[Mission]Comme on fait son nid, on se couche

C'était Eliott, un frère de clan, qui était venu lui en parler. Lors de l'une de ses patrouilles aux limites du Griffith Park, il avait repéré une vieille maison qui était sensé être abandonnée. Sauf que des lumières brillaient aux fenêtres cette nuit-là. Le jeune Ravnos s'était approché le plus discrètement possible, et avait entendu des éclats de voix humains. En passant rapidement la tête par une fenêtre, il repéra plusieurs personnes en train de jouer tranquillement aux cartes. Par réflexe, il avait sondé les auras. Elles étaient toutes pâles, et l'une d'elles était striée. Sabbatiques.
Eliott était immédiatement retourné au parc pour prévenir Jaime. Devaient-ils lancer un raid ?
Non. Jaime avait une idée bien plus amusante...

Vêtu d'un blue-jean, d'un tee-shirt sans manche du groupe de heavy métal Black Sabbath (il trouvait le jeu de mots très amusant) et d'un perfecto de cuir noir, le Prince des Gitans se rendit au Manoir Little Dove. Il ne fréquentait que très rarement l'Elyséum de son Altesse Amelia Quinn. Pour preuve, il pensait toujours que c'était la Toreador qui dirigeait la ville. Les intrigues politiques de la Camarilla ne l'intéressaient guère. Les vampires avides de pouvoir et corrompus jusqu'à la moelle qui la composaient pouvaient tout de même servir de temps en temps.

Il fut bien sûr interpellé par les deux gorilles à l'entrée, des goules, qui lui demandèrent de décliner son identité.
Il leur adressa une salutation franche avant de répondre d'une voix haute et claire :

Je suis Jaime Forel, le Prince des Gitans. J'aimerais entrer dans votre somptueux Elyséum, si vous le permettez.

Les goules ne se laissèrent guère impressionner, et l'un d'eux rétorqua avec le pragmatisme d'un militaire obtus :

Veuillez déclarer votre clan et statut d'âge, monsieur.
- Révise tes synonymes mon grand. Gitan... Je suis Ravnos ! Les Aubains ne sont pas interdits sur ce territoire il me semble. Ou alors la Camarilla a bien changé...

Après avoir procédé à une fouille au corps pour vérifier que Jaime ne portait pas d'armes, la goule ouvrit la grille et s'écarta pour le laisser passer.

Bien, vous pouvez entrer. Veillez à ne pas semer le trouble en ces lieux.
- Bien entendu !

Ne pas semer le trouble... Les clichés sur les Ravnos étaient toujours aussi répandus. Il avait bien vu l'oeil méfiant de la goule lorsqu'il avait annoncé son clan. Et il ne doutait pas que le Gardien d'Elyséum était déjà au courant de l'arrivée d'un "voleur de poule" au sein de sa précieuse assemblée.
Alors que pour une fois, il venait pour leur rendre service !
Et en effet, dès qu'il pénétra dans l'aile principale du manoir où se situait la salle de réception, un homme distingué à l'aura vampirique s'avança vers lui, le salua, et lui demanda la raison de sa présence ici.

J'ai des informations sur un nid de sabbatiques. Je voudrais voir les personnes qui s'occupent de ce genre d'affaires.
- Désirez-vous voir monsieur le Prévôt ?
- Par exemple.

Le vampire lui désigna un homme noir, très bien vêtu, en grande conversation avec d'autres vampires du même style.

Lowell Shade, Nouveau-Né du clan Ventrue et Prévôt de Los Angeles.
- Parfait !

Le Ravnos lui adressa un grand sourire, avant de s'avancer joyeusement vers ce "Prévôt" et de lui poser une main sur l'épaule.
La convenance en société camariste voulait que l'on attende que quelqu'un de gradé ait terminé sa conversation avant de l'aborder. Jaime ne connaissait pas vraiment les convenances, et il s'en foutait royalement.

Bonsoir monsieur Shade ! Il parait que c'est vous qui vous occupez de traquer les vilains sabbatiques ?

Invité

Lendemain matin après l'entretien avec le primogène Brujah :

Le réveil sonna. Une main tâtonna à la recherche du bouton d'arrêt et au bout d’une minute parvint à faire taire cette insupportable sonnerie. La goule repoussa les draps, s’étira et se leva.

L’entretien avec le Primogène avait complètement sapé les forces d’Auric et il se sentait fatigué. S’étant réveillé à six heures du matin pour se préparer, il n’avait dormi que trois heures. L’alcool dont il s’était « légèrement imbibé » n’arrangeait en rien la situation.

Baillant à s’en décrocher la mâchoire, il sortit de la chambre et avança jusqu’à la cuisine pour se préparer à manger puis songea qu’il avait commandé la veille un déjeuner pour six heures trente. Il regarda l’horloge : six heures cinq. Se passant la main sur son visage, il se dit qu’il pouvait aller se doucher pendant ce temps.

A vingt-cinq, il avait fini. Une bonne douche avait lavé la fatigue et son appétit avait augmenté. Il fut heureux d’entendre le service d’étage frapper à la porte.

-Service d’étage : petit déjeuner.

-Entrez ! Entrez ! dit Auric en ouvrant la porte.

Le garçon poussa le petit charriot qui sentait bon le lait chaud, le chocolat, le café et les viennoiseries ; du jus de pomme et d’orange fraîchement pressée étaient aussi disposées en bas.

Remerciant le jeune homme en lui tendant un billet de 500 dollars, Auric referma la porte rapidement, se frotta les mains et se mit à table. Le britannique savait apprécier les douceurs de ce monde et était une fine bouche. Prenant un bol, il le retourna et commença à se servir du thermos de lait lorsqu’il vit une enveloppe coincée près des tasses.

Curieux, il constata que celle-ci portait le nom « A Monsieur Magnum ». L’ouvrant, il soupira en lisant le contenu.

-Pas pour moi.

Replaçant le message, il continua à manger.

*** *** *** ***

Deuxième nuit à Los Angeles :

La lune était à peine visible dans le ciel nuageux de Los Angeles, Davias se détourna de l’astre et poursuivit sa discussion avec son homologue ventrue.

Maxence Karion Junior était une ventrue de douzième génération mais âgé d’à peine 30 années. Il se plaisait à rester à L’Elyseum pour entendre les commérages et autres rumeurs.
Son rôle mineur était devenu essentiel pour le clan Ventrue qui se servait de lui comme d’une sorte de barde des temps anciens.

Il était indéniable que ce jeune vampire adorait être le centre d’attention et sa voix plaisante ne pouvait le contredire. Grâce à ce dernier, Davias put se mettre à jour des dernières informations plus ou moins pertinentes du monde vampirique de la cité des Anges.

Lieu calme et sans possible attaque, Aloïs s’était retiré dans un coin et observait son maître tout en écoutant du pro-dubstep.
La goule s’ouvrait peu à peu à d’autres styles de musique malgré sa première réticence. Le vampire lui avait fait la remarque, durant les années soixante-dix, que si la nostalgie était bonne, il fallait évoluer et comprendre les mœurs de chaque époque.

Continuant à entretenir la discussion avec Maxence, Davias regardait les alentours et constata l’arrivée d’un vampire qui osa poser la main sur l’épaule du Prévôt.
Ce geste l’amusa et observa d’un œil le reste de la scène.

De toutes les taches inhérentes à la fonction de prévôt, celle qui consistait à parader dans l’Elyséum était de loin la plus récréative. On se promène, on sert des mains et on discute, de temps en temps on fait une promesse qu’on ne tiendra jamais, mais comme tout le monde sait, les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent. Il ne fallait pas en vouloir à un caïnite et de surcroit un Ventrue de rompre ses engagements, surtout quand ça l’arrangeait. En parlant de promesse, ce soir Lowell avait décidé d’en respecter une. En effet, il avait promis de prendre sous son aile, l’infant d’une de ses connaissances. Dolores, une nouveau-née qui avait l’air encore humaine. S'en était presque pathétique, surement était-ce la raison qui dissuada son sire de l’emmener avec lui en voyage en Europe. Bien que cela fasse presque cent ans, Lowell se souvenait encore de ces premières années de non-vies, surement les plus périlleuses. On disait d’ailleurs que le taux de mortalité des vampires inexpérimentés était très élevé.

Bien entendu, la survie de la jeune damnée n’était pas l’unique préoccupation de Lowell. Les mensurations avantageuses de la demoiselle avaient pesé lourd –si on peut parler ainsi- dans le choix du Ventrue. Inutile de dire pourquoi, n’est-ce pas ? Quoi qu'il en soit, malgré ses pensées lubriques, le licteur s’occupait minutieusement de l’initiation de la jeune femme. Il était en train de faire les présentations avec un autre groupe de jeunes vampires quand il remarqua une présence inconnue. Enfin inconnu n’était pas vraiment le mot à employer, mais les présentations officielles avec ce nouvel arrivé en ville n’avaient pas encore été faites. Cela ne saurait tarder d’ailleurs. Il prévoyait de le faire une fois qu’il aurait fini d’ergoter, hélas il n’avait pas prévu qu’un contretemps viendrait perturber ses projets, en la personne d’un vampire au toupet extraordinaire.

Le regard de Lowell aurait pu découper la main de l’homme posée sur son épaule, tant il était incisif. Il y avait bien une chose qu’il détestait, plus que d’être touché par un inconnu, c’était bien qu’on lui coupe la parole. Là on pouvait dire que le prévôt avait toutes les raisons d’être irrité, pourtant il répondit avec un sourire jovial à son interlocuteur.

« Oui je suis bien celui qui traque les vilains sabbatiques et je suppose que j’ai devant moi, le monsieur qui dénonce les vilains sabbatiques. »

À l’évocation du mot « sabbatiques », la jeune Dolores se mit à trembler de tout son corps. Apparemment ce chapitre avait déjà été appris. C’était une bonne chose, qu’elle ait conscience du danger que représentait le Sabbat.

« Alors je vous écoute, racontez-moi votre histoire, monsieur… »

Lowell ponctua sa phrase en haussant des sourcils de façon interrogative, pour bien signifier qu’il attendait que l’inconnu se présente.

La conversation s'interrompit dans le petit groupe qui s'était formé autour du prévôt, et Jaime n'aurait pas su dire si c'était à cause de l'éventuelle menace sabbatique qu'il avait évoqué, ou parce qu'il avait osé poser la main sur un Ventrue. Dans la société vampirique, les contacts semblaient un peu tabous, et dans la Camarilla les marques de camaraderie étaient souvent observées d'un mauvais oeil. Quelle bande de coincés...

Lowell Shade se retourna vers lui, et le Ravnos se retint de sourire en discernant le rapide éclair d'indignation qui fusa dans ses yeux. Il ne doutait pas que si le Prévôt avait reconnu face à lui un simple Nouveau-Né, il l'aurait démonté sur place, bris de statut, toutes ces conneries... Mais Jaime n'était pas connu à la Cour. Seuls quelques semblables d'importance avaient déjà croisé sa route. Généralement, quand le Ravnos rencontrait des vampires, ce n'était pas pour taper la causette.

Le Prévôt lui répondit cependant d'une voix calme, lui adressant un sourire jovial. Il faisait partie de ces vampires guindés qui devaient passer des heures sur l'apprentissage de "comment masquer ses émotions". Le Ravnos trouvait cela amusant, lui qui savait détecter les émotions des personnes d'un simple regard.
On lui demanda de détailler ses propos, terminant la phrase par une interrogation sur son identité.

Forel, Jaime Forel.

Il n'en dirait pas plus pour le moment. Déjà parce qu'il savourait d'avance le moment d'irritation durant lequel le Ventrue lui demanderait de préciser son clan et son statut d'âge, sans se douter qu'il était aubain, et que par conséquent, il n'en avait rien à foutre. Ensuite, parce que s'il donnait de suite son clan, l'on se méfierait de lui avant même qu'il ne puisse avoir une chance d'expliquer ce qu'il avait à dire.

J'ai la localisation d'un nid de sabbatiques en bordure de Griffith Park, vous connaissez Griffith Park ?

Sondons donc ce camariste sur ses connaissances de la région... Les caïnites s'intéressaient rarement de près aux étendues contenant trop d'arbres pour être sécuritaires, et rares étaient ceux qui, sans avoir posé un pied dans la forêt, savaient quelles créatures y vivaient véritablement...

« Si vous faites allusion aux milliers d’hectares offerts en guise de cadeau de Noël à la ville de Los Angeles par ce fou de Griffith Jenkins Griffith, je connais en effet. Il paraît que la vue du haut de l’observatoire est incroyable. Je vous conseille particulièrement d’y aller à l’aube. »

La dernière pique du Ventrue avait deux fonctions. La première était de signifier au sieur Forel qu’il savait aussi magner la dérision. La seconde était de lui faire comprendre qu’il avait réellement assisté à un lever de soleil sur une des collines du parc. À l'époque, il n’était qu’un trafiquant d’alcool qui faisait son beurre pendant la prohibition, la forêt dense faisait office de cache, pour peu qu’on n’y disparaissait pas. Déjà, les régions densément boisées du Griffith Park, alimentaient bon nombre de légendes urbaines et de mystères. Griffith J. Griffith croyait même que le fantôme de José Feliz, un ancien propriétaire des bois, hantait les lieux. Le pauvre ! Que ferait-il s’il savait que d’autres créatures encore plus dangereuses que les spectres avaient élu domicile sous cette canopée ?

La nouvelle de Jaime fit sourire le prévôt. La perspective de pouvoir exterminer un nid de sabbatique l’enchantait, cependant, la chose semblait trop belle pour être vraie. Il y avait peut-être un piège après tout. Griffith Park était un bon endroit pour se cacher, mais aussi pour faire disparaitre un élément gênant et justement le Ventrue devait surement gêner pas mal de monde, que ce soit au sein de la Camarilla, que du Sabbat.

« J’apprécie cette information et votre démarche. »

Dit-il après avoir commencé à pianoter son téléphone portable. Rassurez-vous, il ne twittait pas l’information, mais il commençait déjà à mobiliser une partie de ses hommes. Le hic, c’est que sans localisation exacte de la cible, cela reviendra à pisser sur un incendie pour essayer de l’éteindre.

« Hum, une adresse à me donner ? Ou est-ce que je dois le deviner comme votre clan et statut. »

Cela avait été dit sans réelle conviction par le Ventrue et avec une pointe de cynisme. Le caïnite qu’il avait en face de lui semblait tisser avec habilité un voile mystérieux autour de sa personne, pire il avait l’air de s’amuser en le faisant. Le nouveau-né aurait pu prendre du plaisir à déchirer cette étoffe, s’il n’était pas question d’un nid de sabbatiques. D’autant plus qu’il avait la certitude que le délateur cachait quelque chose d’encore plus important. La méfiance et surtout la prudence étaient de rigueur.

Invité

-Un nid de sabbatiques ? Songea Davias.

-…et un hélicoptère qui attendait sur le toit prit le Prince et le Lasombra. Mais je m’interro…

Davias leva la main pour couper Maxence.

-Vos informations m’ont été très utiles. Notre clan doit se targuer de vous avoir dans ses rangs.

Le jeune Maxence se redressa, la flatterie était si facile à manier pour l’allemand. Et il ne fallait jamais sous-estimer un individu qu’il soit vampire, goule ou humain. Les êtres avaient tendance à obéir ou à faciliter les relations avec des personnes aimables.

-Je dois cependant vous abandonner pour rencontrer le prévôt car il me semble qu’une affaire de sabbatiques est à l’étude.

-Je…je comprends.

Le bafouillage du vampire fit sourire Davias. Certains avaient les épaules pour gouverner, d’autres pour obéir mais l’innocence d’un débutant ne devait jamais être prise pour une faiblesse par ses supérieurs. L’histoire d’un soldat lors de la première guerre mondiale l’a bien prouvé, par ses talents d’orateur dans l’entre-deux-guerres, ce dernier réussit à gravir les échelons.

Saluant Maxence, le ventrue se dirigea vers le groupe composé du prévôt et du gitan. L’ancien nazi allait devoir composer avec ce qu’il haïssait depuis des années mais il fallait gagner la confiance des vampires de la cité des anges.

Aloïs avait débranché la prise jack de son casque et avait emboité le pas de son maître.
Un mètre les séparait lorsque Davias s'approcha du groupe.

Le Ventrue avait de très bonnes manières, il était cultivé et ne manquait pas d'humour. Au moins, c'était un semblable intéressant, et il n'était pas étonnant qu'il ait pu se hisser à un poste à responsabilité au sein de la jungle camariste.
Le Ravnos sourit au conseil du prévôt, et répondit jovialement :

La vue est superbe en effet ! Bien que je n'ai pas vu l'aube depuis bien des années... Pas en vrai, tout du moins.

Le Ravnos était loin d'être de première jeunesse. L'avantage de l'immortalité, c'est qu'il restait pour l'éternité avec un visage jeune, que l'on prenait souvent difficilement au sérieux. Mieux valait le sous-estimer, cela arrangeait ses affaires. Mais laisser planer le mystère sur son âge était amusant également. Surtout qu'en tant qu'aubain, il ne s’embarrassait pas des termes comme Nouveau-Né, Ancillae et autre.

Oh, s'il vous avait fallu deviner la localisation du nid, je me serais adressé aux Malkaviens, il paraît que leur don de prédiction est impressionnant, lorsque l'on y croit.
Je ne vous l'ai pas dit ? Le forfait inclue l'option guide ! Je vais vous conduire là-bas.
La maison est en bordure de Griffith Park, elle n'en fait pas partie, et heureusement pour vous. L'on dit que les parties les plus sauvages du parc sont habitées par des créatures bien peu fréquentables...

Jaime souriait toujours, d'un sourire malicieux et presque enfantin.
Il n'était toujours pas décidé à annoncer qui il était en réalité. Il doutait cependant que le Ventrue accepte de le suivre tête baissée. Si son boulot était de traquer les sabbatiques, il lui fallait un minimum d'astuce et d'efficacité, sinon il ne serait déjà plus en vie.

Cela étant dit, il n'est pas conseillé d'y aller seuls. Les sabbatiques sont au moins cinq, et votre clan n'est pas réputé pour sa vaillance au combat, sans vouloir vous froisser.
Tenez, monsieur le moustachu qui nous écoutez depuis tout à l'heure, vous vous décidez enfin à nous rejoindre ?

Jaime se tourna vers Davias, qu'il avait repéré depuis un moment. Il s'était demandé s'il allait rejoindre la conversation à un moment. L'homme n'avait pas vraiment l'étoffe d'un combattant, mais le Ravnos avait appris à ne jamais se fier aux apparences.
Le moustachu à chemise hawaïenne était suivi de près par un homme masqué, au grand imperméable et à la casquette rappelant fortement les caricatures de méchants nazis dans les vieux comics américains. L'homme était humain, sans doute une goule. Jaime lui accorda un simple regard, le temps de déterminer ce qu'il était, puis reporta son attention sur le vampire à moustache.

Nous partons trucider du sabbatique, monsieur Shade et moi-même, seriez-vous intéressé pour rejoindre notre joyeuse équipée sauvage ?

Invité

Aussitôt arrivé près du groupe, le vampire se tourna vers lui pour l'inviter à une chasse. Depuis combien d'années, Davias n'avait pas eu à se salir les mains de cette façon aussi animale, cette bête qu'il haïssait et réprouvait tout au fond de lui.

Le Ravnos l'avait interpellé et il avait le choix même si cela n'était pas réellement la vérité.
Refuser égratignerait son image. Plissant les yeux, il répondit :

-Aloïs et moi acceptons votre proposition. Pourriez-vous patienter un moment ?

Il tourna un instant la tête et signa en direction de sa goule. Ce dernier sortit un blackberry et pianota le texte que lui dictait son maître. Puis Davias se retourna vers le duo vampirique.

-Nous sommes prêts, nous pouvons vous suivre.

Aloïs rangea son smartphone, fit craquer ses articulations et regarda les trois vampires. La goule était prête à la confrontation.

Son physique n'était pas aussi imposant que son confrère Theodor mais il compensait son petit gabarit – 1m72 – et son poids -72 kilos- par une expertise des arts martiaux et des techniques d'escrime avec diverses armes blanches.

Il avait les facultés nécessaires pour neutraliser un nouveau-né, voir un ancilla si ce dernier négligeait sa nature.
Il espérait simplement devoir se battre uniquement contre des vampires et ne pas tomber sur une abomination.

Son douloureux souvenir de cette nuit parisienne du 7 août 1972 revint en surface.
Le primogène ventrue avait demandé à son maître de voler un grimoire, une sorte de livre magique dans la demeure d'une famille juive. Se référant sans aucun doute à leur passé dans l'armée allemande pour accomplir cette mission, le vieux singe ventrue avait oublié de leur dire que cette famille possédait un gardien féroce et inhumain.
Le combat contre le golem avait failli tourner court pour Davias et lui.

Serrant son poing gauche dans sa main droite, il fit craquer une dernière fois ses articulations et attendit la suite des événements.

« Pas réputé pour sa vaillance au combat ». L’affirmation de Jaime fit sourire le Ventrue, alors que ses doigts glissaient toujours sur l’écran tactile de son téléphone. Apparemment le camouflage des sangs-bleus, fonctionnait à merveille, pour qu’une telle rumeur puisse naitre et même, être rapportée aux oreilles de Lowell. La réalité était bien différente, les Brujah pourraient en témoigner, eux qui ont vu leur cité, la puissante Carthage conquise par la Rome des Ventrue. Hélas aux victoires se sont succédé des défaites qui elles-mêmes ont laissé place à de nouvelles victoires, dans un cycle sans fin que les mortels appelaient « histoire ». Mais dans tous les cas, rares sont ceux qui ont constaté ce fameux manque de vaillance au combat. Les pauvres caïnites qui ont commis cette monumentale erreur, l’ont surement regretté en admirant le lever du soleil pour la première et dernière fois de leur non-vie. Il ne fallait jamais sous-estimer un Ventrue car lui ne vous sous-estimait pas.

« Qui a dit que j’acceptais de vous suivre ? »

La question du prévôt choqua plusieurs observateurs indiscrets qui assistaient à la scène.

« Vous sortez de nulle part, pour m’informer de la présence d’un nid de Sabbatiques puis vous avez le culot de m’imposer vos conditions. Voilà maintenant que vous prenez même la liberté d’inviter des inconnus à cette chasse alors que je n’ai pris aucune décision. »

Le prévôt appuya très fortement sur le mot inconnu, pour bien signifier au nouveau venu, qu’il devait se présenter de façon plus convenable. Lowell était quelqu’un de très autoritaire, il ne serait surement pas devenu prévôt d’une ville aussi importante que Los Angeles, sans cette qualité. Il fallait qu’il maitrise tout, du début jusqu’à la fin et pour l’instant, il avait l’impression d’être un simple passager dans le dernier bus de minuit, conduit par un certain Jaime Forel. Non ! Une chasse au sabbatique ne devait pas s’improviser ainsi.

« Vous êtes venu me chercher parce que vous avez besoin de moi, d’un autre côté je peux très bien refuser de vous accompagner et vous déclarer ennemis de la Camarilla parce que vous refusez de me livrer ses informations. »

La situation semblait s’envenimer, mais en réalité, le Ventrue maitrisait les choses.

« Mais, je consens à vous accompagner et même à laisser monsieur le moustachu nous suivre. Seulement vous devrez garder à l’esprit que je prends beaucoup de risque et qu’il me faut des garanties. Après-tout accepterez de vous suivre quelqu’un que vous ne connaissez que depuis dix minutes dans un endroit inconnu, surtout si vous êtes issu d’un clan réputé pour ne pas être vaillant au combat ? »

Lowell ôta sa veste puis retroussa sa manche de manière à dénuder entièrement son avant-bras. Il le présenta ensuite aux deux vampires qui devaient l’accompagner. Un lien du sang mineur, voilà ce qu’il exigeait avant de partir vers l’inconnu. Une gorgée du sang du nouveau-né ne pourra surement pas empêcher une trahison, mais mieux valait « trop peu » que « rien ».

« J’espère aussi pouvoir mettre un nom sur votre visage, cher frère Ventrue. »

Le sourire mesquin adressé au moustachu n’était pas innocent. Déjà il l’avait identifié en tant que Ventrue, ce qui laissait croire qu’il avait déjà commencé sa petite enquête. Alors pourquoi exiger qu’il se présente ? Tout simplement parce que Lowell tenait au respect des vieilles traditions et qu’il était légèrement psychorigide quand on abordait le sujet.

[hrp : on va tâcher de bien respecter le tour de jeu à présent, à savoir : Jaime - Narcisse - Lowell ]

Le moustachu accepta sa proposition, sans chercher spécifiquement à en savoir plus. Il était toujours des vampires pour apprécier l'action, du genre à foncer tête baissée sur l'ennemi sans d'avantage d'informations. Le vampire pianota à son tour sur son téléphone - une manie par ici ! - et la goule fit craquer ses articulations, montrant qu'il était prêt à en découdre.
Jaime inclina la tête en une sorte de révérence, ravi de la tournure des évènements.

En revanche, monsieur Shade n'était pas aussi prompt au départ. Il se méfiait de lui, bien évidemment. Au moins ce prévôt était prudent et non dénué d'une certaine intelligence.
Bien entendu, il ne le connaissait pas, et n'était pas prêt à le suivre les yeux fermés. Un piège aurait été si simple ! Jaime aurait pu être un sabbatique, s'amusant à amener le prévôt loin de ses semblables pour le zigouiller tranquillement.

Le Ventrue "consentait" à l'accompagner, disant cela comme s'il lui accordait une grande faveur. Jaime aurait pu s'en sortir seul, ou avec l'aide de ses frères. Mais il préférait envoyer les camaristes se battre contre les sabbatiques, au moins les deux camps risquaient d'en souffrir.
Mais Lowell exigeait des garanties. Sur le coup, le Ravnos se demanda pourquoi il ôtait sa veste... puis quand il le vit retrousser sa manche, il crut comprendre. Il leva d'abord les sourcils d'un air étonné, avant de rire brièvement, et de rétorquer :

Charmant poignet, vraiment ! Mais n'espérez pas que j'irais y croquer, vous n'êtes vraiment pas mon genre !

Jaime réagissait avec l'humour, mais pour lui, le lien de sang était le pire des péchés. Accepter d'être lié à quelqu'un équivalait à ne plus être un individu mais l'extension d'une autre personne, et cela était impensable pour le Ravnos.

Ne vous en faites pas, je vais pouvoir satisfaire votre curiosité quant à ma personne et à mes titres. Simplement, beaucoup d'oreilles peuvent traîner ici, si vous acceptez de simplement sortir de cette salle - pas de l'Elyséum, mais de la salle principale - nous pourrons discuter de manière plus calme et privée.

"Oh si vite, vous voulez déjà quitter le palais..."

Rien ne saurait m'échapper en ces murs, j'avais des yeux et des oreilles un peu partout. Par exemple cette personne vautrée sur le canapé, beaucoup pensait à un simple hédoniste, mais en réalité il s'agissait effectivement d'un hédoniste, mais aussi un espion a mon compte. Proposer au prévôt une chasse de sabbatique, c'était de l'inédit, comme j'aurais aimé assisté moi-même au début de cet échange.

J'avais évidemment indiqué en premier lieu monsieur Shade à notre ami aubain parce que la logique le commandait. Monsieur Shade était en effet chargé ici de toutes les enquêtes permettant de mettre à mal l'ennemi sabbatique. Il s'agissait d'un être intelligent et compétent, mais pas vraiment taillé pour le combat direct. Du moins pas à ma connaissance, alors, le savoir suivre un aubain gentiment pour éliminer cinq sabbatiques. J'étais perplexe, évidemment notre prévôt ne pouvait accepter sans un lien de sang. Et bien sur le gitan négociait... De nombreuses possibilités s'offraient à moi, beaucoup trop. Je savais grâce à l’intermédiaire des sentinelles qui était ce Ravnos. S'il était Prince, il devait être Jaime Forel. Étrange que monsieur Shade n'ait pas relevé ce non ? Une bande d'aubains se regroupant, des gangrels qui faisaient scission. C'était suffisant pour détériorer tout rapport diplomatique. Même si le Prince cherchais apparemment la neutralité de son groupe.

Je laissais la politique aux politiciens, déjà il me fallait décider de la marche à suivre. Mon irruption avait été soudaine, Lowell et moi on se connaissait et je ne pouvais pas en dire autant de monsieur moustache.

"Je vous proposerais bien une salle propice à la discussion, mais cela ne serait point un lieu véritablement neutre pour nous. Vous avez déjà annoncez votre titre et votre nom à l'entrée de ce manoir, croyez moi, ici les nouvelles vont vite."

Déjà la comtesse Ventrue Barkstein parlait avec un groupe dans notre dos. Elle était influente et reconnue comme l'une des harpies les plus illustres de ce manoir. Elle parlait volontairement de manière non discrète, une commère dans la plus pure tradition camariste.

"Voila que nos dirigeants acceptent les princes voleurs de poule par ici ! Ce n'est pas parce que nous avons eu des problèmes avec le notre qu'il nous faut trouver des substituts aussi peu civilisés."

Et voila que le groupe de fidèle riait aux éclats...

"Si vous voulez me suivre et si vous acceptez ma présence en votre joyeuse bande. Oh Lowell pas de lien de sang entre nous, je vous prie."

Nous descendions les marches.

"Alors monsieur Forel, un plan ? Ou vous comptez nous laisser en plan devant les sabbatiques."

Un gardien et un prévôt éliminés ainsi, voila une belle prise.

"Monsieur Forel, je ne veux pas être rassuré par vos titres, mais bien par vos intentions. Un Prince n'a t-il point ses propres sujets ? Seriez vous prince déchu pour demander l'aide de la Camarilla ?"

Une question fort pertinente.

L'intervention du gardien des lieux débloqua la situation, car sans le lien du sang qu'il réclamait, Lowell ne comptait pas partir à la chasse de Sabbatiques et ce ne sont pas les potentielles explications de Jaime qui auraient pu le convaincre du contraire. Les révélations que comptait faire le délateur étaient contraintes et deux temps en retard sur la partition. Elles auraient dû être fournies dès les premiers instants de la conversation, par exemple quand le prévôt les avait demandées. C'était enfantin peut-être, capricieux surement, autoritaire sans aucun doute, cependant il ne fallait pas oublier qu'il avait surement plus à perdre dans cette histoire, que les autres protagonistes. Mais tout cela était de l'histoire ancienne, car l'arrivée d'un autre Cammariste reconnu rééquilibra un peu les plateaux de la balance,peut-être même qu'ils se penchaient de son côté.

En guise de réponse , le Ventrue se contenta de soupirer fortement en réarrangeant ses habits. Il venait de constater la présence de harpies. Parler avec ce genre de cancanières dans les environs était dangereux. Tout ce que captaient leurs oreilles était aussitôt recraché par leur bouche à ragot, de vraies Charybde vocales qui avaient conduit de nombreux Caïnites au naufrage !

Le gardien avait raison, l'arrivée de cette volaille caquetante justifiait un changement de salle, mais un coup d'œil à sa montre, justifiait aussi une action rapide . Il ne faudrait pas que l'aube mortelle les surprenne et Lowell doutait que les sabbatiques, restent tranquillement sur place.

"Je suis moi aussi curieux d'entendre ce plan, en espérant qu'il ne consiste pas à nous laisser charger l'ennemi pendant que monsieur Forel comptera les morts." ajouta-t-il sur un ton humoristique.

C'était exactement le type de manœuvre qu'il aurait entrepris. Inutile de préciser qu'il n'acceptera pas le rôle de simple chair à canon, il avait suffisamment donné quand il était soldat durant la Première Guerre mondiale. Lowell aimait favorisait le combat indirect. C'était son style et il le maitrisait parfaitement, ce qui faisait sa fierté, malgré quelques moqueries proférées ici et là par les adeptes de la force brute.

"Au passage, une description précise de cette maison et des environs serait utile afin d'évaluer convenable le taux de réussite de cette mission."

Cette maison était construite en béton ou en bois ? Était-elle grande ou petite ? Avait-elle plusieurs étages ? Une cave ? Plusieurs sorties ? Style de fenêtre ? Des questions qui devront trouver une réponse, puisque l'aubain ou un de ses proches avait été assez près pour détecter la présence d'au moins cinq Sabbatiques.

[ hrp : j'évince Davias du sujet, comme il l'a demandé ]

Tandis que le moustachu après avoir reçu un message sur son téléphone, annonçait qu'en fin de compte des affaires personnelles l'appelaient ailleurs et qu'il ne pouvait faire partie de l'expédition, une autre personne les approcha et leur proposa de les rejoindre. Jaime reconnut le vampire qui l'avait accueillit à l'entrée. Celui qui était appelé Gardien d'Elyséum. Le portier, quoi... Mais celui-là connaissait son identité. C'était tout de suite moins drôle.

D'ailleurs la rumeur de sa présence en ce lieu si distingué était en train de se répandre. Le Ravnos entendit distinctement les railleries de cette femme qui se pavanait et sans doute devait se sentir supérieure... qu'on la laisse seule cinq minutes avec lui, et l'on verrait si elle serait toujours aussi arrogante. Mais Jaime n'avait pas le temps de s'occuper vraiment d'elle. Cependant, il ne pouvait laisser une insulte à son égard impunie.
Tandis que les trois vampires commençaient à descendre les marches, avant que la comtesse ne disparaisse de son champ de vision, tous purent l'entendre s'exclamer :

D'ailleurs, j'ai déjà eu des rapports charnels avec l'un de ces sauvages, un Gangrel des forêts, contre rémunération bien sûr... La prostitution n'a jamais été autant dévaluée ! La pire expérience de toute ma carrière, et croyez-moi je m'y connais !

Voilà qui était fait. Jaime esquissa un léger sourire, avant de se concentrer sur l'affaire qui l'avait amené ici.
Le Gardien posa une question fort pertinente, jouant sur son titre, et sa capacité à se débrouiller par lui-même.

Oh, moi qui voulais simplement vous faire plaisir ! Je vous apporte des grands méchants sur un plateau, et vous n'en voulez pas ?

Les deux hommes se méfiaient de lui, et commençaient à demander des détails sur l'expédition. Notamment s'il avait un plan... Oui, pour lui-même. S'il avait agi seul, il aurait su exactement quoi faire. Mais devant des étrangers, dévoiler ses pouvoirs... ça pouvait être risqué.
Trêve de plaisanterie, il s'agissait à présent d'être pris au sérieux.

Pour élaborer un plan digne de ce nom, messieurs, il me faudrait connaître vos capacités martiales et surnaturelles.
Monsieur Shade, vous êtes Ventrue, reste à savoir si vous vous classez plutôt dans la caste des chevaliers, des politiciens, des courtisans... reste à déterminer votre utilité dans un affrontement direct.
Quant à vous, monsieur le portier, je ne connais en fait ni votre nom, ni votre âge, ni votre clan.
Je connais mes propres capacités, et sais pouvoir compter sur moi. Il me faudrait savoir à quel point je peux compter sur vous.

Les rôles s'inversaient à présent, c'était au tour du Ravnos de jauger ses partenaires et de se méfier d'eux. La réussite de l'expédition dépendrait autant d'eux que de lui, et si cela ne le dérangeait pas d'envoyer à la mort des camaristes, l'idée était tout de même qu'à la fin, le nid de sabbatiques soit détruit.

Quant à la description précise de la maison, elle nous sera faite par un de mes frères de clan, qui a repéré l'endroit. Il nous attend à proximité du lieu. Nous prendrons garde de toute manière à ne pas pénétrer dans le park. Je vous assure l'immunité tant que vous êtes à mes côtés, mais n'allons pas tenter le diable.

Jaime frappa soudainement dans ses mains, comme s'il venait de se rappeler d'un élément primordial. Il arrêta de marcher, alors qu'ils atteignaient la sortie du manoir, et se tourna vers Lowell. Le portier savait déjà qui il était, mais il était temps d'éclairer la lanterne du prévôt.

Ah oui, parce que je ne vous l'ai pas précisé ! Le Griffith Park, tout du moins ses parties les plus sauvages, appartient aux Ravnos, et aux Gangrel. Je suis moi-même le Prince des Gitans, je m'occupe de toute une petite communauté, et de la sécurité des lieux. Le territoire nous appartient, vous pourrez demander confirmation à votre chère Princesse si vous ne me croyez pas. Toujours est-il que pour ce soir, ni moi ni aucun de mes frères ne portera la main sur vous.

[ hrp : je rappelle que chronologiquement, ce rp se passe après la destitution d'Amelia (Jaime n'est tout simplement pas au courant) et avant la soirée d'intronisation de Nathanaël. ]

J'aimais décidément beaucoup cette nouvelle tête, il avait le mérite d'être drôle, une qualité fort rare véritablement. Enfin quelqu'un avait osé griffer le blason intact de la comtesse Barkstein, cette harpie si parfaite. J'aurais aimé assister personnellement aux réactions de ses disciples harpies, voir tomber une aussi cruelle créature était chose délicieuse. Même si je ne doutais point de la capacité de la comtesse à savoir rebondir. Je n'eus seulement qu’un avant gout, voir sa tête horrifiée était déjà un cadeau en soi. Mais il nous fallait continuer, vers le danger notre groupe voguait, un drôle de rassemblement. Je riais de cette pensée et aussi du souvenir récent de la plaisanterie, mais enfin notre farceur daignait enfin à répondre. Car il s'agissait bien de lui n'est ce pas ? Le farceur... La comtesse n'aurait jamais eu cette absence d'esprit, elle, la parfaite harpie. Je ne me formalisais point pour le portier, il avait bien le droit à quelques coups en territoire camariste. S'il souhaitait croire ce fait, je n'avais aucune envie de le détromper. Un avantage devait demeurer un avantage. Aussi insignifiant qu'il ne paraissait.

Bien et maintenant notre farceur posait les questions, un bon point assurément. Cela signifiait qu'au moins cet être se méfiait autant de nous que de la réciproque. Ainsi nous étions sur un presque pied d’égalité concernant cette sortie. Lowell n'avait pu obtenir les informations précieuses concernant le lieu du nid, un brouillard qui méritait éclaircissement. Mais nous avions déjà un plateau de méchant servi bien chaud, de quoi se plaignait-on ? Le ravnos était drôle, la liste des plaintes était très longue, il avait été bien éloquent le Prince pour avoir faire bouger le Prévot et moi même en chemin. Mais si je devais seulement me tenir à ces garantis... Non pas pour mon cas, je ne savais ce qu'il en était de Lowell mais je ne pouvais partir ainsi, les mains dans les poches.

J'esquivais donc le sujet sensible d'Amelia, à Lowell d'expliciter si l'envie lui prenait. A la sortie je disposais d'un fourgon aménagé en une véritable armurerie. Possession du clan d'Emiya et véritable yakusa à l’intérieur, cinq au total, expérimentés et fiables.

"Vous permettez majesté, je prends quelques joujoux."

Un katana et arme de poing à photon allait suffire pour ma part. Aussi deux de mes hommes allaient me suivre. Aux dire de Jaime la discrétion allait devoir être de mise pour l'approche de ce nid.

"Si vous souhaitez emprunter quelques jouets je vous en prie, toutes les armes sont de confection nippone, de l'excellente qualité."

Il y-avait véritablement le choix, de la dague au bazooka.

"Et puis je ne me vois pas faire le chemin à pied, nous pouvons au moins nous rapprocher du parc via ce véhicule. Cela vous convient Majesté ? Et vous Lowell ?"

Alors que les préparatifs s'engageaient il me fallait bien sur répondre aux questions du ravnos.

"Mais je me suis égaré majesté, appelez moi Neji et je suis ancilla brujah. Ne croyez pas que tous les brujahs se promènent avec un stock d'arme à proximité, mais avouez que la chose est plutôt pratique. J'avais pour ma part entendu parler de votre campement et la chose ne me gêne nullement. Il faut bien savoir vivre en ce monde, être unis c'est être plus fort."

Nous avions bien besoin d'unité à la camarilla, également au sein de mon clan. Je m’apprêtais après tout à descendre des frères. J'ignorais ce point...

"De quels sabbatiques il s'agit ?"

Décidément cette petite virée devenait de plus en plus intéressante et le guide de cette expédition ne manquait pas d'humour. Voilà qu'il demandait s'il pouvait compter sur les camaristes, troublant et marrant à la fois, puisque c'est le même individu qui l'avait interpellé brusquement alors qu'il était en pleine conversation. Dans un premier temps, le Ventrue voulut dire à cet empereur sylvestre de se débrouiller seul avec ses sabbatiques. Poser des questions et ne jamais recevoir de réponse commençait à l'irriter un peu, mais cela faisait partie du jeu, à lui de s'adapter, d'autant plus qu'il y avait gros à gagner.

"Vous ne le savez pas ? On recrute les prévôts uniquement sur leur sourire."

Pour ponctuer cette phrase, Lowell sortit son plus charmant sourire, canines bien en évidence.

"Mais comme vous le savez mon travail consiste à traquer les méchants sabbatiques, j'ai un peu pratique dans le domaine et je me débrouille bien à condition qu'on fasse les choses avec professionnalisme."

Lowell voulait aussi que ses acolytes comprennent qu'il avait plutôt l'habitude de donner des ordres que d'en recevoir sur le terrain. Non pas qu'il comptait jouer les chefs, pas encore, mais il ne fallait pas s'attendre à ce qu'il suive un plan qui n'était pas à son gout. Avant d'agir, une concertation entre les membres devrait se faire et pour l'instant cela semblait très fortement compromis.

À l'invitation du gardien, Lowell se contenta de répliquer en se dirigeant vers son véhicule qui lui aussi était garé non loin.

"J'ai déjà des jouets à disposition, mon ami."

Il récupéra dans le coffre, un fusil à pompe et une boîte de munitions à tête creuse. Il en profita aussi pour enfiler au-dessus de sa chemise en soie, un pull à col roulé noir. Pour compléter sa panoplie, le prévôt glissa dans un holster, un pistolet semi-automatique. Il était dommage que le sang-bleu n'ait pas plus de données sur la localisation du nid. Il aurait en effet pu spécialiser un peu plus son équipement, voire même avoir déjà une ébauche d'approche, mais là, il devra improviser et ce n'était pas dans ses habitudes.

Un coup d'œil à sa montre l'informa de l'avancée de la nuit. À cette heure de la nuit les routes sont dégagées, mais il y avait une belle trotte jusqu'à la zone. Ils feraient mieux de partir tout de suite, car Lowell doutait fort que le narcisse reçoive une réponse à sa question. Non pas que c'était une information négligeable, bien au contraire, connaître la nature de ses adversaires était nécessaire pour assurer une victoire, mais voila si le prince des Gitans ne pouvait pas les renseigner sur la nature des lieux, il pourrait difficilement le faire pour la nature des adversaires, quoi que, le monde des ténèbres était rempli de mystères. Tient en parlant de renseignement le prévôt se demandait s'il n'était pas judicieux de mette à jour le Who's Who de ce cher Jaime, finalement il n'en fit rien, cela ne servira à rien.

L'expédition prenait forme, Lowell aurait voulu y ajouter ses propres hommes, mais finalement, il choisit de les garder en réserve au cas ou.Pour cela il usait du trésor de technologie qu'il avait de la poche, un smartphone dernier cri qui avait l'option GPS. Une sorte de garantie supplémentaire.

Le portier se présenta finalement comme étant un membre du clan Brujah, Ancillae de surcroît. Bien. Un vampire probablement expérimenté dans l'art du combat, ce ne serait pas inutile, loin de là. Cette déduction fut confirmée lorsque Neji ouvrit les portes du fourgon, où étaient stockés un nombre d'armes impressionnant, et cinq humains typés asiatiques, probablement des hommes de main.
Le Brujah proposa à Jaime de prendre des armes s'il en avait besoin. Offre que le Ravnos déclina avec un sourire.

Je ne suis pas adepte des armes bruyantes. Je me contenterai de mes petits poings.

Bien entendu, le combat n'était pas sa spécialité, en tout cas pas avec des armes réelles, même s'il avait survécu à une guerre et de nombreux affrontements. Mais les deux camaristes auraient l'occasion de voir ce dont il était capable.
Quant au Ventrue, il disposait de ses propres armes. Il était amusant, ce prévôt. Mais il tenait à ce que les choses soient bien faites. Il restait un Ventrue, après tout.
Lorsqu'il parla de professionnalisme, Jaime se tourna vers lui, prenant soudain une mine solennelle et un ton grave.

Ne vous en faites pas, je suis très sérieux lorsque la vie et la mort des vampires sont en jeu.

Mais il retrouva bien vite le sourire lorsqu'il s'adressa de nouveau au Brujah.

Ne me donnez pas du "Majesté", c'est beaucoup trop solennel. Appelez-moi "Prince" si vous voulez, ou simplement Jaime.

Une fois que les deux camaristes furent équipés, le Ravnos frappa dans ses mains et annonça :

Bien ! En route messieurs ! Prenez le fourgon, c'est parfait, pour ma part j'ai ma moto, vous me suivrez. Nous aurons tous les détails sur place.
Prudence sur la route. Ce serait dommage d'être blessés avant même d'avoir commencé la bataille.

[ hrp : la suite ici ]

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