Présentation de  

Logan CAMPBELL

L'ERREUR DE CASTING DANS CE MONDE DE VAMPIRES

Nom : Campbell Prénom : Logan Surnom : Bright (usage péjoratif s'il est le raccourci d'Ultrabright, et usage plutôt élogieux s'il est employé pour son sens figuré en anglais, "intelligent, doué") Date et lieu de naissance : 13 Mai 1962 à Naperville (Illinois) Age : 51 ans Faction Humain Poste Inspecteur au sein de la police de Los Angeles

Feat. Jeffrey Wright

Mon reflet est mon jumeau dextrocarde

MIROIR, MON BEAU MIROIR...

Afro-américain dont l'âge ne se lit pas sur son physique, Logan paraît aisément dix ans de moins que ce qu'il est réellement, à savoir un quinquagénaire de taille moyenne, aux yeux d'un noir si intégral et intense qu'il noie ses pupilles dans un océan de jais. Brun aux cheveux crépus, cet inspecteur de police traité en aîné par ses collègues garde une coupe courte, agrémentée d'une barbe au motif variable suivant sa fantaisie du matin. Bouc et collier, barbe intégrale, moustache et bouc... Logan ne se refuse rien, son métier ne lui interdisant pas de venir mal rasé si cela lui chante. En revanche, ce célibataire de l'Illinois se tirerait une balle dans le pied plutôt que de quitter sa maison sans une chemise, une veste et un pantalon propres et repassés. Appréciant l'alternance des tons, l'inspecteur Campbell surmontera ses chemises sans cols clairs d'une veste plus sombre, et à l'inverse portera son choix sur une veste de nuance claire s'il opte pour une chemise sombre. Bien entretenue pour son âge, sa silhouette trahit sa fonction de policier, de même que sa démarche raconte à sa place une blessure reçue au mollet gauche, et qui lui laissa en souvenir une douleur latente en fin de journée.

Ancien fumeur, ce flic blasé parle avec un ton sec, légèrement râpeux sur les syllabes les plus gutturales. Son timbre chaud, ainsi que sa voix de gorge, atténuent l'austérité qui se dégage de prime abord de son phrasé direct (trop de temps passé à interroger les petites frappes vous rendent l'élocution agressive). Depuis peu obligé de se chausser de lunettes pour lire de près, Logan conserve une bonne vision de loin et n'a guère perdu de son odorat ni de son audition. Dégradé par la nicotine, son palais ne fait en revanche plus très bien son travail gustatif. Chose peu dérangeante, puisque le limier afro-américain ne dédia jamais un très grand amour à la bonne chaire (ce qui contribue à lui maintenir une silhouette décente malgré l’empâtement inhérent à ses cinq décennies de vie). Droitier, marchant la tête haute, il porte au poignet gauche une montre de valeur modique à bracelet de cuir brun (on ne porte pas une montre hors de prix lorsque l'on passe son temps à cavaler, écrire des rapports et immobiliser au sol des prévenus). Là où notre homme dépense plus que de raison, en revanche, c'est en soins dentaires (une coquetterie souvent tournée en ridicule par ses partenaires au poste, notamment via son surnom de Bright, diminutif d'Ultrabright smile).

Influençable dans le choix de son eau de toilette, l'inspecteur Campbell use avec parcimonie d'eau de Cologne, ses rasages très variables s'opposant à ce qu'il investisse dans de l'après-rasage de qualité. Suivant qui il a en face de lui, Logan affichera une expression avenante et rassurante, presque paternelle, ou à l'inverse son visage de méchant flic procédurier qui garde les mâchoires crispées et analyse chaque détail d'un œil sombre, en respirant lentement.

À la découverte d'une personnalité

ANATOMIE DE MA PSYCHÉ PROFONDE

Être policier, ça laisse des traces sur votre âme. Surtout si vous débutez tôt, que vous vous impliquez beaucoup et que vous avez la chance de survivre à quelques épreuves traumatisantes. Logan n'est pas bourru, contrairement à ce qu'un préjugé standard sur les vieux flics pourrait faire croire. Néanmoins, il serait exagéré de le décrire comme une personne volubile, ouverte et expansive. Généralement, dans un groupe, on ne le remarque pas avant qu'il n'ouvre la bouche pour dire quelque-chose de sérieux, avec son air désabusé lui fronçant les lèvres en une mimique impénétrable. Pas dénué d'humour, il laisse cependant le rôle du comique aux plus jeunes de son unité, se posant de lui-même comme le vieux mentor sagace, au sein de son commissariat (même si cette sagacité n'est pas très présente, en lui). Volontiers compatissant et emprunt d'empathie, cet inspecteur du LAPD n'a jamais enterré l'idée que la Justice finit toujours par triompher (même s'il garde son opinion pour lui, de peur de passer pour un vieux con).

Mélomane, notre fonctionnaire de police apprécie les airs de jazz, les mélodies lancinantes et la diction chantante des voix hispanophones. Ses tympans saignent en revanche lorsque lui parviennent les infâmes déchets sonores que sont selon lui les derniers genres musicaux : métal, rap, électro, et autre symphonies de la discordance (là encore, il garde sa langue dans sa bouche, pour ne pas se faire traiter de vieux con). Son statut de célibataire endurci abonné aux repas livrés à des heures tardives s'explique davantage par sa peur de voir ses proches souffrir que par son incapacité à séduire ; d'ailleurs, Logan ne néglige jamais l'influence d'un brin de charme dans la conversation lorsqu'il est en quête d'une déposition, ou en plein recherche de témoins oculaires. Le fait qu'il ne soit pas dénué de culture général l'aide souvent à lutter contre les préjugés des citoyens, qui voient en un inspecteur de police le protagoniste-type des héros de films d'investigation.

Depuis qu'on lui a accordé sa mutation de Chicago, il a développé une légère tendance à l’hypocondrie.

Veni, vidi... Vici ?

C'EST L'HISTOIRE DE MA VIE

14 Mars 1998

- Séropositif ?

Le diagnostic tombe, pour son partenaire. Adam O'Laire, trente-neuf ans et bientôt père. Testé positif pour le VIH après une arrestation musclée dans un squat, sous Roosevelt road. Une saloperie de junkie infecté par le virus l'avait poignardé avec une seringue usagée. Il avait suffit d'une seule lésion à risque pour que soit scellé le destin de l'homme qui veillait sur son dos depuis plus de dix ans. Désormais, le quotidien d'Adam serait pavé de trithérapies et de chimio. Logan encaisse la nouvelle, muet d'émotion, une main brossant son crâne couvert d'une toison noire comme le charbon. Ça aurait pu être lui, que le drogué sans abri poignardait. Tremblant, il ressentit tout à coup le besoin impérieux de s'asseoir.

- Séropositif... Bordel de merde.

26 Juin 1982

L'été se profilait sur Naperville, ramenant ses embruns chauds et secs sur la ville, rallongeant les jours et raccourcissant les nuits, annonçant la fin prochaine des cours pour les étudiants et les écoliers. Comme à chaque occurrence des beaux jours, les jeunes gens traînaient dans les rues et au milieu des parcs, tranquillement installés, à discuter de tout et de rien en rêvant aux vacances qui se profilaient. Les oiseaux chantaient leurs odes simples mais mélodieuses à la Nature, les devantures de magasins vous préparaient à découvrir les derniers moyens à la mode pour éviter la chaleur, et la dernière de vos préoccupations aurait été ces révisions qui vous attendent pourtant depuis trop longtemps.

Adossé à un saule répandant une ombre protectrice sur les deux lycéens, Kelly allongée la nuque sur ses cuisses, Logan tentait vainement de consoler sa petite amie, sa main droite lui caressant le cuir chevelu. Grande pour son âge, Kelly Sommerland jouait ailier droit dans l'équipe de Basket du lycéen. Ses cheveux d'un noir intense, attachés en une queue de cheval par défaut, serpentaient le long de son épaule gauche, offrant à contempler son cou délicat où seyait une gracieuse jugulaire. Le teint mat, les yeux aussi noirs que ceux de son petit ami, Kelly fronça son nez épaté.

- Chicago, c'est trop loin...

- Mon père a insisté. Je n'ai pas eu le choix.

- Mais enfin, quoi...  S'insurgea la basketteuse.  ... Tu seras majeur dans un peu moins d'un an. Il ne va pas te dire quoi faire toute ta vie, Logan !

Ce dernier haussa les épaules, promenant un regard égal sur le reste du parc, où jouaient les enfants en criant, sous les yeux attentifs de leurs mères.

- De toute manière, le choix, je ne l'ai pas. Je n'ai pas eu la chance d'être boursier, moi.  Insinua-t-il doucement, en promenant un index cajoleur sur la tempe de l'heureuse élue.  Je sais pertinemment que je n'ai pas le niveau pour aller en fac, ou faire des études supérieures. Il faut que je me trouve un boulot pour que mes parents arrêtent de se saigner pour moi. Policier, c'est un travail comme un autre. Honnête. Et qui permet de se sentir utile. En plus, on n'y exige pas d'avoir eu d'excellents résultats au lycée...

Kelly se redressa souplement en tirant sur ses puissants abdos que le jeune homme avait eu l'occasion de voir à l'oeuvre. Pas apaisée pour un sou, la belle métisse lui décocha une œillade aigre, ses lèvres se pinçant à en devenir plates.

- Tu sais bien que ce n'est pas ça, mon problème. De l'Illinois au Michigan, il y en a, des kilomètres...  Se plaignait-elle d'un ton chagriné, en triturant sa queue de cheval.

La bourse qu'on lui avait offerte pour mener à bien ses études de sociologie provenait de l'université de Détroit. Et après que son frère soit mort, percuté par un chauffard probablement ivre, Kelly avait toujours obstinément refusé de toucher à un volant de voiture. Logan, pour sa part, savait conduire, mais ne disposait que du véhicule familiale... Véhicule qui resterait avec ses parents à Naperville. Au fond de lui, le futur fonctionnaire savait que cette situation présageait d'une rupture avec la jolie dribbleuse. Les relations à distance marchaient rarement bien, et aucun des deux ne pouvait y remédier. Kelly se devait d'honorer son engagement auprès de l'université de Détroit, et lui... Il avait suffisamment déçu son père en ratant coup sur coup toutes les bourses auxquelles il avait postulé. Décevoir le chef de famille une fois de plus était exclu. Son père respectait les forces de police et ceux qui faisaient l'effort de rejoindre leurs rangs, il disposait d'un fils en bonne forme physique et promis à travailler dès sa majorité atteinte, alors pourquoi ne pas concilier le tout ? Naperville ne croulait pas sous la criminalité, son commissariat étant plutôt en sur qu'en sous-effectif ; mais en revanche, Chicago avait plus qu'à son tour fait la une des quotidiens locaux avec ses faits divers morbides et ses unes détaillant des affaires de violence aggravée. La capitale de l'état ne crachait pas sur les postulants, et monsieur Campbell voulait que son fils apprenne les réalités de la vie.

- C'est temporaire, ma princesse des îles, je te l'ai déjà dit. Quand j'aurai économisé assez, je m'achèterai une voiture, et je viendrai te voir à Détroit. Et puis je reprendrai les études.

21 Septembre 2013

Le corps avait été repéré par un automobiliste sur les coups de deux heures du matin, lequel avait appelé le central. Envoyés sur les lieux, Campbell et Dorovitz furent rejoins par des agents chargés des basses œuvres (délimiter la scène de crime, tenir les curieux en retrait, fouiller la zone pour dénicher des preuves), puis par le légiste. Un jeune homme, n'ayant pas dépassé la trentaine, se trouvait suspendu dans le vide, retenu par un pylône. On lui avait noué un câble électrique défait autour de la cheville, des moignons figurant les anciens emplacements de ses membres, manifestement arrachés à l'aide d'une machine quelconque. Sinistre spectacle laissé à la vue des passants sur Ord street, en plein dans le Chinatown de Los Angeles Downtown, alors qu'à deux blocs plus au Nord se trouvait l'école élémentaire de Castelar. L'unique point positif de l'emplacement était qu'il se trouvait également non loin du centre médical Pacific Alliance. Les autorités avaient donc pu faire dépêcher un légiste en toute diligence, ce qui permettrait de procéder à tous les examens de la scène de crime et au décrochage du corps avant le lever du soleil. Seuls les noctambules verraient donc le macchabée, ce qui n'était pas plus mal.

* À quoi ça rime, tout ça ? Autant de mise en scène pour un homme qui n'a pas le type asiatique... Ce n'était probablement pas un membre des triades, alors à quoi bon l'afficher en plein territoire de la mafia chinoise ? *

L'inspecteur Campbell relut pour la centième fois au moins les dépositions qu'on lui avait fournies, et que son écriture serrée avait couchée sur le papier à l'encre bleue. Grimaçant, il éloigna le support papier jusqu'à ce que la distance triomphe de sa presbitie (chausser des lunettes pour lire de bêtes notes ? Une perte de temps !). Pour ainsi dire, rien de concret ne lui avait été rapporté. Personne n'avait rien vu, ni entendu. Le conducteur ayant repéré la victime s'était débrouillé pour rester anonyme, ce qui sous-entendait une peur de représailles, et les témoins oculaires n'acceptèrent de parler qu'une fois mis dos au mur. Voilà bien le genre de chose qui donnait envie à Logan de s'en griller une...

- Cigarette, Campbell ?  Lui proposa un démon tentateur humanoïde, en affichant sur sa bouille ronde l'expression de l'ex-accro qui comprenait ce que son partenaire pouvait ressentir.  T'as bien le droit de t'en autoriser une... Surtout dans une nuit comme celle-là.  Argua Peter Dorovitz en mâchant ses mots, comme à son habitude.

Le teint blême, les cheveux d'un blond terne, et les joues mouchetées de tâches de son, on lui prêtait rarement ses origines irlandaises. Pourtant, dès lors qu'il buvait assez pour chanter, perçait au-travers de son articulation pâteuse des relents de l'accent gaélique de ses ancêtres. Ancien alcoolique, sa consommation de bière connut une chute drastique lorsqu'il manqua d'écraser deux piétons en rentrant chez lui. Le fait que Logan lui soit tombé dessus à bras raccourcis peu après pour lui mettre les points sur les I contribua également à lui ôter sa mauvaise habitude.

- Le docteur Kavens a été catégorique, Dorovitz : pour moi, plus de cigarettes. Une mise en garde m'aura suffi.  Refusa d'un geste le quinquagénaire, en faisant allusion à une tumeur, heureusement bénigne, qu'un examen de routine avait permis de mettre en évidence à ses quarante-cinq ans.

Avant de ressortir du bloc opératoire débarrassé de l'amas cellulaire cancéreux logé dans son poumon, Logan avait maudit chaque cigarette fumée, jurant qu'on ne l'y reprendrait plus s'il s'en sortait. Et pour l'afro-américain, un serment se devait d'être respecté.

* J'ai échangé un collègue me haïssant à vie contre... Ça. Un foutu quotidien où il s'écoule rarement une semaine sans qu'une affaire de ce genre nous tombe sur les bras. *  Considéra, indécis, l'inspecteur Campbell en se demandant s'il avait opté pour le bon choix, laissant Dorovitz baragouiner dans son double menton en relisant ses propres notes.

En apprenant qu'Adam avait été contaminé, le flic de Chicago s'était senti mal, coupable, et chanceux à la fois. Mais c'est ensuite que le véritable coup de bâton lui fut asséné. Sa hiérarchie décida de lui accorder la promotion qu'il réclamait depuis deux ans, et O'Laire lui téléphona pour lui asséner en hurlant qu'un vrai coéquipier aurait intercepté la seringue à la place de son partenaire. Brisé et amer, Adam jugeait Logan responsable de son sort funeste, soulignant que contrairement au père de famille en devenir, l'afro-américain n'avait ni femme à laisser veuve, ni enfant à laisser orphelin. Promettant à son ex-coéquipier de lui faire payer à tout prix, Adam n'eut pas le temps de déverser toute sa bile que Logan raccrochait, retournant au poste de police pour avoir une discussion avec son commissaire.

* Réclamer ma mutation m'aura peut-être évité de finir infecté par le VIH... Qu'en sais-je ? Je n'aurais jamais cru qu'Adam puisse se montrer aussi rancunier et sournois... La perspective de ne plus pouvoir se projeter dans le futur, sans doute. *  Songea, encore à demi endormi, le célibataire moustachu.

Sa demande de mutation était tombée durant une période où quasiment aucun poste n'était à pourvoir. Pressé par les circonstances, Logan insista, tant et si bien que son supérieur lui dénicha un poste d'inspecteur... En Californie. Los Angeles connaissait une baisse démographique de ses fonctionnaires de police, pour une raison non-élucidée à l'époque, mais que le limier au teint mat commençait à comprendre... Après quinze années à exercer dans la cité des Anges, l'inspecteur Campbell avait pu vérifier qu'il ne s'y déroulait rien d'ordinaire, les crimes sordides et glauques s'y trouvant surreprésentés, avec également une chape de plomb très perceptible au niveau de la terreur dans laquelle vivaient les habitants.

- Fric, cam', arme blanche... Notre victime s'appelait Arnold Stolth. Un petit délinquant, dealer de méthamphétamine dans le quartier, arrêté trois fois pour trafic de stupéfiants, relâché à chaque coup en échange d'informations pour diverses enquêtes...  Énuméra Peter en se rongeant les ongles (sa nouvelle manie) tandis que son auditeur s'avançait pour toiser la scène de crime.

Les scientifiques grattaient le sol, prenaient photo sur photo, et aspergeaient chaque millimètre carré de divers composés chimiques censés faire apparaître des preuves matérielles. Du gaspillage, selon Logan. Un peu comme la vie d'Arnold Stolth. Sur les trois enquêtes où il avait apporté son "aide", deux furent conclues par un non-lieu, et la troisième se solda par l'accusation d'un sans-abri réputé instable. De mémoire, Campbell crut se rappeler que l'enquête impliquait la mise à mort de trois malfrats armés de pistolets, tués par de violents coups, probablement assénés par une masse ou un objet contondant en métal. Trois individus dotés de pistolets, neutralisés par un clochard supposé éviter les balles qui avaient été tirées (des douilles de calibre trente-huit avaient été retrouvées un peu partout) et savoir comment frapper des articulations pour les réduire en miettes, avant de subir la crise d'amnésie qui touchait quasiment un habitant sur dix, à Los Angeles. Et ce chiffre grimpait à quasiment un habitant sur deux, si on ne prenait en compte que les témoins dans des affaires de meurtres. Logan n'y avait pas cru une seconde, mais les faits et la chronologie coïncidaient. De plus, le LAPD peinait déjà suffisamment à boucler une enquête pour se permettre de faire la fine bouche sur l'identité du coupable.

- Il avait tout ses effets personnels sur lui... Donc exit la thèse du vol à l'arraché qui tourne mal...

- Tu peux aussi rayer la possibilité que ce soit un viol, Dorovitz... On n'a pas retrouvé de signes d'agression sexuelle.  Grinça l'inspecteur, de mauvaise humeur après n'avoir pu se reposer que trois heures chez lui.

Au vue de la position et de l'état du cadavre, il était agaçant d'entendre un inspecteur policier depuis vingt ans continuer à rayer une à une les hypothèses, alors qu'à l'évidence, seule une pouvait coller.

- C'est un meurtre, Dorovitz. Commis sous le coup d'une impulsion, ou de sang-froid, je l'ignore. L'état du corps, violemment malmené, fait penser à une action non-anticipée, mais tout le soin apporté à la disposition du mort dans un lieu public... Tu admettras que ça semble plutôt planifié et minutieux, non ? L’œuvre d'un individu agissant en pleine possession de ses moyens, et non sous l'impulsion de la colère. Surtout qu'à moins de savoir que personne ne passerait par ici avant les deux heures du matin, j'imagine mal un tueur décider spontanément de prendre le risque d'être surpris en pleine installation de sa scène de crime par un témoin. Soulever un corps demande des efforts. Et pour réussir à déchirer un câble électrique en toute sécurité...

L'ensemble du crime fleurait l'odeur douceâtre de l'impunité. Quiconque se tenait responsable du carnage avait agi comme s'il était convaincu de ne risquer aucune poursuite, arrangeant son crime tel une fleuriste composant son bouquet. Du travail de psychopathe... L'ennui étant que, des dossiers de ce genre, Logan en avait croisé des dizaines, depuis son arrivée à Los Angeles. Et en dépit de son acharnement, de ses tentatives pour tranquilliser la populace et de ses heures passées à observer les scènes de crime, seul un petit dixième se trouvait aujourd'hui résolus. Pour la plupart, avec des coupables qui ne cadraient strictement pas, si l'on s'en tenait à la logique. Mais la logique, Logan Campbell commençait à croire qu'on s'en contrefoutait, en Californie. Son supérieur direct lui avait mainte fois répété de ne pas trop faire de zèle, et ses collègues semblaient pour la plupart heureux de s'en tenir aux consignes. Du moment qu'on collait l'étiquette "coupable" à une tierce personne en procédant par A plus B, peur importait qu'il s'agisse d'un sans-abri, d'un jeune bibliothécaire gringalet ou d'une serveuse, tous autant incapables de reproduire les crimes qu'on leur imputaient.
Malheureusement, son naturel l'empêchait de tirer un trait sur son instinct, qui lui soufflait de plus en plus fort à l'oreille que la cité des Anges accueillait en son sein de très sinistres histoires.

- Marrant, ça... Le légiste vient de me faire parvenir ses conclusions préliminaires. Ils emmènent le corps à la morgue. Et tiens-toi bien... Tu vas jamais le croire, Campbell.

- "Certaines lésions retrouvées sur le corps ne ressemblent à rien de ce qu'on peut trouver comme outillage, ce qui laisserait penser que les dégâts ont été infligés soit à mains nues, soit par un outillage non-conventionnel et probablement manufacturé".  Compléta sans même y réfléchir Logan, le regard plus sombre que jamais.

Cette phrase de conclusion, le quinquagénaire l'avait apprise par-cœur très tôt. Elle revenait dans un très grand nombre d'examens médico-légaux relatifs à des affaires non-résolues. En substance, elle ne signifiait rien de bien terrible ; simplement que l'objet employé par le meurtrier n'était pas assez courant pour être reconnu par le fichier. Seulement elle laissait la porte ouverte à une explication nettement moins plaisante...

- Ha ha, ouais ! Dans le mille, Bright ! T'avoueras que c'est quand même une sacrée...  Son perspicace interlocuteur lui jeta un regard équivoque, en fronçant les sourcils. Dorovitz toussa dans son poing.  Ouais, enfin... T'avoueras quad même que ça commence à faire beaucoup, hein ?

- Comme tu dis, Peter. Ça commence à faire beaucoup...

En dehors du forum

PAR-DELA L'ÉCRAN

Pseudo : Svadir
Age : 22 ans
Comment avez vous découvert le forum ? Un top-site (mais je suis incapable de vous préciser lequel u_u)
Votre avis sur le forum ? Très bon ! Le fait de se baser sur Vampire : La Mascarade me bottait déjà, mais vous avez su en extraire l'ambiance, le charme gothique et le côté "intrigues de couloirs" qui me plaisait tant dans le jeu vidéo
Votre présence sur le forum ? Je dirais un 4/7, avec des périodes de grosse baisse lors des satanées périodes d'examens
Quelles sont les caractéristiques de votre race ? Ok par Nod