Au cœur de l'entrepôt :
Six Nosférati s'afféraient à transporter des caisses, creuser le sol sous le dock pour déplacer les cables électriques et l'alimentation en eau de l'entrepôt.
En cinq jours le sous-sol de l'entrepôt avait parfaitement été aménagé. Un salon relativement douillé était apparu pour accueillir les clients. Des succursales avaient été creusées pour entasser les différentes ressources monnayables. Il y avait bien entendu un cachot et un tunnel secret vers les égouts afin d'accéder au nid.
Les Six soeurs et frères de clans étaient pour la plus part officiellement des Camaristes mais en tant que Nosfératu avant tout, ils aidaient à l'installation du nouveau "studio" du Fournisseur, leur frère et ami.

Ce dernier était en train de ranger des papiers dans les armoires de la salle de réception. Il avait appris par ses "petits amis" rats, milles-pattes et autres nuisibles que Mademoiselle McFlair était en route.
Elle avait trouvé les 4 et en tant que "porteur de peste*", le Fournisseur gloussait sous son masque tant il trouvait son jeu amusant.
Il avait testé son intelligence et ses capacités d'analyses. Elle avait réussi mais ses efforts pour comprendre l'énigme révélait son désir ardent de récupérer certaines fournitures "exotiques".
Il se leva.

A l'entrée de l'entrepôt :

L'entrée de l'entrepôt est une imposante porte de métal rouillé. Le quai du dock est peu éclairé et reste l'un des rares accès en voiture autorisé dans Venice car il est nécessaire que les camions chargent et déchargent les marchandises trafiquées dans le dock.
La porte est gardée par un imposant chien de garde attaché à un poteau à coté d'une chaise éternellement vide, le chien étant le réel garde de l'entrée.
Sur son aboiement selon que la personne soit attendue, la porte s'ouvre ou c'est la laisse qui "cède" et l'animal attaque.

Une fois à l'intérieur, l'entrepôt offre une idée de ce que signifie le mot "vide".
Une petite porte au fond de l'entrepôt semble être la seule issue mais elle est vraisemblablement fermée.
Du sol au plafond, il n'y a rien. Enfin presque rien, car actuellement dans l'entrepôt se trouve un homme qui fait les cents pas en grommelant et en enchaînant cigarettes sur cigarettes.

Quand il ressent l'arrivée d'un semblable et que la porte d'entrée s'ouvre, il se dirige vers elle d'un pas décidé :
Et vous sauriez pas où on peut trouver ce "Rat" qui nous fait v'nir dans un p****n d'entrepôt vide ?!

En voyant que c'est une femme, il se reprend :
Excusez-moi Madame, je me présente, Edouard Castex du Clan des Sages mais mes amis m'appellent Eddie.


* "Porteur de peste" = en grec Nosophoros alias "Nosferatu"

Le petit jeu de piste pour trouver l'endroit du rendez-vous s'était avéré plutôt amusant. Lorsque la Démone avait écouté le message laissé sur son répondeur, elle était d'abord restée très sceptique. Une énigme, qui devait finalement se transformer en chasse aux indices ? Hum... Elle avait bien reconnu là l'esprit complexe d'un Rat d’Égout. Donc elle avait joué le jeu, ayant eu un peu de mal à trouver le premier indice, mais une fois celui-ci repéré le reste avait été finalement bien plus facile, grâce à son sens de l'analyse et l'aide diurne de ses serviteurs.

Ce soir

La voilà au point de rendez-vous, à une heure finalement pas si tardive. Elle n'est pas venue seule, bien sûr accompagnée de son fidèle John, qui la suivrait en Enfer s'il le fallait. Oh, et elle a aussi dans le coffre de la voiture quelques caisses de Premium des Carpates, dont elle a mis une bouteille dans son sac à main, en guise de cadeau pour le Nosfératu.
Un entrepôt sur les docks ? Non, elle n'est guère surprise par ce choix de lieu. Après tout, tous les Rats ne traînent pas forcément dans les égouts. La grande porte rouillée n'est pas très engageante, mais Hope s'en moque. Devant ladite porte, un chien. Un molosse qui sert de chien de garde, prêt à dévorer les indésirables en leur sautant à la gorge. La Caïnite aime bien ces animaux, pour leur bestialité mais aussi pour la fidélité à toute épreuve qu'ils ont pour leur maître.
Un regard droit dans les yeux de l'animal, un aboiement de la bête, et la jeune femme comprend* qu'elle est attendue. La porte s'ouvre, lui permettant de pénétrer dans l'entrepôt.

Là, la grande pièce est totalement vide, à l'exception d'une porte au fond et d'un homme de couleur faisant les cent pas, comme agacé. En entendant la porte métallique s'ouvrir, il se précipite vers elle, la prenant sans doute pour quelqu'un d'autre, puis se tempère et se présente comme un membre du clan des Sages. Un Brujah. La Démone hoche la tête, se présentant à son tour.

"Hope McFlair, du Clan des Démons."

Un nom à consonance anglophone, mais un très subtil accent européen de l'Est. Elle indique son Clan bien que cela puisse être dérangeant pour la suite. Après tout, ce "Sage" est-il un Anarch ou un Camariste ? Elle s'en fiche. Après tout, ne sont-ils pas ici en zone neutre ?

"Pour vous répondre, je m'attendais aussi à trouver des gens ici, tout au moins notre ami commun. Visiblement nous sommes tombés sur un "Rat" qui aime se faire désirer..."

Elle même extrait un paquet de Vogue de son sac à main, en sort une fine cigarette mentholée et l'allume, tirant une bouffée qu'elle recrache en une volute de fumée blanche aromatisée.

"J'espère quand même que notre hôte ne va pas nous faire attendre toute la soirée..."

Elle n'était pas du genre impatient, mais elle avait d'autres plans pour cette nuit, ses recherches devaient avancer si elle voulait avoir des résultats à présenter à ses pairs.
Enfin, pour l'heure, elle espère surtout avoir les renseignements qu'elle est venue chercher. Après tout, elle s'est donné suffisamment de mal pour trouver cet endroit, elle espère que le jeu en vaudra la chandelle. Si le Nosfératu la satisfait, cela pourra marquer le début d'une longue coopération entre les deux Caïnites.

Spoiler:

L'entrepôt était aussi vide que l'idée de neutralité dans le monde post-inquisitorial.
L'apparition des deux sectes Camarilla et Sabbat, la mise à l'écart des clans "Aubains" préférant pactiser avec les plus riches ou les moins dangereux pour leur survie... lâcheté que cela.
Les premiers anarchistes étaient réellement neutres car ils refusaient tout alignement, toute catégorisation de leur condition. Désormais soumis à la mascarade par peur des humains, des Fléaux et autres agents camaristes ; par peur des Lupins dans les forêts ils acceptaient les Lois des villes, par peur des violences du Sabbat ils ployaient le genoux face aux Princes.
La neutralité n'avait aucun sens si l'on s'attendait à ce que par la même, la violence et la guerre s'arrêtassent aux portes de l'entrepôt.
La neutralité du lieu existait cependant en ce qu'elle se fondait sur une chose : le consumérisme effréné, le capitalisme furieux et le désir de détruire les autres.
Telle était la nature réelle des caïnites, la destruction de ceux qui ne se soumettaient pas.
Sabbat ou Camariste, tous avaient besoin des services de Giovanni vendeurs d'armes et de connaissances occultes, tous nécessitaient l'aide providentielle d'un Nosferatu capable de vous procurer l'Information avec un grand "I" sur votre pire ennemi.
Voilà la vérité du Jyhad commencé il y a 10 000 ans dans la Seconde Cité. Et selon les dires de quelques Maîtres des Secrets Nosfératu, c'était Leur Créateur qui l'avait débuté...

Infos:

Enfin donc dans cette antre de la neutralité, dans cette ambassade de la guerre future, la Démone se présentait et se dévoilait. L'homme noir sourit, gardant en tête le visage de la femme.

Soudain la porte du fond émit un grincement et s'ouvrit lentement alors que la pénombre sortait une créature répugnate. Il s'avança lentement vers eux, traînant avec difficulté une jambe tordue dans un angle inhumaine.  
Une fois à leur niveau, il courba humblement l'échine faisant couler du pu sur son imperméable de cuir grisâtre.  

- Mes hommages Madame. Monsieur.
Veuillez avoir l'amabilité de me suivre, le Fournisseur vous attends. J'espère que vous avez pris de quoi payer car je dois vous prévenir, la maison ne fait pas crédit.

Le noir fît une moue de dégoût à l'approche du Nosfératu. Sortant un mouchoir de soie pour se couvrir le nez et la bouche, il emboîta le pas de la créature chancelante en direction de la sombre porte menant au Fournisseur.

Ils furent menés en bas d'un escalier étroit et irrégulier creusé dans la pierre.
La cavité était relativement vaste, trois mètres de larges pour deux de haut. Le sol était de la pierre et de la terre où des infiltrations d'eau créaient des petites flaques d'eau croupie. A leur approche, quelques rongeurs souterrains s'enfuirent vers le fond du souterrain. L'unique lumière était un lampe entre les mains pourries du Nosfératu. Il tendit la lampe aux invités :

- Je vous laisse là pour accueillir d'éventuels autres clients. Vous trouverez à cent mètres dans cette direction, une porte métallique, on vous ouvrira.
Et ne continuez tout droit, ne prenez pas les autres intersections, vous vous perdrez dans le Sombre Domaine.

L'homme noir haussa les épaules puis avec répugnance se proposa à prendre la lampe torche.
Ils allaient enfin atteindre ce qu'ils étaient venus chercher.

Quand ils furent à une bonne distance du Nosfératu, il reprit la parole :
Je ne sais pas si vous avez l'habitude de traiter avec de tels Nosfératu, mais pour ma part ce sera la dernière fois que je m'en vais me fourrer dans ce genre de traquenard. Ces rats n'auront qu'à sortir de leur égout et venir me voir !
Non mais sérieusement, nous ne sommes pas de vulgaires paria. Votre Race comme la mienne est une race royale, noble, pas des animaux brutalisés et peureux. Ah mais c'est ce qu'ils sont sinon pourquoi n'iraient-ils pas commercer à la lueur de la lune ?..

- Mouais... De toute façon, nous sommes tous des monstres au regard du Très Haut. Certains plus que d'autres...

Soudain un coups de pied brutal et violent destiné à faire chuter la Tzimisce, le Brujah avait profité de leur solitude pour se débarrasser d'un client gênant et surtout dangereux pour la Camarilla.
A moins qu'elle ne fut assez rapide, la Tzimisce se retrouvait dans la fange et verrait un imposant rat détaler dans un interstice de la roche.
Hélas, le coups courageux du Brujah le déstabilisa et sa lampe torche tomba.
Les bruits des chutes se répercutèrent étrangement dans les galeries. Les gouttes d'eau perlant du plafond résonnaient avec plus d'intensité, des grognements semblaient provenir de partout et de nulle part. Les reflets de la lumière de la lampe sur la roche lisse et l'eau sale crée une atmosphère malsaine, chaque crochet de mur semblait être une main griffues, chaque crevasse des yeux aveugles et des bouches béantes. La lumière illuminant le sol découvrant les milliers de cafards et de milles pattes qui nageaient et grimpaient dans l'immensité caverneuses des tunnels.
Les yeux rougeoyants des rats ajoutaient une impression d'enfer nocturne.
Là dans le purgatoire des ombres, le Jyhad frappait à nouveau.

Le Brujah se releva en un instant, ses sens en éveil, apeuré, craintif, au bord du Rötschrek. Ses yeux ne perçaient que mal l'obscurité. Se savoir perdu avec un Démon au sol mît fin à sa lucidité et il tenta de fuir, espérant peut-être pouvoir donner en premier sa version des faits au Fournisseur.
Il fuit, ses jambes se déplaçant à une vitesse ahurissante. Il courut...
Mais dans le mauvais sens. Il prit sans s'en rendre compte un tunnel un peu sur la droite du chemin définit par le gardien nosfératu.

Là dans l'obscurité, l'Augure ne servait à rien, même amplifié les sens étaient troublés par les illusions sonores et visuelles des nosfératu, les chambres d'écho, les sculptures morbides et délicates dans la roche, le frémissement de milliers de nuisibles.
Jusqu'à ce qu'un cri distordu vint percer l'étrange cacophonie du tunnel. Puis le silence.

Désormais, il s'offrait plusieurs tunnels, comment savoir lequel était le bon ?
Un regard en arrière, et l'on pouvait découvrir avec surprise que sans s'en rendre compte on avait dépassé d'autres couloirs habilement dissimulés dans les ombres.
Se désorienter dans le Sombre Domaine était égal à se perdre à jamais.
A moins d'avoir une âme charitable pour vous relever et vous remettre sur la route...

Une main crochue gratta la roche si friable pour les puissants Nosfératu. L'être était habillé strictement. Il s'avança puis commença à lentement dépasser Hope.

- Par ici, Mademoiselle. Vous n'avez que trop tardé dans ces tunnels...

Il la mena jusqu'à une série de marches creusées habilement débouchant sur une porte de métal rouillée littéralement encastrée dans la pierre. - Frappez, IL vous ouvrira. Pax Noctis, mademoiselle.

Le Nosfératu disparut dans les ombres des noirs couloirs du Sombre Domaine de Los Angeles. Ses yeux vitreux posés avec jalousie sur le corps parfait de la démone et un sourire aux lèvres...

Derrière la porte, un autre sourire se dessinait...