Cela ne faisait que deux jours que j'étais chez monsieur Pearson et en fait je ne voyais pas souvent mon tuteur. Je savais qu'il devait être très occupée. La seule personne que je côtoyai était le domestique qui m'avait accueillit lors de mon arrivait. Il était présent dès que je me couchait et là quand je me réveillait. Il veillait à ce que je ne manque de rien, mais aussi que j'allais bien en cours. En effet, on arrivait au moment des examens et j'avais beaucoup trop de choses à faire scolairement pour penser à ma vengeance. Le droit et la criminologie n'étaient pas des études faciles à suivre, surtout vu le nombre de lois que notre pays possédait.

Aujourd'hui j'avais terminé mes cours vers dix-huit heures. Je repris ma voiture afin de retourner à la maison. J'espérai pouvoir voir monsieur Pearson. Je m'étais vêtue assez simplement : un jean bleu ainsi qu'un pull blanc et une paire de basket. Lorsque j'arrivai, je ne vis que William. Je souris au vieux domestique avant de lui expliquer que je ne mangerai pas ici ce soir. J'avais beaucoup de travail et je voulais profiter de la soirée pour aller étudier à la bibliothèque de la faculté. En effet, cette dernière restait ouverte tard durant les examens. Je montai dans ma chambre récupérer quelques affaires de cours puis repartit aussi sec. Je m'arrêtai juste pour manger un bout dans un snack avant d'aller à la bibliothèque.

Une fois arrivé à l'UCLA, je me garai devant le bâtiment voulu et entrai dans la bâtisse. La bibliothèque était assez grande et plutôt bien fournit. Je m'installai à une table et alla récupérer deux livres de droits dans les rayons. Avoir les cours c'était bien, mais je savais que parfois il était nécessaire de compléter ce que les profs nous apprenaient. Je me plongeai donc dans mes révisions, ne faisant pas attention à ce qu'il se passait autour de moi.  En cette heure tardive, la bibliothèque n'était pas bien pleine et au fur et à mesure que le temps passait, elle se vidait de plus en plus. Au bout de quelques heures, je fus la seule à continuer à travailler en ce lieu silencieux. Mais je n'avais pas de temps à perdre. Il fallait que je réussise mes examens si je voulais obtenir mon diplôme de fin d'étude et reprendre le cabinet de détective de mon père dans deux ans.

Finalement, je levai les yeux et remarqua le silence absolu régnant dans l'immense salle. Finalement, je fermai le livre que j'étais en train de lire et me levai de ma place. Puis je me dirigeai vers le rayon de criminologie afin d'en prendre un autre. Un paquet de feuilles griffonnées résidaient à côté des deux premiers livres que j'avais pris auparavant. Je commençait à chercher le livre dont j'avais besoin dans le rayonnage lorsque j'entendis des pas à quelques mètres de moi.

*Tiens je pensais qu'il n'y avait plus personne.*

Je jetai un regard autour de moi, puis repris ma recherche après un haussement d'épaules. Je devais surement rêver. Il faut dire que cela faisait plusieurs heures que je travaillais et la fatigue commençait à se faire sentir.

Les traditions étaient les vestiges du passé, les derniers restes d’anciennes coutumes et d’anciennes philosophies. Après des siècles passés à voir les mœurs changer et les us et coutumes disparaître, Aurelio était devenu un fervent défenseur de ces traditions. Mais il existait des traditions qui, avec le temps, avaient fini par devenir des nuisances pour ceux qui étaient forcés de les suivre. Parce que leur logique ne s’appliquait plus au monde moderne et que les deux étaient même antithétiques l’un de l’autre. Et ces traditions devenaient des nuisances parce qu’elles mettaient en danger tout un travail et tout un chemin. Et s’il y avait quelque chose qu’Aurelio détestait, c’était mettre inutilement ses plans en danger.

C’était justement une tradition similaire qu’Aurelio se voyait ce soir contraint de respecter et d’honorer. S’il avait eu son mot à dire à l’époque de sa création, Aurelio aurait fait tout son possible pour l’empêcher, où à défaut d’y parvenir, de la limiter. Mais cette tradition datait de l’époque où il était encore en torpeur au fond de la Méditerranée. L’esprit même de cette tradition allait à l’encontre de tous les préceptes et de tous les enseignements des Lasombra et Aurelio ne comprenait pas comment une meute composée exclusivement de membres du clan des Ombre avait pu oublier à ce point les origines de ses forces. Et en tant que Ductus des Noctis Lacrimae, il allait devoir suivre cette tradition qui avait donné son nom à sa meute. Ce soir il ferait pleurer la nuit de Los Angeles. Ce soir il déclarerait Los Angeles comme territoire des Noctis Lacrimae.

C’était pour cette raison qu’il se dirigeait vers l’université d’état de l’UCLA. Déjà de son temps, les universités avaient été des lieux où les étudiants aimaient à tarder, par volonté de réussite comme pour répondre à des envies moins louables. Il ne saurait pas vraiment dire pourquoi il avait choisi une université pour honorer la tradition des Noctis Lacrimae, à une autre époque il aurait choisi une église, mais il sentait que c’était ici qu’il pourrait y faire le plus grand impact. Malgré lui, il sentit une certaine excitation monter en lui et la Bête gronder et grogner et faire bouillir son sang. Peut-être était là la raison de cette tradition car Aurelio ne saurait l’expliquer, mais à mesure qu’il s’approchait de l’université et il sentait des émotions oubliées surgir en lui à l’idée d’accomplir l’acte qu’il s’apprêtait à faire.

De son temps pour marquer, terrifier et horrifier la ville, il aurait choisi une église. Mais cette nuit, en cette époque, il avait choisi cette université pour frapper avec une violence macabre. Ce soir il opèrerait et laisserait des anges sanglant d’ombres et de douleurs dans son sillage pour que demain, Los Angeles et la Californie se réveille avec effroi et horreur. Ce soir il ferait pleurer des larmes de sang à ses victimes.

Il passa le portique de sécurité sans un regard pour le mortel qui se leva pour l’interpeler. Il ne regarda pas l’humain alors que des ombres surgirent de derrière sa victime pour le saisir et l’emporter silencieusement dans leur sein. « Max » n’interpellera plus personne.

Il passa la porte et senti l’Abysse poser son empreinte sur le bâtiment alors Hual-Nekh-Len, le prêtre de la meute scellait le bâtiment et tous les mortels à l’intérieur par un rituel depuis l’église. Il croisa un étudiant sur son chemin, un de ces jeunes appelés « Jocks », sportif, riche et populaire. Sans un mot, sans un regard, il déploya ses ombres qui se saisirent du pauvre humain et le dressèrent en un ange de chair et d’os, sa peau vicieusement arrachée en ailes sanguinolentes et ses cris étouffés par l’Abysse qui croissait dans sa gorge et jusqu’à ses poumons en filaments noirs d’un froid brûlant.

Et à mesure qu’Aurelio progressait dans le bâtiment, massacrant silencieusement et systématiquement toute personne qu’il croisait sur sa route, les ombres tombaient et occupaient ses pas, plongeant son trajet dans des ténèbres impénétrables.


HRP: Encore une fois je m'excuse du retard, j'ai été submergé à l'improviste mais j'aurais du vous prévenir. Je m'excuse aussi de la qualité du post TT.