, sourire sans réponse, présage de la stratégie d’évitement. Si l’histoire se répète elle en devient comique. C’est un ressort d’humour aussi infini que le temps qui passe qui me revient en pleine face et je l’attrape entre les dents que mon rire dévoile. Je suis sûre que mes mots ne sont même pas rentrés par une oreille et ressortis par l’autre. Clac ! Muré.

Ainsi je gagne au change. Hosanna sur les roses. Des quelques-unes rescapées parmi les dames à pétales qui ont encore leur tête. Céleste à la figure de cristal blanc jette la lumière vraie d’un cierge sur les icônes Anarchs à proximité. Brendan Mac Donnell. L’homme qui tenait à son préfixe. Ça c’est marrant ! J’ai le même exemplaire, il me vient du pays de la mer et des polders. Le mien est plus subtil quand il utilise tout un chacun ainsi que de petites marionnettes. La troisième est Ashley, colorée, mais qui s’efface en messe basse. Mes lèvres suggèrent un sourire en réponse et j’ajoute mon nom au chapelet égrené.

- Et je suis Dyan Leigh. J’espère que la nuit sera votre complice.

Les vampires qui la peuplent le seront peut-être nettement moins. Nous voilà toute une compagnie, semble-t-il épinglée par ce bouquet épineux, ce chœur de calices mis à nu qui saurait parler de la vérité qui blesse à ceux sachant le regarder. Un sourire nacré par les dents à leur tour dénudées accueille les mots du Gardien. Mais je n’accueille pas d’avantage que ses paroles. Parfois j’entends beaucoup de voix qui ne sont pas de moi. Je ne leur laisse jamais la place. Maintenant, il y aura aussi beaucoup d’yeux occupés à me fixer à travers L.A. A cause de lui. C’est gênant. Je préfère les Nosferatus. Tout le monde peut s’arranger avec ces fouineurs. Je lui dirais bien que si la suite de mots pour accompagner son nom est un coup de grâce qu’on retient, alors nous pourrions lui trouver un meilleur cortège. Mais il me faudrait une deuxième bouche. Car la seule que je possède s’ouvre pour poser une question.

- Que voulez-vous que je fasse de ça ?

Les pétales sont de retour dans ma main et je sais très bien qu’aucune pépite ne s’y cachait. Mais la question est posée et mon esprit s’imbibe d’une aquarelle sanguine puisque j’ai demandé. Les pétales rougis épanchent les larges gouttelettes de sang et un flash photographique révèle les motifs violents qu’on labouré les épines sur la peau sillonnée, sans vêtements, scarifiée par les martinets de roses décapitées. Je vois Dyan Leigh et Karl van Nistelrooy incarner l’œuvre de vice artistico-SM. Holy fuck ! qu’est-ce que c’est que ça ? Je suis encore trop naïve. Je ne pensais absolument pas à ce genre d’amitié quand j’ai reçu ce bouquet. Mais preuves en mains, tiges et pétales, témoignage à l’oreille, je sais maintenant ! Ce n’est pas anodin qu’on surnomme les Toréadors "Dégénérés". Je devrais le savoir. Ceci explique pourquoi Mr. Karl aurait dû recevoir le même instrument lui aussi. Ha ha ! Il faudrait toute une congrégation de membres de mon clan pour convier l’inflexible primogène à partager une activité aussi spéciale. Après coups – et quels coups ! - la honte rongerait sa lignée jusqu’à la dernière génération. Parlant de manières, c’est justement ce qui me retient d’interpeller le primogène Toréador d’un : Hey ! Vous organisez de drôles de parties, vieux cochon ! Après tout on ne les a pas gardés ensemble. De plus Céleste et Alice sont à portée d’oreilles. A la place, je distribue plutôt un préavis. Très clair.

- Les rôles ont été bien distribués, Sganarelle, Don Juan et le Commandeur. Les acteurs joueront jusqu’à ce que le rideau soit baissé comme un suaire sur la faute. C’est inéluctable.

Une petite puce, deux petites puces, trois petites puces, quatre petites puces. Plein d’autres qui se dispersent dans la salle, sur les gens. Le discours de Jack Noyes me donne envie de me gratter. Il en dévisse d’autre de leur chaise. Dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas, c’est enfoncer une porte ouverte. Bien sûr que cela peut-être un stratagème, que les Anarchs peuvent chercher un prétexte plutôt que la vérité. Voir les deux. Cela pourrait être l’œuvre du Sabbat, des Cathéens, de n’importe quels vieux cons de la Camarilla, de n’importe quelle autre saleté qui squatte la nuit avec nous et qui se marrerait de nous voir nous bouffer le blaire. Une fois de plus. C’est le lot des Anarchs entre chiens et loups, tantôt en bordure de la Camarilla, tantôt en guerre. Nous, notre lot, c’est d’avoir des scarabées bousiers qui roulent la même merde depuis des siècles. Elle en devient tellement énorme qu’elle les aveugle. Moi aussi, je me fous des disparus. Ce ne sont pas les Anarchs manquants le problème. Il ne faudrait pas oublier que ce cul qu’on ne voudra pas bouger est assis sur un baril de poudre : La Californie. Avant de les rançonner comme des vautours, pensez que d’autres seraient trop contents de les voir servir leurs intérêts contre la Camarilla. Puis pendant que vous en êtes au temps jadis, demandez-vous quelles erreurs ont créé les Anarchs et pourraient en produire d’autres. Je ne suis pas assez ancienne pour remonter jusque-là, mais je crois que je devine.

Dans le fond ce ne sont que des paroles comme les autres, pas celles que j’aurais choisies de prononcer. Sauf que je ne peux plus rien faire maintenant que le Fléau s’est planté comme un pieu entre nous en essayant d’en rameuter un max. Manquée encore une fois. Alors je ne resterai pas immobile. Je ne sais pas s’il va pousser la jeune Alice à la suite de Neji, mais il y a quelque chose que, là, je ne supporte pas de renifler chez ce type. J’ai envie de montrer les crocs comme une chienne qui aurait flairé de la drogue sur un gus à l’air clean. Ça m’énerve. Il m’énerve. Finalement, le seul rafraîchissement que je vais prendre c’est celui du dehors. Je retire mes chaussures. Mes grands talons bruyants bâillonnés dans une main, mes petits pieds silencieux m’emportent vers les jardins où je ne risque pas d’en entendre plus sans pouvoir rien objecter. Et pourtant j’ouvrirai grand les oreilles.

Les vampires allaient et venaient autour du jeune trio d'anarch. Tandis que deux partaient, un autre arrivait. Le Maître des Harpies... Les anarch ne savaient pas tous ce que signifiait ce poste. Lorsqu'il proposa de quoi boire, Ashley s'avança un peu, mais l'anarch Ventrue la retint d'une main sur l'épaule.

Ashley : Oh ce serait avec pl...
Brendan : Non, merci. Nous n'avons pas besoin de vos cadeaux.

Il avait répondu avec un sourire, mais il ne cherchait pas pour autant à masquer sa méfiance. Puis vint l'annonce du Régent, et le discours de Jack. Les anarch se tournèrent tous vers lui, et Céleste leva même la main dans un geste incitant à faire silence. Le dernier représentant, aux allures sauvages, était resté à l'entrée de l'Elyséum, et observait l'assemblée silencieusement. Il attarda son regard sur Marc, qui mimait le geste d'abattre ses camarades. Mais il ne fit aucun commentaire. Il ne montra aucune émotion. Il semblait attendre.

Le Fléau fut le premier à briser le silence, demandant des détails, s'avançant tel un prédateur vers le groupe. Ashley ne soutint pas son regard, baissant les yeux d'un air gêné. Elle aurait sans doute rougi si son sang n'avait pas été figé dans ses veines. Brendan lui adressa le même regard méprisant qu'il avait offert à Karl. Quant à Céleste, elle ne sembla même pas le remarquer.
Seul l'anarch sauvage à l'entrée sembla noter la sortie de Dyan, il la renifla tandis qu'elle passait près de lui, mais ne la suivit pas, restant à l'entrée tel un chien gardant la porte.

Après le Brujah vint le Ventrue. Si Jack avait accordé à Marc un regard qui signifiait qu'il s'était attendu à cette réaction, il regarda Karl avec un haussement de sourcils étonné. Avoir le soutien du clan Ventrue et le mépris des Brujah était pour le moins original. Le Roi y voyait sans doute une occasion de profit.

Jack : Le sang Brujah est curieux et prompt à la querelle. Je ne peux pas en vouloir à Marc pour cela.
(A Marc) En revanche, je te trouve bien étroit d'esprit, mon frère. Tu évoques des faits datant de plusieurs siècles. Les Anarch font partie de la Camarilla, même si nous ne respectons pas toutes vos règles. C'est pourquoi nous demandons de l'aide, et non des explications. Car nous n'aurions aucune raison de penser que les disparitions qui nous accablent puissent être causées par des semblables d'ici, n'est-ce pas ?

Oui, c'était une forme d'accusation, à peine dissimulée. Jack n'aimait pas cette théorie. Mais de nombreux camarades y songeaient, voire le clamaient haut et fort. Billy n'avait jamais eu de cordiales relations avec Amelia. La Toreador pouvait bien avoir oeuvré discrètement à la destruction de la "branche pourrie" de son clan. Mais cette théorie ne tenait pas, car même une fois la Prince destituée, les disparitions avaient continué, et au-delà de Los Angeles.
Jack se tourna vers le Ventrue, et lui répondit, d'une voix moins forte mais suffisamment haut pour que l'on puisse l'entendre :

Jack : Votre proposition est la bienvenue. Nous n'avons malheureusement que peu d'indices. Je n'ai pas reçu de nouvelles de Billy depuis plus de quatre mois, malgré de nombreuses tentatives de le joindre. Il y avait en ville une dizaine de frères et soeurs, qui ont tous disparu les uns après les autres. Cela ne nous a pas choqué au début, mais lorsque nous nous sommes alarmés, nous n'avons rien trouvé. Les différents havres de nos camarades sont restés intacts, tout comme leurs lieux habituels de réunion. Billy avait un hôtel particulier servant de couverture aux réunions des anarch, l'Ocean House Hôtel à Venice, mais l'endroit est vide, sans trace de lutte ou d'une quelconque effraction. De ce que nous savons, les anarch d'ici n'ont reçu aucune menace, et ne se sont pas sentis suivis. Lorsque le Baron a disparu, ils l'ont cherché, mais sans résultat. Ils se sont montrés plus prudents dans leur mode de vie, mais cela ne les a pas empêchés de disparaître les uns après les autres. Ce phénomène atteint maintenant San Francisco, nous avons déjà trois camarades qui manquent à l'appel, dont un qui s'était rendu à Los Angeles pour prendre des nouvelles.

Je le laissais s'exprimer et alors qu'il parlait, je repensais à ses paroles. Billy, ce vampire presque pire qu'une boule de feu, un déchaîné mais j'aimais sa passion. Elle n'était pas comme celle d'autres Brujahs puisqu'il était du sang des roses. Non, je l'appréciais, tout comme Jack. Si je ne connaissais tous les anarchs de la ville, il était vrai que depuis un moment, je n'avais revu aucun d'entre eux. Depuis peu seulement, j'étais régent, et s'il était vrai qu'on en avait parlé uniquement à Amélia, elle avait pu ne pas le tenir au courant, elle qui le savait plus proches des anarchs et des aubains qu'elle ne l'était. Encore une fois, une preuve de son incompétences.
Depuis bien longtemps, j'aurais du prendre cette place, et empêcher tout cela.
Beaucoup restaient silencieux à ses mots. Mon gardien et la jeune Alice eux par contre s’éclipsèrent je ne sais où. Que se passait-il donc ?

Mais Marc … imbécile. On lui offre une chance et ici là, il la piétinait presque … à côté de Jack, j'allais intervenir mais lui même se mit à parler. Je n'avais rien à rajouter, le reste, il sera préférable de l'en entretenir en privé. Je n'avais pas eu le temps de voir avec lui la manière dont il effectuait son travail mais j'avais peur qu'il ne le fasse pas de manière conventionnelle.
Cependant, bien que je ne m'y attende pas réellement, ce fut le Primogène de mon clan qui prit la parole et pour un peu ses mots auraient pu me faire sourire. Mais l'heure n'était pas au réjouissances, pas un seul instant. Je me tournais vers mon prévot qui était resté à mes côtés et lui dit doucement, pour qu'on n'entende pas mes mots dans la salle

-Prévenez les sentinelles, que tous soient présent dans l'heure. Je veux qu'ils soient prêt à prêter main forte si cela devient nécessaire.

Pour l'instant, j'attendais de voir la suite. Pour l'instant, il n'y avait qu'une seule personne qui ne semblait favorable ou du moins qui avait envie de les aider. Je ne savais ce que mon gardien avait pu aller faire, surtout pourquoi avec la jeune infante de notre primogène

HRP : je m'excuse de cette piètre réponse mais je ne suis pas assez en forme pour faire mieux il faut croire ^^'''

Dans les jardins du manoir, deux anarch étaient en pleine conversation. Leur échange était assez animé, suffisamment pour qu'ils ne remarquent pas immédiatement l'arrivée de Dyan, qui put à loisir les écouter à distance.

Tony : Je comprends pas la démarche de Jack. C'est évident que ces pourritures camaristes ont bousillé nos camarades, et c'est évident qu'ils le diront jamais ! Rien qu'une bande de lâches manipulateurs, des putains de fourbes, des...
Chad : Calme-toi Tony...
Tony : Oh ça va, j'suis calme, là ! J'dis juste qu'on ferait mieux de passer à l'action au lieu de faire des ronds de jambe ! C'est pas comme ça qu'on retrouvera Billy !
Chad : Rien ne prouve que les camaristes soient à l'origine de ces disparitions.
Tony : Rien ne prouve qu'ils le soient pas !
Chad : Mais ça sert à rien de leur rentrer dans le lard. Ecoute, je sais bien que tu appréciais, apprécie Billy, mais ruer dans les brancards c'est pas nous rendre service.
Tony : Ptet pas, mais...

Tony venait de détourner le regard de son camarade Nosferatu, et avait remarqué la présence de la Malkavienne. Immédiatement il avait fermé son clapet et fait un signe de tête à Chad pour l'avertir. Celui-ci lui indiqua de rester là tandis qu'il s'avançait vers elle.

Chad : Vous cherchez quelque chose ?

Derrière eux, le Brujah, loin d'obéir aux consignes de Chad, se détourna et se dirigea à grands pas vers la grille de sortie du manoir. Comme Chad lui tournait le dos, il ne s'en rendit pas compte.

Pris à sa discussion avec Dyan, il fallut plusieurs minutes à Chad avant de se rendre compte que son camarade Brujah avait disparu. Il se lança immédiatement à sa poursuite, après avoir demandé à la Malkavienne de prévenir la cour.
Grâce aux miroirs de Narcisse, le trajet de Tony fut aisément retraçable via les nombreuses caméras de surveillance disposées dans toute la ville.
Jack s'étonna de cette attitude : Tony était certes déjà venu à Los Angeles mais n'en connaissait que le quartier de Venice où la baronnie était installée, or il venait de se rendre dans les quartiers chinois, sans montrer la moindre hésitation dans sa marche. Les Anarch contactèrent Chad pour échanger les informations. Le Nosferatu ayant commencé à suivre la piste du Brujah, il arriva près de l'entrepôt de vente de poissons où Tony était entré. Via des échanges avec les rats du coin, il apprit que plusieurs "bipèdes malsains comme lui" étaient déjà entrés dans la "grande boite" sans jamais en ressortir.
Jack ordonna à Chad de surveiller le lieu discrètement mais de ne rien tenter avant leur arrivée.

Le Baron de San Francisco se lança dans un discours enflammé digne du sang des Sages pour convaincre les camaristes de venir avec lui à l'assaut de l'entrepôt, persuadé que leurs ennemis s'y trouvaient et qu'ils avaient appâté Tony.
Le Régent accepta sa demande et fit un appel aux forces volontaires, exigeant que les officiers combattants - prévôt, sentinelles, fléau - prêtent main forte aux Anarch. Quinze camaristes se joignirent aux cinq Anarch restants.
Les troupes furent rapidement organisées par Jack Noyes qui fit montre de talents de stratège. Il fut décidé que le groupe d'assaut de combattants au corps à corps serait mené par Jack lui-même. Un groupe de tireurs, essentiellement composé du Prévôt et de ses hommes, se positionnerait autour du bâtiment, près des sorties et sur les toits, pour couper toute retraite à l'ennemi. Une autre équipe, coordonnée par Brendan et Céleste, et composée essentiellement de Ventrue, Tremere et Malkaviens, se chargerait de couvrir la zone pour éloigner les mortels et préserver la Mascarade. Des oreillettes de communication furent attribuées aux responsables de chaque groupe afin que les actions puissent être coordonnées.

Les troupes arrivèrent sur place et se positionnèrent sans encombres.
Chad apparut près du groupe de Jack pour faire son rapport.



Chad : L'entrepôt a une entrée principale sur le côté ouest, une grande porte en taule, sans doute coulissante, assez grande pour faire passer des camions. Elle est fermée par une chaîne et un cadenas. Y'a une sortie côté est, une porte de taille normale mais blindée, et ça a pas l'air ouvrable de l'extérieur. Il y a des fenêtres qui couvrent toute la façade sud et un étage, mais y'a des grillages à chaque fenêtre. Une entrée discrète me paraît difficile. Y'avait de la lumière, mais ça s'est éteint. J'ai entendu des coups de feu à l'intérieur alors que j'arrivais. Je sais pas si Tony est encore en vie, mais en tout cas faut se bouger, et vite.

Jack dépêcha Chad et Marc Raynor avec deux Brujah à la porte est. Il sollicita la force de l'Ancillae Brujah pour défoncer à mains nues la porte blindée, avec ordre d'attendre que le groupe principal soit entré dans l'entrepôt et leur ait donné le signal d'agir.
Le Baron se chargea avec les forces de combat au corps à corps de l'entrée principale. D'un geste puissant de la main, il arracha la chaîne de cadenas et fit coulisser la porte qui émit un grincement plus qu'indiscret.
Dès qu'il posa un pied à l'intérieur, des détecteurs automatiques allumèrent tous les néons qui éclairèrent l'entrepôt.

Les lieux semblaient inutilisés depuis un moment, malgré l'odeur de poisson pourri qui flottait dans l'air.
Le sol commençait à se recouvrir de poussière, il y avait des débris de palettes, d'emballages, de caisses, cartons et ferraille un peu partout.
L'étage ne couvrait que la moitié nord du bâtiment, constitué d'une sorte de balustrade de bois et de tôle supportée par de gros piliers de béton.
Les vampires qui avaient leurs sens aux aguets et les habitués des champs de bataille purent aisément sentir l'odeur du sang et de la poudre. La poussière du sol avait été récemment dérangée par des traces de pas qui partaient de l'entrée et s'arrêtaient après seulement quelques mètres. A cet endroit, des traces de sang, et un tas de poussière en relief : des cendres, de toute évidence.



Le groupe n'eut guère le temps de s'attarder sur l'exploration des lieux, ni de vraiment se déployer. Lorsqu'ils furent tous entrés, un système automatique referma la porte coulissante de l'entrepôt, et des bruits de pas se firent entendre en haut. Rapidement, une dizaine d'hommes armés de fusils d'assaut et de mitraillettes se positionnèrent sur la balustrade et mirent en joue le groupe de vampires.
Une voix d'homme, forte et joviale, résonna alors, qui attira inéluctablement tous les regards vers une pile de palettes située au milieu de l'entrepôt.

Eh bien eh bien, encore de la visite ?

Un homme était assis sur la pile de palettes.
Élégant, vêtu d'un costume noir impeccable, il avait l'apparence d'un bel homme d'une trentaine d'années.
Un sourire narquois étirait ses lèvres fines, et il émanait de lui un charisme clairement surnaturel.



Le Baron de San Francisco fit signe aux autres de ne rien tenter. Les armes pointées vers eux ne l'incitait pas à passer immédiatement à l'assaut, ils n'avaient pas l'avantage pour le moment.

Jack : Qui êtes-vous ?

L'homme sauta au bas des palettes mais ne s'avança par vers le groupe de vampires.
Il mit nonchalamment ses mains dans ses poches et répondit d'un ton insouciant :

Ton pire cauchemar, sans doute. Et le dernier visage que vous verrez.

A ces mots, les yeux de Toothpick s'illuminèrent de rouge, des griffes acérées surgirent de ses doigts et il se précipita vers l'homme avec un rugissement bestial. Rugissement qui fut néanmoins couvert par la voix forte de l'homme.

COUCHÉ !

Le Gangrel s’aplatit immédiatement au sol, et l'homme reprit la parole comme si rien ne s'était passé.

Je ne m'attendais plus à votre visite. Il a tout de même fallu que je tue quinze anarch avant que vous vous décidiez à bouger. Tu me déçois, Jack.

Jack : Mais qui es-tu à la fin ?!

Tu ne me reconnais pas ? Oh... Je suis déçu, déçu ! Bon, j'ai changé de tête, c'est vrai, mais tout de même ! Votre vieil ami... Oh, tant pis ! Vous mourrez dans l'ignorance, comme il sied aux raclures anarch que vous êtes.

Sur ces mots, il leur tourna le dos et dirigea calmement ses pas vers la petite porte de sortie.
Jack hurla dans l'oreillette :

Jack : Chad, MAINTENANT !

De puissants coups furent portés à la porte de métal blindée qui ne tarda pas à voler dans la pièce, pour voir surgir Marc, Chad et les deux Brujah. Les tireurs sur la balustrade se mirent à arroser de balles l'étage inférieur, concentrant les tirs sur le groupe de Jack, étant donné que ceux qui venaient d'entrer de l'autre côté n'étaient pas bien visibles à cause des piles de palettes.
Jack se rua sur l'homme qui continuait à marcher sereinement comme si de rien n'était, et le rattrapa prestement. Mais alors qu'il s'apprêtait à lui asséner un coup puissant, il se stoppa dans son élan, troublé par une peur aussi inexplicable que soudaine. L'homme lui sourit, et au lieu de répliquer par la violence, il étendit ses bras paumes vers le ciel et se mit à clamer le plus fort possible :

Ecoutez, écoutez les paroles de la Providence ! Je suis l'Archange messager de Dieu !
La Cité des Anges verra la chute du mouvement Anarch ! Vous périrez tous dans les flammes divines !

Au coeur de la bataille, les hurlements prophétiques ne furent pas entendus, mais les vampires à portée de voix, à savoir Jack, Toothpick, Chad et les trois Brujah entrés par la porte arrière furent saisis d'un sentiment de terreur intense, et leur Bête prit le dessus sur leur volonté. Ils entrèrent tous en Rötschreck et quittèrent les lieux au plus vite, à l'exception de Marc qui parvint à résister à sa Bête et recentra toute sa rage sur l'homme qui restait immobile et riait aux éclats, d'un rire de dément. Étonnamment, le Brujah ne rencontra aucune résistance et l'homme tomba au premier coup, pour ne pas se relever.

Le groupe d'assaut essuya plusieurs salves de balles. Les vampires dotés de puissance vampirique purent grimper au balcon et s'attaquer aux tireurs, tandis que les autres cherchaient à se mettre à couvert.
Si les vampires avaient tous reçu des blessures conséquentes, à partir du moment où les tireurs furent à portée de poing, le combat s'acheva rapidement, les tireurs étant tous humains.
Aucune perte ne fut à déplorer du côté vampirique, même si quelques-uns, parmi les plus jeunes et les moins résistants, sombrèrent dans la torpeur.

A l'extérieur, les hommes du Prévôt postés sur les toits purent voir passer très rapidement la silhouette de Jack Noyes, suivi quelques instants après par deux jeunes Brujah de la Cité, puis par Chad, puis par Toothpick, griffes sorties et yeux rouges. Lowell fit promptement passer l'information au groupe de soutien dispersé dans les environs. Chad et les jeunes Brujah purent être interceptés, immobilisés et calmés, non sans avoir causé quelques difficultés et infligé quelques dégâts aux Malkavian et Ventrue qui s'occupèrent d'eux.
Toothpick fut plus difficile à arrêter. Il mit en pièces Ashley la pauvre jeune Toreador qui n'avait rien pour lui opposer résistance, avant d'être mis en torpeur par les tirs des sentinelles qui se virent forcés d'ouvrir le feu sur lui pour le contrôler.

La bataille s'acheva. La Camarilla et les Anarch étaient vainqueurs.
Le temps que les semblables blessés se soignent, grâce au sang fourni par les vampires doués de domination, d'animalisme ou d'influences dans le domaine de la santé, Jack Noyes revint à l'entrepôt. Il ne dit pas un mot, marcha d'un pas lourd vers le corps de l'homme qui les avait accueilli, et d'un geste lui arracha la tête.
Il fut néanmoins surpris et fort contrarié de constater que des gerbes de sang jaillirent, et que le corps ne se décomposa pas.

Mais l'entrepôt leur réservait encore une surprise... Ceux qui fouillèrent les lieux découvrirent une petite pièce située au fond de la salle, à l'étage. La pièce ne comportait aucune fenêtre, aucune porte et tenait plus du bloc de briques assemblées que d'une réelle salle. Un mécanisme permettant de faire coulisser une porte de briques fut trouvé par Ismahel grâce à son don d'auspex, et leur permit de trouver à l'intérieur...

Un corps, entièrement recouvert de chaînes très épaisses et reliées aux murs. Seule la tête dépassait de ce saucissonnage de métal, ainsi qu'un morceau de bois qui sortait de son torse. C'était un visage d'homme, d'homme jeune, d'une vingtaine d'années, aux cheveux noirs. Un visage angélique.
Le visage du Baron Anarch de Los Angeles.