Je ne sursautais ni ne frémissais lorsque je sentis le poids de deux mains glacées se poser sur mes épaules, alors que je venais de terminer et d’envoyer un sms à mon frère. Je le tenais de moins en moins informé de mes avancées depuis quelques temps, et bien sûr je ne lui avais pas révéler la teneur de ce que j’avais appris depuis le tout début de mon enquête. Plus je m’étais enfoncée dans les tréfonds de celle-ci, plus j’avais versé dans la rétention d’informations, car je ne souhaitais pas qu’il apprenne quoique que ce soit qui aurait pu le mettre en danger ou le mêler à cette histoire. Malgré sa désapprobation quant à mon choix, il avait finit par s’y faire, ne pouvant de toute manière pas me faire fléchir. Il s’était construit une famille et un foyer, moi je n’en avais pas. La logique des choses me semblant évidente, je n’avais guère avancé plus d’arguments que cela pour lui expliquer mon choix.

Rosenlord étant enfin là, je verrouillais mon portable pour ensuite le glisser dans une poche intérieure de ma veste. A mon plus grand étonnement, je ne me sentis agacée pas comme la dernière fois de sa proximité et de son sens facile du contact, le laissant me saluer de la façon la plus vieillotte qui soit en me faisant un baise-main. Chose qui ranimait quelques sensations de déjà-vue, alors que je me remémorai brièvement la dernière fois – mais aussi la première – que quelqu’un m’avait salué ainsi.

« Pourquoi perdre du temps à déposer un mot quand je peux l’apporter moi-même ? » fis-je en haussant un sourcil, un de mes regards typiques qui se voulaient moqueur et désapprobateur. Toutefois ce soir, j’allais tenter de me tempérer en sa présence, de me faire disons… plus agréable, autant que faire se pouvait. Je pensais être déjà en bonne voie pour ne pas lui avoir rudement repris ma main avant qu’il ne l’embrasse. Bien sûr, cette attitude que je voulais tenter de me construire ici n’était pas désintéressée. Il fallait qu’il accepte ce que j’allais lui demander, quoique je ne pensais pas que cela serait ce qui me causerait le plus de difficultés.

« A vrai dire, je suis venue m’assurer que vous avez bonne mémoire et que vous êtes un… homme… de parole. »

J’avais presque failli dire « vampire », mais l’associer à une expression désignant la confiance ainsi m’avait inspiré un blocage, comme si la chose était impossible. Et autant dire que dans mon esprit, celle-ci était en effet difficilement concevable, tant je me méfiais d’eux.

« La dernière fois, vous m’aviez dit que vous pouviez m’entraîner à combattre face aux vôtres. Je voudrais que vous le fassiez. »

Je le fixai de mon regard sombre depuis qu’il s’était assit à côté de moi, me désintéressant alors complètement de la pièce que je ne suivais qu’à peine de toute manière. Je guettais sa réaction, ses gestes, sa réponse.