Elle est arrivée bien en avance à l’Elyséum pour aider aux préparatifs. Elle avait accueilli l’orchestre avec toute la distinction qui s’imposait, et avait aussi retrouvé ses frères et sœurs Harpies. Ceux-là même qui ne rêvent que de lui planter un couteau entre les omoplates.

Et à présent, elle est là, enfin là, drapée d’une longue robe de soie bleue, la couleur préférée du Prince. Une robe toute simple qui suffit à faire d’elle discrétion et élégance incarnée. Elle s’affaire, discute, attends. On lui a demandé si elle avait un cavalier… hihi ! Oui, bien entendu, comme le dirai Amélia Quinn, une Dame de bonne famille ne saurait venir ici sans être accompagnée d’un galant cavalier.

Elle l’a proposé au plus charmant et improbable des êtres de son entourage. Un Nosfératu. Diantre ! Une femme de son rang avec un … un monstre, comme disent les Esthètes Toréador. Eh bien oui. Ce Séraphin Valli a trois grands avantages. En premier lieu, il sait tout sur tout le monde, en second lieu, il est de bonne compagnie, et en dernier point, il est Primogène au service du Prince. Trois excellentes raisons de frayer avec un tel être.

Mais il est en retard. Non, c’est bien entendu Elle qui est à l’avance, elle a tendance à l’oublier, Comme la chose est drôle. Sa voisine lui demande encore s’il est bien sage de s’afficher avec un tel être alors que Messire Raynor semble requérir sa compagnie. Le Sang prime, Elle le sait, mais… ce soir, ce n’est pas le Sang qui prime, mais l’amitié. Une valeur bien étrange pour une Maîtresse des Harpies, et pourtant, ce soir…

On lui demanda encore quantité d’autres choses, lorsqu’une de ses collègues annonçe le nouvel arrivant. Messire Orphée, le Primogène du clan des Sorciers. Tss, cette sale engeance de Patricien. Vers qui se rend-il ? Oh, choix intéressant, Flamina Adams. Une Ancienne Nosfératu sur le compte de laquelle circulent les rumeurs les plus folles, notamment celle… Elle en rit encore… celle qui voudrait que Flamina Adams rencontre des évêques Lasombra chez elle. Adams n’est pas distinguée, elle n’a pas la prestance du Prince, ni même de titre, elle n’est rien, rien d’autre qu’une Ancienne.

Et ce soir, l’Ancienne est là, toute proche de l’enfant Primogène. Elle les regarde du coin de l’œil, et finit par s’éloigner du groupe. On vient d’annoncer Séraphin Valli, Primogène des Masques. Tout sourire, elle se dirige vers lui, et l’apostrophe en ces mots.

- Cher messire Valli, Elle espère que vous vous portez bien. Quelles nouvelles vous viennent du dehors ?

Et voici que la soirée peut commencer, riche en intrigues et en secrets. Tiens, et s’ils se dirigeaient vers un lieu où ils pourraient tendre l’oreille, et écouter ce que se disaient Adams et le Primogène Sorcier ? Après tout, l’Enfant l’intéressait elle, et l’Ancienne intéressait son cavalier. Tout le monde serait gagnant.

Un bal masqué?

Flamina Adams avait manqué d’oublier cette fameuse soirée. Elle était tellement accoutumée à ne pas s’y rendre qu’Elwin avait dû la lui rappeler quatre fois. C’était finalement l’argument « Orphée » qui avait pesé dans la balance. Oui, ils avaient une revanche à jouer, tous les deux, et quoi de mieux qu’un peu de bonne musique, de compagnie plaisante, des intrigues, des complots, l’Elyséum.

Oh, bien entendu, l’Ancienne du clan des masques aurait préféré qu’il se passe de cette idée fumeuse, car elle évitait avec soin l’Ire d’Amélia Quinn qui par sept fois, déjà , l’avait priée de « cesser incessamment toute trace de cynisme dans ses rapports. » … Avait-elle vraiment cru qu’une missive suffirait ? Bon sang, avec l’âge, la Dame aux Masques se dévergondait, elle en avait bien l’impression, mais la chose était tellement amusante qu’elle poursuivait son petit manège. Etre présente ce soir là, c’était donner une chance à Amélia d’exiger réparation. Que ne fallait-il pas faire pour Orphée !

Elle s’y rendit donc, vêtue d’une élégante et sobre robe brune, cheveux remontés, illusions en place, une apparence qu’elle ne s’était pas vue depuis quelques siècles. Même Elwin nota le changement, admiratif, en lui apportant une petite fleur en cornaline qu’il piqua à son chignon. Aucun autre bijou que cette petite fleur, une création sans doute plus vieille encore que Flamina. Un trésor de famille.

Enfin elle se dévoua à la cause, et s’y rendit, en toute discrétion. Elle av ait refusé qu’Elwin lui servît de chauffeur, et lui avait confié sa soirée. Il en aurait bien besoin avec tout ce qui s’annonçait dans les jours prochains, en attendant, elle lui avait demandé de lui confirmer le nom des invités, le nom de ceux qui seraient présents, les derniers ragots, les dernières nouveautés. Il s’était fait un plaisir de lui relater l’arrivée de cette Gangrel, la petite gueulante de la sublime Amélia Quinn. Flamina s’en était beaucoup amusée.

Lorsqu’elle parvint au lieu dit, les Gardiens de l’Elyséum furent presque choqués de la voir là, elle leur répondit avec patience et amabilité, comme à son habitude, et penauds, ils s’excusèrent deux fois avant de la laisser passer, un petit sourire joyeux aux lèvres.

Dans la salle de bal, tout était somptueusement Toréador, la chose voulait tout dire. Flamina vit du coin de l’œil la Maîtresse des Harpies discuter avec un groupe de Ventrues, fichtre, elle n’avait aucun goût cette petite. Elle devina également le Prince… Bon, quitte à … Elle se jeta dans la gueule du loup de suite. Elle alla présenter ses respects au Prince, la remercier de son invitation, et énumérer par le détail le nom de chacun des invités du clan des Masques. Amélia la toisa fraîchement, et lui glissa entre deux hochements de tête son désir de la voir à la fin des festivités.

… Grillée !

Enfin, elle put retourner à la douce quiétude de la fête, une chose fort amusante lorsqu’elle vit Orphée arriver, juché sur des Talonnettes. Un petit prince qui lui fit un baisemain.

« Bonsoir Orphée, vous êtes tout à fait charmant ce soir… comme tous les soirs d’ailleurs. Je suis heureuse de vous retrouver ici. »

Elle sourit, des commérages, oh, comme la chose était plaisante pour une Masque, d’autant qu’elle ne saurait se contenter de simples petit ragots, mais avait comme toujours quelques cartes dans sa manche. Un mach bien amical qui débutait, donc.

« Eh bien… commençons, donc, que diriez-vous de la vieille coutume d’un prêté pour un rendu, je vous donne une information, donnez m’en une en échange… Ha ! Pardon, les vieilles habitudes… Voyons-voir, débutons en douceur, l’arrivée en notre praxis d’une certaine Griffe, nouvelle née de la Louve a paraît-il causé une altercation avec Messire Raynor, votre… collègue du clan de la Sagesse. Le Prince a dû calmer l’assemblée, et Mademoiselle Keane, notre maîtresse des Harpies s’est, paraît-il, chargée de répéter à tous les usages de la Cour… »

Elle eut un petit sourire pensif, puis un rire joyeux.

« Et vous, cher Orphée ? Quelles nouvelles ? »

Fiche par Narja