Comme à chaque soir depuis une semaine maintenant, Raven effectuait son poste. Ce salon de thé ne fermait quasiment pas pour satisfaire tous les clients qui vivaient de jours ou de nuits. Imaginez un peu que l'on retrouve parmi les autres cafés ou bar fermé un salon de thé atypique au style parfaitement oriental ouvert à proposer toutes sortes de boissons et de pâtisseries. Le Japon n'avait que peu de dessert, mais le pays était friand de la bonne cuisine surtout française. La plupart des étudiants se rendaient en France pour apprendre la cuisine et la pâtisserie. Ne dit-on pas que la France est connue pour cet art ?

Enfin bref... Raven nettoyait une table tandis qu'elle attendait que l'on vienne prendre la relève. Son service se terminait lentement et elle voulait vraiment rentrer finir sa chanson ou du moins la commencer. L'inspiration n'était pas vraiment au rendez-vous ces temps-ci. Manque de sommeil sûrement où cette mauvaise impression d'être suivie. Peut-être était-ce son imagination, mais elle avait l'impression d'être farouchement observé dès que le soleil se couchait. Cette sensation d'insécurité lui faisait un peu peur, surtout qu'elle vivait seule et que comme tout être humain qui se respecte, son imagination dérivait vers des pensées incompréhensibles, effrayantes, déroutantes et flippant.

On vint rapidement la trouver pour la prévenir que son service touché à sa fin et immédiatement, Raven se rendit au vestiaire pour se changer et récupérer ces affaires. L’Été était encore bien présent, la nuit était agréable, plus supportable que la journée en tout cas. Certes, Raven avait l'habitude depuis le temps, mais une brise salvatrice était toujours très agréable a accueillir sur une peau pâle qui prenait difficilement des couleurs exposées au soleil ou bien viré à l'écrevisse dès qu'il y avait trop d'exposition aux rayons de l'astre d'or.

Souhaitant une bonne soirée à ces collègues et sortit du salon de thé observant le ciel bien dégagé qui lui permettait de voir les étoiles. Ces belles demoiselles faisaient encore leurs petites coquines à vouloir être regardé ainsi, à vouloir se montrer plus brillante encore que la lune qui était là, sage, timide et ravissante. Peut-être que l'inspiration lui viendra finalement avec un ciel aussi beau.

Tout était parfait, en tout cas, tout commençait bien quand cette impression se réveilla à nouveau. Quelqu'un l'observait, mais qui ? Raven avait beau regarder, mais elle ne voyait rien. A vrai dire, elle ne voulait pas s'attarder et elle commença à marcher. Avant, elle profitait de ces moments, mais maintenant c'était différent. De plus, elle sentait qu'on la suivait, son instinct lui disait d'accélérer le pas encore et encore jusqu'à courir et laisser la peur la guider se perdant et se retrouvant devant un cul de sac tandis qu'elle entendait quelque chose grincer comme si quelqu'un grattait le mur avec ces ongles, un peu comme ce film d'horreur les Griffes de la Nuit avec Freddy Gruger... Quelle horreur rien que d'y penser, cela donna des frissons à Raven.

La jeune femme finit par se retourner, mais rien. Personne. Simplement le bout de la ruelle et...une présence derrière elle. Elle n'eut guère le temps de réagir que déjà, elle se retrouva soulevé du sol avec une telle force, qu'elle comprenait à moitié ce qui lui arrivait. Le manque d'air se fit rapidement sentir, plus encore, ces sens étaient désorienté et elle n'entendait quasiment plus rien hormis des bourdonnements et elle qui demandait....pitié.

Le souffle court, Raven parvenait tant bien que mal à se remettre de son agression. Au fond, elle n'avait absolument rien compris et encore moins vu. Le fil de la situation s'est déroulé si vite que son cerveau n'avait pas eu le temps de comprendre ce qui venait d'arriver. Théoriquement, on sait ce qui doit être fait, mais en pratique, les choses sont loin d'être aussi facile.

La panique et l'envie de vivre prime et le reste à peu d'importance. Néanmoins, la vie ne défilent pas devant les yeux dans ce genre de moment. Cela doit dépendre de la personne en faite, tout du moins, c'est ce qu'a supposé Raven. Il faut dire que la chance a été de son côté. Cet homme qui apparaît au bon moment et qui se débarrasse sans mal de son agresseur. Béni soit sa venue se dit Raven tandis que son regard se dirigeait vers l'homme qui prenait de ces nouvelles, l'air inquiet, trop même, comme s'il la connaissait depuis un certain moment. Peut-être était-il du genre soucieux du bien d'autrui. Catégorie de personne fort rare en ce monde, la plupart ne pouvait pas se montrer égoïste faisant passer les autres avant soi. Chose tout à fait honorable, mais qui peut s'avérer problématique, surtout pour la santé. Cela peut entraîner des crises d'angoisses si intense que l'on se demande si le cœur va exploser oui ou non.

-Petite, tu m'entends ? Il t'a blessé ?

- Non tout va bien, je vous remercie.

Raven prend tout de même le temps de bouger ces membres lentement au cas où ce fou furieux lui aurait brisé quelque chose, mais finalement ce fut juste une cheville foulée. La cause d'une mauvaise chute, ce qui était en soit tout à fait normal. La douleur fut vive et la jeune femme esquissa une grimace à cause de sa foulure.

-Tu vas bien, tu peux te relever ? Comment tu t'appelles petite ?

- Je crois que je me suis foulée la cheville en tombant.

Raven prend son courage à deux mains et se releva lentement en s'appuyant contre le mur derrière elle.

- Euh...Oh mon nom... Raven Cooper...

La jeune femme regarda son sauveur un sourire aux lèvres sans distinguer ce qui prenait soin de dissimuler. On pouvait lire une grande reconnaissance dans le regard de la chanteuse qui ne savait pas vraiment comment l'exprimer à part avec un sourire et un millier de merci qui sortait de sa bouche.

- Heureusement que vous étiez là monsieur... Je ne saurais pas ce que je serais devenue sinon...

Malgré ce que pouvait en dire Raven ou encore agir, la jeune femme a été très traumatisée par son agression. Qui ne le serait pas de toute manière ! Le destin avait mis sur sa route une âme charitable pour la sauver et pour une fois, elle remerciait ce fougueux personnage qui jusqu'à présent a été généreux avec elle. Il faut dire que par moment monsieur Destin se montrait extrêmement horrible et sadique. C'était surtout dans sa jeunesse où les coups et les insultes pleuvaient à cause de son style décalé ou encore du fait de changer sans cesse de famille au point de ne plus savoir comment agir. C'est pour cela que dès ces 18 ans, Raven s'émancipa pour vivre par elle-même et ne plus jamais être blessée par qui que ce soit dans la vie.

Sa cheville la relançait et la tirait, c'était horrible comme elle avait mal, mais se plaindre ne ferait absolument pas diminuer la douleur et encore moins la faire disparaître. Seule la patience pouvait lui permettre de faire avec dirons-nous. Alors, quand James la porta, Raven fut soulagée, mais également gênée par ce geste chevaleresque de cet individu qui prenait soin d'elle comme si ce dernier la connaissait depuis longtemps. La jeune femme en eut même un léger pincement au cœur, car autrefois, lorsqu'elle était petite fille, Raven s'était pris à rêver que peut-être elle avait un grand-frère duquel elle a été séparée et elle l'imaginait aussi fort et beau que James. Rien que de se souvenir d'un rêve d'enfant, la jeune femme sourit discrètement pour ne pas que James soupçonne quoi que ce soit. C'était le jardin secret et personnel de notre artiste qui ne laissait que peu de gens voir ce qui s'y trouve.

Le chemin fut interminable pour Raven, pas que la compagnie de son héros du jour lui soit ennuyante, mais c'est sa cheville qui lui en faisait voir de toutes les couleurs. Même si son pied ne touchait pas le sol, la douleur n'avait en rien disparu et sa douleur moins forte était toujours présente. Du coup, cela lui rappela avec quelle violence ce monstre l'avait attaqué, maintenant que son esprit était plus ou moins posé, Raven se remit à revoir le visage difforme de cet être et pire encore une odeur fétide qui ne la quittait pas. Serait-cela peur qui la fait imaginer tout cela ou bien... Non ceci ne peut pas être réel, ce n'est pas cohérent ! C'est un masque et la transpiration d'un homme nerveux qui ne sait plus où sont les fantasmes de son être sombre qu'il n'arrive pas à contrôler. Tout du moins c'était ce que Raven pensait.

Pauvre fille perdue dans son univers où résidait toujours une explication logique à toute chose. Même si elle aimait les choses loufoques, les légendes et le surnaturel, cela ne l'empêchait pas d'être cohérente vis à vis des choses qui se passent. Un esprit occupait par une histoire de fantôme peut parfaitement vous faire croire qu'un lieu est hanté, alors que cela n'est que le fruit de votre imagination.

Mais malheureusement... Quand une personne passa à côté d'eux, Raven se serra plus contre son sauveur, signe évident qu'elle était bien plus affectée qu'elle ne le disait. Elle qui souhaitait le cacher, ce n'était vraiment pas gagné.

A mesure que le temps passait, la jeune femme se calmait surtout après être bercé par la mélodie quelque peu mélancolique de son sauveur. Elle lui est très reconnaissante de prendre autant soin d'elle sans même la secouer pour la pousser à remonter tout de suite la pente voir même la laisser seule après être intervenu contre cet étranger aux traits plus qu'effrayant. Raven ne savait toujours pas comment prendre le dessus sur ce point et voir la réalité au-delà de la peur qui tiraillait son estomac encore et encore. Ce visage, elle ne pourra jamais l'oublier, le temps n'y fera rien. Peut-être passera-t-elle de temps à autre outre ce souvenir, mais la nuit, dans ces cauchemars, il reviendra tel un boomerang à son propriétaire afin de ne pas oublier que les souvenirs ne peuvent être effacé.

Raven poussa un long soupire puis regarda James qui lui n'avait cessé de la coller à lui. C'était une sensation étrange que la jeune femme a connu en de très rare moment. En ce moment, elle avait l'impression d'être à côté d'un membre de sa famille qui la consolait autant qu'il lui était permis. A proprement parlé, la jeune femme n'a jamais eu une famille, mais plusieurs et à chaque fois, elle s'y est attaché malgré elle, malgré ces multiples promesses.

- Mais qu'est-ce que c'était... On avait l'impression que son visage était difforme... et cette odeur...J'en ai encore des hauts le coeur.

Raven n'aurait pas pu garder cela plus longtemps, il fallait qu'elle partage sa vision, ce qu'elle avait vu lorsqu'elle a été attaquée par cet homme déformé ou bien par ce monstre sortie tout droit des pire fils d'horreurs qui lui a été donné de voir. A moins que tout cela n'était qu'un tour de son esprit torturé par la peur qui l'avait possédé à ce moment ? Cela pouvait être une possibilité, mais connaissant les méandres de son esprit, la jeune femme en doutait beaucoup. Raven n'était pas femme à se laisser avoir par la peur et toutes les illusions que cette représentation pouvait créer dans l'esprit des gens.

- Vous n'avez pas remarqué son visage ?

En parlant de visage, Raven sentit quelque chose cogner légèrement son pied douloureux, elle sursauta et baissa la tête pour apercevoir... Une tête qui ne lui était pas étrangère ressemblant trait pour trait à son agresseur. Cette fois, elle ne put se retenir devant ce spectacle ô combien écœurant, elle se leva et alla vomir ces tripes. Et bien sûr, il n'y avait personne dans ce quartier même pas une voiture de patrouille de police.

- James ! Il faut appeler la police ! Il faut faire quelque chose...

Plus loin dans les ténèbres, Raven perçu une silhouette dont le visage était à peine éclairé par un lampadaire dont l'ampoule clignotait de temps à autre. A cet instant, la jeune femme ignorait complètement qu'elle faisait face à son père biologique qui outrée par l'attitude d'un des siens surtout envers la chair de sa chair avait mis à sa misérable non vie. Dante, car tel était son surnom parmi les siens, regarda avec un air dédaigneux et hautain le Grangrel.