Can you give me your hand without fear ?

Invité

Ce soir là, un arbre avait fait les frais de ma colère. Un arbre qui désormais n'est plus. Voilà comment je contenais ma bête, en détruisant ce qui se trouvait autour de moi. Les pierres, les rochers, les arbres, les bosquets. Je ne tuais jamais réellement, les arbres étaient mes seules vraies victimes et encore, je me défoulais sur des arbres morts, qui agonisaient d'être dévorés de l'intérieur.
Jamais je n'ai passé ma fureur sur une personne, un animal ou un semblable. Jamais … ma bête n'aurait pas survécu et moi non plus. Je m'énervais mais ma fureur, à part Jaime, personne ne l'avait encore vu.

J'étais revenu parmi les miens juste après ce massacre végétal et j'avais tout organisé. Trois hommes dans la zone à risque, quatre envoyés dans les autres coins et je me tenais prêt à réagir. La nuit avait été calme, personne n'était venu, pas d'autre menaces. Les nôtres s'étaient enfermés cette nuit, enterrés pour ceux qui le pouvaient. Tous étaient un peu inquiet. Et s'ils nous attaquaient durant la journée ?
Mais rien ne se passa et la nuit suivante, tout redevint normal.

Quelques jours passèrent sans incident aucun, les rondes étaient régulières, les nôtres se rassuraient. Ce n'était qu'un accident, qui se reproduira un jours mais pas maintenant. Et l'atmosphère se détendait alors que la vie revenait dans le camp. Ce soir, pour la première fois, la musique des Frères Ravnos retentit proche des petits feux de camp. Les Ravnos aimaient ses lumières, cette chaleurs même s'ils la craignaient. Jouer avec le feu … tant qu'ils ne mettent pas en danger les autres, je voulais bien leur laisser passer ça.

Mais ce soir, parmi les miens, je ne voyais pas une chevelure qui m'avait marqué. Celle de cette louve noble mais butée comme … moi dans un sens. Je l'avais sauvé de ce lupin, j'avais veillé à son chevet, lui avais donné mon sang lorsque j'ai cru la perdre. Jaime m'aurait tué s'il avait su cela, mais peu importait, je ne l'avais pas fait pour la lier à moi, uniquement pour la sauver.
Mais ce soir, alors que j'étais assis au milieu de mes frères, de mes cousin, je me décidais, me levais doucement et m'éclipsais sans dire un mot. Tous étaient là ce soir, sauf une personne. Une belle aux cheveux d'or.

Cette forêt, elle était nôtre. Notre refuge, notre havre. J'en connaissais les moindre recoins. Et je mis au final peu de temps à la trouver.
Elle s'était visiblement tenue loin des nôtres. Loin des zones surveillées. Elle semblait vouloir rester seule, pourtant je venais ce soir pour l'inviter à venir nous rejoindre. J'avais été un idiot, un imbécile. Une manière de me faire pardonner ? Peut être, je crois que je ne voulais pas me l'admettre. J'avais voulu la protéger et je lui avais fais peur. Et son regard à l'instant ou je l'eus dans les bras, je n'arrivais pas à le faire disparaître. Comme si elle avait eu peur de moi, que je la blesse …
Je m'enlevais ses idées de la tête alors que je me sentais plus proche de l'endroit où elle se trouvait. Je voulais l'inviter, même si j'aurais voulu lui demander pourquoi elle m'avait regardé ainsi. Le gardien qui faisait peur …
J'y arrivais, à cet endroit où je sentais son odeur, sa présence. Était-elle ici, proche, à m'observer en espérant me tomber dessus pour me faire payer d'avoir posé le pied dans le sanctuaire qu'elle s'était faite sur nos terres. Je restais debout, la cherchant du regard. Qu'elle apparaisse derrière moi, me posant les griffes sous la gorge, et je tenterai de ne pas réagir. Je voulais comprendre qui elle était, non pas à quel point elle pouvait détester une personne. Je restais là, au milieu de l'endroit où son odeur douce était la plus présente. Je restais debout, espérant la voir arriver. Je ne voulais crier son nom même si j'en étais tenté. Pourquoi ? Parce que je voulais pas la faire venir ainsi, je voulais lui laisser le choix. Doucement, je m'asseyais, en tailleur dans l'eau fraîche. J'avais presque envie de m'y allonger pour admirer les étoiles mais non, je l'attendais ainsi, serein. La nuit était belle, douce, fraîche, et je voulais lui proposer de nous rejoindre, d'entrer dans le cercle. Peut être aimait-elle la musique et la danse.

Les nuits sont belles, jamais une seule ne ressemble. Kehaku le lui avait appris, chaque fois que le soleil se couche, chaque fois qu'il tire sa révérence à son amante, celle-ci se montre sous un autre aspect. Belle, effrayante et attirante. C'est sous cette lumière d'argent que la louve a toujours poursuivit sa route jusqu'à ce que son chemin s'arrête ici, à la Cité des Anges. Ce territoire que se dispute deux factions différentes. On croirait un peu que c'est l'histoire de Romeo et Juliette, sans les amants. Quoi que tout était possible dans ce monde, même parmi les non-vivants, la passion faisait rage d'une manière si fulgurante qu'elle nous menait droit vers une mort certaine. La mort ultime.

Silver avait déjà entendu parler d'histoire de passion naissante sans qu'un lien ne soit en cause. Mais, c'était tabou, ce n'était pas à connaître, cela devait rester comme les vampires, une simple légende. La belle n'en avait cure des histoires Camaristes et Sabbatiques. Rien ne la touchait tant que cela ne la concernait pas directement et de sa longue éternité, la louve a su n'avoir aucun compte ni à l'un ni à l'autre. Elle voulait être libre, vivre parmi les mortels, se fondre dans la masse, s'imprégner de la nature jusqu'à son essence originelle.

Seulement voilà, il y avait un soucis. Un Gangrel lui avait donné du sang et la bête de Silver avait parlé, avait bu et s'était lié à cet être. La louve a toujours été indépendante, elle feulait pour garder ce qui lui appartenait. Louve, panthère, Silver était un animal à la fois sauvage et distingué. Esprit débordé par un amoncellement de questions, la louve perçut parmi le vent taquin quelques notes et des rires. Cela provenait plus loin dans le parc. Et qui disait musique disait forcément passion pour Silver. Demoiselle noble déchu enlacé par un Gangrel à sa demande afin devenir celle qu'elle a toujours voulu être sans se sentir enchaîné à quoi que ce soit.

Silver avait abandonné sa tenue habituelle contre une autre à la fois sauvage et distingué avec des talons pas trop haut, parfait pour la danse. Marchant tranquillement, la belle avait senti une odeur familière, une odeur de mâle, l'odeur du dominant, celui du responsable des Gangrels. Celle du louveteau qui venait la retrouver l'appelant sans émettre un quelconque son.

Calmement, d'un pas serein, la louve arriva devant le prince des loups. Il semblait avoir retrouvé la paix intérieure. C'était déjà bien, mais pourquoi s'éloigner aussi loin de chez lui ou plutôt du lieu où il avait plus l'habitude de se rendre. Qu'importe, de toute manière Silver aurait fini par le croiser à cette fête improvisée d'où la musique semblait l'appeler.

- Bonsoir prince des loups [En Espagnole]

Invité

Je ne l'attendis pas si longtemps. La nuit fut silencieuse jusqu'à ce que je sentes une présence pas loin. Elle arrivait, elle s'approchait. Je sentais son odeur tout proche. Et sûrement qu'elle devait savoir que je me trouvais proche d'ici. Nous étions deux loups expérimentés, nous savions ce genre de choses. Je restais assis dans l'eau, l'attendant. Si elle acceptait de me voir, elle viendrait juqu'à moi, sinon, elle filerai. Je connaissais cela, je savais comment les loups pouvaient réagir. Et tous deux étions anciens, comme disait mon frère aussi fiers l'un que l'autre.
Elle approchait. Je restais les yeux fermés, attendant d'entendre ses pas de plus en plus proche de moi. C'était elle, je l'aurais reconnue entre mille. Elle aurait comme une aura, si particulière. Et je la vis, quand j'ouvris les yeux, en la sentant proche de moi. Et je ne pouvais me mentir, elle était magnifique … je l'observais sans un bruit alors qu'elle me regardait elle aussi, et que doucement, quelques mots en espagnol sortirent de sa bouche. Encore mais cette fois, je les compris. D'un impulsion de la main, je me redressais, me présentant debout face à elle. J'étais toujours plus grand qu'elle et je baissais légèrement la tête pour l'observer. Silver, douce louve indomptable. Elle ne voulait pas me chasser. Les mots qu'elle avait prononcé, ce n'était pas des insultes ou des menaces, rien de toute cela. Elle me saluait.

-Bonjour Silver.

Je ne connaissais pas de surnom possible et même si j'avais envie de l'appeler Petite Louve, je ne le fis pas, de peur qu'elle le prenne mal. Je ne savais pas comment m'y prendre avec elle. C'était si … compliqué parfois. Je la regarde alors que je ne sais pas réellement quoi faire. Je suis manche, maladroit parfois, je le sais bien.

-Je voulais savoir si tu allais bien, si tu t'étais remise de tes blessures.

Elle ne semblait plus en avoir trace en tout cas, mais il était possible qu'elle ai encore quelques séquelles. Je ne savais pas, de toute façon, je ne pouvais rien faire. Elle était fière, elle voulait prouver sa force, pourtant ici, ce n'était pas nécessaire.

-Et … les nôtres, les Ravnos ont décidé de faire une fête ce soir, de fêter le calme qui est présent depuis quelques jours. Et je me suis dis que tu voudrais peut être nous rejoindre, nous et les autres, même si tu restes en retrait. Tu aimes la musique ?

Mes question étaient assez stupides dans un sens, bateau. Je me sentais un peu idiot. J'avais aidé tant de personnes, j'avais sauvé des gens, j'étais un homme d'action, de médiateur mais là … j'avais l'air un peu idiot.

La musique parvenait à la louve en un doux murmure incitant à rejoindre le lieu de la fête. Sauvage, la gangrel l'était, mais amoureuse de la danse et la musique, elle l'était bien plus encore. C'était une seconde peau qu'elle revêtait dès que le son d'un instrument s'élevait dans l'air. Parfois, il lui arrive de danser sans qu'il n'y ait de musique, il suffisait juste de la chantonner pour se mettre à bouger son corps.

Grâce à son âge, Silver s'était perfectionné dans plusieurs types de danse. C'était un art qui n'avait besoin d'aucune parole, mais aussi parce que le sang d'un danseur était un délice sans fin et qu'il pouvait changer goût selon le style de danse choisie. Classique ? Le sang était doux et aérien. Salsa ? Épicé et chaud à souhait...

Silver observa le loup en face d'elle. En lui, la jeune femme avait trouvé son égal. Il était aussi buté qu'elle. La dernière fois, qu'ils se sont vus, la louve avait voulu lui faire la morale si l'on peut dire, mais la louve avait beau parler, mais elle ne valait pas mieux niveau calme. L'instinct animal poussait au maximum se devait de s'exprimer quand quelque chose lui déplaisait fortement. Silver pouvait garder son calme, mais il ne fallait pas non plus la pousser.

-Je voulais savoir si tu allais bien, si tu t'étais remise de tes blessures.

- Mes blessures ont disparu depuis un petit moment maintenant...

L'accent chaud de la demoiselle était présent. Apaisant, chaleureux et aussi envoûtant, mais qui pouvait des interrogations naître dans l'esprit des caïnites. Pourquoi ne pas s'en être débarrassé depuis toutes ces années ? Pour Silver, c'était renié une partie d'elle, rien n'aurait pu lui donner envie de changer. Ainsi, elle se sent parfaitement bien et sur ce point, personne ne pouvait la contredire, car cela se lisait sur son visage.

-Et … les nôtres, les Ravnos ont décidé de faire une fête ce soir, de fêter le calme qui est présent depuis quelques jours. Et je me suis dis que tu voudrais peut être nous rejoindre, nous et les autres, même si tu restes en retrait. Tu aimes la musique ?

- Oui, j'entends... Je m'y rendais justement...

Silver ferma les yeux, comme si cela accentuait les notes de salsa qui lui parvenait. Les Ravnos ont toujours su faire la fête et ce n'est pas la première que la louve se laissait emporter vers eux pour connaître un moment de béatitude avec sa plus fidèle amie, la musique.

- Cela serait comme demander à un enfant s'il aime le chocolat, dit-elle en esquissant un petit sourire, la musique est une seconde nature chez moi.

Silver fit le tour de James puis d'un mouvement de tête, elle l'invita à la suivre jusqu'au lieu où se déroulait la fête. Silver constata alors que déjà les gangrel et les Ravnos s'étaient mélangés afin de danser pour oublier l'épisode du Lupin enragé qui les avait attaqué il y a quelques jours maintenant. Au moins, le groupe ne se laissait pas aller, il continuait à vivre sans être constamment sur ces gardes. Après tout, trop de prudence n'est pas toujours bon...

Silver ne passa pas inaperçu, après tout elle était nouvelle et la voir autrement que couverte de sang attirait ou plutôt attisait les regards surtout chez les gangrel qui comme les loups observaient la nouvelle femelle. Une femelle qui semblait être à leur goût. Silver sourit en voyant cela, si jeune pour la plupart, en tout cas bien plus qu'elle.

C'est alors qu'un tango s'éleva. Puissant, prenant, à la fois haine et amour. Le regarde d'ambre de la louve se fit plus vif encore que les flammes qui dansaient non loin d'eux. L'un des Ravnos s'approcha fier, impeccable sur lui, Silver perçut la démarche d'un danseur sur ce dernier. Rare était les hommes capables de tels mouvements fluides et encore moins chez un gangrel. Chez eux, c'était plus bestial. Un Toreador pourrait parfaitement l'acquérir, ce sont des roses, des artistes tout comme une ancienne connaissance de la louve.

Silver le regarda et se laissa porte en prenant sa main démarrant ainsi le tango. Personne n'aurait pu croire un seul instant que cette louve, ancienne de surcroît serait capable d'un talent pareil. De son vivant, Silver a toujours su apprécier la musique et dans sa non-vie, la louve a su apprivoiser chaque danse comme le plus sauvage des animaux. Au point même de vouloir apprendre une valse à son Sire qui était loin d'être doué sur ce point.

Ainsi donc, sans se soucier des autres regards, les deux vampires dansèrent sur une fougue embrasé de Roxanne.

Invité

Un con … de loin, c'était ce qu'on pouvait se dire de mon attitude, de mes questions … pourtant, alors qu'elle m'observait, qu'elle fixait ses yeux sur moi, je me sentais à nouveau loup, non pas gonflant ou quoi mais je reprenais confiance, le corps respirant ma nature, ce que j'étais, que je ne montrais pas toujours. Oui, j'étais loup, un loup jeune face à elle, mais qui n'avait plus à faire ses preuves. J'étais de ceux qui avaient protégé ses terres, et repoussé les lupins. Pourquoi jouait-elle à ce petit jeu …
Même si elle ne voulait se l'avouer, seule, elle était faible.

-Mes blessures ont disparu depuis un petit moment maintenant...

Non, elle ne se l'avouait pas, pas depuis ce jour où elle a manqué de mourir. Sans nous, elle ne serait plus de ce monde. Elle restait fière, et dans un sens, moi aussi. Nous étions presque aussi con l'un que l'autre. Pour un peu, j'en aurais souri. Parfois, je trouvais que ça ressemblait à ce qu'il se passait avec mon frère.

-Oui, j'entends... Je m'y rendais justement...

D'ici, on entendais à peine un murmure. Entendait-elle si clairement la musique. Je n'aurais peut être pas du venir, c'était idiot de ma part, même si dans un sens, je n'étais pas sûre de cela.

-Cela serait comme demander à un enfant s'il aime le chocolat, la musique est une seconde nature chez moi.

Et comment je pouvais le savoir. Moi même Gangrel, je n'étais pas un virtuose de la danse, préférant veiller au lieu de danser. Mais mon frère, et ses frères, ils m'ont appris, ont décidé de me mener dans le cercle pour m'apprendre. Même si je ne suis pas le meilleur des élèves, j'avais appris, à ma manière.

Elle tourna autour de moi, comme pour me faire sortir de mes pensées … son odeur était douce. Mais avant que je ne pose une question, elle me fit signe de la suivre, de venir avec elle. Je le fis, sans un mot, la guidant vers les nôtres.

Et il ne lui fallut pas longtemps, une fois arrivée, pour rejoindre le cercle. Moi, je restais en retrait, ne souhaitant pas entrer.
Je regardais simplement, je la voyais danser et je lâchais un soupir. Belle … oui elle l'était. Sublime également dans ses tours.
Je les observais de loin, depuis contre l'une des caravanes de mes frères. Je les observais … non, je l'observais elle. Ses cheveux volaient, son corps tournoyait, et je n'arrivais pas à détacher mon regard d'elle. Je ne pouvais le nier, elle ne me rendait pas indifférent. Et cela, ce tout petit détail, il n'échappa pas à l'un des louveteau que j'entrainais qui doucement, s'approcha de moi, et debout à mes côtés, se mit à parler doucement, proche de mon oreille.

-Elle est magnifique n'est-ce pas ?

-...

Même si au final, aucun son ne passa mes lèvres, j'avais manqué de dire oui. Je ne bougeais pas, ne tournais pas mes yeux vers lui, vers ce petit con qui pensait tout deviner.

-La ferme Wilf.

-Genre, tu me feras pas croire que c'est Angelo que tu regardes comme ça depuis tout à l'heure … On dirait que tu pourrais la dévorer là maintenant … et pas seulement du regard.

À cet instant, à la place de Silver, je crus voir celle de celle que j'avais perdu, celle de ma douce Violine … elle me manquait tant. Mais la chevelure doré reprit sa place, balayant cette illusion du passé.

-Ceux qui nous ont quitté, nous ne devons les oublier, mais nous ne pouvons pas vivre avec leur fantôme.

Il n'avait jamais connu l'amour et il venait me parler ainsi ? Pourtant, ses mots, je ne pouvais les nier. Il disait vrai, il y avait de la sagesse dans ses paroles, que trop souvent les jeunes loups n'ont pas.

La danse se terminait, et les partenaires se séparaient … aussi fou que ça paraisse, elle s'était arrêté de danser juste face à lui, et le frère Ravnos qui l'avait accompagné dans ses pieds lui fit le baise-main avant de rejoindre les siens.

-Va-y, tente ta chance !

-Tu rêves.

-Ose me dire que tu ne le veux pas.

Je ne pus dire cela. Y avait … elle même, je ne savais ce qu'elle ressentait. Après tout, elle avait du boire mon sang pour survivre. Comment est-ce qu'elle avait fait.

-T'as perdu, fonce …

-Sale gosse …

-Faut bien que parfois, les louveteaux éclairent les loups.

Et sans plus de révérence, il me poussa en avant. Je ne dus qu'à mes réflexes de ne pas tomber contre elle. Je me rattrapais, ma main passa autour de sa taille alors que je m'arrêtais juste face à elle, sans réellement touchée sa peau. Mon visage s'arrêta à quelques centimètres du sien, et un peu penché, mon regard dans le sien, j'eus un instant de surprise avant de lui demander à l'oreille, d'une voix chaude et murmurante :

-Encore une danse ?

C'était … presque animal ce qui se passait en moi alors que la musique s'éleva. Une musique entraînante, enflammée. La danse … je n'étais pas le plus doué des partenaires, mais la passion qui prenait mon corps était plus incroyables que je ne l'avais imaginé. Je m'approchais, la tenait, la possédait presque pour mieux la relâcher et m'éloigner d'elle. Une danse étrange que tous observaient, sans un bruit, une danse parfaite qui semblait avoir été répétée un million de fois. C'était rare. Pas de claquement de main, pas de cri. Juste la musique qui nous guidait.

À la fois, je semblais me réveiller, la tenant contre moi, dans la dernière position de cette danse, presque lutte au final. Son visage Ses lèvres si proche … je me redressais doucement, la redressant avec moi, presque avec un frisson. humain, j'aurais été essoufflé mais pas là ... non, juste étrange.
C'était elle qui avait bu mon sang mais j'avais l'impression que j'en ressentais les effets. Doucement, je me détachais d'elle alors que d'autres s'avançait pour danser à nouveau. Je ne savais combien de temps nous avions dansé mais ce qu'il venait de se passer …
Pendant un instant, pendant cette danse, j'ai cru sentir mon coeur battre

Alors que la danse venait de prendre fin et que le ravnos baisa la main de la gangrel, Silver se laissa entraîner à une seconde invitation donnée par le prince des loups en personne. Silver sourit et accepta laissant la musique posséder une nouvelle fois la bête et la vampire qui avait une passion commune pour cet art ancestral et puissant qui n'avait aucune barrière. Même si les mots de la chanson n'étaient pas prononcé dans une langue que l'on pouvait saisir et bien on pouvait aisément comprendre le sentiment que l'artiste souhaitait partager.

Silver était clairement impressionné par le talent du prince des loups. Un peu maladroit par moment, peu sûr de lui, mais il se débrouillait à merveille selon l'ancienne gangrel qui de part son âge avait su apprendre tous les secrets de la danse et ce, de tous les pays existants. La danse qu'importe d'où elle vient, méritait selon Silver d'être comprise et dansé.

Au bras de James, Silver se laissa aller à la puissance rythmique de la danse qui normalement essoufflerait un humain lambda, mais pas deux vampires qui n'avaient plus de souffle, mais de l'endurance aussi vive que les flammes du phœnix.

Combien de temps dura la danse ? Difficile à dire, Silver ne comptait pas les secondes, le temps est infini pour elle depuis bien longtemps à présent. Mais, c'était un record pour la gangrel que de rester au milieu d'une communauté aussi nombreuse que celle-ci. Elle qui a toujours vécu à l'écart du monde, dans la jungle afin de maîtriser sa bête et la moindre de ces disciplines pour ne plus jamais perdre pieds qu'importe la situation qui se présentera à elle.

La danse prit fin et les deux vampires étaient plus proches que jamais. Lèvres s'effleurant à peine, Silver se sentit étrange et ne comprenait pas pourquoi la naissance de cet émoi. Le geste salvateur du prince des loups la libéra quelque peu de cette émotion qu'elle ne comprenait absolument pas. La passion enflammée était normal chez elle, mais elle s'éteignait parfois aussi vite qu'elle était apparut et Silver ne s'en souciait plus par la suite.

Mais elle ressentait au fond de ces chairs mortes que la passion de ce feu brûlant lentement en elle ne s'éteindra pas de sitôt, mais l'inquiétude la prit et la vampire décida par tous les moyens de l'éteindre qu'importe que le temps que cela prendra. C'était une ancienne vampire et elle pouvait largement contrôler ce sentiment non ? Et puis, ce genre de chose n'a pas lieu d'être dans cette longue non-vie où il y a un début, mais la fin, elle, reste un véritable mystère. Tout dépend de la force et la volonté que l'on met pour survivre.

- C'est bien tout ça, les amis, mais la nouvelle doit y passer aussi... Elle ne passera pas à côté de notre bizutage...

Silver se retourna observant le ravnos qui venait de taper dans ces mains et prononcer ces mots autant incohérents qu'une formule algébrique. Où voulait-il en venir ? Silver réfléchissait tout en observant ce dernier l'approcher.

- Alors... voilà... Tu dois chanter une chanson devant tout le monde...

Une chanson ? Voilà qui est étrange comme bizutage, mais en même temps, ce genre de chose n'a pas besoin d'avoir une quelconque utilité. C'est pour faire son entrée dans un groupe, c'est comme passer une évaluation orale pour un étudiant.

- La musique de ton choix... Mais attention...tu dois l'inventer au fur et à mesure... Vas-y c'est à toi gangrel...

Au milieu de l'assemblée, Silver fut conduis. Tous la regardaient avec intérêt se demandant ce qu'elle allait faire. Le regard ambré se posa sur chaque être présent à la fête et se termina sur un simple coup d'oeil du prince des loups. Silver se demandait si c'était vraiment un bizutage ou bien une envie soudaine de ceux qui étaient présents ici.

L'ambre croisa l'argent de la lune qui semblait observer le spectacle avec curiosité. Silver ne su quoi chanter jusqu'à ce qu'elle la voit. L'astre d'argent dans toute sa beauté, humaine, elle avait inventé une chanson sur sa différence. Silver était née blonde à la peau claire parmi des parents à la chevelure sombre et à la peau frappée par le soleil. A cette époque, la toute jeune fille qu'elle était, se plaisait à imaginer qu'elle était la fille de la lune.

Dans le silence les entourant où seul le crépitement du feu venait troubler ce calme, la voix de la gangrel finit par interrompre le roi silencieux. La louve imposa sa voix douce, cette musique qu'elle a inventée durant tous ces moments de solitude et d'ignorance. Sa différence avait eu raison des siens et elle avait été laissée de côté tout simplement élevé par une nourrice qui avait le rôle de mère, de soeur et de confidente auprès de la naïve jeune fille qu'elle fut. Cette même enfant qui pensait que sa place était parmi les étoiles, au plus proche de la lune, à côté de sa mère. Après tout, c'est ce qu'elle avait eu, la lune est la mère des loups et la mère de tous les caïnites, car ces derniers marchent sous sa lumière protectrice.

Souvenirs s'imposant dans sa tête, la gangrel se laissa aller tandis que quelques suivaient sa chanson de leurs instruments. Ceux qui comprenaient la langue dans laquelle chantait la louve fermait les yeux, sourire léger sur les lèvres tandis que les autres l'observait en essayant de comprendre.

Ce n'était qu'une musique comme une autre pour eux, mais pas pour la louve...

Invité

Il s'était passé une chose étrange, de mystérieuse entre les deux loups qui dansaient. Il s'était passé une chose, un lien s'était créé entre tout leur tours, leur pas et leurs rapprochement. Le jeune Gangrel qui observait n'en croyait pas ses yeux, et il n'était pas le seul impressionné. Ce n'était pas uniquement la danse qui laissait bouche bée, mais la force de James, et la passion, la puissance qu'on sentait dans ses jambes, dans ses gestes. Il irradiait et s'en était si différent, presque inquiétant. Le louveteau n'avait jamais vu son mentor ainsi, et n'en revenait toujours pas. Est-ce la danse qui le faisait revivre ainsi, ou alors la femme dont il ne cessait de saisir le corps pour la faire voler.
Fascinant, ensorcelant, c'était presque ce mot que lui inspirait cette danse … les deux, ils semblaient ailleurs, déconnectés.
Mais le louveteau, il ne pouvait s'empêcher de sourire. Il savait ce qu'avait traversé son mentor, et le voir ainsi. Oui, il souriait, bêtement.
Il crut à un baiser de la part de James, et aurait aimé être dans son dos pour le pousser un peu, pour concrétiser un peu cela, faire un beau final pour la danse. Mais non, il était resté là. Pousser trop cela, c'était peut être trop.

Pourquoi je m'étais éloignée d'elle ? Pour éviter de faire quelques choses que j'aurais pu peut être regretté. Si proche d'elle, j'avais senti son souffle et la fraîcheur de sa peau. Cette sensation, je ne pouvais le nier, ce rapprochement, cet instant … je l'avais apprécié. Et c'était la peur de celui ci qui m'avait fait fuir. Des folles pensées avaient traversées mon esprit. Des folles idées avaient traversées mon esprit quand j'avais été si proche …
Et elle non plus ne semblait vouloir bouger, se séparer de cette étreinte.
Je mis fin à cela. Je m'éloignais d'elle doucement, rompis ce contact qui aurait pu être de trop.
Je m'éloignais, mais encore dans le cercles, les jeunes s'approchaient, avec l'envie de jouer dans un sens, et c'est les pitres qui lancèrent le défi. Un bizutage, il n'avait rien trouver de mieux … j'allais retrouver ma place près de la caravane. Le louveteau m'y attendais en souriant. P'tit crétin, fier de ses bêtises, idiot.
J'observais Silver alors qu'on la menait plus encore au centre du cercle. Je la voyais, juste devant le feu que les Gitans avaient voulu faire. Je l'observais alors que le silence se faisait.

Les premiers paroles s'élevèrent, et presque aussitôt, la musique, ayant compris le rythme qu'elle voulait prendre, se mit à l'accompagner. Des chœurs s'élevèrent, donnant tant de profondeur à la chanson. Je n'avais d'yeux que pour elle, pour sa silhouette que je voyais se détacher de la lueur des flammes. Elle était belle, je ne pouvais le nier, et sa chanson …
Je ne comprenais pas mot pour mot ce qu'elle disait mais le sens, la douceur, je la percevais, et je ne pouvais nier que cela me touchait.
C'était beau, de tous les voir ainsi, faisant la musique, la mélodie, les chœurs. Ce qu'elle exprimait, j'avais l'impression de le ressentir.
Alors que la chanson se finissait, je glissais quelques mots à l'oreille du louveteau avant de m’éclipser sans que personne ne s'en rende compte.
Un tonnerre d'applaudissement retentit dans la clairière à l'attention de cette personne dans le cercle. Son défi, son bizutage, elle l'avait accompli à merveille.
Des personnes s'approchèrent d'elle, pour la féliciter, lui dire combien ce chant était extraordinaire. Le louveteau se faufila parmi eux, et alla glisser quelques mots à l'oreille de la louve.

-James t'attends plus loin, sur la colline où tu étais.

Cette colline, en écoutant sa chanson, je me doutais qu'elle pourrait lui plaire. Elle était bordé d'arbre à sa base, mais sur le sommet, on était si bien pour voir la lune. Debout, j'observais la lune, et sa rondeur. Douce Lune … pourrais-tu me dire ce que je devais faire …
Je ne savais pas. J'étais perdu. Si dur de combattre. De savoir. Je l'attendais, là, maintenant.
Viendrait-elle, je l'espérais.

Je restais là, et je fermais les yeux, écoutant le vent, espérant la voir, la sentir arriver. Elle … pourquoi elle.
Mais le vent changea, je la sentis arriver. Doucement, je me retournais, et j'attendis qu'elle s'approche. Je fis quelques pas à mon tour, et alors que nous étions face à face, je pris sa main.
Au loin, les musiques recommençaient à s'élever. Je la regardais dans les yeux avant de lui proposer une nouvelle danse.

Ici, ce fut bien plus qu'en bas. Personne ne les regardait, ils étaient seuls, et pouvaient faire ce qu'il souhaitait. La danse était forte, intense, dix fois, cent fois plus puissante qu'elle ne l'avait été en bas. Rien ne les arrêtait, rien ne les retenait. Ni les gens autour, ni le feu à proximité. Ils dansaient tous deux sous la lune, loups perdus dans le monde … Mais qui se retrouvait ici, qui voulait se comprendre. Et il n'y avait que le langage du corps pour ça.
Combien de temps dura cette nouvelle danse où nous occultions tous ? Je ne sais pas. Je n'arrivais sûrement jamais à le dire.
Mais là, j'étais dans un sens épuisé. Non, ce n'était pas mon corps qui l'était, mais mon esprit. J'avais l'impression de haleter.
Elle était si proche de moi, mon front était contre le sien, et je fermais les yeux, sentant sa douceur. Je ne voulais pas la lâcher, je ne voulais la laisser fuir, de peur que tout s'évanouisse là, maintenant. Mes bras l'entourait, la gardant contre mon corps.

-Pourquoi …

Ce fut le seul mot qui traversa mes lèvres. J'étais si proche. Une brise de vent aurait pu me faire commettre l'irréparable. Et ses idées, elles bouillaient dans mon esprit, sans vouloir s'en sortir. Sans vouloir me laisser en paix. Sans me laisser un idée de répit.
Que devais-je faire, là, maintenant … Lune, aidez moi. Pour une fois, conseillez les loups plutôt que ceux qui marchaient sur vos traces. Qu'on me dise quoi faire, avant que je ne devienne malkavien, que moi même, je ne devienne fou.

N'était-ce pas absurde de laisser les pas la guider vers le prince des loups qui l'attendait à la colline où ils étaient tous deux plus tôt dans la soirée ? Silver marchait, las que son esprit se laisse posséder par tant d'interrogations. La louve regardait le chemin qui la conduisait lentement vers celui qui l'attendait, ce fil d'Ariane invisible que seule elle pouvait percevoir dans l'obscurité. La gangrel ne savait pas trop quoi penser en ce moment, ce vampire, ce grangrel, l'alpha des loups semblait s'être entiché d'elle. Silver ne connaissait que trop bien ce genre de regard et d'interrogations naissant dans les yeux.

Cependant, la louve a fait l'erreur d'aimer et de ne se donner qu'une seule fois durant sa vie humaine. L'homme qui l'avait conquise et ensuite abandonné. Elle s'en souvient encore, ce parfum, cette présence, cette puissance. Ce gadjo qui l'avait ensorcelé et délaissé. L'abandon est un crime que ne pardonnait plus Silver. La sentence que cela engendre n'est que douleur et désespoir.

Alors, quand Silver était arrivé à l'endroit où James l'attendait, l'air qui l'entourait se trouvait différent hypnotisant et quelque peu terrifiant. Car autour de lui règne une brise de renouveau que la tigresse qu'est Silver avait dû mal à accueillir. Néanmoins, la mélodie qu'elle lui apporta depuis le campement calma les battements de coeur qu'elle aurait pu avoir si elle se trouvait vivant.

La danse qui s'en suivie fut la plus.... Érotique qu'elle n'est jamais faite de sa vie en compagnie d'un partenaire. Pourtant, Silver a effectué pas mal de danse et dans tous les genres, mais celle-ci dans sa simplicité et l'échange des regards la rendait intense presque bestial par certain moment.

Le regard plongé l'un dans l'autre, Silver ne détourne pas ses yeux. Ce pourquoi qui flottait dans l'air ne trouvera de réponse d'aucun des deux parties et encore moins de Silver qui lisait dans le bleu de James qui témoignait de l'égarement et l'incompréhension des sentiments qu'il avait.

Même si le prince des loups ne laissait pas indifférente la vieille louve aux traits de félins accentuait par le lien qu'ils ont. Silver restait une panthère attachait à sa liberté et à son indépendance. Comment cela peut en être autrement lorsque l'on a vécu comme elle, loin des hommes, des vampires et surtout des gangrels. Les seules êtres humains que croisaient la jeune femme était des indigènes qui la prenaient pour une déesse, un démon blanc qui pouvait leur accorder la victoire durant les batailles.

D'un mouvement agile, Silver s'écarta de James et lui tourna le dos pour ne pas qu'il voit son émoi et ces interrogations intérieures. Trop vite, toutes ces nouvelles choses, cette nouvelle route, ce feu naissant avaient pris naissance trop tôt dans ces chairs mortes. Elle qui s'était juré de n'aimer que son sire, cette promesse se révélait alors bien difficile.

- Pourquoi quoi....

Sa voix se voulait détachée et froide au maximum, mais pourquoi cela la gênait-il de parler aussi durement à James ?

Invité

J'avais demandé à la lune conseil, et Silver est apparu.
Et la danse qui suivit … comment ne pouvais-je rien ressentir ? C'était si … mon esprit ne voulait plus réfléchir.

Pourtant, à l'instant, je ne faisais que danser. Mon esprit était ailleurs, absorbé par la danse que nous faisons. Et celle ci était si forte … j'avais l'impression que nous luttions autant que nous dansions. Mes gestes étaient puissants, la vitesse intense. Il n'y avait que nous deux, et rien d'autres.
Mais quand on s'arrêta, quand nos regards furent l'un face à l'autre, je sentis … nous étions aussi paumé l'un que l'autre. Tout deux, nous nous posions des questions. Je le voyais. En fait, c'était tellement plus que des questions.

Et ma question … elle fut de trop. Je n'aurais pas du pas poser, ce n'était pas une bonne idée. Une erreur oui. Une idiotie totale. Pourquoi … mais pourquoi avais-je posé cette question réellement ? Un imbécile. J'aimais encore … oui, j'aimais encore une disparue, quoiqu'en dise ses jeunes crétins. Alors, pourquoi cela si j'aimais …

Silver, d'un geste, s'échappa de mes bras et s'éloigne, me tournant le dos. Je referme mes mains et laisse mes bras tomber le long de mon corps dans de tourner la tête à mon tour. Un idiot …

- Pourquoi quoi....

Ce ton … je savais maintenant qu'il avait fait une erreur. Et je me sentais si …
c'était une erreur. À chaque fois que j'aimais, je condamnais cette personne à mourir. Cette jeune fille de mon village, Jaime que j'avais cru perdre, Violine … je ne voulais rallonger cette liste du nom de cette louve. À mon tour, je me tournais. Lune … elle n'aurait jamais du venir, ça aurait été mieux ainsi. Mon visage reprends cette façade dure et profonde qu'on me connaît. Ce visage sans cesse soucieux des miens, de ceux qui sont sous ma protection.

-Excuse-moi.

Ces mots, il ne sont pas dit sur un ton faible. Non, c'est une voix peut être un peu hésitante qui dit ses mots, mais malgré tout forte. Je suis un chef, je suis un gardien. Et je voulais la protéger, elle aussi, comme tous ceux qui se trouvent ici.

Je me trouve con en fait. Je l'ai fait venir mais c'est trop … trop en fait, complètement trop. Trop vite, trop tôt, ce n'est pas la meilleure des idées que j'ai pu avoir …
Quel con … je ne savais même pas quoi faire, pour elle, pour moi … non, aucune idée en fait.
Sans réfléchir, je me retourne, fais deux pas pour m'approcher d'elle, et je pose en douceur ma main sur son épaule :

-Il serait peut être mieux que nous rejoignions les autres. À moins que tu préfères que je te laisse. Que veux tu faire ?

Le lien du sang. Tout était là, son sang coule encore dans ces veines comme la lave d'un volcan qui ne fait que prendre plus de puissance quand son regard croise celui de la louve. Feu contre la glace de ces yeux à la fois mélancolique, sombre et perdu. Il est perdu, bien plus encore ou peut-être moins que la louve solitaire qu'est Silver. Cette dernière a vécu à l'écart des autres pendant trop longtemps à tel point qu'elle ignore par moment comment agir avec les autres, avec les siens surtout lorsqu'une personne la troublait.

La jungle n'apprenait pas ce genre de chose. Silver n'avait appris que la patience et le contrôle de soi pour ne plus se faire avoir par la bête qui la tiraillait et qui par un sentiment ou une émotion trop forte ressortait et lui faisait faire des choses horribles, bien plus qu'il ne serait sage de dévoiler. Il n'y avait qu'à mentionner ce village dans l'Ouest dont on ne se souvenait même plus aujourd'hui.

Alors, quand ce gangrel fait montre d'une certaine affinité et perte de contrôle de soi, pas dans le sens à vouloir la tuer, mais à la désirer. Silver l'a bien senti, l'a bien vu et pire que tout encore, contrairement à elle, il n'était pas lié par le sang suite à un échange fait, mais par son propre chef. Du coup, cette attitude déroutait grandement Silver qui ne savait pas quoi faire et encore moins agir face à cela.

Le silence. Il n'y avait rien de plus salvateur et déroutant à la fois. Silver réfléchissait à comment s'en sortir, comment parvenir à reprendre contenance. Il fallait trouver un plan le temps que ce lien durerait, la fuite n'étant pas son genre Silver n'irait donc pas dans une autre ville pour se débarrasser de ce lien qui pour le moment était bien plus que gênant !

-Il serait peut être mieux que nous rejoignions les autres. À moins que tu préfères que je te laisse. Que veux tu faire ?

La vampire se retourna et le regarda un instant comme perdu dans son regard, le temps que l'information monte à son cerveau, les minutes s'égrenaient déjà peu à peu.

- Allez-y... Partez devant je vous rejoins plus tard...

Un tour. Silver avait besoin de se promener un peu pour se remettre les idées en place. La louve tourna alors, le dos à James et se mit à avancer vers une direction au hasard. De toute manière, tous les chemins mènent à Rome dit-on, de son ouïe, Silver pourra retrouver le campement où les Ravnos et les Gangrel faisaient la fête dans une certaine insouciance.

Là-bas, plus loin à l'horizon, la louve se posa sur une pierre grande et plate regardant avec insistance la lune qui brillait au loin. Il n'y avait qu'à tendre la main pour croire qu'on pouvait l'attraper et l'enfermer dans le creux de sa main. C'est alors que perdue, la vampire se mit à hurler telle une louve, c'est ainsi que ces animaux faisaient pour partager leurs craintes, leurs peurs, leurs doutes... Les moindres sentiments ou émotions donnaient lieu à un cri qui touchait l'être de celui qui l'entendait. Et autant dire que Silver ne savait plus où elle en était... Si seulement, son sire était là... Malgré son grand âge, le vieux loup solitaire en connaissait bien plus qu'on ne pouvait le croire sur les sentiments.

Cri et larmes de sang... La louve ne sait plus quoi faire hormis se tourner vers la lune.

Invité

Le silence … il était un compagnon si proche de moi et tant haït. Il m'avait si souvent accompagné, si souvent suivi que j'avais l'impression qu'il me suivait comme mon ombre.
Inséparable ami de mélancolie, compagnon de douleur. Il était présent pour la première fois lorsque le village s'enflamma, jusque impuissant, nous regardions les flammes et les morts, les larmes baignant nos visages de jeunes hommes.
Je n'ais pas pu m'empêcher de le briser, cherchant à ne pas me rappeler, à oublier ce que le passé autrefois m'a fait endurer. Mais ses mots … ils sonnaient faux, ils étaient de gros … elle se retourna vers moi, et ses yeux, cette fois-ci, j'avais l'impression qu'elle ne me voyait même pas, comme si elle m'effaçait. Comme elle ne voulait déjà plus me voir

- Allez-y... Partez devant je vous rejoins plus tard...

Et alors, elle me tourna le dos … le message était clair, je ne pouvais rien dire de plus ou tenter de faire … sans un mot, je partis, allant pour descendre la colline et rejoindre les autres … pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser que j'étais un idiot, que j'étais le dernier des imbéciles … elle … alors que j'avançais, doucement et en même temps furieux au point de laisser la bête sortir et tout ravager. J'étais en rage, parce que je ne savais ni protéger ni aider personne, ni elle, ni les autres, ni personne.

Et soudain, j'entendis ses cris … car oui, ce n'était pas ceux d'un simple animal, j'en étais sure. C'était elle, sa voix, sa plainte, sa tristesse …
À l'instant où j'entendis son cri, la rage qui m'envahissait se déversa sur un rocher qui passait à ma portée. Mes griffes le taillaient, des éclats volaient dans tous les sens. Rien pour l'épargner. C'était ainsi que je contrôlais ma bête, par crise inoffensives sur des objets. Personne ne mourrait, et la bête se rendormait. Pourtant, cette fois ci, le rocher ne suffit pas à me calmer. Il n'en restait que du gravier que j'étais encore en colère contre moi-même, contre tout ce qui m'entourait, contre … je ne savais pas !
Mon poing s'abattit sur le sol une nouvelle fois, et le dernier éclat du rocher disparut. Je me faisais les nerfs sur lui depuis quoi … vingt, trente minutes … je n'avais pas vu le temps passé, je n'avais pas réfléchi …
Me revoir à la fête ? Sûrement pas ce soir, je n'en avais pas le courage je crois … Un idiot, c'était tout ce que j'étais … un foutu crétin
Un nouveau coup parti, mais cette fois ci dans un arbre, et une partie du tronc parti sous le choc … Je devais partir, ce soir … je n'arrivais pas à me calmer …
Sans plus aucune hésitation, je me mis à courir, et me transforma … un magnifique loup noir apparut, courant à travers les arbres pour rejoindre les plaines … courir et ne jamais s'arrêter. Si le soleil vient, je saurais quoi faire mais en attendant, courir ainsi, fuir dans un sens, c'était le seul moyen que j'arrive à me calmer.

Est-ce qu'elle te parle ? Que dit-elle à la Louve qui lui adresse sa plainte ?

Le Ravnos se tenait derrière elle. Il l'avait suivie après que son frère soit parti. Il s'était approché doucement, pour qu'elle ne l'entende pas venir, et contre le vent, pour qu'elle ne le sente pas. Elle était Gangrel, elle devait donc avoir des instincts animaux. Mais il côtoyait les Loups depuis longtemps, il connaissait leurs manies, et les meilleures manières de les contrer.

La nuit avait commencé dans la plus grande simplicité et la joie la plus innocente, si tant est que l'on puisse accorder cet adjectif à un vampire.
Jaime s'était éveillé dans les bras de Julia. La charmante barde était à lui depuis quelques nuits, et c'était bien agréable. Oh, il ne lui promettait pas l'amour éternel. Ils passaient juste un peu de bon temps ensemble. Puis elle partirait, ou il s'éloignerait. Ainsi allaient les choses.

Ils n'avaient pas désiré sortir de la caravane. Ils n'avaient pas souhaité se mêler à la fête habituelle autour du feu. Mais Jaime était curieux. Il avait entendu des clameurs enthousiastes. Une danse endiablée avait lieu, et il se contenta d'un simple coup d'oeil. Au départ. Jusqu'à voir son frère dans les bras de la Louve rencontrée quelques nuits plus tôt. Immédiatement toute joie avait quitté son visage, et il avait observé.

Personne n'avait fait attention à lui. Il n'était qu'un visage derrière une fenêtre.
Durant toute la danse, puis durant la chanson, il ne bougea pas d'un cil. Julia tenta quelques questions, mais il se mura dans un silence borné. Il observa James partir, puis la Louve le suivre. Alors seulement il quitta la caravane, par la porte de derrière, demandant à Julia de le laisser partir seul.
Il les suivit de loin. Au bas de la petite colline, il grimpa dans un arbre et regarda à distance, aidé par ses dons d'amplification des sens. Une nouvelle danse... bien différente. Il flottait dans l'air un parfum d'érotisme à couper au poignard.

* James, t'es en train de faire une belle connerie... *

A croire que les deux frères étaient si connectés que le Gangrel avait entendu la pensée du Ravnos : le couple se sépara brutalement, avant que leurs lèvres ne se soient réellement touchées. Puis le manège habituel : James se braque, prend la fuite, et part sans doute se défouler contre un arbre ou un rocher. De nombreuses sculptures parsemaient le parc, signes de la fureur du Loup. Mais le Ravnos ne voulait pas le suivre, lui. Inutile de tenter de le raisonner lorsqu'il était dans cet état.

Non, il voulait s'occuper d'elle. Jouer son rôle de grand frère qui, derrière ses tours, son humour et ses bravades, lui tenait à coeur.
Il la vit aller justement dans sa direction. Elle le dépassa sans le voir, fondu comme il était dans les branches d'un conifère. Puis il descendit de l'arbre tandis qu'un peu plus loin elle poussait son hurlement bestial, et s'approcha d'elle pour la voir le regard tourné vers la lune.
C'est alors qu'il avait élevé la voix, pour manifester sa présence.
Il n'avait rien de moqueur, pour cette fois. Au contraire, il était on ne peut plus sérieux, de visage et de ton.

Can you give me your hand without fear ?

Quand ce qui a été oublié revient à la surface, c'est dur d'y faire face ⊹

La louve ne sait plus. Elle crie à la lune, mais cette dernière demeure si calme. Elle brille simplement. Pourquoi ce silence alors qu'une de ces enfants avait besoin de sa sagesse ? La meilleure façon d'aider, c'est de parfois se taire. Cette phrase tourne en boucle dans l'esprit de l'immortel. Son sire le lui a souvent répété, mais le silence n'est pas fait pour Silver qui guette le ciel constellé pour une réponse salvatrice. Elle a mal. Son coeur mort souffre en secret de l'attention portée par le prince des loups. Elle devrait partir, tout oublier, retourner au fin fond de la jungle pour passer à autre chose. Mais la fuite ne résoudrait pas grande chose, bien qu'elle aide au début.

Elle est là, sur cette colline, seule, abandonnée lui semble-t-il. La louve ne perçoit rien que les bruits du vent et des arbres, quelques animaux passent par là, mais pour ce soir, nulle crainte à avoir. La louve ne chassera pas. Il n'y aura aucune traque. La belle restera ici, debout, droite et fière malgré le doute qui s'installe en elle, à chaque seconde, cette impression se fait plus grande. Elle n'aime pas se sentir aussi impuissante. Elle gronde de ne pas comprendre et surtout répondre à l'évidence. Quand quelque chose lui déplaît, la louve l'écrase telle une simple fourmis. Oui, mais voilà. Ce qui la dépasse est représentée par un loup de son clan. Elle ne peut pas faire ça, la louve est solitaire, parfois violente. Mais cela n'est pas toujours une réponse en soi.

Alors, Silver patiente, compte par moment les étoiles, mais toujours, il lui semble qu'une autre vient de s'allumer, ce qui signifie qu'une planète vient de mourir. N'est-ce pas comique que tout cela ? Lorsqu'une étoile brille, cela signe la fin d'une vie. Incompréhensible. Les constellations semblent régis d'une loi en tout point différente de celle des humains, mais quelque peu semblable à celle des vampires. Les caïnites ne sont plus que carcasse froide déambulant dans les rues et pourtant, ils vivent, parlent et agissent. Des étoiles bien sanglantes selon la louve.

Des pas se font entendre, qui se veulent discrètes. La louve ne se retourne pas, elle n'en a pas la force et encore moins le courage de montrer sa honte qui coule le long de ces joues. Perles carmins qui quitte l'ambre de son regard pour finir sur l'herbe fraîche de cette nuit.

Est-ce qu'elle te parle ? Que dit-elle à la Louve qui lui adresse sa plainte ?

- Il y a parfois des silences qui en apprennent plus que des leçons.

L'accent est prononcé. La louve est emplie de doute. Elle ne veut plus que cela lui arrive. Elle trouve cela si inutile et trop douloureux, même dans la mort, la déception est fulgurante, horrible même.

- Que veux-tu prince des gitans.

Elle est fière, elle reste dos tourné à lui. Aucun manque de respect, simplement une fierté mal placé. Ce serait une honte pour une louve de son âge que de montrer des larmes de sang.

La Gangrel ne se retourna pas. Elle ne montra pas même un signe de surprise en entendant la voix du Ravnos. Peut-être l'avait-elle senti arriver, malgré toutes ses précautions. Les Gangrel étaient des chasseurs nés, celle-ci était puissante, cela n'avait donc rien d'étonnant.

Mais Jaime aussi était un chasseur, à sa manière. Il sentit l'odeur du sang. Du sang de vampire. Silver n'était pourtant pas blessée, à sa connaissance...
L'aura de l'ancienne était troublée. Aurait-elle pleuré ? Le Ravnos fronça les sourcils. Il resta derrière elle, n'étant pas d'humeur à jouer avec ses émotions.

Simplement m'assurer... de tes intentions.

Il avait failli dire "que vous ne fassiez pas une connerie", mais il préférait y aller en douceur. Nul besoin d'irriter la fierté d'une Gangrel. Il ne tenait pas à ce qu'elle prenne à nouveau la fuite. Il voulait savoir ce qui se tramait, il valait donc mieux faire preuve de tact.
Il lui fallait cependant s'expliquer un peu plus.

Je vous ai vus, toi et mon frère.

Il n'ajouta rien de plus pour le moment, attendant dans un premier temps la réaction de Silver.
Il se tenait déjà prêt à entraver une éventuelle fuite.

Can you give me your hand without fear ?

Quand ce qui a été oublié revient à la surface, c'est dur d'y faire face ⊹

Simplement m'assurer... de tes intentions.

La louve ne se tourne pas. Elle n'en voit pas vraiment l'utilité. La fierté de cacher ses larmes est bien plus grande que l'envie de regarder droit dans les yeux. Mais ce dernier n'est malgré tout pas bête, il sent le sang des larmes de la louve qui se maudit d'être aussi faible face à la réminiscence de souvenirs qu'elle jugeait auparavant enterré et oublié à tout jamais. La seule fois où elle s'est laissé aller aux sentiments, l'homme est parti pour ne plus jamais revenir malgré la promesse d'un retour. Humaine, elle s'est fait tromper et dans l'immortalité, elle a préféré être une louve solitaire avec pour seul amour la lune, la nature et sa liberté. Le seul qu'elle aime assez et à qui elle fait largement confiance c'est son Sire et personne d'autre. Mais voilà ! Cette imbécile de loup ! Il a fallu qu'il croise sa route et lui fasse boire de son sang pour la maintenir en vie, pour guérir une partie des blessures à présent disparu. Silver se retrouve partagé entre colère et incompréhension. Tout est floue dans son esprit et même la sagesse de la lune ne peut l'éclaire là-dessus. Où plutôt elle s'entête à ne pas voir l'évidence.

Je vous ai vus, toi et mon frère.

- Ce n'était qu'une danse.

La voix de la gangrel est sûre, impassible peut-être une pointe froide, mais elle-même ne croit pas vraiment à ces dires. Elle connaît les sens parfois profond des danses et celle fait avec son confrère gangrel est loin d'être qu'une simple danse. Il y a eu plus, une pincée d'érotisme si l'on peut dire. Quelque chose de fort, de palpable, quelque chose qui dépasse complètement l'ancienne se trouvant ici.

Les mains de la louve viennent effacer les preuves de sa faiblesse carmin et pousse un long soupir inutile dans sa condition de non-vivante où le souffle n'est plus disparu au moment de l'éveil. Elle se retourne et regarde le ravnos. Elle envie un peu que deux frères soient réuni dans la non-vie. Étant fille unique, elle n'a pas connu le soutien que peut s'apporter des personnes du même sang.

- Sauf mon respect, votre frère sait ce qu'il fait non ? Je pense qu'il est assez grand pour savoir s'il fait une erreur ou non. Mais j'admire ce que vous faites. Je ne connais pas cela, je ne l'ai jamais connu en fait.

La louve pense, se laisse aller à des pensées sans queue ni tête pour revenir vers le gitan.

- Est-ce moi où vous êtes bien loin de m'apprécier ?

La louve ne se retournait toujours pas. Quelle fierté mal placée que celle des Gangrel ! Jaime les côtoyait depuis longtemps, et pourtant cela l'agaçait toujours. Mais si c'était là leur manière de se protéger des agressions du monde, après tout, pourquoi pas...
A chacun son mode de défense, à chacun sa carapace. Il n'allait pas le lui reprocher.

La Gangrel lui répondit. Jaime esquissa un léger sourire.
Il était Ravnos. Il était expert dans l'art du mensonge. Il était évident qu'elle se mentait à elle-même en répondant que ce n'était qu'une danse. Le ton de sa voix était sûr, mais son aura donnait une toute autre version.

Vraiment ?

Elle consentit enfin à se tourner vers lui, et il soutint son regard sans sourciller, le visage neutre. Aucune expression narquoise, aucune surprise, rien qui indiquait qu'il avait remarqué ses larmes. Il n'aurait rien gagné à se moquer d'elle. Elle était Gangrel, pour cela il la respectait. Suffisamment en tout cas pour ne pas trop jouer avec elle. James lui en aurait voulu, en plus.
Elle semblait le respecter également. L'admirer, en tout cas. L'envier, de toute évidence. Sa relation avec son frère était et serait toujours plus forte que n'importe quelle amourette. James était mort pour lui, en un sens. Leurs destins étaient à jamais liés.

La dernière phrase de Silver le surprit. Elle pensait donc qu'il ne l'appréciait pas ? C'était bien plus complexe que cela...

Je ne te connais pas. Je n'ai pas à formuler de jugement de valeur sur toi.
Je me fais du souci pour mon frère, quoi de plus naturel ?
Les vampires ne sont pas faits pour aimer. Nous ne devrions pas même exister. Les sentiments humains ne sont pas pour nous.

Il mit ses mains dans ses poches et s'avança un peu vers elle, cherchant comment expliquer les choses.

James... Il est certes âgé, mais c'est un grand sentimental. Un coeur à vif. Il a eu deux grands amours dans sa vie, mortelle et immortelle, et les deux sont mortes. Il se le reproche toujours. Je ne tiens pas à ce qu'il revive cela encore une fois.

Il prenait là beaucoup d'avance. Rien n'avait été concrétisé entre les deux loups, et la danse n'avait peut-être été qu'un moment passager d'alchimie, qui n'aurait pas de suite. Mais Jaime connaissait son frère, et voulait lui épargner un nouveau drame.

Can you give me your hand without fear ?

Feat James et Jaime Forel ⊹

L'éternelle et impassible louve. Entêté de vouloir cacher la moindre de ses faiblesses. Depuis son arrivée ici, les choses sont devenues de plus en plus incontrôlable. La rencontre avec ce Gangrel qui commence à trop hanter ses pensées. L'échange de sang n'y est pas étranger, mais il y a plus que cela. Silver refuse de le reconnaître, la louve souhaite retrouver son esprit de paix, sans doute dans son être. Le pire dans tout cela, c'est que le Ravnos, le frère de sang du prince des loups avaient remarqué cela. Mais, il avait la décence de ne pas soulever ce qu'il a aperçu. Intérieurement, la louve le remercier de ne pas se moquer de sa faiblesse et du fait qu'elle-même ne se retrouvait plus ici bas. Les douleurs liées aux émotions, elle les a balayé depuis trop longtemps. Le seul amour qu'elle a, reste dirigé envers son Sire, son père, celui qui l'a libéré de l'intense tristesse qu'a connu l'humaine qu'elle fut autrefois. Mortelle, la souffrance et l'emprisonnement n'ont été que les présents faits par son propre père. L'humaine qu'elle fut, est allé vers le déshonneur pour se libérer de l'oppression et de ces lois qu'elle a toujours trouvé stupide. Aller d'un bourreau à un autre. Très peu pour elle. Être enfermé dans un couvent pour demander le pardon, mais là-bas, la jeune femme a su trouver les réponses concernant sa vie. Elle a tout balayé, tout chassé pour vivre par elle-même. Trouvant et perdant l'amour pour ensuite trouver dans l'étreinte ce qu'elle a toujours voulu être. Le clan des Gangrel. Ce dernier lui ont offert une liberté jamais atteinte dans sa vie de mortelle.

Je ne te connais pas. Je n'ai pas à formuler de jugement de valeur sur toi.
Je me fais du souci pour mon frère, quoi de plus naturel ?
Les vampires ne sont pas faits pour aimer. Nous ne devrions pas même exister. Les sentiments humains ne sont pas pour nous.

Silver écoute le Ravnos avec un certain intérêt. Défendre son frère quoi de plus normal ? Justement, voilà une chose qui dépasse l'immortelle. Personne n'a jamais agi ainsi pour elle. Elle envie et se demande quelle émotion pouvait-on ressenti à ce propos. Intriguée et pensive, la louve penche la tête d'un côté comme pour mieux réfléchir aux mots prononcés par le vampire.

James... Il est certes âgé, mais c'est un grand sentimental. Un cœur à vif. Il a eu deux grands amours dans sa vie, mortelle et immortelle, et les deux sont mortes. Il se le reproche toujours. Je ne tiens pas à ce qu'il revive cela encore une fois.

- Je vais me répéter, mais ce n'était qu'une danse. Je n'ai vraiment pas besoin de me perdre dans des sentiments stupides comme la tendresse et l'amour. Ça ne m'a pas servi quand j'étais humaine et cela ne sera toujours pas le cas dans ma non-vie. Le seul amour que je puisse ressentir c'est envers mon Sire et mon père personne d'autre.

La louve le défi du regard de vouloir en dire plus, elle saura lui répondre si c'est le cas. Silver n'a vraiment pas envie de souffrir pour rien et désire encore moins être l'incarnation des regrets d'un vampire Gangrel aussi buté et fier qu'elle ne peut l'être. Silver n'a déjà que trop souffert aussi sur ce point. L'abandon. Elle hait ce mot plus encore que celui qui en a été le coupable. Les promesses qui ne sont qu'illusions. Ces derniers ont fini d'achever la femme déjà que trop fragile qu'elle était autrefois. Sur cette plage, après sa première rencontre avec Kehaku, la jeune femme avait voulu en finir avec sa vie qui n'avait au final aucun sens. Le Gangrel lui a donc donné une raison de vouloir mourir pour vivre une nouvelle vie qui lui sciait bien mieux.

- Je n'ai besoin de rien d'autre que ce que je n'ai déjà. Qu'en bien t'en fasse de croire ce que tu veux. Je prendrais en compte ce que tu dis, mais je nie ce que tu sembles croire à mon intention.

La louve s'approche lentement du Ravnos. Il n'y aucune mauvaise intention.

" Des sentiments stupides comme la tendresse ou l'amour "... La formule était intéressante. La vieille louve était plutôt du genre solitaire, alors ? Elle ne resterait sans doute pas longtemps ici, alors, dans ce lieu rassemblant une véritable petite communauté. Nombreux étaient les Ravnos qui passaient ici quelques nuits puis repartaient, mais plus nombreux encore étaient les Gangrel de passage. Pas du genre sédentaires. Les frères Forel étaient une exception au sein de leurs deux clans, même s'il n'était pas exclu qu'ils finissent par reprendre la route une de ces nuits.

Un mot interpella néanmoins Jaime dans les paroles de la Gangrel. Il avait été habitué depuis son étreinte à être attentif à chaque mot employé, afin de pouvoir utiliser les mots imprécis de son interlocuteur pour retourner son discours et manipuler sa pensée. Il nota donc qu'elle disait ne pas avoir "besoin" de ces sentiments. Un éclair de malice passa dans ses yeux bleus lorsqu'il répondit :

Nos besoins ne correspondent pas toujours à nos envies. Nous n'avons pas toujours envie de ce dont nous avons besoin, et rarement avons-nous besoin de ce dont nous avons envie.

Elle évoqua également l'amour qu'elle avait pour son Sire. Hum. Elle en parlait au présent, il devait donc encore être là. Si elle était âgée de plusieurs siècles, quel âge pouvait-il avoir, lui ? Le Ravnos ne prenait jamais comme une bonne nouvelle la connaissance d'un vieux vampire. Il appréciait sa propre Sire, pour tout ce qu'elle lui avait apporté. Mais il avait été éduqué avec la certitude qu'une nuit arriverait où ils devraient se détruire, pour le bien de l'humanité. Le lien qui unissait Sire et Infant était bien trop souvent trop puissant, de l'esclavagisme toléré et accepté par la majorité des vampires.

La Louve finit par lui dire qu'elle prenait en compte ses volontés. Voilà qui était rare.
Même si cela ne voulait pas dire grand chose. Au moins l'avait-elle écouté.
Silver et Jaime étaient proches l'un de l'autre à présent, à portée d'un coup de griffe ou d'un baiser. Le Ravnos ne souhaitait ni l'un ni l'autre, cependant il tenait à terminer ce qu'il avait à dire.

Je ne crois rien. J'anticipe. En tant que Gangrel, tu es la bienvenue sur ces terres, et mon clan ne tentera rien contre toi. Mais s'il arrivait que tu fasses souffrir mon frère, tu me verrais dans l'obligation de te détruire. N'y vois aucune animosité de ma part. J'énonce un simple fait.

Il avait dit cela avec nonchalance et sur un ton léger, qu'il agrémenta d'un sourire en coin, pour appuyer son propos.

Can you give me your hand without fear ?

Feat James et Jaime Forel ⊹

La louve a beau se montrer conciliante, mais elle apprécie peu le fait qu'on la prenne pour quelqu'un de dangereux. Comment pourrait-elle porter préjudice à l'un des siens d'une quelconque manière. La louve a du respect même si elle ne le démontre pas comme un autre Gangrel ou Ravnos. Le fait d'avoir vécu loin de tous, ne l'a certainement pas aidé à être sociable comme femme. Tel un animal blessé dans son honneur et sa fierté, elle pousse un bref souffle. Souffle qui pourtant, ne fait plus partie des priorités lorsqu'on a été étreint. Les vampires n'ont plus besoin de respirer ou de souffler. C'est juste une habitude qui parfois revient à la charge sans que l'on ne comprenne pourquoi. Un bruit. Une senteur attira l'attention de la Gangrel qui immédiatement se retourne. Elle se mit à grogner. Cette odeur. Elle l'a reconnu pour l'avoir sentit autrefois. Voilà une rencontre qui risque fort de lui déplaire autant que d'animer son instinct de chasseuse dans ses chairs.

L'ambre de son regard se met à luire que plus encore. Sa bête intime l'ordre de partir à la chasse immédiatement, mais la raison et la sagesse de la Grangrel pousse à la prudence. Ce parfum perçut à travers les feuillages n'est qu'une mise à en garde. Montrer que le Sabbatique l'avait à l’œil ou qu'elle soit. Silver se retourna vers le Ravnos et l'observa durant un long moment.

- Nul envie de porter préjudice à ton frère, tu n'auras donc pas besoin de me détruire Prince des Gitans. Je ne souhaite que vivre tranquillement ou du moins l'espérer parmi les miens.

La Gangrel se permit de poser la main sur l'épaule du Ravnos en toute amitié. Lui démontrant qu'elle ne porte aucunement ombrage à ces dires.

- Tout l'honneur est à toi de protéger ton frère. Je prends en compte tes paroles, mais rassure-toi. Rien de malsain ne réside en moi pour faire du mal à l'un des miens.

La vampire retira doucement sa main qui malgré sa nature et son âge restent proche de celle d'une humaine. Seul le regard de la vampire a été marqué par sa frénésie.

- Sur ces belles paroles et cette soirée agréable. Je me dois d'aller chasser. Le sang m'appelle. Mes respects Prince des Gitans.

La louve fit une brève révérence et s'éclipsa utilisant sa vitesse que tout vampire digne de son nom possède. Non seulement, elle part à la chasse, mais elle va prendre connaissance d'où conduit cette odeur familière. Ce sabbatique passera à nouveau sous ses griffes. Abomination de la nature. Ne peut-il donc pas déclarer forfait pour une fois !

La clairière où avait élu domicile les vampires est à présent plus calme que jamais. Seul réside le Ravnos désormais. Maître du lieu abandonné. Silver n'oubliera pas ces paroles, mais n'arrive pas à comprendre ce lien qui les unit. Sûrement parce que la jeune femme n'a pas de famille hormis son Sire qui se trouve bien loin d'ici, éloigné de toutes civilisations.

Spoiler: