Il m'avait parut étrange ce soir. Shiro … son regard, sa voix. Il n'avait pas voulu me dire quelques chose. Je ne l'avais pas questionné, je n'avais pas cherché à comprendre. Je ne voulais pas tout savoir. Enfin, je ne croyais pas. Dans deux nuits, deux nuits sans lui, avant qu'il ne revienne, et qu'on puisse à nouveau dormir ensemble. Je l'avais embrassé, d'abord sur les lèvres puis ensuite sur le front avant de poser ma main sur son corps, là où se trouvait ma montre, celle que je lui avais offerte :

-Prends soin de moi.

C'est comme ça que je l’appelais ''Mini-moi''. Cette montre, elle représentait ma vie, celle que je lui avais offerte. Un nouveau sourire, une étreinte, un petit baiser volé, et je sortais de cet endroit dans la rue, le laissant prendre une direction opposé. Dans deux jours, nous avions rendez-vous ici même dans deux nuit. Et quand je reviendrais, je dormirais à nouveau dans ses bras, heureuse.
Je lui avais promis de prendre soin de moi, parfois, je me faisais mal, ou encore, c'étaient Elles … mais je faisais attention. Seulement, parfois, je n'y pouvais rien.


Et ça recommença …

J'avais marché, simplement marché, marché sans chercher à comprendre. J'avais besoin de marcher, pour m'aérer. Depuis près d'une semaine, je n'avais pas vu le Veilleur. Depuis que j'avais été revu Shiro, depuis cette première soirée sur la terrasse devant les lumières. Je ne sortais pas tous les jours, en fait, je sortais en même temps que lui. Mais là, ce soir, il avait eu l'air étrange. Comme s'il n'avais pas envi de partir, de faire ce qu'il avait à faire.
Mais ce soir … Elles m'avaient attendu.
Et Elles m'avaient tendues un piège. Et j'étais tombée dedans …
Je courrais, comme si tous les chiens de l'enfer étaient à mes trousses. Je courrais, les lumières devant moi s'éteignaient. Elles voulaient me laisser dans le noir, Elles voulaient me perdre. Je ne voyais rien, je ne comprenais plus rien. Courir, ne pas t'arrêter. Elles ne t'auront pas. Cours Alice !
Et c'est ce que je fis, sans me retourner un instant. Je courrais, le noir m'envahissait. Je ne voyais plus rien.

Veilleur, par pitié, viens me chercher ! Shiro … Christophe … au secours !

Soudain, ma course s'arrêta net. Le vide, mon pied rate le sol, je chute en avant, un instant avant que mon front ne cogne brutalement contre un rebord, me faisant tomber en arrière. Le vide, le noir … Tu tombes Alice. Un cri m'échappa pendant la chute avant que je percute violemment le sol, jusqu'à m'en couper le souffle. Mes yeux se ferment l'espace d'une seconde, trop fort. J'avais mal, vraiment. C'était ….
Mes yeux se sont rouvert … et je ne voyais rien. Où étais-je ? Je ne savais pas. Je ne savais plus. J'avais … mal. Mon dos me faisait grincer des dents. Ma tête … j'avais le tournis, vraiment.

Shiro … ma main se posa sur mon cœur comme par réflexe. Pas de montre … il l'avait. C'était lui qui l'avait. Mais où était … je clignais des yeux, mon autre main se porta à ma tête, et je sentais une sorte de truc, une sensation poisseuse, un peu liquide, étrange …
Perdue, je l'étais, allongé sur un sol que je sentais humide, qui me glaçait le dos, me faisant frisonner. Je tremblais, de peur et de douleur, de froid et incertitude.
Aidez-moi ...

Tombée du ciel

Flamina Adams jaillit en furie d’un des couloirs parallèles. Les nouvelles qu’on lui avait confiées des activités de la région l’inquiétaient. En résultat, elle avait fait un très mauvais repas, et . Qu’était encore cette improbable histoire de Séthite qui venait mettre son grain de sel dans les environs ? Diable qu’elle ne supportait pas ce genre de personnes. Ils avaient de l’humour, c’était exact, mais enfin, si elle voulait une blague, elle savait fort bien faire appel au clan des Gitans. Non, cette petite mijaurée n’aurait pas l’occasion de rire longtemps si elle se frottait de trop près à sa maisonnée, cela était un Serment.

Tout en marchant furieusement, d’un pas alerte qui claquait sur le sol – d’ordinaire, Flamina avait une préférence affichée pour la discrétion, mais ce choc sourd et répétitif avait parfois du bon également  lorsqu’il crééait un leitmotiv apaisant – elle se faisait la réflexion qu’elle était vraiment trop vieille pour ce genre de soucis. Prendre sa retraite, bon sang, prendre sa retraite, voici une perspective qui aurait tout à fait été à sa mesure si elle n’avait pas eu devant elle l’éternité.

Au loin, un bruit sourd détourne l’attention de la vieille Nosferatu, un bruit sourd accompagné d’un clapotis dans l’eau. Un rat détala pour venir se jucher sur l’épaule de sa maîtresse. C’était un lourd rongeur dont les petites griffes se logeaient dans les plis du tissu d’ébène qui drapait l’Ancienne. En une brève incursion dans l’esprit de l’animal, elle sut qu’une masse sombre était tombée du ciel.

Doucement, sous les voiles des ténèbres, invisible à quiconque n’avait pas l’œil exercé, Flamina s’aventura dans l’idée clairement affichée de tendre une embuscade à l’inopportun. S’il était mage, séthite, ou tremere, elle ne lui laissait même pas le temps d’ouvrir le bec et le lui clouait sur place.

Manque de chance pour elle, son œil affûté ne distingua qu’une masse tremblante, lorsque ses narines percevaient l’odeur du sang. La silhouette ne faisait pas mine de bouger, et semblait n’être en rien une menace. Rien en tous cas d’agressif dans cette ombre, seulement de la peur, Flamina le ressentait.

Elle dissimula son masque derrière un visage humain, un visage qu’elle avait choisis d’emprunter à son premier souvenir. Elle opta pour l’apparence d’une femme blonde à la peau de miel, une de ses connaissances à l’époque où elle pouvait montrer librement ses traits sans provoquer l’hystérie générale. Ainsi parée, elle s’avança vers la nouvelle venue dans son domaine. C’était une humaine, ou quelque chose d’approchant. Une enfant terrifiée, c’était l’image qu’elle en avait en tous cas. S’accroupissant près de la jeune fille, et sortant un mouchoir de sa poche, elle le lui tendit.

« Bonjour. Tu es tombée du ciel ? Tu n’as pas trop mal ? »

Fiche par Narja

Le temps semblait s'être arrêté après cette chute, pendant un instant. Seules les clapotis de l'eau et le bruits des gouttes s'écrasant sur le sol m'indiquaient que ce n'était pas le cas.
Où étais-je ? Je ne savais pas, loin de lui, c'était ma seule certitude. Loin de mon aimé, loin du Veilleur. Il faisait si sombre. Le sang coulait le long de mon crâne, se mêlait à mes cheveux mais je ne bougeais plus. Les instants passaient, mes vêtements s'imbibaient d'eau, je sentais mon cœur dans ma poitrine se calmer, toujours.
Je devais m'enfuir, je devais retrouve la lune, sa douceur, sa clarté si rassurante mais je n'arrivais pas à me relever, comme si j'étais paralysée. Pas de douleur, j'allais bien, enfin pas si mal. Mais là … c'était la peur.
Je me sentais poisseuse, je me sentais mon corps se geler mais peu importait. Me relever, je devais le faire. Je devais retrouver mon cœur, retrouver ses bras et écouter battre mon cœur.
Sors Alice … sors !
Je fermais mes yeux, comme pour m'enfuir, ne plus voir cette endroit. J'avais peur, d'ici, de tout … je n'étais plus ici, j'étais dans le noir, ailleurs.

« Bonjour. Tu es tombée du ciel ? Tu n’as pas trop mal ? »

J'ouvris d'un coup les yeux, en grand, et l'image d'une femme m'apparut soudain. Sa main était tendue vers moi, je sursautais, et fis trois pas, trois mètres en arrière, en appuis sur mes mains t sur mes fesses. Ma tête me lança, je gémissais. D'un geste je me prends la tête, cherchant à calmer cette douleur qui me vrillait le crâne. Stop …

Qui … qui est-elle ? Je ne l'avais pas vu, pas entendu, une vague impression … rien de plus. Je ne bougeais plus, pétrifiée, mes yeux se fermaient par instant, puis se rouvrait pour se fixer sur son visage. J'avais peur, je voulais partir, maintenant. Elle était juste en face de moi, accroupie, dans sa main, je vis ce qu'elle tenait : un morceau de tissu. Que voulait-elle ? Qu'est-ce qu'elle … perdue aussi ? Nan, étrange, elle est étrange … je ne sais pas pourquoi, mais à chaque fois que je vois son regard, que je vois ses yeux, son visage, même ses cheveux, un long frisson parcourt mon cou, descends dans mon dos jusqu'à mes rein. Elle … je ne la connaissais pas, et je tremblais devant elle … pourquoi ? Son visage … il semblait doux, pourquoi alors tout dans mon corps me demande de fuir ? Elle, cet endroit, je ne sais plus. Je veux comprendre, maintenant. J'ai peur, je veux voir le Veilleur, je veux voir Shiro.
Je les ais perdus, je ne les voyais pas, je ne savais pas où ils étaient. Perdue, perdue, une nouvelle fois.

-Je suis perdue …

Tombée du ciel

(désolée pour le retard ^^’)

Flamina vit l’enfant d’étaler, s’éloigner. Bon sang, c’était bien sa veine, voila qu’on lui demandait de faire du baby-sitting pour humains apeurés. La soirée était médiocre, c’était une certitude, et visiblement, la chose ne s’arrangerait pas de sitôt, dès lors, autant accepter ce coup du sort, et s’en accomoder. Flamina Adams se leva, se dirigea vers la fille, et lui essuya le front emperlé de sang. Elle avait dû faire une sacré chute, la bouche des égouts avait dû rester entrouverte. Si un petit imprudent avait oublié de la refermer, il allait passer un sale quart d’heure, la chose était d’ores et déjà entendue.

Mais enfin, il fallait en premier lieu ramener cette humaine à la surface, l’odeur du sang était déplaisante, et allait embaumer dans tous les égouts, ramenant sans doute l’un ou l’autre petit assoiffé.

En douceur, Flamina n’avait aucune envie de brusquer la petite, elle avait autre chose à faire que d’endurer une crise d’hystérie, et vu comme la petite semblait apeurée, en douceur, donc, elle l’aida à se lever, et à faire quelques pas. Bon sang, que la nuit allait être longue, la petite ne tenait pas, ou presque pas sur ses pieds.

Bon, il allait falloir y aller un peu plus franchement, la sortie était toute proche.

« N’aies pas peur, d’accord ? Je te ramène à la surface. »

Flamina souleva l’enfant, elle était plus légère qu’une plume, et la portant d’un bras, elle gravit à l’aide de l’autre les échelons qui les ramenaient toutes deux au dehors. Elle arriva, déposa la jeune fille sur le trottoir, et songeait déjà à repartir, mais, comment faire pour disparaître dans les égouts sans attirer la curiosité de l’enfant ? Bon, il allait falloir faire un détour. Elle referma avec soin la bouche d’égout.

« Comme ça, il arrêtera de pleuvoir des passants »

Laissa-t-elle tomber en guise d’explication, puis, se mettant debout, sa gentillesse la poussa à cette funeste question.

« Tu vas quelque part ? »

Fiche par Narja