La présente lettre aura été déposée au Grauman accompagnée d'un bouquet de roses rouges à l'attention de Monsieur Khitrik. Les roses sont au nombre de dix-sept, entourées d'un papier kraft, et d'un ruban de soie écarlate. L'enveloppe glissée parmi les fleurs laisse à croire au message d'une admiratrice secrète.

Cher Monsieur Khitrik,

Vous m’avez fait, au cours des années précédentes, l’honneur de bien des missives et des présents, et je m’aperçois que je n’ai jamais pris la peine de vous répondre dignement. Je vous prie de m’en excuser donc, et permettez-moi de réparer à présent cette erreur.

Je souhaite par la présente vous remercier de votre aimable attention, et m’assurer que vous ayez conscience de toute la portée de ma reconnaissance. La personne de monsieur Amakusa est tout à fait charmante, et s’acclimate fort bien de la vie en notre charmante cité des Anges. Ce don à notre cause est une véritable bénédiction, mais je n’avais jamais douté, cher Monsieur Khitrik, de votre immense bonté.

Soyez assuré que je ferai bon usage de cette nouvelle pièce sur l’échiquier, vous me connaissez suffisamment, je pense, pour deviner que ce nouveau venu sera accueilli avec les égards que l’on doit à une couronne, n’est-il pas ? Je ne commettrai pas l’outrage de vous proposer un remerciement, je sais que vous refuseriez dans votre grandeur d’âme cette offre, aussi me contenterai-je de vous adjoindre ces modestes fleurs en gage d’une nouvelle partie qui se jouera entre vous et moi.

En l'attente du prochain signe de vie de votre part, soyez assuré, monsieur Khitrik de la sincérité, et de la vivacité des sentiments inchangés que vous me savez vous porter depuis notre première rencontre,