| Sujet: Entre spagetophages (PV Amirah) Ven 14 Mar - 22:25 | |
| La bentley glissait en silence à travers les rues de la cité des anges alors qu’Aurelio réfléchissait aux évènements des derniers jours. Tant de choses s’étaient passées depuis son arrivée à Los Angeles que si le rythme continuait sans ralentir, il lui faudrait prendre une nuit ou deux de retraites pour faire le point. Il avait mis un pied dans e monde criminel de Los Angeles et ce pied allait lui servir à diriger la ville depuis l’ombre, mais ce n’était pas ce qui le dérangeait et l’excitait en même temps. L’annonce du Priscus le rendait mal à l’aise, il savait qu’il aurait eu tôt ou tard les reines de la ville entre les mains, mais il ne s’était pas attendu à se voir confier la direction des affaires aussi vite. Le Priscus avait dit bien des choses pour justifier ce choix autant auprès des officiers du Sabbat qu’auprès d’Aurelio lui-même, mais malgré ça, ou peut-être à cause de ça, le Lasombra avait l’impression d’avoir été plongé dans un traquenard.
Quelques soient les raisons de sa nomination à la corégence de la ville, cela ne changeait pas grand-chose à ses projets, il lui fallait étendre son pouvoir et son influence, et d’autant plus que maintenant il lui fallait dominer les éléments subversifs à son règne. Sans compter la Tzimisce qui assurait la régence avec lui. Cette dernière lui devait déjà d’être intervenu en sa faveur lors de sa Monomacie, même si cela lui avait permis d’obtenir le respect des troupes pour ses prouesses martiales. Mais il n’empêchait qu’Aurelio comptait bien être le plus fort du couple régnant. Et pour cela il lui fallait avoir des ressources en dehors du Sabbat, indépendantes de tout vampire qui pourrait désirer sans servir contre son maître. Il avait d’ailleurs la désagréable impression de ne pas être le seul caïnite à s’intéresser au Ground Zero.
C’était pourquoi il se dirigeait ce soir vers la Mafia et la Famiglia Maltese. Il avait fait son choix avec précaution, et les Maltese étaient les seuls mafieux à correspondre à ses critères. Ils étaient à la fois en rapport plus ou moins fréquents avec le Ground Zero, suffisamment pour qu’une augmentation de leur fréquentation du club passe inaperçue, assez distante pour que personne ne fasse automatiquement le lien entre les deux organisations criminelles. La deuxième raison était qu’ils étaient suffisamment riches et puissants pour jouer sur la politique criminelle de la ville et s’ils n’étaient pas considérés comme une grande famille, ils restaient suffisamment puissants pour être courtisés par les grandes organisations à la recherche d’hommes armés. Enfin la dernière et plus importante raison de ce choix, celle qui justifiait la seconde, était que les Maltese n’appartenaient à personne. Aucun caïnite n’avait planté ses canines dans l’organisation pour la diriger et la saigner. Les Giovanni avaient leur propres mafieux, Emiya qu’Aurelio n’avait encore ni rencontré ni affronté, avait son propre clan Yakuza. Les Maltese étaient parfaits, se les approprier ne froisserait aucun des joueurs majeurs et ne dérangerait aucun accord politique ce qui laisserait le temps à Aurelio d’en faire un bon outil.
« Konsul ? » La voix de Franz arriva hésitante à Aurelio. Le jeune Lasombra n’arrivait toujours pas à se décider sur les derniers évènements. D’un côté il était extatique de voir son idole et mentor progresser dans la hiérarchie du Sabbat, de l’autre il était aussi inquiet, si pas plus, qu’Aurelio par les circonstances de cette progression.
« Si Franz ? »
« Nous sommes arrivés au Pasto in famiglia mein Herr. »
« Gracie Franz. »
Baissant la fenêtre fumée à sa gauche, Aurelio laissa les odeurs de cuisine à l’huile d’olive et à l’ail envahir l’habitacle du véhicule alors qu’il observait le petit restaurant qui servait à sa rencontre avec les Maltese. Le petit restaurant portais très bien son nom, tenu par une vieille sicilienne atteignant bientôt le centenaire, avec ses enfants, ses petits-enfants et même ses arrière-petits-enfants, il se dégageait une atmosphère festive et dynamique, presque-frénétique typiquement italienne mais qui s’accompagnait de la fausse léthargie sicilienne. Aurelio ressentit un sentiment de nostalgie et de mélancolie qu’il écrasa rapidement alors que Naples comme il l’avait connue à travers les siècles lui revenait à l’esprit.
Franz lui ouvrit la portière alors qu’il relevait sa vitre fumée, et le nouveau consul de Los Angeles descendit calmement de sa voiture. Mama La comme elle était appelée, Lorenza Giami de son vrai nom, l’attendait sur le pas de la porte. La pauvre vieille dame ne devait pas avoir l’habitude de voir l’ensemble de son restaurant réservé par une personne comme Aurelio l’avait fait. Non pas qu’il comptait manger, cela faisait longtemps qu’il avait abandonné cette habitude et c’était la première chose qu’il avait corrigé dans l’éducation de Franz, mais cela suffirait à impressionner Don Fabio Maltese, en autre.
« Il signor Maltese non è ancora arrivato, il signor Leone. »
« È tardi, la signora Giami. »
« Sì, signore Leone. Se volete seguirmi. »
« Corso signora. »
Les deux italiens passèrent la porte de vieux bois suivis de Franz qui surveillait les environs, alerte et calme comme seul un Lasombra pouvait l’être. Mama La les installa à la seule table dressée du restaurant et Aurelio accepta un verre de vin. Etrangement il y avait deux chaises face à lui. Don Maltese comptait-il faire s’assoir son garde du corps ? Ou bien venait-il accompagné ? Peu importait au final, Aurelio aurait le contrôle de la famille. |
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| Sujet: Re: Entre spagetophages (PV Amirah) Sam 15 Mar - 11:44 | |
| «Le vendredi, c'est spaghetti !»
Voilà qui aurait pu être un slogan italien. Amirah tourna juste un visage irrité vers l'importun sans ajouter un mot. L'intrus qui était ni plus ni moins que le président de la compagnie d'avocats de la famille eut besoin de tout son aplomb pour ne pas reculer devant le regard noir bien que fatigué qui lui était lancé.
«Viens manger Amirah, il est 22h. Tu verras ça en revenant demain.»
La femme recula dans sa chaise et se leva en manquant de pousser un énorme soupir. Elle se pencha juste pour ramasser son sac à main griffé en lançant un laconique :
«Tu as une bonne adresse ?»
Il lui fut répondu par l'affirmative. Tout comme elle, l'avocat en face d'elle avait été un italien envoyé par la famille. Avec les années, il avait perdu son accent mais pas ses racines. Bien qu'il aurait pu considérer Amirah comme une rivale, il avait vite compris que son talent n'était pas remis en cause mais qu'il commençait à se faire vieux et qu'il fallait un peu de sang neuf. Un lien d'amitié s'était rapidement tissé entre eux. Ce n'avait pas été la même chanson avec le reste des avocats. Mais son aplomb, une partie de son sale caractère et sa compréhension instinctive de la loi et de ses failles avaient rapidement réduit à néant la majeure partie des objections.
Ils trouvèrent à se garer deux blocs avant le restaurant. Lorsqu'ils y arrivèrent en marchant, ils interrompirent leur conversation sur les vignes siciliennes et observèrent les lieux avec circonspection. À travers la vitrine, un restaurant vide. Sauf une personne assise face à la fenêtre. Très étrange. Trop étrange. Amirah sentait le contact rassurant de son arme dans son holster contre son dos.
«Tu as laissé quelqu'un rouler en Bentley ? C'est super pour attirer l'attention de l'IRS. Tu as la nostalgie d'Al Capone ?»
La question d'Amirah rencontra une réponse et un conseil :
«Ce n'est pas de chez nous. Viens, allons manger ailleurs.»
Alors que son collègue détournait le pas, Amirah eut l'impression de rencontrer le regard de l'inconnu. Elle eut une moue dédaigneuse et antipathique. Durant tout le trajet, elle n'avait eu que des descriptions faramineuses de la qualité culinaire du restaurant et cette face d'aspirine lui gâchait le plaisir. Elle tourna les talons d'un claquement sec et volontaire avant de continuer son chemin. Un steack house plutôt bien réputé se trouvait non loin. Seulement voilà, son téléphone se mit à sonner et au bout du fil le big boss local. Il la priait de venir à la dernière minute à manger avec lui. Étrange mais elle ne voyait pas pourquoi elle refuserait. Elle haussa les sourcils lorsqu'il lui annonça l'adresse. Elle se tourna vers son collègue et lui expliqua la situation.
En revenant sur ses pas, elle ronchonna en songeant qu'il pourrait prévenir plus tôt. Et si elle avait déjà mangé ? Bon, elle n'avait pas encore quitté le bureau avant cette heure tardive pour le moment mais ce n'était pas une excuse tout de même. Elle se retrouva devant le restaurant qu'ils venaient de quitter. Le temps de faire le chemin, la voiture de Don Maltese - bien plus discrète qu'une bentley mais à peine moins luxueuse- était arrivée et le chef en sortait. Après les salutations d'usage entre eux, ils rentrèrent dans le restaurant. Amirah se présenta sobrement et s'installa à une des places sans rien dire. Elle essayait juste de cacher son énervement et de reprendre un état d'esprit professionnel. |
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