A l'ombre d'un regret. [PV Alice]

Ici tout faisait mal, un jugement fatal avait étreint mon cœur, un coup que je n'expliquai pas. Je ne voulais pas le comprendre tout simplement, je ne pouvais le concevoir. Ce serait admettre l'erreur de ces nuits, ce serait penser à la bêtise de mon serment. Que j'avais été naïf de penser une résurrection possible, que j'avais été négligeant de me laisser avoir par pareil illusion... Alhambra... Ce ne pouvait être l’œuvre du joueur du carte, il était bien loin à présent. Non il s'agissait de la dure réalité, j'avais fait peur à la flamme que j'aimai. Un amour si éphémère... comment avais-je put être aussi sot? Mais les questions, ce n'étaient pas le plus important. Ce qui prévalait c'est le néant, le déchirement de mon âme, l'anéantissement de tout un espoir.

Un amour qui partait loin de moi, fuyait mon ombre comme la peste. Lui en vouloir? Je n'en avais pas la force... Elle devait se sauver pour son salut, si tel devait être mon sacrifice. Cette pensée n'arrivait à me consoler, comme cette image était éprouvante... J'avais un cœur en miette, j'avais une existence en morceau... Je n'étais plus rien.

Pourtant après tout ce dont nous avions partagés, éprouvés. Le souvenir de notre promesse me hantait, comment encore y croire après ce coup? Continuer à avancer, pourquoi? Cela paraissait si dérisoire désormais. Ainsi j'étais condamné tel Sysiphe à errer comme une ombre absurde pour l'éternité? Bien, si tel était mon destin, mon jugement. Si tout devait ainsi se figer, alors je serais une ombre éternelle, immobile et sans voix, malgré la souffrance de mon âme.

Le visage plongé dans les ténèbres, je ne songeais qu'au vide, l'espoir était vain. Mais un tic-tac me donna ce qu'il me manquait. Car sa montre demeurait poser sur son coeur, sa vie qui me fut donné. Il ne s'agissait point d'un rêve... Je savais qu'il ne s'agissait pas d'une illusion, cette montre était bien là et chaque moment de cette nuit me revenait en souvenir. Non... Cela ne pouvait se briser ainsi, pas sans un mot.

J'étais agile et en ce qui me sembla la course de ma vie, je rattrapa ma belle Alice. Toujours cette aura angoissée, cette peur incompréhensible, comment expliquer cet état? Ne s'était elle pas blottie contre moi lors de la terrible rencontre? Je voulais ardemment en avoir le coeur net, je voulais savoir au moins. L'ignorance était une douleur insupportable. Je stoppai donc sa course tirant son bras vers mon être, usant des forces pour que le choc et la douleur ne soit point imputé à son corps frêle. Elle était essoufflée, mais pour mon cas je n'eus aucun mal à prendre la parole. Seule ma souffrance de coeur nouait ma gorge, j'étais alarmé et triste. Un coeur perdu, ayant désespérément besoins de mots réconfortants.

"Que signifie la montre Alice? Que signifie le serment que je t'ai fait. Il n'y-avait aucun mensonge dans mes paroles je te le jure. Souviens toi de cette nuit... Alice, je t'aime."

La panique m’empêchait tout autre mots, simplement je devais lui rappeler mon serment, ma dévotion, mon amour. Tout était la...

En moi, c'était la guerre. Mon corps souffrait, je courrais à m'en rompre le souffle. Loin, loin, le plus loin possible. À l'abri … l'église, trouver Alban, lui dire à quel point il avait raison, trouver Christophe, retrouver sa protection, retrouver ses bras, là, maintenant, sauve moi …
Je courrais, tout se bousculait, tout en moi me retrouvant … cette nuit, ses nuits, ses instants … plus jamais ça, je voulais réussir à lui échapper, enfin, définitivement.
Cours, cours …
Pourtant, une autre guerre se déroulait en moi, comme si je voulais lutter contre moi, je ne comprenais plus. Je ne savais plus. Trop étrange. Ne pas s'arrêter mais ça hurlait en moi. Cheshire ?

Soudain, je sentis une étreinte autour de mon poignet, une pression qui me fit tourner, me ramenant vers lui presque de force. Trop vite, trop de force, sans que je puisse réagir, je me retrouvais tout contre lui. J'eus une seconde avant de tenter de me défaire, de m'enfuir à nouveau. Pas ça, j'avais presque.

-Lâche moi !

J'étais sans souffle, épuisée déjà, désorientée, perdue. Pourquoi cette telle … je ne comprenais plus. La guerre … les tambours, les tambours …

"Que signifie la montre Alice? Que signifie le serment que je t'ai fait. Il n'y-avait aucun mensonge dans mes paroles je te le jure. Souviens toi de cette nuit... Alice, je t'aime."

-C'est faux …

Je ne relevais même pas les yeux vers lui. Je ne voulais plus les voir. Alban me l'avait dit, Alban avait voulu que je sache. Il pouvait me posséder. Mes yeux … c'était de cela dont il avait besoin, rien d'autre. Je les fermais, fermement.

-Alban avait raison, il avait raison …

Il m'avait parlé, pendant cette semaine, depuis ce premier soir. Mais je ne l'avais pas écouté. J'aurais du !

-C'est faux Alice ! Tu ne l'as pas revu, pas depuis ça, ça fait longtemps ! Réfléchis Alice, tu ne vois plus rien !

Tais-toi … arrête, je ne veux plus.

-Mais réfléchis enfin ! La montre, tu ne te souviens pas ?,Pense bon sang !

Il me l'a volé, il m'a prit tout cela, moi, ma montre …

-Bordel de merde ! Alice ! SOUVIENS-TOI !!

-NOOON !

J'étais tremblante, les yeux clos à l'extrême, les larmes prête à couler, les mains plaquées sur les tempes …

-Ça suffit … Arrêtez … tous les deux … je ne peux plus, je ne veux plus, je ne sais plus... Assez ...

A regarder ma promise ainsi torturée par mes propres mots, j'étais effondré, j'étais glacé. Il s'agissait d'un déni fatale fait à mon âme, il remettait en cause tout mes sentiments, toute ma résolution. Il me renvoyait à l'image de mon clan, le manipulateur de l'ombre, avais-je inconsciemment tisser une toile d'ombre autour de cette âme? Etais-je le joueur d'échec lasombra tant redouté? Avais-je éprouvé de l’intérêt envers Alice, seulement pour connaitre et surveiller son protecteur, Christophe? Avais-je tout simplement trahie sa confiance en taisant ces détails? J'aurais donc simulé cette nuit, cet amour... Mais cela ne collait pas, cela n'était point possible, trop disproportionné. Je n'étais pas celui qu'Alhambra à prétendu m'endosser, jamais je ne lui avais menti.

Pourtant le fait était la, il suffisait de lâcher son bras pour que l'oiseau s'envole loin de moi. Pas besoin de regarder l'aura, son être était possédé par la peur. La crainte désormais prouvée de ma présence, de ma personne. C'était mon ombre qui provoquait cette folie, j'avais mal d'endosser le rôle de la créature indésirée. Seul mon amour m’empêchait encore de lâcher cette main. Car si j'optais pour ce choix, je prenais le chemin des adieux, plus jamais je ne la reverrais.

Pas avant de comprendre, pas avant d'élucider l’énigme... Ces propos étaient entrecoupés, poussés par le sentiment de peur, je put simplement noté la parole d'un certain Alban, puis le fait qu'Alice semblait inclure une autre personne à ce débat. Je ne comprenais encore à peine ma promise, mais elle demeurerait malgré tout la personne qui loge en mon coeur.

Alors je tenta de rassurer ma promise. Doucement comme au premier instant je m'agenouille auprès d'elle et d'un geste je sécha ses larmes d'angoisse. Ma voix était légère, mais assez perçante pour qu'Alice l'entende. Car à aucun moment je ne voulais user de la force, je m’apprêtais dès lors à possiblement laisser cet amour filer. Un regret qui rejoindrait l'ombre de mon chemin. Mais en aucune façon je ne pouvais forcer son regard, forcer son écoute. Pieds et mains libres, elle put au moins écouter ces mots.

"C'est toi qui a réparé mon coeur Alice. Je t'en prie mon amour, regarde moi."

Je pressentais ce que je ne voulais pas admettre. Vérifier puis partir sans doute, dans ma peine, je pressentais déjà l'abandon de moi-même.

Pourquoi personne ne voulait m'aider, et j'étais seule face à eux, à cet homme, à cette personne qui pourtant semblait si sincère, et à Cheshire … pourquoi eux, pourquoi Cheshire ne tentait-il pas de m'aider ? Il l'avait toujours fait mais pas ce soir, pourquoi ?! J'avais besoin d'aide, j'avais besoin qu'on m'aide …
Et ce fut lui, celui qui me terrifiait qui posa genoux à terre, se posant devant moi, devant mon corps tétanisé pour venir sécher mes larmes. Pourquoi faisait-il cela s'il était …

"C'est toi qui a réparé mon coeur Alice. Je t'en prie mon amour, regarde moi."

Je relevais mes yeux vers lui, doucement, prête à me recacher aussi s'il le fallait et pourtant, malgré le sentiment de peur qui naissait en moi, je ne voyais rien … je ne sentais aucune méchanceté et pourtant, je tremblais de peur … pourquoi ? Je ne savais pas, je ne comprenais pas. Je me cachais à nouveau, baissant la tête pour voir le sol. Pourquoi, ce mot hurlait en moi, il résumait tout. La tristesse, je l'avais senti … la peur mais rien d'autre, si … autre chose que je ne connaissais pas ou que …

-Je ne sais … pas...

Et aussitôt, sans pourtant être violente dans mes gestes. Je voulais partir, je voulais …

-J'ai besoin de voir Alban. J'ai … besoin de lui parler, là, maintenant.

Je me redressais, je fis un pas en arrière. Quand soudain, je fus stoppée en plein moment.

-ALICE ! TU N'ES QU'UNE IMBECILE !!

Mon corps fut figé, et je tombais à la renverse, en arrière, droit vers le sol sans pouvoir me rattraper à quoique ce soit. Figée, gelée, je ne pouvais plus bouger, je ne voyais presque plus rien, comme si j'étais … comme si j'étais plus là à vrai dire …

**********************************************

Une idiote, une putain d'imbécile. Elle … mais ce n'était pas sa faute … l'autre .. bref, je lui en voulais de se détruire ainsi, de faire disparaître la plus belle chose qu'il lui soit sûrement arriver à cause de l'autre, et de faire souffrir à ce point Shiro. Lui aussi était un idiot, un crétin … il n'aurait jamais du la laisser là, il aurait du la protéger, vraiment !

Déjà, il l'avait rattrapé quand elle était tombé en arrière. Mais en fait, elle n'était plus là, plus vraiment. Nous étions deux, pas des personnalités séparées, c'était plus que ça. Et si différent.

Il était complètement perdu. Bon, avec alice il fallait s'accrocher pour suivre mais bon, là, c'était trop, je le comprenais un peu, c'était compliqué après tout …

Pourtant, je n'arrivais pas à être calme contre cet imbécile fini … on avait presque foutu en l'air sa nana SOUS SES YEUX ! Mais pourquoi il n'avait rien vu ?!

-T'es n'es qu'un crétin …

La voix avait changé, et chose étrange, dans ce corps crispé à l'extrème, seules les lèvres bougeaient, réellement. Le corps pouvait paraître mort mais le cœur et la respiration détrompaient cela. C'était un peu compliqué. Mais nous ne pouvions être là, pas en même temps.

-Tu n'as rien vu ?! Tu n'as rien fait ! Il était là, il a tout détruit et tu ne l'as pas protégé, tu n'as même pas vu ce connard agir et tout détruire …

Crétin … idiot, imbécile, tous les noms passaient devant moi. Je ne savais même pas de quoi le traiter … il … devait réparer à son tour.

-Il a tout ruinée, il a tout briser, vos instants, vos nuits, vos rires. Il l'a brisé, il a brisé celle que tu aime. Et tu n'as rien fait … et je n'ai rien pu faire …

J'étais coupable, également, au moins autant que lui. Rien, je n'avais pas pu agir, rien du tout, trop fort, trop rapide. J'ai tout tenté pour elle, toutes ses années, mais pas ce soir là, je n'avais pas pu.

-Répare la, par pitié idiot, rend lui ce qu'on lui a prit. Tu ne sais pas si tu es à la hauteur ? Elle t'aidera, elle t'aime, réellement, mais … rends lui ce qu'elle ait, rends lui ses souvenirs, s'il te plaît, protège là maintenant, ce rôle t'ai revenu à la seconde ou vous vous êtes vu … elle est qu'une idiote … vous faites bien la paire d'ailleurs mais elle t'aime, n'en doutes pas. Elle t'aime, et même lui, ce connard n'a pas pu tout effacer, réellement, il n'a pas pu m'effacer, moi.

Je semblais plus faible d'un coup, le temps passait vite, il était dur de garder le contrôle …

-Fais le pour elle, pour cette crétine qui t'aime et qui est perdue maintenant. Ne crois pas qu'elle sera mieux sans toi, si tu le pensais. Elle sait que quelques choses ne va pas. Aussitôt qu'elle s'en souviendra, elle voudra te retrouver, où que tu sois. Je connais cette enfant, cette idiote, et aussi … bête qu'elle soit, elle est butée comme une mule …

Encore un peu … je me battais, c'était un rude combat que je perdrais. Alice tomberait surement dans l'inconscience après ça mais au moins, il saurait. Au moins, je serais presque sûr, j'aurais sa promesse qu'il la protégerait ! Je ne partirais pas avant.

J'épuisais mes derniers mots à tenter de raisonner ma promise, la femme qui devait patager mon éternité. Le moment était douloureux, car chaque seconde était une lame plongeant lentement au creux de mon coeur. Mais encore une fois, la peur et la défiance avaient vaincus mes espérances et j'étais à court de mots. Pour ma personne, il ne subsistait qu'une dernière possibilité, à peine crédible. Mais même si l'éventualité était faible, il me fallait vérifier cela. Si je devais quitter son existence, cela devait être fait sans regret, sans un regard en arrière. Laissant ma belle loin des ombres.

Alors que mon esprit se mouvait vers le sien, un événement boulersa la situation. Ainsi donc je pus rencontrer cet être, cette personne avec qui Alice conversait parfois, une personnalité double. Je comprenais alors parfaitement en quoi Alice était élue de la Lune. J'étais a vrai dire réticent à écouter cette voix, il était compliqué d'assimilé ce ton, cette violence de verve à ma promise. Deux esprits distincts pour un seul corps. Alice d'ailleurs qui chutait suite au désordre mental causé par cette subite pssession. Avec vélocité je la rattrape, et dans le silence j'écoute ce que l'être avait à me dire. C'était ainsi que les dernières barrières de mes doutes s'effondraient, on lui avait fait du mal. Il avait osé touché à ma promise ! Mon esprit était fort et malgré la colère je resistais parfaitement à cette bête qui mordait mes passions de vengeance. S'il avait été seulement en ma vue...

L'acte était insidieux, malveillant, cruel... Aucun mot ne convenait tant ma haine coulait à flot. S'en prendre ainsi à ma promise, c'était m'atteindre de la pire façon... Mon âme brulait de colère, mais une âme comptait sur moi. Il ne servait à rien de céder aux conséquences de cette attaque, je devais d'abord réparer ce que je pouvais. La domination, voila bien une discipline dont je n'aimai faire l'usage. Pourtant la dernière utilisation remontait à quelques nuits, à la demande même d'un jeune sorcier. Il me fallait donc véritablement tendre mon esprit vers le siens, réparer les dommages causés s'averaient une tache assez nouvelle pour moi. Répondre à l'être tout d'abord...

"Je vais tenter de soigner son esprit, sois tranquille."

Il convenait de recevoir son assertion avant de procéder à l'opération. Car Alice plongeait dans l'inconscience, mais avant par un regard mon esprit enfin pénétra le siens. Mes doutes étaient totalement détruits, il avait effectivment blessé Alice. A la place de l'amour il y-avait la haine et la défiance, je personnifiais l'ombre qu'elle haïssait et une conversation avec un certain Alban me peignait comme le pire des manipulateurs. Des modifications qui pouvaient paraitre crédible à toutes personnes exterieures à notre amour... Je devais tout réparer, comme elle avait réparée mn coeur, je devais soigner son esprit.

Mais une discipline boudée de domination rendait la tache ardue et malgré le fait que l'Archevêque et moi étions proche de génération et d'âge, je peinais à resouder les souvenirs, à éliminer les faux. Ma première tache consista à faire disparaitre le souvenir faux de la conversation avec Alban, du moins l'aspect négatif de cette dernière. Ensuite... Faire revenir les souvenirs heureux, ceux qui nous ont unis, les premiers mots de notre rencontre, la vue du haut des géants d'acier et de verre, mon serment, la montre et notre union... Autant d'image et de sentiment dont je devais rendre compte de leur existence, de toutes les émotions découlant de ces doux moments. Mais je peinais par manque d'expérience, par défaut de mon âge également. M'arreter, il fallait que je me stoppe avant de commettre une erreur regretable. La Alice, disposait des bribes de notre amour, nos moments les plus heureux, mais dont l'intensité était assez mal retranscrite, le souvenir d'une discussion avec Alban était attenué et lointain, peu crédible mais toujours vivace. C'était tout ce que je pouvais faire et mon esprit quitta le temple de ma Promise. Pour qu'enfin mon regard puisse l'admirer dans toute sa beauté, ce n'était pas suffisant et pourtant...

"Alice..."

J'effleurai doucement une mèche de ses cheveux. La haine m'avait quittée, et même s'il me fallait désormais réflechir à la suite... Plus tard... J'espérais simplement avoir un mot de sa part. Juste un mot. Je l'aimais tant.

Il comprit, et la colère grimpa en ce jeune homme. Ce n'était pas ce que je cherchais. L'énerver oui mais pas l'envoyer au combat. C'était trop tard, rien ne servait qu'il retourne à ce bar empli de personne voulant surement sa peau. Non, je voulais juste qu'il agisse, pour cette sale gosse. Il la tenait contre lui, il l'avait rattrapée avec douceur, et la tenait comme si elle était une précieuse poupée qui aurait pu se briser d'un geste. Il l'aimait et rien que ses gestes, ses expressions me faisaient dans un sens chaud au cœur. Il la protégerait, je le savais. J'étais un gardien désuet, usé par le temps et par les blessures que j'avais encaissé à la place de la jeune fille, un vieux matou mité qui ne pouvait plus la protéger du monde qui l'entourait. Juste la prévenir par instant mais encore …

"Je vais tenter de soigner son esprit, sois tranquille."

Un sourire apparut sur le visage figé, un sourire soulagé, apaisé dans un sens. Un de ses sourires qu'Alice avait eu en sa présence. Tranquille, je ne le serais jamais, pas tant qu'elle ne serait pas assez forte, pas tant qu'elle ne saurait pas toute la vérité. Pas avant qu'elle soit à nouveau ce qu'elle était avant tout ça, avant tout cet enfer …
Doucement, je fermais les yeux, je les fermais pour partir, pour laisser place à Alice, à cette gamine qui pendant un instant ouvrir les yeux à nouveau avant de les refermer, presque inerte dans les bras de celui qu'elle aimait.

Où suis-je ?
Chez toi Alice.
Chez Shiro ?
Non Alice, en toi.
Et pourquoi je suis là ? Je veux … je veux voir Alban, je veux voir Christophe … je veux … voir Shiro.
Bientôt Alice,bientôt. Reste calme …
Je veux les voir !
Ne bouge pas, tu les verras, je te le jures, reste calme …
Tu me le jures ?
…

"Alice..."

Je ne sais pas si je dormais réellement alors que soudain, j'entendais mon nom murmuré. J'étais là, mais je dormais encore. J'avais encore les yeux clos et je n'arrivais pas à les ouvrir, à ouvrir en grand les yeux, à voir cette personne … cette voix, je la connaissais bien, trop bien presque. Je la connaissais, et mon cœur battait, fort, plus fort d'un coup. Je la connaissais, c'était la sienne. En même temps que je sentais ses doigts dans mes cheveux, j'ouvris mes yeux, papillonnant presque avant de poser mon regard sur lui, sur ses yeux que j'aimais tant …

-Shiro …

Un mot, avant que mon corps se mettes en marche. Et que je ne réagisse. Mon corps se redressa d'un coup, et mes bras passèrent autour du cou de celui qui me tenait. Je le serrais contre moi, auss fort qu'il m'était possible alors que des larmes coulaient d'un coup de mes yeux. Je le sentais contre moi, je sentais le tic-tac régulier de mon cœur … précipitée, mes mains prirent son visage pour venir y déposer un baiser passionnée, empli d'amour et de douceur, de tendresse et d'ivresse, comme si ça faisait des lustres, des siècles que je ne l'avais vu, que je n'avais pu le sentir contre moi, comme si je l'avais perdu, l'instant d'avant

-Je t'aime … Shiro, je t'aime, je t'aime …

Je répétais ses mots, comme pour vouloir lui dire à quel point mon amour était profond… Mais pourtant, alors que je le serrais contre moi à nouveau, je sentais un frisson dans mon dos, comme une froideur étrange qui faisait battre aussi mon cœur, mais d'une manière que je détestais, qui me glaçait le sang.

-Shiro …

Je prenais à nouveau son visage entre mes mains, avec douceur, pour voir ses yeux, pour observer son regard si doux. Je voulais le voir, alors que je me sentais si …

-Pourquoi j'ai peur ? Je t'aime mais … je tremble quand même … pourquoi ? Je comprends pas … je suis perdue …

Qu'avais-je fait ? Par la colère j'avais signée une rupture, non ce n'était point que la colère, il y-avait l'amour. Toute une vie à courir le temps, une vie en retard et déréglé, et maintenant le temps s’arrête. Tout semblait alors possible. Sauf que bouleverser l'existence d'un ancien était vain, infaisable. Il existait derrière en mon passé des siècles de traditions et d’allégeance. J'étais la tour noire, me dévier de ma trajectoire n'était point tache aisée. Même si l'on me prenait, même si enfin on délogeait mon ombre, je demeurais emprunt à mes traditions. Un sentiment étranger à l'innocence nommée Alice. Et cela aurait dut rester.

Mon choix était celui de mourir ? Inconsciemment étais-ce le chemin que je prenais ? Tout n'était qu'hésitation et la question était à chaque fois repoussée... Par ce baiser, encore, je me laissait emporter par mes transports. J'oubliais volontiers le poids qui pesait sur mes épaules. Mais le regret rodait, l'amertume avait faim de me montrer ce que signifiait la souffrance. J'ai embrassé comme si c'était la dernière fois, j'ai aimé comme si c'était le dernier instant. Si seulement nous avions vécu en d'autres temps. Si seulement je n'avais pas été autant en retard.

J'étais tendre mais froid, étrange présence devant cette jeune fille encore incertaine de ses sentiments. Elle qui était à demi réparée, je n'étais plus qu'un demi ombre de moi même. Et mon regard emprisonné d'une nouvelle tourmente agaçait mon envie de la réconforter, de l'aimer. Après la colère, lentement naissait les implications de mon choix. Comment faire...?

Je lui pris doucement la main. Impossible de faire long, il me fallait méditer sur mon propre sort, décider si j'allais ou non tirer la lame. C'était ainsi, et j'osais espérer que le temps soignerait les conséquences de ce retard.

"Viens je te ramène chez le Veilleur, lui pourra te protéger."

Pas comme moi... Pas ainsi... Égoïstement je mettais sa vie en danger, elle avait été si proche de mourir. Nous avions failli tous les deux mourir ? Un serment de papier, je n'étais pas capable de la protéger. Pas après un serment rompu.

Je marchais silencieusement dans le noir, nous étions main dans la main. Un silence que je n'osais troubler et ma tête qui s’obscurcissait, mon esprit qui ne trouvait solution. Il trouvait évidemment un chemin, toujours le même... Trop tard... J'étais arrivé en retard.

"Nul besoin de s'aventurer trop près du domaine... Rejoins le, souviens toi Alice, je t'aime. Quoi qu'il advienne j'aurais respecté mon serment. Quoi qu'il advienne ta vie sera protégée. Maintenant va... Je t'en prie."

Un corps se fondant dans les ombre pour ne pas trop redouter les plaintes et les larmes. J'espérais tant la revoir... Mais mon jugement m'attendait.

Nous étions tous les deux seuls dans cette rue, moi accrochée à son tour, le serrant doucement contre moi. J'avais peur, je tremblais, mais je l'aimais, c'était lui, mon protecteur, celui à qui j'avais donné mon cœur. Il était là, et pourtant, je n'en avais pas l'impression. Ses baisers avaient été vrais, sa douceur aussi mais maintenant, j'avais l'impression qu'il n'était plus le même. Pourquoi ? Est-ce ma faute ? Je ne comprenais pas, pourquoi je n'étais pas moi, pourquoi je n'arrivais pas à retrouver celle que j'étais ? Je suis encore … mon esprit n'était pas encore réparé, j'avais besoin … je ne savais même pas … je n'étais pas moi-même

Il me prit la main, et doucement, je me redressais pour être à sa hauteur. Il semblait si triste. Mon autre main passa en douceur sur sa joue.

"Viens je te ramène chez le Veilleur, lui pourra te protéger."

Lui … pourquoi parlait-il de Christophe ? Pourquoi lui ? Pourquoi pas Shiro … ma main tomba de sa joue alors qu'on se mettait à marcher le long des rues de la cité des anges. Et rien n'était dit, il regardait droit devant lui alors que je serrais sa main dans la main. Je tremblais encore, de froid, de peur, de ce qu'il s'était passé ce soir. Je n'aurais jamais du quitter le refuge.

-Je … je suis désolé …

Mes mots rompaient à peine le silence, le malaise qui s'était installé, il ne bougeait pas. C'était ma faute …

-J'aurais pas du suivre le Chapelier, je suis désolée, c'est ma …

Mais il ne disait rien, son visage semblait plus sombre, comme ce jours où ce monstre était entrée dans le refuge, ou Shiro était devenu comme eux pour me protéger de lui et ses sbires. Je m'en voulais, c'était ma faute. Et lui, tout ça …
Sans bruit, les larmes coulaient de mes joues. J'avais toujours peur, mais là, cette peur changeait. Une peur plus étrange. Celle d'être abandonnée. Elle grandissait encore alors que nous approchions de cet endroit que je n'avais pas revu depuis des jours, depuis presque si longtemps. L'église, Christophe, Alban … Mais je ne voulais pas quitter Shiro. Je l'avais attendu, et maintenant …
Il s'est arrêté soudain, sans rien dire. Je me suis tournée vers lui, relevant mon regard brillant de larmes vers lui. Il allait partir, je le sentais, je le voyais. Pas ça, pas après tout ça … je ne voulais pas le perdre.

"Nul besoin de s'aventurer trop près du domaine... Rejoins le, souviens toi Alice, je t'aime. Quoi qu'il advienne j'aurais respecté mon serment. Quoi qu'il advienne ta vie sera protégée. Maintenant va... Je t'en prie."

Mes larmes redoublèrent, mes sanglots tranchèrent le silence alors que je m'accrochais à lui, le serrant contre moi. Je ne voulais pas, pas maintenant, pas après tout ça …

-Je veux pas que tu disparaisse, je veux pas … je t'aime ! Et je veux pas que tu ne revienne jamais. Shiro, pitié, reviens-moi où que tu ailles…

Mais il disparut presque aussitôt, se fondant dans les ombres alors que je tombais sur le sol, à genoux en pleurant. Je ne bougeais pas, je pleurais, je l'appelais dans la nuit, je l'appelais avant de me laisser réellement tomber sur le sol, dans l'herbe mouillée. Je n'en avais plus rien à faire, il venait de disparaître, il venait de s'enfuir loin … mon amour, celui à qui j'avais offert mon cœur. Celui-ci dans ma poitrine était brisé alors que je ne bougeais plus, les yeux clos pour ne plus rien voir. Je pleurais, je suppliais qu'il me revienne. Je suppliais Ches mais lui aussi pleurait et ne voulait rien dire. Je suppliais la lune de me le rendre, de veiller sur lui. Je ne bougeais plus, allongé en enfant sur l'herbe, pleurant encore et toujours, seule. Je n'étais pas si loin de lui mais je n'osais aller le voir, je n'osais même me relever. J'étais brisée, détruite d'avoir perdu celui que j'aimais, celui qui sûrement ne reviendrai plus. Il avait respecté son serment jusqu'à maintenant, c'était ce qu'il avait dit. Et maintenant ? Là, maintenant ?

-Je t'aime Shiro … je t'aimerai toujours … et à jamais

Il m'avait offert sa vie et son épée, moi je lui offert ma vie et mon amour … et maintenant … et maintenant ?!
Reverrais-je un jour un papillon d'ombre voler ?

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