Imperturbable, Mitsuko ne se laissait guère émouvoir par la conduite un poil mouvementée de Lenneth. Elles n’étaient pas encore arrivées à destination qu’elle était déjà dans l’ambiance, détachée et concentrée, l’air tranquille et pourtant à l’affût du moindre détail. Dans le quartier où se situait le Diogène, rien ne laissait présager que qui que ce soit se tenait prêt à faire face au déchaînement de violence qui n’allait pas tarder à survenir. Chacun vaquait à ses occupations dans l’insouciance, nul signe n’alarmait sa prudence. Le trajet ne fut pas bien long, et la japonaise ne tarda pas à repérer le bâtiment qui les intéressait Lenneth et elle. Une bâtisse qui avait certainement toute une longue histoire à raconter, mais ce qui attira l’approbation de notre Assamite, c’était plutôt les nombreuses prises qu’offrait l’architecture du bâtiment. Leur escalade n’en serait que facilitée, comme si on leur déroulait le tapis rouge. A un détail près, alors qu’elle sortirent toutes deux du véhicule pour approcher de la façade : un groupe d’enfants en travers de leur chemin.

« Miss Kazumi... Pourriez vous vous occuper de ces enfants... De la manière dont il vous plaira peut importe... Je ne supporte pas pour ma part les enfants...

- Je m’en occupe de suite, votre Excellence. »

Il ne fallait pas attirer l’attention des Brujah par ici. Rapidité et ruse se devaient donc d’être, rien d’insurmontable ou d’inhabituel pour notre Assamite. Un rapide coup d’œil en direction des fenêtres lui apprit que personne n’observait la scène. Profitant des ombres qui entouraient l’aire de jeu des enfants pour s’approcher sans attirer leur attention, elle ne se trouvait plus qu’à quelques mètres d’eux quand leur ballon échappa aux mains de l’un d’entre eux pour venir rouler dans le buisson à côté d’elle.

Quelques protestations s’élevèrent quant à celui qui devait aller le chercher. Profitant de leur babillage, Mitsuko s’emparant du ballon et improvisa rapidement un déguisement. Sa propre image, mais du même âge qu’eux, les yeux bridés en moins. Son katana posé au sol, elle sortie du buisson, ballon en main.

« Hé, c’est notre ballon !

- Tu peux nous l’envoyer s’teuh plait ? »

Pour toute réponse, la japonaise se retourna et disparut dans les broussailles. Les deux gamins les plus proches se lancèrent à sa poursuite, réclamant toujours l’objet de leur convoitise. Nul ne perçut le danger, ni que leurs protestations étaient devenues subitement inaudibles pour leurs deux autres camarades, alors qu’ils s’étaient avancé dans la sphère de silence qu’avait déployé l’Assamite autour d’elle, les attendant, alors dénuée de son déguisement. Le premier n’eut pas l’occasion de voir le coup venir, la paume de la main de l’Assamite venant le frapper promptement sous le nez. Celui-ci s’effondra, le cartilage broyé, enfoncé dans le crâne. Dirons-nous que le deuxième eut une mort plus douce ? Non, sûrement, la mort ne l’est jamais, quelque soit la forme sous laquelle elle frappe… Sans lui laisser le temps de réagir ou de jauger la situation, Mitsuko l’attrapa par le maillot pour le tirer à elle et lui briser proprement la nuque. Fin du premier round.

Sur le terrain de basket improvisé, une légère inquiétude, encore éloignée de la peur, avait saisi les deux derniers enfants en attendant brusquement les voix de leurs amis se taire.

« Les gars… ? »

Ayant récupéré son katana, l’Assamite fonça sur eux en usant de sa célérité, fauchant le premier avec son arme toujours dans son fourreau, puis pivotant brusquement vers le second. Le tranchant de l’une de ses mains vint à la rencontre de la nuque de celui-ci en une frappe mortelle. Puis s’en même regarder le corps de sa victime toucher le sol, Mitsuko épingla au sol de son genou le dernier des enfants, tandis que celui-ci hurla à l’aide. Action inutile, personne ne pouvait l’entendre crier alors qu’il était dans la bulle de silence de l’Assamite. Lui relevant la tête, elle lui brisa la nuque également. Se relevant avec souplesse, elle traîna les deux corps à l’abri des regards, avec leurs deux autres camarades dans les bosquets, avant de retourner faire face au Diogène. Se concentrant, elle déploya son ouïe, cherchant un quelconque bruit pouvant indiquer une présence à l’étage. Rien, si ce n’était, la musique du salon, les éclats de voix des Brujah, et les pas de plusieurs personnes qui se dirigeaient visiblement vers le bureau de leur principale cible. Ah, pas seulement en fait. Il y avait visiblement quelques personnes qui vadrouillaient dans le bâtiment.

« La voie est libre, du moins là où nous allons entrer. J’entends deux autres individus au premier étage. Ils sont proches de ce qui doit être le bureau de Galloway, je pense. »

Spoiler:

Des dommages collatéraux, il y en avait parfois. Le tout était de ne pas hésiter à faire ce qui devait être fait, sans demies-mesures, pour assurer la réussite de l’objectif. Et tant pis pour ceux qui avaient le malheur de se trouver là au mauvais endroit, au mauvais moment. Impitoyable et sans remords, voilà comment il fallait se montrer dans ces cas-là.

En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, Lenneth les issa toutes deux à destination. Ah ! Qu’est-ce cela serait si jamais un jour, l’un de ces Lasombra consentait à lui enseigner son savoir dans le domaine de l’Obténétration… Bien évidemment, cela n’arriverait pas, l’Assamite n’était pas dupe. De la même manière qu’elle ne partagerait pour rien au monde les secrets de son clan avec un autre Caïnite, elle savait que les Lasombra en feraient de même. Pour autant, quelle merveille était-ce que de les voir agir de concert, alliant la discrétion et l’efficacité dans leur pleine mesure. Pour avoir déjà travaillé avec d’autres représentants de ce clan, elle le savait : à deux, elles pouvaient former une arme parfaite, un duo mortel bien difficile à stopper. Quelque couloirs après leur intrusion, les deux présences qu’avait remarqué Mitsuko signalèrent d’elles-mêmes leur présence.

"OH ! DORIAN ! TU DESCENDS ? On va bientôt boire les donzelles avec JACK !"

L’habit ne fait pas le moine comme on dit. Mais qu’importe que la dégaine du Brujah ne colle pas avec son tempérament, celui-ci venait de leur confirmer la présence de Jack Barron au rez-de-chaussée. Ainsi que celle du bétail en surplus, premier détail qui différait du plan de départ, mais l’Assamite ne jugea pas cela dérangeant. Ce n’était pas ceux-là qui seraient les plus difficiles à abattre. D’un signe de tête, Lenneth lui signifia que leur courte coopération touchait à son terme, avant de partir dans la direction du bureau de Galloway. Bien, maintenant, la japonaise allait pouvoir mener à bien sa propre partie de la mission. Mais d’abord, ce Dorian…

Il aurait été peu judicieux de ne pas profiter de l’opportunité de se débarrasser d’éléments isolés alors qu’elle en avait l’occasion. Ainsi, celui-ci n’accourait pas au secours de ses camarades lorsque le signal serait lancé. Toutefois, elle n’avait pas les moyens de broyer le cou de celui-ci comme l’avait fait l’Evêque par ses ombres, et par décapitation, le travail serait trop sanglant et l’odeur de vitae caïnite viendrait titiller les odorats des Brujah de l’étage. Pour l’instant, c’était exclu, alors il lui faudrait employer une méthode malheureusement moins radicale, mais qui conserverait leur discrétion pour l’instant. Copiant l’apparence et la voix du défunt compagnon de Dorian, la japonaise entra en trombe dans la pièce, refermant la porte derrière elle.

« Je viens t’aider à la finir, qu’on puisse enfin descendre, ça ira plus vite !

- Tire-toi de là enfoiré, je croyais que tu descendais !? T’as cinq secondes pour dégager ton petit cul ! J’ai horreur de ça, qu’on me dérange en plein repas !

- Tu vas pas chialer pour une donzelle alors qu’il y en a plein en bas ? Ramène-toi avec elle si tu veux, mais vient !

- Je vais t’y envoyer moi, en bas ! »

A ces mots, Dorian se leva, prêt à mettre littéralement en œuvre ses propos, mais il n’en eut pas l’occasion. Dégainant l’un de ses stylet, l’Assamite en profita pour le lui ficher proprement en plein cœur. Pieuté, il s’effondra au sol, inerte. La jeune femme lui servant de calice, hébétée par le plaisir et les vertiges, ne se rendit peut-être même pas compte quand la japonaise l’envoya dans les bras de la mort de la même manière qu’avec les enfants. Bien, cette partie de l’étage était nettoyé, elle avait perdu assez de temps comme ça. Le reste ne la concernait pas, il lui fallait maintenant rejoindre son propre objectif. Plus aucun signe de vie sur son passage, l’Assamite gagna sans encombre l’escalier donnant sur le large hall d’entrée. Toujours sous couvert d’occultation, il lui fut aisé de descendre et de se dissimuler dans un coin près de l’escalier en attendant son heure. D’ici, elle avait vue sur la porte d’entrée, celle du salon, et une vue d’ensemble du hall. Quant à l’escalier, si quelqu’un l’empruntait, elle l’entendrait.

Ainsi donc, ces Brujah avaient finalement laissé les deux Gangrel dans l’entrée, et sans surveillance qui plus est. Bon. Ils ne pourraient pas bénéficier de l’effet de surprise comme elle l’avait escompté, ni abattre une ou deux cibles isolées puisqu’ils étaient tout les trois seuls. Quand vos petits effets se révèlent malheureusement impossibles à mettre en œuvre et qu’un temps mort vous amène à vous tourner les pouces, il faut quand même trouver quelque d’utile à faire de ce laps de temps. En l’occurrence, Mitsuko en profita pour inspecter leur environnement, pour trouver un détail à exploiter, à retourner à leur avantage. La pièce large leur permettrait une bonne mobilité. Il y avait également un autre détail qui pendait au-dessus d’eux, quelques mètres plus haut : un magnifique lustre de verre, principale source de lumière. Le genre de lustre imposant qui encombre le plafond et pèse lourd… Qui pèse très lourd même… Toutefois, retenu par une lourde chaîne, cela risquait d'être un peu compliqué de l'utiliser, peut être un peu trop pour qu'il en vaille la peine.

La voie étant libre, aucune paire d'yeux ni de caméra pour la surprendre, Mitsuko abaissa brièvement son camouflage, attirant l'attention de ses deux comparses. Le geste était clair : ne vous planter pas sous le lustre. D'un autre signe de la main, l'Assamite leur indiqua de se mettre en place près des portes du salon, de sorte à ne pas être visible lorsque les premiers Brujah sortiraient. Si Archer sembla plutôt se réjouir de voir l'Assamite plutôt que de se soucier de ce qu'elle cherchait à leur faire comprendre, Fletcher fut plus vif et entraîna aussitôt son compagnon derrière lui. Se drapant de nouveau de l'occultation, la japonaise se tenait prête.

La fête n’allait semble-t-il plus tarder à commencer à l’étage où se trouvait leurs alliés ainsi que le juge Galloway. Le ton montait, les esprits s’échauffaient. L’Assamite le percevait clairement, puis bientôt ce fut des bruits d’affrontement, des armes à feu également. Et dans la salon du rez-de-chaussée, la joyeuse ambiance qui animait la soirée s'essouffla, mise en pause par l’attention des convives qui devaient s’interroger sur ce qui se passait et quelles étaient les raisons et les causes de ce raffut.

Les deux Gangrel destinés à épauler Mitsuko se trouvait chacun d’un côté et l’autre de la grande porte à double battants. L’Assamite leur fit signe de se tenir prêt à attaquer, avant que celle-ci s’ouvrit, laissant passer les premiers Brujah interpellés par le bruit. Deux Brujah passant à portée d’Archer et Fletcher furent promptement décapités, sonnant l’alerte pour les autres. Les deux Gangrel se postèrent alors devant la porte, s’en servant comme goulet d’étranglement pour limiter le passage des Brujah. Des cris humains, ceux des Calices, se firent entendre derrière eux.
La bataille du Diogène débutait…

L’Assamite abandonna l’idée du lustre, quoiqu’il aurait pu faire un joli carton en s’effondrant sur les Brujah. Mais trop compliqué à mettre en place et inadaptée à la situation qui allait devenir chaotique comme tous combats de mêlés opposant plusieurs adversaires, d’autant que l’un de ses deux coéquipiers aurait pu être accidentellement blessé dans cette manœuvre improvisée.

Le premier sang versé, l’Assamite put imbiber sa propre lame de son sang sans que sa fragrance n’interpelle qui que ce soit dans les rangs ennemis. Sans compter que les Brujah étaient bien trop occupés à s’exciter après Archer et Fletcher. Leur défense fut tout à coup brisée, les coups portés par leurs adversaires se faisant plus violents, succombant à la fougue qui caractérisait le clan des Sages, mais aussi à la colère alors qu’ils réalisaient qu’il y avait eu duperie. L’un d’eux enfonça carrément un pan du mur pour pouvoir déferler sur les deux Gangrel, et cet acte marqua le début d’un indescriptible chaos.

Loin de s’en émouvoir, Mitsuko y vit le signe qu’il était temps pour elle d’agir. Telle une ombre, elle se faufilait, esquivait habilement les gestes des Brujah qu’elle anticipait. Puis elle se défit brusquement de son camouflage et frappa. Un coup taillé dans le vif, peu importait les dégâts qu’il causait. Il se devait seulement de toucher une cible et de laisser son sang agir. Devenant de nouveau une ombre se jouant de cet affrontement brouillon, elle réitéra cette manœuvre plusieurs fois, jusqu’à ce que la situation de ses deux compagnons devienne intenable, ces derniers encaissant et retournant farouchement les coups de leurs opposants. Alors, elle changea de tactique, laissant son camouflage voler en éclats pour mieux faucher leurs ennemis.

Ici, leur sous-effectif se révélait être un avantage. Les Brujah ne pouvaient tous les attaquer sans se marcher sur les pieds et se bousculer. L’Assamite en jouait aussi aisément que les deux Gangrel qui combattaient dos à dos, en symbiose. Les victimes de Mitsuko, affaiblit par les propriétés de son sang, furent les premiers à tomber, soit des griffes des deux frères, soit de la lame de la japonaise. Les derniers restant en revanche, se montraient plus résistants et enragés. Mitsuko en stoppa un qui tenta de monter les escaliers, son katana venant le cueillir à la gorge, puis se retrouva nez-à-nez avec le traître… Jack Barron.

« Vous aviez tout prévu depuis le début… Ils ont même embauché une catin d’assassin ! Bande d’enfoirés, on va tous vous crever ! »

L’Assamite ne répondit pas au trait d’éloquence du Brujah. Son regard parlait pour elle : une promesse de mort, rien de plus. Peut-être légèrement teintée de l’envie de vitae qui commençait à la saisir. Tout ce sang qui coulait depuis tout à l’heure, cela avait de quoi être tentant. Bien qu’elle soit entraînée à en faire abstraction lorsqu’elle combattait, la vue de Jack réveilla cette envie profonde et tenace propre aux anti-tribu de son clan.

Du côté d’Archer et Fletcher, la situation commençait à devenir tendue. Deux Brujah avaient succombé à la Frénésie, dont l’un avait semble-t-il massacré les Calices du salon avant d’attaquer de nouveau les Gangrel, mais aussi de se retourner contre ses alliés. Si elle voulait pouvoir punir Jack, c’était maintenant ou jamais, pendant que ses deux collègues retenaient les enragés toujours en vie. Ils ne leur restaient que peu de temps avant que la retraite ne sonne, leur rôle remplit de contenir les Brujah du rez-de-chaussé.

Faisant glisser sa lame le long de sa paume pour la recouvrir de nouveau de son sang, l’Assamite se mit en garde. Jack lui laissa à peine le temps de finir sa manœuvre que déjà, il bondissait sur elle. Privilégiant d’ordinaire l’économie de mouvement, l’Assamite avait adopté des mouvements plus large et préférait garder une certaine distance. Elle esquiva sans trop de mal. Le Jack n’était pas une lumière en matière de célérité, en revanche il frappait fort. Très fort… Un seul coup pourrait lui causer de sérieux dégâts, au point de la neutraliser. Elle n’avait pas le droit à l’erreur.

Poings contre lame, le ballet était pour le moins intriguant. L’Assamite préférait ne tenter que de petites touches, juste de quoi le contaminer de son sang et les choses s’en retrouveraient facilitées pour elle. Seulement voilà, si elle ne restait pas prudente dans ses assauts, Jack aurait vite fait de la désarmer ou de tordre son arme. Lui en revanche, ne se gênait pas pour faire pleuvoir les coups et bien qu’il frappait dans le vide, la tension n’en était pas moins grande. Un seul coup, et la balance pencherait en faveur de l’un ou l’autre.

Mais Mitsuko n’avait aucunement l’intention de laisser la chance, le hasard, ou l’épuisement décider d’un vainqueur. Elle avait une carte dans sa manche, une carte à laquelle, emporté dans ivresse du combat, le Brujah ne s’y attendrait pas et se ferait berner. Jack enchaîna un énième coup vers elle et… la toucha cette fois-ci. Ou du moins le crût-il, car il passa à travers l’Assamite qu’il pensa avoir enfin réussi à atteindre. Et la punition ne se fit pas attendre. La lame meurtrière vint lui entailler profondément le flanc droit et il se sentit faiblir, aussi bien à cause du sang qui s’écoulait abondamment de sa blessure que de celui vicié de l’Assamite.

Tombant à genoux, il tenta de se redresser et de revenir à la charge, mais Mitsuko le retourna d’un sec coup de pied, avant de lui ficher son arme dans le sternum, le clouant au sol. Sourde face à au rugissement de douleur de Jack, une lueur s’était allumée dans son regard d'habitude inexpressif. Elle se jeta à la gorge du Brujah, ignorant le combat qui se poursuivait pour ses deux comparses, obnubilée par une seule chose : le sang du traître. Les crocs déchirant la chair sans aucune douceur, elle se gava de vitae à longs traits, comme un assoiffé sortant du désert se serait jeté sur la première fontaine en vue. Uniquement concentrée sur les sensations que ce geste lui procurait, sa Bête vibrant au rythme de ses gorgées, le flot rubis finit malheureusement par se tarir et les plaintes du Brujah avec lui.

Extase, frissons. Elle se sentait euphorique, mais en même temsp dangereusement proche d’une ligne rouge. L’un des Brujah sous l’emprise de la Frénésie la ramena sur Terre, l’agrippant et la projetant violemment contre un mur. Mais il était trop tard : Jack Barron était mort. Et pour elle et ses deux complices, l’heure était venue pour eux de se retirer. Archer vint la tirer par le bras pour la relever et lui indiquer de s’enfuir. Leur mission était terminée. Sans demander son reste et appliquant les directives de Lenneth, elle se retira, faisant voler en éclats une vitre pour s’enfuir dans la nuit sous le couvert de son camouflage, les deux Gangrel ne tardant pas à la suivre en devenant brume.

Ainsi fut porté un sévère coup à la Camarilla. Le premier d’une longue liste, l’Assamite se le promit.

Spoiler:

Spoiler:

Filant de manière chaotique à travers la nuit et les ombres, changeant d’apparence à chaque nouveau croisement pour brouiller toutes pistes, l’Assamite ne prenait aucun risque afin d’être certaine qu’il n’y avait aucun moyen de remonter sa piste. Le sang de Jack Barron pulsait dans ses veines et tout son être, douce mélodie, douce sensation. Celui-ci protestait encore du sort qu’avait subi son défunt propriétaire, mais la lutte sombrait peu à peu à l’avantage de la japonaise. Le sang humain était tellement fade et terne en comparaison !

Alors que Mitsuko approchait du point de rendez-vous, elle fut rejointe par ses deux alliés Gangrel, arrivés un peu avant elle en amont.

« Mitsuko ! On leur a mit une super raclée à ces empaffés de Brujah, c’était énorme ! Et ça va sinon, pas trop amochée ? Il t’a bien envoyé voler l’autre connard… Tu veux que je regarde ?

- Archer… »

Laissant Fletcher, visiblement habitué, contenir Archer dans ses propos, l’Assamite se contenta simplement d’une brève négation, autant pour signifier qu’elle n’était pas blessée gravement que pour refuser la proposition du Gangrel. Puis elle continua son chemin jusqu’à leur point de chute, ses deux compagnons suivant le mouvement derrière elle. L’Evêque et son fidèle valet les attendaient, ainsi que Malcolm.

Surprise que la proposition de Lenneth, pourtant aucune émotion ne traversa le visage ou les yeux de Mitsuko. Les imprévus, il fallait apprendre à composer avec, c’était même vital. Rapidement, elle sut ce qu’elle allait répondre. Aurélio ne se manifestait plus. Peacecraft ne lui paraissait que peu compétant et opportuniste avant tout. Quant aux autres, l’Assamite en savait bien trop ou pas assez pour envisagez de se lier. Lenneth Mahler, qu’avait-elle su lui montrer ? Son dévouement à la cause, c’était certain, mais aussi son ingéniosité pour la planification de leur opération de ce soir, mais aussi son efficacité et sa compétence, choses que Mitsuko respectait particulièrement. En cet nuit sanglante, la japonaise fit un choix quant à son allégeance.

S’agenouillant, l’échine légèrement courbée, elle déposa son sabre horizontalement devant elle, plus asiatique que sabbatique en cet instant dans son attitude.

« Je fais serment de vous servir, Évêque Mahler. D’être votre bouclier autant que votre arme. De vous servir loyalement et en toutes circonstances. Et de donner ma vie pour vous. »

Quelques mots simples, voilà qui était déjà beaucoup pour la silence et discrète japonaise. Attendant un instant l’assentiment de Lenneth, elle finit par se relever et récupérer son arme qui retrouva sa place sur son côté gauche.

« Concernant notre mission, nous n’avons laissé que deux Brujah vivants en guise de témoins. Ils pourront ébruiter ou confirmer les événements de la nuit. Le traître, Jack Baron, est également mort, de ma main… »

A ces mots, un léger reflet dans ses yeux laissa supposer la manière dont elle l’avait mit à mort, ersatz de l’enivrant moment provoqué par la diablerie. Cette soirée s’était montrée sans conteste productive pour le Sabbat. Amputée violemment d’un Juge et d’un nombre non négligeable de Sages, le doute n’était pas permis :  des nuits encore bien plus sombres et sanguines attendaient la Camarilla…