Cette nuit, Shanka lui laissait quartier libre et le jeune homme en soupira de soulagement en l'apprenant. Par acquis de conscience, il ferait tout de même un tour dans les rues pour être sûr que personne de suspect ne trainait dans le coin, mais avant, il avait quelques petites courses à faire pour son dîner! Le frigo était quasiment vide.

Daniel prit donc sa veste et ses clés, puis sortit pour se rendre à la petite épicerie habituelle tenue par les parents de son meilleur ami. Avec un peu de chance, il le croiserait là-bas. A cette pensée, un sourire étira ses lèvres et c'est d'un pas tranquille qu'il parcourut la rue jusque là.

Il poussa la porte du petit magasin et salua monsieur Lee. Les deux hommes discutèrent un moment, prenant des nouvelles l'un de l'autre. Malheureusement, Wei étudiait dans sa chambre et ne descendrait pas. Un peu déçu, le jeune homme lui demanda de le saluer de sa part, puis prit un panier pour faire ses petites courses de la soirée.

Déambulant tranquillement parmi les rayonnages, il remarqua la présence d'une jeune fille. Lorsque leurs regards se croisèrent, il ne put s'empêcher de remarquer qu'elle semblait perdue. Perplexe, il se rendit à la caisse et paya ses courses en se demandant si ce n'était qu'une impression ou si elle avait réellement besoin d'aide. Il se retourna un instant, mais ne la voyant pas arriver, il se dit que finalement, il avait dû se tromper. Il paya donc monsieur Lee et sortit de l'échoppe pour rentrer chez lui déposer ses affaires, avant de faire sa ronde, puis de dîner, enfin!

Non pas que se promener dans les rues en pleine nuit le rassurait, il n'était qu'une goule après tout et croiser un vampire mal attentionné pourrait lui coûter très cher. Mais bon il avait pris cette habitude depuis qu'il travaillait pour la belle assamite. Soudain, alors qu'il arrivait dans sa rue, il entendit des pas précipités, quelqu'un courait et se rapprochait de lui. Instinctivement, Daniel se coula dans les ombres d'une ruelle et attendit, retenant sa respiration.

C'est alors qu'un rayon de lune éclaira la silhouette de la jeune fille aperçue dans l'épicerie. Intrigué, le jeune homme fit un détour pour arriver derrière elle. Elle paraissait chercher quelqu'un, mais qui?

-Bonsoir mademoiselle...je peux vous aider?

Il se tenait près d'elle, en apparence détendu mais intérieurement, il se méfiait de cette inconnue sans trop savoir pourquoi. Après tout, elle paraissait tout à fait humaine, mais depuis quelques temps, il avait appris à se méfier des apparences.

Bien sûr, en surgissant de cette façon, il s'attendait plus ou moins à ce que la jeune femme ait un mouvement de recul, mais pas à ce point! Etait-il si effrayant? Daniel haussa un sourcil, elle jouait peut-être la comédie pour endormir sa méfiante...si c'était le cas, il devait reconnaître qu'elle était très bonne comédienne car l'expression de peur qu'elle affichait paraissait vraiment authentique.

Le jeune homme ne savait pas trop comment réagir, à présent qu'il savait que les vampires existaient et vivaient parmi eux, il doutait de la nature de tous les êtres paraissant humains qu'il croisait une fois la nuit tombée. Prenant sur lui, il s'avança vers elle en tâchant de ne pas faire de geste brusque:

-Hey calmez-vous je ne vais pas vous manger. Ne le prenez pas mal mais vous avez l'air vraiment paumé...

Ca, c'était rien de le dire. Gardant une petite distance de sécurité tout de même, il s'accroupit face à elle:

-Vous ne devriez pas trainer le soir toute seule...

Lui qui voulait simplement faire sa ronde et passer une soirée tranquille ensuite, c'était râpé apparemment. Un soupir s'échappa de ses lèvres et il se gratta l'arrière du crâne, signe que la situation lui échappait.

Il lui tendit tout de même la main pour l'aider à se relever, en espérant qu'elle n'allait pas se jeter sur lui soudainement pour lui croquer le poignet. Parano? Non, pas du tout pourquoi? Daniel se morigéna, les êtres humains existaient encore et apparemment ils étaient toujours plus nombreux que les vampires, ce ne serait vraiment pas de bol qu'il tombe sur un vampire cette nuit!

-Vous n'avez rien à craindre.

Il tenta un petit sourire, lui qui ne souriait pas souvent, pour l'encourager.

C'était la première fois que Daniel se trouvait face à une personne en pleine crise d'angoisse, il ne savait absolument pas comment réagir. Il avait beau lui parler doucement, comme à un petit animal apeuré, elle semblait tétanisée par la peur. Mais était-ce lui qui lui faisait peur, ou autre chose?

Il n'était pourtant pas particulièrement effrayant, du moins il n'en avait pas l'impression...En l'entendant bégayer de cette façon, Daniel se demanda si il ne ferait pas mieux d'appeler le 911 pour qu'une personne qualifiée s'occupe d'elle.

Il lui tendit cependant la main, si elle la refusait et restait prostrée, il appellerait. Patient, il attendit sans cesser de sourire et poussa un bref soupir de soulagement lorsqu'elle se décida enfin à glisser sa main dans la sienne pour qu'il l'aide à se relever. Là, c'était mieux tout de même!

Enfin mieux jusqu'à ce qu'elle se retrouve dans ses bras. Et bien, elle devait être exténuée! La prenant par les épaules, il l'aida à se redresser un peu sans pour autant la repousser, histoire de pouvoir lui parler les yeux dans les yeux:

-Hey! Ca va aller? Vous avez l'air épuisée.

Et voilà qu'elle lui demandait qui il était. Effectivement, il ne s'était pas présenté. Soutenant son regard, il lui répondit tranquillement:

-Je m'appelle Daniel. Et vous, qui êtes-vous?

Ne pas faire de geste brusque, la laisser faire comme elle veut, c'était apparemment le mieux pour l'instant. Ses mains étaient toujours sur ses épaules mais elles la touchaient à peine pour qu'elle n'ait pas l'impression d'être prisonnière de son étreinte. Elle semblait être particulièrement fragile psychologiquement, c'était bien sa veine tiens...

Cette fille était sans doute paumée mais encore plus exténuée! Le jeune homme le constata en la voyant de plus près. Ses yeux étaient gonflés de fatigue, elle n'avait pas dû dormir depuis plusieurs jours! Comment était-ce possible? Elle tanguait, ses paupières papillotaient, alors il gardait ses mains à hauteur de ses épaules pour la retenir, au cas où.

Il se présenta tout de même lorsqu'elle lui demanda qui il était mais lorsqu'il lui retourna la question, elle ne répondit même pas. Avait-elle seulement entendu? Elle semblait perdue dans un monde intérieur, totalement à l'ouest. Elle parlait de "lapin", de "veilleur" tout en chancelant dangereusement. De l'avis de Daniel, elle ferait mieux de dormir au lieu de lutter contre le sommeil, son corps finirait de toute façon par avoir le dessus.

Soupirant, il allait se décider à la transporter chez lui pour appeler quelqu'un lorsqu'elle rouvrit les yeux et se redressa soudainement. Non mais, pourquoi ça tombait sur lui? Il n'y connaissait rien en insomnie lui! Et si elle était shootée?

-Ecoutez, vous me semblez vraiment épuisée alors vous allez venir vous reposer chez moi le temps que je trouve quelqu'un pour s'occuper de vous. Vous devez bien avoir de la famille, des amis, quelqu'un à joindre, non?

Ils n'allaient pas rester plantés là en plein milieu de la rue en pleine nuit pendant des plombes! C'était aussi dangereux pour elle que pour lui et il n'avait pas vraiment envie que plus d'ennuis lui tombe sur le dos. D'autorité il la souleva dans ses bras et se mit à marcher en direction de son immeuble, tant pis si elle n'était pas d'accord. Il avait faim, il était fatigué de sa journée et il avait trèèèès envie de poser son cul sur son canapé!

Daniel afficha un air blasé, elle devait vraiment être épuisée, elle semblait tellement ailleurs qu'elle ne répondait à aucune de ses questions. Il ne savait pas pourquoi, il sentait que la nuit allait être looooongue mais looooongue...Comme s'il n'avait que ça à faire! Mais bon, il ne se sentait pas l'âme d'un salaud et refusait de la laissait plantée là, sans défense aucune. D'autorité il la prit donc dans ses bras pour se diriger vers la rue où se situait l'immeuble dans lequel il vivait, rêvant de s'asseoir, enfin et surtout de prendre une bonne douche relaxante! C'est qu'il bossait tout de même! Il cumulait deux boulots en quelque sorte et il se considérait en droit d'exiger un moment de repos.

Et puis cette façon de refuser de dormir...avait-elle peur de faire des cauchemars? Que se passait-il donc dans la tête de cette drôle de fille? Elle semblait totalement déconnectée de la réalité. Et voilà qu'elle se mettait à gesticuler. Non mais il allait finir par l'assommer si ça continuait! Raffermissant sa prise, il la maintint contre lui, appréciant d'être plus fort qu'elle pour le coup.


-Hey! On se calme! Si vous continuez je vous plante là d'accord!

Il avait beau être calme et posé, il ne fallait pas abuser non plus. Apparemment, elle désirait qu'il la lâche, ça le démangeait à vrai dire. Mais non, il continua, arrivant enfin devant la porte de son immeuble:

-Ecoutez, il n'y a personne ici. Vous allez monter avec moi, vous reposer un peu et me raconter calmement ce qui vous arrive. J'ai eu une journée chargée, j'ai besoin de calme vous comprenez, alors maîtrisez-vous ou je vous assomme!

Voilà, c'était clair au moins, qu'elle ne vienne pas se plaindre s'il devait user de la force pour l'obliger à se calmer, il n'hésiterait pas! Il la reposa doucement au sol tout en la maintenant fermement contre lui d'un bras tandis qu'il prenait sa clé pour pénétrer dans le bâtiment. Il pesta intérieurement, il n'avait vraiment pas besoin de ça en ce moment! Et pour une fois qu'il pouvait prendre une initiative pour prouver à Shanka qu'il n'était pas une goule inutile, et bien non! Il avait fallu qu'il s'occupe de cette fille, qui, il le sentait, allait finir par lui apporter des ennuis. Seulement il n'avait pas eu le cœur de la laisser en détresse.

Daniel s'en voulait de s'énerver ainsi, elle semblait déjà terrorisée, s'il la menaçait, cela ne risquait pas d'arranger les choses, mais il était tellement las. Etre gardien de prison n'était pas de tout repos, les prisonniers étaient parfois bruyants, bagarreurs, il devait sans cesse les remettre dans le droit chemin et leur rappeler que ce n'était pas à eux de faire la loi.

Tandis qu'il cherchait ses clés, maintenant la jeune femme contre lui pour éviter de la voir partir en courant et de devoir lui courir après pour la rattraper, il se força à retrouver son calme. Il n'était pas comme son père, il détestait recourir à la violence, menacer, surtout une femme! Sa mère avait subi ce genre de choses aussi...voilà pourquoi il refusait de laisser quelqu'un partager sa vie. Il avait trop peur de devenir comme son connard de père!

Etrangement, sa menace avait tout de même été suivie d'effet puisque la jeune femme ne disait plus rien, se contentant de rester contre lui alors qu'il introduisait enfin la clé dans la serrure de la porte du hall. Il s'apprêtait à la pousser lorsqu'elle s'exprima plus doucement. Haussant un sourcil, il baissa le nez pour la regarder. "Son cœur", oui et bien son cœur battait trop vite à son goût. Depuis combien de temps n'avait-il pas tenu quelqu'un contre lui? Un an, deux ans? Peut-être plus. Il ne savait plus. Il s'était tellement plongé dans son travail que sa vie sentimentale était totalement inexistante. Triste constat...

Il avança un pied pour entrer lorsqu'elle posa les mains sur son torse et prononça une phrase qui le stoppa dans son élan. Le jeune homme tourna la tête vers elle:

-Mais voyons...tous les humains ont le cœur qui bat.

Cela avait bien failli ne plus être le cas quelques temps plus tôt, mais grâce à Shanka, il battait toujours. Il avait instinctivement utilisé le mot "humains"...Etait-ce possible qu'elle soit elle aussi au courant pour les vampires?

-Allez viens, on sera mieux chez moi pour discuter.

Il l'entraina avec lui à l'intérieur, vérifiant que la porte se refermait bien sur eux, puis prit l’ascenseur jusqu'au troisième étage. Là, ils se dirigèrent jusqu'à la porte tout au fond du couloir, son chez lui, enfin! Daniel la poussa doucement à l'intérieur et ferma la porte à clé, posant le trousseau sur le bar de sa cuisine ouverte.

-Voilà, c'est chez moi. Pose-toi sur le canapé pendant que je range mes courses...Tu...tu as mangé au moins?

Dans le doute, mieux valait poser la question. Elle n'avait franchement pas l'air en forme du tout et son état était même inquiétant. Il ferait sans doute mieux d'appeler quelqu'un...

"c'est faux"...Daniel préféra ne pas relever, cette fille devait être sérieusement secouée pour croire qu'un humain pouvait vivre sans avoir le cœur qui bat. Enfin il aurait tout le temps de l'interroger une fois qu'ils seraient au chaud, chez lui. Il l'entraîna jusqu'à l'ascenseur, se demandant pourquoi elle se serrait ainsi contre lui, froissant le tissu de sa veste dans ses mains. Heureusement, ils arrivèrent rapidement au troisième étage.

Mais là, elle se détacha de lui et se mit à vomir. Daniel détourna un instant les yeux, la laissant se libérer de ce qui la dérangeait, puis revint vers elle. Il irait nettoyer ça quand elle dormirait à poings fermés. En attendant, il la récupéra et la conduisit jusqu'à la porte de son appartement, il la laissa rejoindre le canapé tandis qu'il fermait la porte, puis se dirigeait vers la cuisine pour ranger ses petites courses.

Adieu la soirée tranquille! Mais cette situation le laissait quelque peu perplexe. Ne vaudrait-il mieux pas qu'il appelle quelqu'un plus à même de lui venir en aide? Il se sentait totalement dépassé par cette situation, il ne comprenait pas ses réactions ni ce qu'elle disait. Elle était peut-être autiste tout simplement...dans sa bulle.

Il n'avait reçu aucune formation pour gérer cela. Enfin pour l'instant, il préféra s'inquiéter de savoir si elle avait mangé, et visiblement, non. Au moins elle lui répondit cette fois, vaguement, mais une réponse tout de même. Sans doute la fatigue...Un bref soupir plus tard et Daniel préparait une bonne omelette avec des lardons, des champignons et du gruyère râpé ainsi qu'un peu de bacon. Ca devrait bien lui tenir au ventre. Il sortit deux assiettes, des verres et des couverts, puis posa le tout sur la table basse qui faisait face au canapé.

-Voilà, j'espère que ça te conviendra.

Il lui servit de l'eau et se servit à son tour avant de commencer à manger. Il était affamé. Mais quelque chose lui disait qu'une simple omelette, aussi garnie soit-elle, ne suffirait pas à cette jeune fille.

-Tu pourras prendre une douche si tu veux, ça te fera sûrement du bien. Mais en attendant, j'aimerais au moins connaître ton nom. Ca m'évitera de t'appeler "Hey" ou "la fille".

Puis il repéra le vieux sac de sport qu'elle n'avait pas lâché une seule fois. Sans doute contenait-il ses affaires de rechanges. Elle avait peut-être fugué. Comment savoir? Vu comme elle était pour l'instant, il préférait les ménager. Il termina son assiette tranquillement et se leva pour couper un peu de pain histoire de saucer son assiette. Il se rassit près d'elle et attendit de voir comment elle réagissait, après s'être rassasiée, puis lavée, elle se sentirait peut-être mieux.

Enfin ils étaient chez lui! Daniel en aurait crié de joie et de bonheur s'il était aussi expansif que son meilleur ami. Mais non, il se contenta de l'inviter à s'installer sur le canapé tandis qu'il préparait une bonne omelette garnie. Il installa deux assiettes sur la table basse, puis ramena des verres et de l'eau.

Elle le remercia, il lui offrit un petit sourire et il apprit enfin son nom. Alice. Pas étonnant si elle était comme cet Alice au pays des merveilles, qu'elle soit perdue dans un rêve intérieur.

A peine avait-il posé le tout que la jeune fille se jetait sur le verre d'eau, manquant de s'étouffer.Le jeune homme se garda bien de tout commentaire et la laissa gérer, lui proposant même de prendre une douche si elle le désirait. Et alors qu'elle semblait bouder sa part, lui-même torcha assiette en quelques minutes.

-Ne te force pas. Je vais la mettre au frais et tu pourras la faire réchauffer au micro-onde plus tard. En attendant, repose-toi.

Il débarrassa la table, mit la part d'Alice dans un tupperware allant au micro-onde, et revint auprès d'elle:

-Tu veux prendre ta douche maintenant ou tu veux discuter?

Lui-même rêvait d'une bonne douche bien chaude, mais il avait un peu peur qu'elle s'enfuit dès qu'il aurait le dos tourné. Elle n'avait pas l'air bien stable et elle risquait de faire de mauvaises rencontres en trainant seule dans la rue, si ce n'était pas déjà fait. Elle semblait craindre quelque chose...elle avait dit "Elles sont là". De qui ou de quoi parlait-elle?

Il s'assit donc à côté d'elle en ébouriffant un peu plus ses cheveux:

-Ecoute...ici tu ne crains rien. Alors j'aimerais que tu me dises ce que tu fais toute seule dans la rue à cette heure-ci, de quoi tu as peur.

Il jeta un rapide coup d’œil à son sac de sport, se demandant ce qu'il pouvait bien contenir. Il verrait plus tard.

Bon et bien apparemment son invitée imprévue de la soirée était vraiment craintive. Pourquoi ça lui tombait dessus? Pourquoi lui? Est-ce qu'il avait la tronche d'un bon samaritain franchement? Mais le jeune homme prit sur lui et tenta de la mettre à l'aise. Pourtant, elle était toujours sur le qui-vive, une véritable boule de nerfs! En fait il aurait carrément dû l'emmener à la police.

Enfin pour l'instant, cela ne servait à rien de tergiverser, elle voulait prendre une douche, et bien elle allait en prendre une. Au moins il n'y avait qu'une petite fenêtre dans la salle de bain, elle ne pourrait pas s'enfuir par là.

-Ok, allons-y pour une douche. Je vais te montrer où se trouve la salle d'eau.

Il passa devant la jeune Alice et se dirigea vers le fond du couloir:

-C'est là. Les serviettes sont sous le lavabo ainsi que les gants de toilette. Tu as de quoi te changer?

Au pire il pouvait toujours lui prêter une chemise. Une fois qu'il eut la réponse et qu'il fut certain qu'elle avait tout ce qu'il lui fallait, il la laissa seule et s'installa sur le canapé pour appeler son pote Wei. Il fallait qu'il en parle à quelqu'un et il ne voyait que lui. Evidemment, le jeune asiatique ne pouvait s'empêcher de le chambrer:

-Ah ah ah, très drôle vraiment. Non, elle est totalement paumée, je crois qu'elle est traumatisée. Elle pense être poursuivie par des...en fait elle ne m'a même pas dit quoi. C'est peut-être vrai. J'en sais rien. Oui j'y ai pensé mais j'ai peur qu'elle se braque. Enfin je la garde ici cette nuit et je verrai demain ce qu'il en est. Elle est épuisée, au bout du rouleau, elle a besoin d'une bonne nuit de sommeil et de se remplir l'estomac convenablement. Oui, non mais attends, je pouvais pas la laisser dans la rue quand même! En tout cas, heureusement que je bosse pas demain parce que j'aurais jamais tenu. Ouais. Arrête de rire, c'est pas drôle! Bon allez, je te laisse, je vais préparer le lit. Bah non je vais pas la laisser dormir sur le canapé, elle prendra ma chambre. Wei...t'es vraiment con parfois. Ouais, allez, bonne nuit, j'te tiens au courant. Salut.

Il raccrocha en soupirant longuement alors qu'il se laissait tomber lourdement sur le canapé. Maintenant que la tension retombait, il se sentait complètement lessivé.

-Ok, allons-y pour une douche. Je vais te montrer où se trouve la salle d'eau.

Il se leva et je le suivais, la tête un peu penché. Je laissais mon sac derrière moi, je n'avais pas besoin de quoi que ce soit qui soit à l'intérieur. Je n'avais pris qu'un shorty, un des rares trucs qui me restaient.

-C'est là. Les serviettes sont sous le lavabo ainsi que les gants de toilette. Tu as de quoi te changer ?

Je fis simplement non de la tête. Mes fringues, je n'avais que celle-ci, les autres étaient sales aussi. Il faudrait que je les laves, que je trouve un moyen de le faire. J'entrais doucement dans la pièce, et le vis revenir avec une chemise, une grande chemise blanche, sûrement trop grande mais ce sera tellement plus agréable que ses vêtement. Mon pull était poisseux au niveau de l'épaule, poisseux de sang.
Il ferma la porte, me laissant seule. Lentement, je me déshabillais, pour me débarrasser de ses affaires que je portais depuis quelques jours. Mon corps m'apparut, et les marques qui le couvraient aussi. Lentement, j'enlevais avec précaution le bandage que j'avais fait en travers de mon corps pour cette blessure sur mon omoplate. J'étais tombée je crois, je n'en étais même pas sûre. Je m'étais réveillée avec cette plaie, un peu superficielle comparée à celle qui pouvait bien le parcourir. Mais malgré tout, elle était toujours là, sans que je saches pourtant. J'allais vers la cabine et entrais à l'intérieur.
L'eau … c'était si bon. Je la sentais glisser sur mon corps, me purifier … elle était chaude. Si pendant un instant, ça m'avait fait mal, la seconde suivante, la sensation avait changé. Comme un havre de paix, simple, calme, et protecteur. J'étais à l'abri. Sous l'eau, rien ne pouvait m'arriver. Du moins, il ne m'était jamais rien arrivé dans ses moments là.
J'étais resté un moment sous la douche, bien dix minutes avant de me laver, et cinq minutes plus tard, je sortis, prenant les serviettes pour me sécher. Il y avait une sacré brume dans la pièce, je n'y voyais presque rien …

-Peut être parce qu'il n'y a rien à voir, tu ne crois pas ?

Je sursautais, et me cognais contre l'un des meubles de la pièce, le lavabo. Je fixais les volutes.

-Qui …

-Mais c'est moi ma belle.

Maudit chat … que ne donnerais-je pas pour le foutre dans le lavabo et le noyer.

-Voyons ma petite Alice, ses idées noires ne te siéent guère. Allons, je suis simplement voir comment ça se passait, et à ce que je vois, pas trop mal.

-Sale matou …

-Mais enfin ….

-Sale menteur …

-Ça, je ne peux le démentir à vrai dire.

-C'était un piège ?

Il se mit à soupirer. Quoi ? Je le désespérais ? Manquerait plus que ça.

-Non, je voulais juste te trouver un endroit sûr pour dormir cette nuit, rien de plus. Il ne te feras pas de mal, il veut t'aider. Tu es trop peureuse …

-Cela m'a permit de rester en vie.

-Oui … certes, mais parfois, cela est de trop. Tente de t'ouvrir, d'être plus calme. La peur inhibe le monde qui t'entoure et tu perds toutes ses merveilles. Cesse d'avoir peur, ouvre les yeux et redécouvre le, ou jamais tu ne le verras réellement.

Je me tournais, le visage fixé sur le miroir embué. Je ne voulais plus l'entendre, il savait … il me connaissait, comment pouvait-il dire cela ?

-Seulement parce que je veux ton bien ma belle …

Sa voix s'échappa, je le sentis partir. Doucement, je posais ma main sur le miroir. Personne. Pas de soldat pour en surgir, de monstre ou Elle-même. Étais-je réellement en sécurité ici ? Le lièvre avait perdu ma trace pour ce soir. Alors …
Doucement, je laissais les serviettes tombées pour revêtir mon shorty et la chemise. Elle était si légère sur mon corps, ça me faisait étrange. Je la fermais, elle descendait bas, couvrant ce que j'avais enfilé avant. Je la laissais un peu ouverte en haut, pour ne pas être entravé. Et doucement, les cheveux encore humide, rendant un peu transparent le dos, je sortis de la pièce, mes affaires sales à la main, le trouvant sur le canap. Mes jambes étaient nues, et il pouvait voir les marques, les bleus qui les couvraient. Je m'approchais de lui, l'observant. Il semblait si épuisé lui aussi. C'était ma faute ? Je m'asseyais à côté de lui, fixant ses yeux. ''Cesse d'avoir peur'' m'avait dit Cheshire. Peut être …
Lentement, je me rapprochais de lui, de son visage et avec douceur, innocence posais un baiser sur sa joue avant de dire simplement :

-Merci ...

HRP : Le shorty

HRP: huhu trop mignon le shorty ^^

Daniel montra donc la salle d'eau à la jeune femme ainsi que l'endroit où se trouvaient les serviettes et les gants, puis, en apprenant qu'elle n'avait rien de propre à se mettre sur le dos, il sortit et revint peu de temps après avec une de ses propres chemises. Bon ben comme ça, ça lui ferait une chemise de nuit.

S'assurant qu'elle n'avait plus besoin de lui, il la laissa prendre sa douche et prit son portable pour appeler son meilleur ami qui ne se fit pas prier pour le chambrer en apprenant qu'il avait ramené une demoiselle chez lui. Il raccrocha en soupirant et se laissa tomber lourdement dans son canapé, épuisé.

Le temps qu'Alice en termine avec la douche, il se permit un peu de repos et se mit à somnoler quelques instants. Il ne l'entendit même pas revenir tellement il était las. Ce n'est qu'au moment où il sentit ses lèvres sur sa joue qu'il se réveilla en sursaut:

-Hein? Quoi? Ah euh c'est vous...toi...pardon.

Daniel passa une main dans ses cheveux châtains et se tourna vers la jeune femme, la regardant de bas en haut et de haut en bas. Ainsi propre et portant cette chemise, elle était vraiment...mignonne. Ses joues se colorèrent légèrement et il réajusta le haut de sa chemise pour avoir une vue un peu moins...plongeante, sur la gorge d'Alice:

-De rien.

Il fronça pourtant les sourcils en apercevant les bleus et les traces sur ses jambes dénudées, il leva les yeux vers elle:

-Maintenant que tu te sens mieux...peux-tu me dire ce qui t'es arrivé?

Il n'aimait pas insister, seulement si elle était poursuivie, autant savoir ce qui risquait de lui tomber sur le coin de la figure si cette, ou ces personnes, débarquaient chez lui.

Daniel ne s'attendait pas à un tel réveil! En fait il ne pensait même pas s'être assoupi non plus, mais la journée avait été particulièrement usante et la soirée mouvementée, il avait donc bien besoin de se reposer. Il sursauta et se tourna vers son invitée.

La tenue de la jeune femme le fit rougir un peu et il la réajusta de façon à la rendre un peu plus....décente. Cela faisait longtemps qu'il n'avait ramené personne chez lui et il n'était plus habitué à voir une jeune femme aussi peu habillée. Seulement, ainsi vêtue, ses jambes étaient totalement visibles et il pouvait aisément remarquer les bleus qui les parcouraient. Qu'était-il arrivé à cette jeune femme?

La douche avait l'air de lui avoir remis quelque peu les idées en place, aussi, il lui posa la question sans détour. Pas seulement par curiosité, mais aussi pour l'aider ne serait-ce qu'un peu, dans la mesure de ses moyens.

Il lui prêta une oreille attentive, bien que ses réponses soient assez succinctes, mais au moins, elles étaient plus claires qu'auparavant.

-Je crois que je comprends...mais qu'entends-tu par Ombres et Enfer? Et quand tu affirmais qu'un humain pouvait vivre sans avoir le cœur qui battait, de quoi parlais-tu? Tu sais bien que quand le cœur ne fonctionne plus, le cerveau s'arrête aussi et c'est la mort. Aucun être humain ne peut vivre sans avoir le cœur qui bat, aucun, tu en es bien consciente?

Le jeune homme prenait le risque de la brusquer un peu, mais il voulait savoir à qui il avait à faire. Pour appuyer ses dires, il lui prit doucement la main et la posa sur son propre cœur, à elle, puis sur le sien:

-Tu vois, mon cœur bat comme le tien. Tu n'as rien à craindre de moi.

Il voulait savoir si elle aussi était au courant pour les vampires, seulement il ne voulait pas être plus brusque qu'il ne l'avait déjà été, de peur qu'elle se referme sur elle-même.

Daniel s'attendait plus ou moins à cette réaction, elle ne faisait que confirmer ses soupçons. Alice ne pouvait qu'avoir eu affaire à un vampire, celui qu'elle nommait, le veilleur. Se pouvait-il qu'il l'ai pris sous son aile, ou avait-il fait d'elle, une goule? Le jeune homme garda son calme, laissant la colère de son invitée glisser sur lui. Apparemment elle ne réalisait pas que Christophe n'était pas un humain mais un vampire.

Il avait voulu lui montrer que lui n'en était pas un, qu'il était bien humain, que son cœur battait toujours et qu'elle n'avait donc rien à craindre.

Il la laissa venir à lui sans bouger, de peur qu'un geste de sa part ne la fasse fuir. Il regrettait de l'avoir mise en colère, mais il voulait lui ouvrir les yeux sur celui qu'elle appelait "le veilleur". Seulement, dans l'état actuel des choses, elle refuserait de l'entendre, elle semblait faire pleinement confiance à cet...homme. Il se raidit pourtant lorsqu'elle posa son oreille contre son cœur, se retrouvant ainsi tout contre lui. Dire qu'elle semblait faire cela en toute innocence...

Elle se redressa alors et lui prit la main à son tour, il se laissa faire avant de rougir de nouveau lorsqu'elle la posa sur son cœur. Mais comme il avait peur qu'elle le prenne mal s'il la retirait, il la laissa donc à cette place en tentant de l'écouter. Ce qui ne fut pas difficile. Il fronça les sourcils:

-Un jour le mien aussi tombera en panne, mais dans longtemps. Qui sont ces deux personnes pour toi?

La reine? Mais il n'y avait pas de reine ici...Et voilà qu'elle se mettait à effleurer son visage maintenant. Il prit une profonde inspiration et se laissa faire, encore une fois, en faisant de son mieux pour garder son self-control.