Je fus extrêmement surpris de la réaction d'Orphée. Encore une fois, en fait. Il était imprévisible, insaisissable, un gamin qui semblait ne répondre à aucune logique. De l'eau vive qui filait entre les doigts bien plus vite que n'importe quoi d'autre. Ce gamin était une énigme, un mystère.

Il avait perçu, sans doute, les pensées bien dangereuses qui avaient affleurées dans mon esprit. Ces pensées, j'avais à coeur de les maîtriser à la Fondation, mais ici... ici je ne m'en sentais pas la nécessité, malgré la présence d'Orphée. Cependant, lorsqu'il ouvrit la bouche, je m'attendais à tout, des remontrances, une surprise bien légitime, mais certainement pas à ce "Asao, prenez soin de vous". Sa lucidité quant au fait que nous n'étions que des pièces rapportées, un rajout bien malvenu.

J'étais donc stupéfait d'entendre la voix d'Orphée prononcer tout cela. Quelle idée avais-je eue de m'exiler à Los Angeles! Ah, pardon, j'avais oublié que le choix ne m'avais pas été laissé. Cependant, je ne comprenais pas la logique derrière tout ceci. Un primogène bien déviant, fils de roi au passage, mais ça, je m'en foutais, qui étudiait le Live de Nod, et qui venait de me nommer Régent de la fondation de Los Angeles. Tout étai.... WHAAAAAAAAAAT? Je manquai de m'étouffer sans même avoir porté le verre à mes lèvres? Que venait de faire ce gamin? Que venait-il sérieusement de faire? Je me répète ses mots pour être sur. Qu’a-t-il fait ? Qu’a-t-il sérieusement fait ? J’hésitais entre le rire nerveux et la tentative de meurtre sur supérieur hiérarchique.

Je me levais alors qu'il s'en allait, je me levais alors que résonnaient encore dans mon crâne des morceaux de phrase jetés au vent. D'abord une remontrance, logique, il me fallait mieux dissimuler mes sentiments, je l'avais toujours su. Ensuite, une promotion. Je n’arrivais pas à savoir si c’était une punition ou une récompense, si mon tempérament satisfaisait le Primogène de sorte qu’il me propulsait à ce rang pour m’assurer une certaine sécurité, ou s’il avait au contraire prévu mille tourments ? Je ne le savais pas, mais je m’étais levé, tremblant, choqué, étonné. J’aurai voulu lui crier de revenir et le secouer comme un prunier, mais je ne le pouvais pas. Et il était déjà loin, trop loin.

Dans ma main, il y avait cette clé, celle de la fondation. La tête me tournait. Cette soirée n’était pas normale. Je posai un billet à côté du verre, empochais la clé et la carte de visite du Serpent, et disparaissais. J’avais besoin d’aller boire un coup pour me remettre de tout ça.

[HS : Orphée, y’a pas que le perso qui est choqué, mais c’est quoi cette idée de folie? J'ai le primogène le plus fourbe au monde! ]