J'avais rencontré Griffe une dizaine de nuits auparavant, et à présent, je souhaitais faire connaissance avec le clan Gangrel camarilliste du coin. Après tout, je m'étais présenté au Prince (disparu depuis, je devrais tout recommencer !), rencontré une semblable... la moindre des choses était  tout de même de rencontrer les miens à Los Angeles.

Le primogène, ici, se nommait James Forel, mais primogène, chez les Gangrel, ne voulait pas dire grand chose. Sauf à être de la Camarilla. Mais je me promis de jouer le jeu et de me conduire dignement, tout sauvageon que j'étais. On le disait Aubain, comme moi, ce qui faciliterait grandement le contact, bien que je me demandais comment allier les deux statuts. Mais là n'était pas la question du moment. Je désirais en savoir plus sur les changements intervenus depuis le départ du Prince, Amélia Quinn, qui l'avait remplacé, quels étaient les factions, leurs buts, ce genre de truc, et surtout, surtout ! si l'histoire d'un néonat' Nos' avait transpiré de tout cela. Or, ces infos, celui qui se faisait appeler "le prince des loups" (!!!), pouvait probablement me les fournir.

Je quittais les rues trop éclairées de Los Angelès et ma moto glissa sur la route sinueuse montant sur les collines environnantes, jusqu'à un observatoire. Comme j'y croisais pas mal d'humains, je songeais que les Gangrels, pour leurs réunions, devaient se trouver plus loin. Aussi, je poursuivis mon périple sur deux kilomètres et me retrouvais rapidement en pleine nuit, dans une végétation rabougrie, maltraitée par le soleil, la chaleur, le manque d'eau et l'air marin de l'océan tout proche. Autant dire que ce type de décors n'était pas ma tasse de thé, moi qui venait du pied des Rocheuses ! La "vraie" verdure me manquait, et ces herbes et buissons secs me fichaient le bolu. Je me consolais en me disant que ma présence ici ne serait pas longue, et que, dès le neonatus retrouvé, je filerais voir ailleurs. La vue de cette colline surplombant l'observatoire et la ville était saisissante, je dus en convenir, et finalement, j'éteignis le moteur de ma moto, la dissimulait dans un chemin, et poursuivis à pied, les sens en alerte. Me retrouver en pleine nature me fit le plus grand bien et immédiatement, mes muscles jouèrent leur rôle, je trottinais sur une sente à peine visible. Je savais que le Clan n'était plus très loin. L'instinct.

Sur mon chemin, je croisais un puma, et nous nous regardâmes longtemps. En fait, j'appris de lui que les Fils de la Louve n'étaient plus très loin. Il s'éloigna, félin, en quête de sa pitance, et moi, de mes frères. Finalement, je débouchais sur une clairière entourée de maquis, au creux de deux collines...

Un faucon, en pleine nuit... je ne trouvais pas le mode de déplacement discret, et moins encore naturel. L'oiseau plongea en piqué et se transforma devant moi en vampire qu'il était effectivement. Aucun geste de ma part, aucune surprise dans mon regard fixe et froid. L'inconnu me salua, parlant de murmures et rumeurs m'annonçant. Sans doute parlait-il d'animaux. Oui... il avait l'air d'avoir de nombreuses connexions avec son environnement. Plus vieux que moi, sans doute, car je ne maîtrisais pas du tout la métamorphose, m'appuyant davantage sur ma force d'âme. Je regardais l'homme se redresser devant moi, calmement, sans le quitter des yeux, avant de lui répondre d'une voix sourde :

- Bonsoir, Frère.

Je me demandais quels genres d'info ses "murmures" lui avaient chuchoté, mais m'abstins de toute question à ce sujet.

- Iain Lachlan.

Phrases lapidaires pour une force de la nature comme moi, vêtu comme un de ces motards humains à la limite de la loi : rien de surprenant si l'on y ajoutait mon appartenance au clan de la louve.

- Arrivé depuis peu, je me présente aux Gangrels de la Camarilla.

J'omettais délibérément de préciser : "par politesse". Mon confrère devait me deviner solitaire et peu désireux de créer du lien, bien qu'ayant le soucis de convenances auxquelles je n'adhérais pas. Le délai mis à cette démarche en témoignait et un instant, tout en songeant qu'il serait peu probable que les membres du clan en prennent ombrage. Après tout, même si une semaine s'était passé depuis ma visite à l'Elyseum, elle avait été bien chargé pour cette "cour", puisque le Prince s'en était évaporé. Mes pupilles s'étrécirent, dardant un regard acéré vers mon interlocuteur :

- Je n'ai cure de ce qui se passe dans cette ville, et ne me mêlerai point de vos affaires. Ma présence n'est due qu'à la recherche d'un jeune Nosferatu disparu à San Francisco. Jusqu'ici, je n'ai trouvé aucune piste.

Cette manière cavalière d'aborder vivement le sujet qui me menait ici présageait de mon caractère entier et indépendant. En fait, je n'avais aucune envie qu'on me parle des froufrous de la cour des miracles que représentait le fatras camarilliste en matière de gouvernement. Si le faucon avait la vue aussi perçante qu'on le disais traditionnellement, il savait que je venais de l'Ohio, puisque je portais un blouson des Hells Angels "Ohio", usé et crouté par endroit, bref, rien de bien avenant (bien que mes cheveux soient visiblement bien entretenus, ainsi que ma barbe).

hrpg : je préfère que notre rencontre ait lieu, disons une semaine après ma rencontre avec le Prince, et quelques jours après sa disparition. je vois mal mon perso éviter son clan deux mois durant.