Une arène, comme chez les Romains, mais un public silencieux, que ça en était presque angoissant.
Au milieu, sur le sable, deux malheureux, dont Malcolm.
Il venait de reprendre le dessus, sur un imposant brujah antitribu, à deux doigts de la frénésie, tant il avait perdu du sang. Ca tournait, le sang qu' il avait devant les yeux l' empêchait de voir correctement son adversaire. Et puis cette charge imbécile, non réfléchie, bestiale.
Comme une marionette, Malcolm tournoya, esquisant la bête blessée, on aurait dit un matador (si je dis toréador, vas y avoir confusion) esquisant un taureau qui charge, et qui sait qu' il va mourir. La rage du désespoir sans doute.
Porté par la force de sa manoeuvre, Malcolm vit la nuque et n' eut qu' un geste à faire : enfoncer cette pelle aiguisée dans le cou du brujah.
Le corps mort tomba sur le sable, quasi décapité.
Une ombre se leva de la tribune : l' archevêque. Il dit simplement :

" - Qu' on emmène ce petit dans mon bureau... Assurez vous de lui procurer des vêtements propres."
" - Bien, monsieur..."

tenue de Malcolm

Malcolm fut escorté jusqu' au bureau de l' archevêque, puis l' invita de la main à s' installer. Son Sire était là, également, plus pâle que jamais.
Dans l' ombre, un evêque, mais Malcolm ne s' en souvient pas, car celui ci était en obténétration totale pour pouvoir inspecter discrètement Malcolm.
L' archevêque commença :

" - Bien. Tu as réussis ton épreuve, sois le bienvenu. Maintenant, tu vas intégrer la meute de Maximus. Comme tu peux le constater à ta dégaine, c' est une meute de combat. Si tu survis, hé bien ma foi, on se reverra dans sept ans. Emmenez le, et dites à Maximus de ne pas l' épargner. Pas de lopettes au Sabbat."

C' est là que Malcolm vit son sire pour la dernière fois. Il avait l' air triste...

Mais revenons dans le bureau. A peine partit, le sire de Malcolm se leva, et un seul regard de l' archevêque se fit rasseoir. Un seul, foudroyant, froid...

" - Johnny, tu me déçois beaucoup. Moi qui avait placé tant d' espoir en toi. Qu' est ce que j' apprends ? Tu t' apprêtais à donner l' adresse des refuges du sabbat au fléau du prince ?"

" - Mais je..."

" - Tu allais sacrifier tes jeunes frères, Johnny. Pour quoi ? Un peu de gloriole, du fric... Tu me déçois, Johnny, et je n' ai que faire d' êtres faibles et traitres de ton espèce."

Johnny fut tué, et ses cendres furent dispersées dans le désert.

Pendant ce temps là, Malcolm arrivait à un vieil entrepot, sous un quai. Humide, sale, qui sentait le gazoil et le sang, capuche sur la tête.
Brutus le brujah antitribu était là, un grand gars taillé dans du boeuf, machouillant un mégot, et qui regarda Malcolm avec méfiance. Habillé d' une salopette et d' un marcel aux couleurs incertaines, on était loin du luxe du lieu précédent.

" - Alors, c' est toi le môme à Johnny Fergusson ? Tu sais que cet enfoiré a foutu le brin, on a du déménager de piaule, en vitesse. Ton Sire est un traitre."

Cette dernière phrase restera à jamais gravée dans la mémoire de Malcolm. Il savait que l' enfer était sur terre et qu' il était seulement sur le seuil de celui ci.
Allez, Malcolm, courage, avance et ne recule pas, ou Caien va être fâché et te chauffer les rognons à blanc.
Malcolm garda un visage fermé et soupira. C' est alors qu' une longue sihouette se démarqua du fond de la pièce, et d' une main, renversa le siège du brujah. Le ductus, qui me salua.

" - Excuses Brutus, petit, il est franc et direct, mais hélas, il est vrai que ton Sire a trahit le Sabbat. Tu as été intégré dans ma meute. Une forme de punition."

" - Et la discipline de mon clan ? "

" - Désolé, tu devras vivre en compagnie de ma meute, et il n' y a pas de tzimisces, ici. Tu devras te battre, on n' est pas là pour tripoter des viscères mais pour tuer."

Le ductus semblait être désolé, d' autant que Malcolm était un des plus petits de la meute. Pourtant, ce soir là, il lui permit de dormir dans une chambre à part, désormais SA chambre.

Le jour se leva, et les passants se promenant sur le quai ne se doutaient pas que des prédateurs assoifés de sang se trouvaient sous leurs pas, dans un hangar de bois, hermétique.

Le soir même, Malcolm dû se préparer, mais avant, Maximus lui avait conseillé de dévelloper davantage son auspex.
Brutus, comme à son habitude, tapait dans un sac de sable. Malcolm descendit l' escalier qui menait à la grande salle.
Comment s' intégrer dans une meute ou la majorité ressemble à des catcheurs ?
Puis il vit l' une de ces brutes s' approcher d' une femme enchainée à un radiateur et le suivit de près, et constata qu' il tenait un couteau dans sa main, bandée d' un pansement plutôt sale.

" - Que vas tu lui faire ? "

" - Lui arracher les tripes, cette salope m' a mordu."

" - Et tu comptes les lui arracher avec ce cure dent ? "

Le brujah se retourna et beuglant :

" - quoi ? "

Malcolm arriva près d' elle, et la jaugea, de bas en haut. Elle avait peur, ça se sentait, et c' est ce qui devait exiter le brujah.

" - Et avec quoi le ferais tu, toi, le nouveau ? "

Malcolm lui montra sa main :

" - Avec ceci. Laisses moi te montrer."

Malcolm plongea sa main dans le ventre de la femme, agrippa ses tripes, et les ressortit avec la même main, arrachant du même coup un cri étouffé à la femme baillonnée.

" - Ca, c' est arracher les tripes à quelqu' un, tu vois la différence ? "

Le brujah recula. Il avait entendu parler des tzimisce, mais n' en avait jamais vu d' aussi prêt. La peur avait changé de main. Malcolm lui montra le paquet de tripes qu' il avait arraché à la femme, et dit au brujah :

" - Qu' y a t 'il, est ce donc la première fois que tu vois un dragon ? "

La femme poussa son dernier soupir, et Malcolm déposa le paquet de viscère sur un tonneau. Il fusilla le brujah du regard, puis alla se laver les mains.
Tout ceci ce fit sous le regard du ductus, qui approuva d' un salut de la tête ce que Malcolm avait fait.
Cette nuit, la meute allait partir de Los Angeles et seul Caien savait s' ils reviendraient en vie de leur expédition dans le désert.
Le brujah lacha :

" - Toi, tu es un fourbe..."

Malcolm se contenta de sourire. Il mit son masque, puis alla préparer son uzzi et son magnum. La soirée allait être chargée, et Malcolm avait gagné son surnom : le Fourbe.

Et le Verbe fut, l' Ordre suivit...

Le lendemain soir, la meute fut déménagée dans un des sous sols du Last Round. Malcolm eut juste droit à un vieux matelas posé par terre, et à une couverture mitée, mai isolé des autres, sur une sorte de mezzanine faite de palettes de bois. Brutus lui balança une poche de sang, sans ménagement :

" - Tiens, le Fourbe, et dépêche toi de la finir."

" - Doucement, Brutus, notre ami n' a pas l' habitude de se nourrir de cette façon..."

A peine Malcolm eut il terminé sa poche de sang qu' il posa celle ci, vide, sur son matelas, puis la porte s' ouvrit. L' archevêque... Il regarda Malcolm de façon un peu dure, puis fit approcher le ductus, mais parla suffissement pour que ceux qui étaient dans la pièce entendent :

" - Malcolm Bladewell, ton sire a trahit la secte. Normalement, je devrai te tuer, mais il se trouve que tu es innocenté. Cependant, tu porte en toi ce sang de traitre. Alors, écoutez bien ma sentence, tout le monde :
Tu seras membre de cette meute durant une période de sept ans, tu parcouras ce pays avec celle ci, ne devras la quitter sous aucun prétexte, et surtout... Interdiction formelle de chercher à dévelloper le Don de ton clan. Maximus, je compte sur vous pour que Malcolm respecte ceci. As tu compris, Malcolm ? "

Malcolm baissa la tête :

" - Oui, votre Excellence, j' ai compris."

A ce moment là, un coup de poing atterit sur la joue de Malcolm, et Brutus dit en riant :

" - Welcome to Hell, ptit con."

L' archevêque frappa la rembarde de sa main, il avait vu la poche de sang sur le matelas de Malcolm :

" - Hé toi, t' ai je donné l' autorisation de le frapper ?"

Brutus dit, en se retournant, l' air consterné :

" - Non, votre Excellence..."

" - Malcolm, tu chasseras en binôme avec ton ductus. Quant à vous autres, sachez que même si c' est un dragon aux ailes coupées, ça reste un dragon. Dans sept ans, s' il survit, il pourrait vous demander des comptes."

Brutus eut un rictus : " - S' il survit..."

" - Toi le néonate, tu m' interrompts encore, et je te promets que même ta mère ne te reconnaitra pas."

Sentant que Malcolm était au bord du malaise, Maximus demanda à l' archevêque l' autorisation qu' on lui apporte des poches de sang, mais l' archevêque préféra qu' il l' emmène chasser.
Malcolm se leva et accompagna Maximus, qui, arrivé à l' étage de l' arrière salle, vit bien que Malcolm était mal.

" - Charlie, tu as du sang frais ? "

" - Ouais, je vais te chercher ça. Qu' est ce qu' il a ? "

" - Soif... Grouilles toi."

Après quatre pochettes, Malcolm revint un peu à lui, et dit à Charlie :

" - Ca va, je tiens debout..."

Maximus : " - Il faudra te débrouiller pour te nourrir, je ne serai pas toujours là. Allez, viens, ils vont remonter."

Charlie : " - Ouais, et si t' es en panne, viens me voir, fiston."

Les deux vampires s' en allèrent et Charlie déblaya la table. Les autres vampires arrivèrent des sous sols, et Charlie retourna derrière le bar, comme si de rien n' était.