Why should I fight ?

Pâquerette

Rendez vous demain soir au Hangar, une heure après le coucher du soleil.
Neji d'Emiya

Il était tard ou plutôt tôt quand je vis ce message alors que je parlais avec Alban. Depuis plusieurs nuits, je finissais ici. Je n'avais pas de foyer si ce n'est ici. Pour moi, Alban avait transformé la chambre, me permettant ainsi de pouvoir dormir en sécurité le jour. Je dormais dans son lit, et la nuit, je venais veiller avec lui. Il protégeait mon père, je le protégeais lui. C'était un peu compliqué, mais ça lui faisait plaisir de pouvoir discuter, de ne pas être seul.
Et moi, j'adorais Alban. Je lui avais promis que je le protégerais.
A la soirée que nous avions passé, là-bas, dans le Manoir avec le nouveau Roi, on m'avait dit que je devrais apprendre à me battre. Mes maîtres ? Deux sages. Celui dont j'oubliais toujours le nom bien que je l'ai vu plusieurs fois, et il me fallait presque quelques secondes pour à chaque fois me souvenir de son nom, et celui qui me faisait peur. Il n'était pas méchant, mais la colère en lui me fait terriblement peur. J'ai peur un jour de le voir exploser.

Mais pourtant, demain, je devais aller me battre. Pourquoi … les entraînements avaient commencé mais pour l'instant, je n'avais aucune envie de me battre, d'apprendre cela. L'augure, cela était tellement plus, avec cela, je trouvais des réponses à mes questions, pas avec des armes.
Depuis que je marchais sous la lune, je n'avais presque pas eu à me battre depuis. Cette nouvelle passa un voile sombre sur mon visage, et Alban sentait que je n'étais pas aussi joyeuse que je pouvais l'être d'ordinaire. Oui, j'étais déçue et inquiète. Je ne savais pas ce qu'il m'attendait demain …

La journée passa vite mais il m'a semblé dans mes songes voir des choses. À mon réveil, je n'en avais pourtant aucun souvenir. Ce n'était rien, juste une impression …

J'avais décidé de partir seule. Même si Alban m'avait proposé de m'emmener, je savais qu'il avait bien à faire, et devait vouloir se reposer un peu. Je m'habillais simplement, sans plus de cérémonie, vieux jean, t-shirt noir simple à large col bateau et à manche longues, débardeur violet en dessous et un gros sweat noir au dessus de tout cela. Et pour une fois, des chaussures, mes vieilles rangers noires. Une fois paré, je pris mon sac avec quelques babioles dedans, téléphones et autres petits babioles.

Seule dans les rues froide du début d'hiver, je montais dans le bus, allant pour rejoindre mon maitre qui devait m'attendre au Hangar. Ça ne faisait que deux semaines que le Roi avait dit qu'on pouvait enfin y aller. Pour l'instant, je n'étais pas encore venue une seule fois. Nous avions deux semaines pour réellement commencer à prendre nos habitudes là-bas. Une fois par semaine. J'avais osée lui demander si je pouvais juste apprendre l'augure ou l'art de se dissimuler et pour lui, ça ne lui semblait pas être dérangeant. Il semblait surtout vouloir voir ses semblables là-bas.

Doucement, j'entrais dans le Hangar. Il y avait des personnes dans le hall, qui me regardèrent avant de me laisser entrer. J'observais, sans trop savoir quoi faire. J'allais doucement vers les portes, cherchant celui qui serait mon maître ce soir. Qu'est-ce que je devrais faire …
J'entre, je traverse un premier gymnase où deux personnes sont assises sur un tatamis avant de rejoindre un autre gymnase mais celui ci est dans le noir …
Mince, mais où-est-ce que je devais aller à la fin ...

Les rapports tombaient a grande vitesse en début de nuit. Mes serveurs avaient enregistrés pas mal d'activités suspectes autant d'image qu'il convenait de décortiquer. Un travail de fourmi qui ne saurait m'incomber, moi le concepteur de cette tour. J'inventais le jeu et c'est moi même qui jouait la partie la plus exaltante. Ce soir, il n'était pas question d'alerte ou d'audience au régent. Je m'occupais d'une autre affaire, une jeune affaire. J'étais inspiré mais dérouté par cette dernière. Il était toujours difficile d'apprendre à combattre aux appelés réfractaires. Si j’écoutais les conseils de contacts sages, ceux ci me préconisaient la rigueur de ton maître/élève d'abord. Aucune émotion en un enseignement sans pitié, apprendre la nécessité de savoir combattre par la force des coups. Démontrer à quel point la violence peut être insoutenable, ainsi provoquer en l'élève un durcissement de tempérament, une férocité insoupçonnée. Il ne s'agit pas de développer une puissance mais bien faire corps avec l'animal qui rugit au cœur et l'unir avec des techniques de combat adéquat. Le clan des sages maitrisait cet apprentissage, nous le bras armé nous étions les remparts de la faiblesse de cour camariste.

Voici ce qui attendait Alice aux mains de mon frère Marc. Je gageais même qu'il pourrait aller au dela de ces préceptes. Il me venait alors l'éternel question, pourquoi cette volonté paternelle d'apprendre à sa fille l'art de se battre? Au regard de son ascendance la jeune vampire pouvait très bien se passer d'un tel enseignement. Le primogène n'avait qu'a jouer d’influence pour protéger sa fille, mais ce n'était pas dans sa nature, ce genre de passe droit. Les faits étaient la de toute façon, je devais désormais en tant qu'enseignant rendre des comptes. Cela ne me plaisait guère, car j'estimais que l'élève allait apprendre contre sa volonté. A peine l'éternité commencée et on l’embêtait déjà de ces questions...

Au dojo comme je le nommais, je m’apprêtais à accueillir mon élève. Le lieu n'avait pourtant rien d'un endroit disons spirituel, l'endroit était brutal et froid. Je disposais néanmoins d'une salle, ou j'avais commandé le dépôt d'équipement d'entrainement, de style japonais. Pour cette première séance aucune arme n'allait être nécessaire, à moins de progrès prodigieux évidemment. La salle était tapissée d'estampes japonaises, on pouvait respirer une odeur parfumée et sereine de jasmin. j'allais enseigner la quiétude de l'esprit, pour frapper il fallait être fort spirituellement. C'est dans ce lieux loin des tumultes de ceux qui se frappent que la jeune Alice allait du bout des doigts toucher la violence. Sans que celle ci n'ait le gout de violence. La découverte de ce gout finalement amère devait se faire progressivement et lentement.

J'étais habillé d'un simple kimono blanc et assis en tailleur je l'attendais. Comme j'étais persuadé qu'Alice pouvait se sentir perdue ou intimidée en ce genre de lieu, j'avais alors demandé à l'un de mes assistants à guider la jeune fille vers notre salle d'entrainement. Je l'imaginais ainsi, chétive et définitivement perdue poussée gentiment du bras de mon assistant. Elle arriva ainsi moi lui faisant face assis en tailleur, l'air serein et prêt enfin à commencer. Nul besoin d'indiquer à mon assistant de partir, celui ci s’éclipsa dès les premiers pas d'Alice dans la salle. D'un geste je l'invitais alors à s'asseoir en face de moi.

"Jeune Alice, cette nuit je vais exécuter la volonté de ton père. J'ignore encore si messire de Raynor continuera ou non le travail que je vais initier cette nuit et d'autres qui suivront. Ici tu te retrouves dans la reconstitution de ce que l'on pourrait véritablement appeler un dojo, à savoir un lieu traditionnel du Japon ou l'élève va étudier la recherche de sa voie. Je serais alors un guide ici. Je vais t'apprendre le raffinement du combat, point la bestialité. Mon enseignement t'apportera la maîtrise de ton esprit et de tes émotions, le contrôle de la rage qui dort en chaque vampire. Pour un sage ce travail sur soi est très difficile, mais je gage qu'un enfant de la lune arrive parfaitement à calmer la tempête qui se cache."

Mais avant de commencer il fallait bien entendu recueillir les impressions de la jeune fille.

"Nous débuterons le premier exercice, mais auparavant j'aimerais te demander. Comprends tu la volonté de ton père ? Souhaites tu réellement et entièrement apprendre à combattre ?"

Ma voix était posée et le regard neutre envers cette jeune fille. Professeur j'étais inflexible, Gardien je me sentais concerné par le sort d'Alice.

J'étais perdue entre les salles, les couloirs … je ne savais pas où chercher, j'allais sans savoir, complètement égarée. Où est-ce que je devais aller à la fin …
Je errais, à la recherche de Narcisse (ah, tiens, pour une fois, je m'en souvenais de son nom), je cherchais mais je finis par retomber sur une pièce où j'étais déjà passé. Mais mince, c'était un labyrinthe ici ?!
Une main se posa sur mon épaule, et je sursautais comme une folle. Me retournant brutalement, je vis qu'il était humain mais … qu'est-ce qu'il faisait là et pourquoi avait-il voulu me faire si peu...

-Maitre Emiya vous attends, veuillez me suivre.

Il … sans un mot, je le savais, le regard presque sur mes chaussures. Je le suivais deux pas derrière, sans oser m'approcher plus. Je ne voulais pas m'éloigner de lui non plus, de peur de le perdre et de me retrouver à nouveau seule et perdue ici. Où est-ce qu'il pouvait être pour que je n'ai pu le trouver avant ? Une odeur me venait au nez alors que nous avancions … une odeur forte de fleur et en même temps … ça me rappelait un peu une odeur que je sentais autrefois … dans un endroit dont je ne souhaite pour rien au monde me rappeler.
L'humain s'arrêta devant une porte qu'il ouvrit. Doucement, j'entrais, encore un peu inquiète. Les lumières étaient comme un peu diffuse, et à l'intérieur, à la différence des autres salles, il y avait des sortes de grands dessins sur les murs, d'un style étrange, que je ne connaissais pas réellement. L'odeur ici, elle était encore plus forte. Et au centre de la pièce, surtout, il était là, tout en blanc, habillé comme s'il portait un pyjama...
Il ne bougeait pas, assis face à moi, et semblait me regarder mais un peu … en fait, il ne semblait pas me voir vraiment. Mais alors que je m'approchais, je le vis me faire un signe, pour que je m’asseyais en face de lui.
Si auparavant, je l'avais trouvé gentil et réconfortant, presque rassurant, ce soir, je ne pouvais dire cela … en fait, ce soir, il me faisait presque peur …
Sans bruit, je me mis comme lui sur le sol en tailleur, en regardant un peu troublée les murs autour de moi et surtout lui.

"Jeune Alice, cette nuit je vais exécuter la volonté de ton père. J'ignore encore si messire de Raynor continuera ou non le travail que je vais initier cette nuit et d'autres qui suivront. Ici tu te retrouves dans la reconstitution de ce que l'on pourrait véritablement appeler un dojo, à savoir un lieu traditionnel du Japon ou l'élève va étudier la recherche de sa voie. Je serais alors un guide ici. Je vais t'apprendre le raffinement du combat, point la bestialité. Mon enseignement t'apportera la maîtrise de ton esprit et de tes émotions, le contrôle de la rage qui dort en chaque vampire. Pour un sage ce travail sur soi est très difficile, mais je gage qu'un enfant de la lune arrive parfaitement à calmer la tempête qui se cache."

Je ne comprenais pas tout ce qu'il me disait, et les dessins autour de nous me faisait de plus en plus peur, comme si à l'intérieur … comme si on m'observait. Pas encore apeurée, mais mal à l'aise, voilà comment j'étais. J'avais envie de partir, aussi vite que j'étais venue. Surtout que je ne le reconnaissais pas, celui qui m'avait sauvé de la plage, celui qui avait été proche de moi durant cette nuit à l'Elysium ...

"Nous débuterons le premier exercice, mais auparavant j'aimerais te demander. Comprends tu la volonté de ton père ? Souhaites tu réellement et entièrement apprendre à combattre ?"

Je ne savais quoi répondre aussi, doucement, je le regardais, ainsi que tout autour de moi, cherchant quoi faire ou dire …

-Christophe … il souhaite que j'apprenne … que je saches me défendre face à ceux qui me poursuivent mais …

Ce mais, il restait dans l'air un instant avant que je ne le conclue :

-Père m'a donné la force, et rien ne m'a touché depuis … Elles ont disparues … et je ne veux plus me battre … Père m'a donné la force … il m'a élevé …

Ma voix mourrait à moitié dans ma gorge. Je ne savais pas quoi lui dire, c'était … enfin bref, je ne rajoutais rien, ne sachant quoi rajouter en fait. Si, une question passa sur mes lèvres :

-Pourquoi tu sembles si différent … ?

Pourquoi rendre ainsi compliqué les choses. Il s’agissait d’apprentissage, une élève n’avait pas à professer ce genre de paroles. Alice était si compliquée… Sa jeunesse ne changeait rien, car elle marchait sous la protection de la lune. J’enviais presque cette absence de lucidité concernant notre monde. Cela faisait de sa personne, un être dont j’avais envie de protéger corps et esprit. Je comprenais tout désormais, je devinais pourquoi un sabbatique avait put dévier d’une route de 4 siècles. Sans en mettre les formes, la jeune fille attirait les regards, parce qu’elle représentait une forme de rédemption. Incapable sans doute d’infliger la douleur, incapable de nier le malheur devant ses yeux… Marc allait en faire une martyre et Christophe donnait sa bénédiction, quel destin peu enviable. Quel devait être mon rôle en cette pièce ?

Je comptais jouer simplement un rôle neutre de professeur. Sans enseigner la violence je voulais lui donner l’art de saisir les opportunités, la possibilité de tirer profit de son environnement. Mais tout ceci chutait alors qu’elle prononçait ses propos désarmant. Pourquoi étais-ce si difficile ?

« Alice… Comment vas-tu faire pour Marc ? »

Ces mots sonnaient triste, une mélancolie m’envahissait. Marc était insensible à la sagesse des prophètes de la lune, qu’allait-elle devenir entre ses mains puissantes et glacés ? J’imaginais la revoir en morceau, son esprit brisé comme son corps.

« C’est avant tout toi qui est différente Alice. J’avoue ne pas savoir à mon sujet… J’évite ce genre de question, ne pas être comme les autres c’est s’opposer, ce n’est pas survivre. Tu es précieuse Alice, ton regard me rappel que toute existence peut demeurer innocente. »

Sans un mouvement, je ne pouvais que parler la gorge serrée. Beaucoup de sagesse, de philosophie était passé en revue en ma tête. Je cherchais désespérément un guide, une voix, une sagesse à écouter. Comment pouvais-je aider cette jeune fille ? Car sa réponse semblait claire, elle ne souhaitait pas combattre. Elle ne comprenait pas que certains sabbatiques souhaitaient ardemment sa mort symbolique. Son vœu était de demeurer Alice…

« Dit moi ce que tu attends de moi, et je le ferais… »

Le mieux était de faire parler son cœur.

Mes mots ne semblaient pas lui aller, je le voyais sur son visage, dans son attitude, et même dans son aura.

« Alice… Comment vas-tu faire pour Marc ? »

Marc … Lui aussi devait m'enseigner, m'apprendre à devenir plus forte. Mais lui … il y avait trop de colère en lui, trop de rage. À chaque fois que je le voyais, il me faisait trembler. J'avais peur qu'il explose et que sa colère ne se déverse sur la ville, dans l'Elysium même, ce lieu pourtant protéger où malheureusement se passait tellement de choses étranges.

-J'ai le droit de choisir non ? J'ai peur de sa colère …

Et lui … il devenait triste, je le voyais, son aura, son regard surtout.

« C’est avant tout toi qui est différente Alice. J’avoue ne pas savoir à mon sujet… J’évite ce genre de question, ne pas être comme les autres c’est s’opposer, ce n’est pas survivre. Tu es précieuse Alice, ton regard me rappel que toute existence peut demeurer innocente. »

Tous me parlaient d'innocence, de douceur. Pourquoi ne voyait-il pas autre chose ? J'étais une enfant de la Lune, mais pourquoi … instinctivement, je portais ma main proche de ma gorge, de cet endroit où autrefois mon cœur battait et cette montre pendait. Pendant un instant, j'étais ailleurs, les yeux clos, le visage songeur. Je savais me battre, j'avais du l'apprendre très tôt pour survivre, face à eux, face à elles … tous avaient toujours tentés de me ramener vers la Reine mais maintenant, j'étais plus forte que jamais …
Les ombres n'osaient même plus s'en prendre à moi, car j'étais forte, et jamais réellement seule.

« Dis moi ce que tu attends de moi, et je le ferais… »

Face à lui, assise comme lui l'était, je ne savais quoi dire. En fait, j'avais l'impression qu'il était aussi perdu que moi et en fait … je ne savais pas quoi dire, pas du tout. Je l'observais, mal à l'aise, pas les larmes aux yeux mais réellement peinée malgré tout parce que n'avais pas la moindre idée en tête. J'étais venue parce qu'il l'avait demandé et que dans un sens … je lui faisais confiance, lui qui m'avait protégé plusieurs fois déjà, et tenté de m'aider …
Je relevais les yeux vers lui, et lui dit simplement :

-Montre moi qui tu es.

Il voulait m'apprendre, il voulait m'aider. Et je voulais lui faire confiance. Mais face à moi, je ne voulais pas voir un clone des autres de la Camarilla. Face à moi, souvent des personnes me montraient leur vrai visage, et j'avais envie qu'il fasse cela.

Quelle drôle de requête ? Mais devais-je être surpris d'une adepte de la lune ? Il y-avait ce regard et cette simplicité, l'association fatale qui me désarmait, qui me laissait sans voix. A peine était elle entrée que le cour s'évadait déjà, en de lointaines terres. Et moi qui me laissais prendre au jeu de cette demande incongrue, oui, j'avais envie de lui répondre. Casser le miroir de Narcisse. Si mon sire me comparait à l'amoureux du reflet il savait qui j'étais, il a toujours su quel esprit animait mon hédonisme. Que de pensée pouvaient jaillir de ce regard vers le passé, que de blessures et de guérison. Loin était le temps de la confession, nulle oreille n'avait entendue les mots que je comptais dessiner de mes lèvres. Mais le temps de la pose du tailleur était terminée et ce fut dans le bruit de la soie que je me levais, faisant désormais face à la jeunesse inquisitrice.

Cette question, c'était un appel à la confiance. Elle qui pouvait certainement voir davantage que ma posture, j'allais au péril du ridicule lui délivrer la vérité à mon compte. Debout mais peu fier, je m'exposais comme j'étais arrivé en ce Nouveau Monde, drapé de mon Japon natal, amoureux de découverte et passionné par l'inconnue. Ma voix finalement naquis, je devais lui dire, ne pas être obnubilé par mon reflet dans ses yeux. Lui dire le plus simplement possible...

"Alice si je joue au jeu des masques, je ne fais qu'illusion sur mes pensée. Je ne fais qu'adapter ma nature au péril imposé par la secte. Mon sire disait de moi que je demeurais un héros imbécile, encore trop idéaliste malgré mes dents longues. Je suis né au regard de la lune, dans la peur et la violence. Plus jamais je ne souhaite que l'on ne m'impose la colère d'autrui... La cruauté de la rue n'a rien à envier à la bestialité d'une cour. Je t'ai vu comme une soeur Alice, j'ai vu la peur du tumulte dans tes yeux. La même peur qui secouait mon coeur à l'arrivée dans ce palais. J'ai eu envie de te donner une main pour te guider. Moi qui n'ai pas tes yeux, accepte que je te donne de la force."

Au rythme de ce discours j'étais déjà agenouillée devant la jeune fille. Ma main portée vers elle, je n'attendais plus qu'un signe de sa part. Le coeur avait parlé mais qu'il était plaisant de se voir dans le reflet de ses yeux. Malgré l'idéalisme de mon esprit, je n'avais guère changé concernant mon narcissisme. Même avec Alice que j'appréciais réellement, il y-avait toujours cette pensée parasite.

Le silence avait suivi mes mots … Pas un bruit dans la salle, pas de respiration ni de cœurs battants, rien de plus …
Je ne savais quoi dire, quoi faire. Est-ce que … j'avais été trop loin ? Je me sentais si étrange, passant de son regard au sol, mal à l'aise. Me taire … je devrais peut être apprendre à le faire, et vite ! Mais j'entendis le bruit du tissu et je relevais les yeux vers lui qui désormais était debout face à moi. Je le regardais avant de baisser les yeux vers le sol, intimidée maintenant. Je le connaissais sous différents costumes mais pas celui ci, cet habit étrange …
Aussi étrange que ça puisse paraître, je n'arrivais pas à garder mes yeux au sol, et je les relevais, pour croiser à nouveau son regard

"Alice si je joue au jeu des masques, je ne fais qu'illusion sur mes pensée. Je ne fais qu'adapter ma nature au péril imposé par la secte. Mon sire disait de moi que je demeurais un héros imbécile, encore trop idéaliste malgré mes dents longues. Je suis né au regard de la lune, dans la peur et la violence. Plus jamais je ne souhaite que l'on ne m'impose la colère d'autrui... La cruauté de la rue n'a rien à envier à la bestialité d'une cour. Je t'ai vu comme une sœur Alice, j'ai vu la peur du tumulte dans tes yeux. La même peur qui secouait mon cœur à l'arrivée dans ce palais. J'ai eu envie de te donner une main pour te guider. Moi qui n'ai pas tes yeux, accepte que je te donne de la force."

Je l'écoutais, et je sentais une sorte de tristesse, de joie également m'envahir. C'était … ces mots, rien ne les masquaient, ils étaient clairs, purs. Alors qu'il parlait et s'agenouillait devant moi, je sentais les larmes me monter aux yeux. Je tentais de les réprimander, je savais leur couleur, ce qu'elle était mais je n'y arrivais pas … c'était trop …
Lorsqu'il eu fini de parler, et qu'il tendit la main vers moi, je n'ai même pas réfléchi, je n'ai fais qu'une chose, me pencher en avant et passer mes bras autour de son cou, en laissant les larmes couler le long de mon visage. Sans que je fasse attention, une de mes larme de sang tomba et fit une tache sur 'épaule de son vêtement blanc immaculé …
Un geste simple, innocent et venant du cœur, comme les mots qu'il venait de prononcer. Un geste sans masque … j'étais ainsi, une enfant dans un monde si froid et dur. Et je venais de trouver quelqu'un qui me ressemblait. Neji …

-Merci …

Je restais ainsi, le tenait contre moi sans idée étrange ou quoi … juste ça et un mot. Il n'y avait besoin de rien de plus selon moi.

Plonger dans ses yeux, regarder mon reflet, c'était me voir au siècle ou j'étais craintif et suiveur. La ou je n'avais aucun empire, la ou je n'avais aucune force. Une pauvre chose, un outil destiné à je ne sais quelle caprice. Alice avait la chance et la malchance de sa génération, de son sire. Aucune envie, moi aussi j'avais le sentiment de serrer en mes bras la suivante de la lune. Le coeur du vampire est froid, pour avancer chacun avait son astuce. Réchauffer cette glace ou continuer sur le chemin de l’indifférence. A la Camarilla derrière nos masques, les monstres aimaient combler ce vide, l'apanage des roses. Malgré nos réunions, nous étions des âmes solitaires et à mon sens. Seuls ceux qui aiment survivent. Révélation alors en cette douce étreinte, d'apprendre que Narcisse pouvait être sauvé.

Comme une soeur, comme une âme jumelle, je voulais la guider en ce monde de ténèbres. En retour je n'exigeais qu'une simple affection. Une chaleur en son regard, mon reflet aimé et épanoui. Peut-être pouvais-je être libéré de mon obsession, peut être... J'aimais ce délire autant que je le haïssais à vrai dire. L'abandonner constituait presque une forme de trahison à mon égard. Mais la seule question suite à ces divagations était de savoir comment réagir à cette gratitude. Ce "merci" m'avait chamboulé, il n'était le fruit d'aucun artifice, d'aucune spéculation, à la Camarilla ce "merci" était si rare. Je chérissais ce son, j'aimais déjà ce souvenir et j’appréciais ce simple geste affectif.

Il fallait pourtant convenir d'une suite, car rien ne demeurait éternel en ce monde. Commencer l'entrainement était une idée si lointaine à mes yeux. Alice me perdait de ses yeux, de sa franchise. Une question me brulait les lèvres... J'étais fou de ce regard et je voulais tant voir ce que le miroir pouvait voir. Ce que ma sœur pouvait voir. Alice, que pouvais tu voir à travers le miroir de Narcisse ?

Après la chaleur de ses bras, j'osais alors poser la question.

"Apprends moi Alice, apprends moi à voir comment tu vois le monde. Apprends moi à ouvrir les yeux."

Jamais ancilla n'avait osé telle supplique à une jeune nouvelle née. Je voulais voir comme elle, je voulais partager son don. Moi qui avait le sang d'un démon dans le sang, j'avais aussi besoin d'un guide.

"Si tu as peur, je serais la, si tu as besoin d'un frère je serais la. Permet moi d'ouvrir mes yeux, juste pour mieux te voir."

Il était si peu nombreux, ceux à qui j'accordais ma confiance et en même temps, aux yeux de ce nouveau monde, si nombreux. Peut être qu'un jours, cela me perdra, que c'est cela qui me tuera mais peu importait à l'instant. Ce que je voulais, c'est aimer …
Mon père, les autres … tous souhaitaient me protéger et je ne pouvais que les aimer après cela. J'étais une enfant qui cherchait l'amour qu'elle n'avait jamais eu auparavant pendant si longtemps … un père, un amant, des frères, voici ce que je trouvais ici, avec eux.

Il ne me chassait pas, il restait contre moi sans crainte, ni rejet. Il me tenait contre lui, et je n'avais aucune envie de sortir de ses bras. Sur son épaule, une tache pourpre s'étendait. Voilà fondamentalement ce qui avait changé : je devais apprendre à ne plus pleurer. Pour ne plus être trahie par cela. Mais ici, contre lui, je n'avais pas peur de le faire.
L'étreinte s'arrêta et je pus le regarder. Son regard, il avait changé mais surtout, je remarquais la tache sur son épaule

-Oh … je suis désolé …

Je me sentais encore une fois gênée mais moins. En fait, il ne semblait même pas s'en être rendue compte.

Apprends moi Alice, apprends moi à voir comment tu vois le monde. Apprends moi à ouvrir les yeux."

De voir le monde … de quoi parlait-il ? Est-ce qu'il parlait de ce que Christophe m'avait appris ? Je le regardais, doucement, l'écoutant. Je voulais bien mais j'avais un tout petit souci … je n'avais aucune idée de comment lui apprendre.

"Si tu as peur, je serais la, si tu as besoin d'un frère je serais la. Permet moi d'ouvrir mes yeux, juste pour mieux te voir."

-Je …

Pour mieux me voir ? Je ne sais pas trop ce qu'il voulait dire, réellement, et je me sentais toute bête. Je devais bien lui dire, mais comment … c'était si bête.

-J'ai envie de t'apprendre, de te montre mais … j'ai aucune idée de comment …

Au moins, je l'avais dit mais lui, est-ce qu'il saurait me l'apprendre. Encore une fois, c'était une démonstration de ma faiblesse et de mon ignorance.

-J'ai l'air idiote non ?

Évidemment j'aurais du m'attendre a ce genre de réponse. Mais que de nouvelles considérations frappèrent mon esprit. Tout d'abord il y-avait cette détresse, il y-avait cet affectif qui dominait les réponses et actes de mon élève. J'avais commis des erreurs à ce sujet, encore une fois j'avais outrepassé mon rôle. En plus de ne pas encourager ce phénomène je l'avais nourri dans cette faiblesse de posture. L'amour de mon reflet dans ses yeux ne devait aucunement m'entrainer en de pareilles dérives. Outre mon rôle, j'avais un devoir de réserve concernant l'engagement pris avec messire Christophe. Quelle disgrâce si cette faiblesse de ton venait à éclabousser mon blason à l'Elyséum. Finie mon aura parfaite, terminées mes ambitions les plus secrètes. Moi qui était à deux doigts de devenir Primogène du clan des sages, je manquais cruellement de sagesse. Un homme politique, dans sa perfection devait toujours se consacrer à son image. Manquer à cette règle, quelle faille dans mon miroir...

Ce qui ramena mon esprit à la réalité, ce fut bien sur les mots hésitants de la jeune nouveau née. Je demandais beaucoup trop à cette âme, pire, je demandais à l'élève de devenir le professeur. C'était inadmissible. J'étais honteux de mes propres mots et je comptais bien évidemment sur le silence de cet événement. Quelle bêtise...

Alors je me releva, neutre et sans mots. Portant mon regard sur le fond de la pièce, un miroir m'indiquait le sang en mes vêtements. De quoi m'arracher une mine sombre, le blanc impur était taché des pleurs affectifs... Un guerrier brujah portant le sang de l'insouciance, voila qui pouvait donner le vertige à mes considérations. Moi qui avait commencé dans les règles cet entretient je devais redresser le tir. La jeune fille possédait-elle un don de sorcellerie pour m'avoir fait ainsi tourné l'esprit ? Etais-je sous le joug d'une discipline de la lune ? Impossible d'être au point a cette question. Dans mon pardon, pour la discretion je choisis de ne pas faire étalage de ce sang. Me retournant face à l'élève, je décidais de reprendre le ton du début de notre entrevue.

"Point de reproches jeune Alice, j'ai conscience que ma demande était totalement hors de propos."

Elle était jeune, même si je la pressentais prodige à l'augure, elle n'avait absolument pas la maitrise sur ce don pour en apprendre les subtilités. Aussi je n'avais pas le temps d'attendre une décennie pour apprendre ce pouvoir. Enfin, encore une fois, qu'un professeur devienne élève, cela n'était pas possible...

"Cela serait incorrect de ma part, oubliez je vous prie mes mots... Au nom des vœux de messire Christophe et de mon rôle en tant que professeur."

La prochaine lune, j'avais alors une autre occasion s'offrant à moi. Un ami sorcier s'était libéré de sa montagne d'obligation pour quelques vacances à la cité des anges. Je comptais bien profiter de son expérience pour apprendre l'augure, lui qui était un grand spécialiste en la matière. Revenant à Alice, je me devais de lui offrir un premier exercice.

"L'objet de ce cour, c'est de vous apprendre à vous défendre. Car croyez moi, les ombres sont encore la, elles vous cherchent Alice, elles réclament surement vengeance pour leur avoir arrachés un enfant chéri, le quatrième enfant du ciel. Je vous prie de mettre ce bandeau Alice, vous ne pouvez m'apprendre à mieux voir, je peux vous apprendre user parfaitement de votre augure. Retenez toutes les informations de votre environnement. De ce sabre en bois je viendrais vous toucher, à vous d'arreter mes tentatives. Placez vous au centre, l'exercice débute, concentrez vous sur chacun de vos sens, tous sauf la vue."

J'attendais que l'élève s’exécute, comme un professeur impartial que je me devais d'être. Un professeur parfait, à l'allure si droite et sévère, magnifique... Seulement une tache sur mon épaule persistait dans mon miroir. Si je pouvais apparaitre avoir de l'inclinaison affectif pour la fille, je demeurais si imbus de moi même...

Je crois que je m'étais attendu à beaucoup de choses, de réponses, sauf à ça …
Il m'avait ouvert son cœur l'instant d'avant et aussitôt, après sa demande, son aura sembla se refermer à nouveau. Son visage … il reprit cette sévérité … ce masque qui me faisait presque peur. Et cette colère, ce sentiment si fort qui l'envahissait me faisait trembler … qu'est-ce qu'il se passait dans son esprit ? Je ne comprenais pas mais toujours à genoux, je me reculais, déjà redevenue aussi hésitante et inquiétée qu'à mon arrivée.
Et il se releva, me faisant presque sursauter. Doucement, je me levais aussi mais pour reculer d'un pas. Il me paraissait si … il venait de voir dans le miroir ce que j'avais fais sur son épaule et je baissais la tête, honteuse, presque prête à fuir. Je voulais m'excuser, mais je ne savais pas si cela suffirait. Mes joues étaient encore rosée, un voile du sang, des restes de mes larmes que j'avais versée mais si je n'avais été vampire, elles seraient rouge de honte.
Sauf que son regard revint vers moi, regard que je fuyais en baissant les yeux, regardant le sol.
Tout ce qui avait pu se passer avant, tous ses mots pourtant dit avec le cœur … Devais-je les croire ? Je ne savais plus ….

"Point de reproches jeune Alice, j'ai conscience que ma demande était totalement hors de propos."

''Jeune Alice'' … pourquoi m'appeler ainsi ? Je ne savais pas … il semblait si changer d'un coup … ce n'était plus celui qui m'avait dit être mon frère …

"Cela serait incorrect de ma part, oubliez je vous prie mes mots... Au nom des vœux de messire Christophe et de mon rôle en tant que professeur."

-Pourquoi …

Ce mot resta en suspends dans l'air, je n'osais pas finir cette phrase. Pourquoi, je voulais le demander … pourquoi il me vouvoyait maintenant … j'avais l'impression d'être une étrangère désormais pour lui.
On nous disait fou mais lui … Pourquoi d'un coup, comme ça … je ne savais l'expliquer et je doutais de comprendre. Mon cœur en était comme trompé, trahi par une promesse qu'il venait de rompre, à peine l'avait-il prononcé. Je le laissais s'approcher mais je ne le regardais toujours pas.

"L'objet de ce cour, c'est de vous apprendre à vous défendre. Car croyez moi, les ombres sont encore la, elles vous cherchent Alice, elles réclament sûrement vengeance pour leur avoir arrachés un enfant chéri, le quatrième enfant du ciel. Je vous prie de mettre ce bandeau Alice, vous ne pouvez m'apprendre à mieux voir, je peux vous apprendre user parfaitement de votre augure. Retenez toutes les informations de votre environnement. De ce sabre en bois je viendrais vous toucher, à vous d’arrêter mes tentatives. Placez vous au centre, l'exercice débute, concentrez vous sur chacun de vos sens, tous sauf la vue."

Sans un mot, je pris le bandeau et doucement, avec cette attitude toujours aussi craintive, presque faible, j'allais vers le centre, les yeux baissés. Je voulais les laisser ainsi parce que je me sentait capable à nouveau de pleurer.
J'avais peur mais il n'était pas là, le Neji qui m'avait dit cela? Au centre, je relevais au final les yeux vers lui, l'observant un instant, tentant de revoir dans ses yeux celui qu'il avait été l'instant d'avant avant de mettre ce bandeau sur mes yeux. J'avais envie de me recroqueviller dans un coin pour limite pleurer mais je tentais de paraître forte, juste un instant.
À mon tour, je mettais un masque … moi qui tentait de les retirer à ceux que j'appréciais, j'en revêtais un pour la première fois, un masque craquelé et à peine crédible mais d'un coup, ça me frappait …
De mes yeux encore humide mais pas en pleur, deux ombres pourpres naissent sur le bandeau alors que je relève le visage, ne voyant rien mais sachant plus ou moins ou il se trouvait.

Il m'avait dit qu'il voulait me donner sa force, mais pouvais-je l'accepter, et en être digne ?

En un siècle, on ne pouvait plus se permettre de demeurer dans le sentimentalisme constant. Nous étions des marcheurs en une nuit noire, des profanateurs de la vie, des monstres politiques. Ce que le tisserand crée, nous sommes les vers qui rongent ces guenilles. Plutôt sombre comme pensée, un contraste qui jurait avec mes précédentes inclinaisons. Si j'aime me voir attendrissant, je préfère m'admirer comme le modèle parfait de notre espèce. Et je la voyais, arborant encore l'attitude de la jeunesse dans l'incompréhension. Si j'étais maître d'arme, Alice devait apprendre la rugosité de nos us et coutumes. Un autre maître en somme, un professeur de science politique serait tout indiqué.

Ce soir je m'en tiendrais à cet unique exercice, ne voulant point précipiter les choses avec une élève si réticente à l'appel des armes. Si je voulais devenir un modèle, il me fallait inspirer le respect en tant que professeur. Je m'étais promis à demeurer juste et distant aux séances... Quand aux reste de mes nuits, à vrai dire un visage me hantait constamment. La belle Eléanore m'appelait... Cette plante inconnue, ce spectre de romantisme m'exhortait à commettre le premier pas. Bientôt j'allais faire cela, au diable les autres affaires. Cela constituait le point d'ombre de mon agenda. A penser à cette personne, me voila distrait dans l'exercice.

Alice était prête, j'aimais cet élan de détermination timide. Avais-je réussi à lui donner envie de réussir ? C'était parfait à mon sens. Je m'élançais donc et sans surprise mon premier coup fut stoppé, timidement mais surement. Les prochains n'eurent droit à aucun traitement de faveur, l'élève disposait de bonnes dispositions à cette discipline.

La suite se corsait, j'augmentais doucement la difficulté. Au début sans prendre de soin à la discrétion, je laissais entrevoir les sons de mes pas, le mouvement de la lame, le frôlement de mes vêtements. Lentement, je parvenais à forcer ma discrétion, étant plus habile et efficace dans mes touches. Jusqu’à ponctuer mes pas de quelques gouttes de mon sang, usant alors de célérité je voulais surprendre les sens d'Alice. Savoir si oui ou non, dans cette situation la jeune fille pouvait arreter les touches. Établir enfin une évaluation, voir quelle était sa limite.

Je ne voyais plus et malgré mes yeux ouverts sous ce bandeau de tissu, il n'y avait que le noir. Sans m'en rendre compte, mon corps tremblait très légèrement, réellement peu mais c'était le cas … comme avant …
J'avais peur … la nuit me rassurait mais le noir, le noir complet me faisait peur. Ça me rappelait avant, dans les Enfers blancs …
Il bougeait autour de moi et j'essayais de le repérer, de savoir ou il se trouvait. J'aimais pas cet exercice … je n'aimais pas me battre tout court. Ça me rappelait tout … avant et c'était pour moi … presque trop …

Un geste, un souffle, je tremble mais j'arrive à arrêter le coup qu'il m'avait porté. Il était doux, sûrement pour le premier coup mais je me sentais mal …

Y avait trop de chose qui me revenait là, des souvenirs, des peurs, j'essayais d'esquiver les coups mais j'avais comme des flashs, des retours en arrière, des absences. J'arrivais à les esquiver, jusqu'à un coup bien plus fort que les autres qui me surprit au point de me faire tomber en arrière … et d'un coup, ce choc me fit l'effet d'un électro-choc et d'un coup, mon cri de surpris se transforma en cri de peur, de terreur même.
Un flot d'images, une marée de souvenir me revenait, envahissait mon esprit, les coups, les moments à l'Enfer blanc, les traques, les fuites, tout ça. J'étais tremblante, recroquevillée, le visage contre mes jambes repliées contre moi-même. Je tremblais, déconnectée, complètement pétrifiée, le regard presque vide. J'étais perdue …

Je ne voyais plus rien autour de moi, ni n'entendait quoique ce soit. Il m'appelait ? À cet instant, je l'avais totalement oublié. J'étais aux prises de mon passé, de toute cette violence, de tout ce sang, de toute cette douleur. Et le feu … j'étais si tétanisée alors que les larmes coulaient de mes yeux, rougissant le bandeau qui se trouvait sur mes yeux …
Jamais réellement ce monde, ce passé ne m'avait quitté …

J'avais l'espoir d'avoir réparé mon erreur. Mais au gout amère de ce constat, c'était tout le contraire, à vouloir créer une force j'avais accentué la fragilité. Mon élève comptait beaucoup trop sur les autres pour survivre, mais ce qu'elle devait comprendre était pourtant bien simple. Le vampire est une créature solitaire et soumise à des pulsions animales. J'avais beau jouer le sage de ma poésie nipponne, j'avais beau commettre l'erreur d'idéaliser une forme de société. Je demeurais une créature qui avait parfois si soif qu'il me prenait alors la tentation de boire à la source. Sans aucun ménagement par juste gourmandise, de nombreuses fois il m'arrivait de prendre la vie.

Christophe n'avait pas vraiment appris cela à Alice. Il laissait alors le temps en professeur, quelle négligence de sa part. J'étais sans doute dans l'erreur, comment penser avec logique lorsque le sujet portait sur des Malkaviens. Je ne devais avoir aucune audace à vouloir éduquer Alice en ce genre. Cela n'était pas mon rôle. Mais quel sentiment de désarmé à la vue de ce petit être fragile, courbé et en sanglot. Cette faiblesse à défaut de m'ennuyer me transportait d'une certaine colère. Elle ne voulait pas apprendre et il y-avait encore tant de sentiments en ce coeur. Parfois des êtres supportaient mal leurs nouvelles conditions vampiriques, j'avais alors l'impression d'avoir à faire à ce genre de cas.

En d'autre événement, j'aurais pu être touché par tant de faiblesse. Mais elle me faisait peur au final, au dela d'une contrariété certaine je ressentais le besoin de fuir une telle détresse. A genoux et en pleurs, je n'avais jamais été doué pour les consolations et ce n'était pas mon rôle. Mal à l'aise au final devant ce spectacle. Je me dirigeais vers la porte... Au début avec la volonté de partir sans mot, il m'avait semblé pourtant opportun à mi chemin d'adresser quelques politesses.

"Le cour est fini Alice tu peux retirer le bandeau et tenter d'oublier. Je me retire de ton éducation, tu n'as pas l'esprit assez fort pour cela. Apprend à devenir ce que tu es déjà..."

Je m'imaginais alors transpercer Alice de mon katana, lui faire perdre beaucoup de sang. Dans l'objectif de lui faire atteindre la frénésie, qu'elle puisse gouter pour la première fois à la beauté de sa nature. J'entrevoyais cette scène ou je lui imposerais de boire jusqu'à la dernière goutte un sacrifice mortel. Tuant ainsi son premier homme, goutant à la réalité du chasseur non de la proie. Alice survivait en éternel proie... Mais il ne m'appartenait pas de lui apprendre cela...

Dans la cacophonie des larmes, je préférai alors m'éclipser, si indisposé par la vision de mon échec. J'avais échoué... J'avais besoin de réfléchir aussi certainement, en célérité je ne laissa aucune chance à Alice de me retrouver. Je n'avais pas la force au coeur de supporter tout cela.

[Merci pour le rp et dsl peut être pour cette fin.^^ Mais j'essaye orienter Neji d'une autre manière que mon ancien perso.]

Une demi-heure.
L'entraînement avait débuté depuis une demi-heure lorsque Christophe s'éveilla de son sommeil diurne. Usé par le temps, rongé par la Bête, il s'éveillait bien plus tard que sa fille. Alban était à son chevet, l'informa d'où était Alice.
Si tôt ? Cela lui était sorti de l'esprit. Pourquoi ne l'avait-elle pas attendu ? Il voulait voir cet entraînement !

Une heure.
Un dimanche soir, le vieux moine ne pouvait sortir de son caveau sans une longue prière au Seigneur. Une tradition chrétienne qu'il avait conservé. Il n'assistait plus aux messes humaines depuis des décennies, et n'en éprouvait nul besoin. L'on n'a pas besoin d'intermédiaire, lorsque l'on est un Élu de Dieu...
La prière silencieuse s'acheva par un acte de contrition. Il serra un cilice de métal acéré contre sa cuisse, puis reçut la bénédiction d'Alban, en temps que prêtre.

Deux heures.
L'Ancien avait dû se nourrir. La chasse du dimanche était une traque divine. Il ne pouvait se repaître du sang des innocents.
Débusquer un criminel prenait du temps. Dissimuler le corps sans vie d'une injure au Seigneur également.
Le Malkavian retourna dans sa crypte. Alban l'y attendait, plongé dans la lecture des saintes écritures.

Alice ?
- Elle n'est pas encore rentrée, Monseigneur.

Deux heures et demi.
Aucune nouvelle.
Trop long. Que faisait-elle ?
Christophe somma Alban de la contacter. Il lui avait fourni un téléphone portable qu'elle devait toujours avoir sur elle. Elle ne répondit pas.
La patience de l'Ancien atteignait ses limites. Alban tenta bien de le retenir. Vaine folie. La seule raison qui retint Christophe de l'envoyer valser contre le mur était qu'il avait besoin de lui comme chauffeur : le hangar d'entraînement était bien loin d'Hollywood.

Trois heures.
Une tornade pénétra dans le hangar d'entraînement. Une tornade en robe de bure noire, épée à la ceinture.
Un jeune Brujah, qui discutait à l'entrée avec un serviteur, vit l'Ancien et eut la mauvaise idée de l'approcher.

Oh, Messire Christophe ! Quelle belle surprise ! Je ne pensais pas que...

L'idiot ne termina pas sa phrase. Ses pieds se soulevèrent du sol et sa voix s'étrangla tandis que le Malkavian le prenait à la gorge.
Son habituel murmure était grondant, comme le roulement du tonnerre avant que s'abatte la foudre.

Notre fille.
Hu... Je... crois qu'elle est... dargh... dans le dojo...
Conduis-nous.

Le jeune Brujah se précipita dans un dédale de couloir, pour finalement arriver devant la porte de la salle, où il marqua un arrêt net. La porte était ouverte, et laissait voir une Alice prostrée au sol, tremblante, couverte de sang, un bandeau sur les yeux.
Sachant pertinemment que c'était souvent le messager qui prenait, le Brujah se mit à trembler et articula avec peine un couinant :

Vous... Vous...
Laisse-nous.

Inutile de dire qu'il ne se fit pas prier pour déguerpir le plus vite possible, puisant dans son sang pour s'éloigner rapidement.
Le Malkavian entra dans la salle, puis referma la porte. Son visage était resté impassible, ses gestes n'avaient rien eu de précipité.
Mais dès que la porte fut fermée, il courut auprès de sa fille, lui retira d'un mouvement son bandeau, et lui plaqua ses mains froides et blanches sur les tempes, la forçant à tourner son visage ensanglanté vers lui.
Sa voix gronda. La foudre était prête à tomber.

Que... s'est-il... passé ?

Le noir, le feu, les cris, les pleurs …
Je ne bougeais plus, au milieu de la salle, seule maintenant, abandonné par celui qui l'instant d'avant me promettait de me donner sa force, de me guider, d'être mon frère, d'être là si j'ai peur …
J'étais terrifiée et seule … j'avais besoin d'un frère, et il s'était retiré, courant même pour ne pas rester là, pour ne plus être là. Il m'avait menti, et en à peine quelques instants … les paroles n'étaient que du vent, tout n'était que du vent, toujours et à jamais …

Il voulait que je lui ouvre les yeux, pour mieux me voir, et m'abandonnais quans j'étais moi … quand j'étais si … tout, tout avait fichu le camp …
Personne … personne pour m'aider, ni Lucien, ni Shiro, ni Alban, ni Daniel … seule face à mes démons, face à mes cauchemards, face à tout ce qui me faisait si peur, si mal, ce qui m'avait toujours blessée toutes ses années …
Elle était si proche. J'étais quoi ? Une sorte de petit bouchée à sa portée, une gâterie presque offerte à elle, une pauvre marionnette qu'elle n'avait plus qu'à saisir, une marionnette abandonnée par ceux qui lui avaient promis de la protéger … Neji … menteur …. tous …

-Je te l'ai dis mon enfant … tu es à moi, et à personne d'autre …

Je ne répondais même plus. Elle avait raison … j'étais … sienne … j'étais peut être faite pour devenir sa fille, et pas celle de Christophe …
Christophe … son nom résonnait dans mon cœur … il avait toujours eu raison, toujours. Mais avais-je cette force pour vivre …

« ... Tu n'as pas l'esprit assez fort pour cela … »
[i]
Pas fort, pas assez forte … j'allais entendu sans réellement le comprendre. Les mots étaient passés au travers de moi, ne me touchant même pas, pas un instant sauf que maintenant, ils me revenaient, coup de poignard dans le ventre, dans le cœur, dans cet organe éteint dans ma poitrine …
J'étais si faible, fatiguée … je crois que .. je n'avais plus envie de lutter …
Emmène moi, enfin, que ça s'arrête, que je ne souffre plus. Je n'avais plus de cœur depuis des nuits mais je n'avais jamais autant souffert …
La peur, le sang et les larmes … Le cœur en morceau, pitié, que cela cesse...

Je n'avais rien entendu de plus, pensant presque ne plus déjà être de ce monde. La reine … elle s'incinuait en moi, m'arrachant les moindres parcelles de vie, de non vie ou de souffle. Le morceau de tissu toujours sur les yeux, je ne voyais rien, plongée dans le noir, le visage couvert de traces de sang séché, coulant dans mon cou, couvrant mes mains et mes vêtements … le sang, le sang coulant presque toujours, comme un fleuve sans fin …
Je ne l'entendis pas entrer, ni les paroles appeurés de l'autre. Je ne l'entendis pas refermer la porte, ou courir jusqu'à moi …
Mais ce geste …. le bandeau me fut arrachée d'un coup des yeux et la lumière me vient, comme une sorte d'explosion, m'arrachant un cri à moi et à la Reine qui disparut, brulée par la lumière de la pièce et celle qui émanait de Lui …
Mon père ?
Mon visage collant de sang fut pris en étau dans ses mains si fraiche alors qu'il me relevait le visage vers lui, vers sa peau et ses yeux si clairs, si beau mais en même temps si sombre de colère …

Que... s'est-il... passé ?

Je ne savais même pas … je le fixais alors que le sang coulait toujours le long de mes joues, peine de cœur et de tout, de ce que je venais de comprendre … je mourrais, bientôt, j'en étais sure, j'avais même cru le voir. Peut être bien de la main de celui qui devait m'aider, un sabre en travers de mon cœur, lui qui voulait être mon frère, qui me disait qu'il serait là … serait-ce lui qui me donnera cette paix que j'avais presque espérée là ?

-Je ne … suis pas … assez forte Père …

Pas assez, j'étais un danger … pour tous, pour lui, pour Shiro, pour Lucien, pour Daniel … Tous …

-Je veux pas … je suis … perdue …

Tout ce sang...
L'odeur était enivrante. Heureusement pour elle, la Bête du Malkavian était rassasiée. Il avait bien fait de chasser avant de venir la chercher. Mais il arrivait trop tard.
Plus enivrant encore était ce désespoir qui émanait d'elle. Une tristesse et une peur extrêmement fortes, plus fortes en elle que ce qu'il avait ressenti jusque là. Elle était bouleversée.
Elle ne semblait pas blessée physiquement. Il n'y avait pas d'arme dans le dojo. La blessure était mentale, uniquement. La pire des blessures.

Cette petite créature faible, pleurant à chaudes larmes toute la vitae de son corps, incitait à la pitié. Mais pas chez l'Ancien Malkavian.
Elle avait failli. Si elle n'avait pas été sa fille, il l'aurait sévèrement punie. Il y songeait.
Mais elle éveillait en lui des sentiments étranges... humains... ce terme ne lui plaisait pas.
La rage bouillait dans ses veines. Voir ainsi son enfant diminuée, affaiblie, brisée, réveillait en lui une colère bestiale. Mais pas seulement.

Tue-la. Elle ne mérite pas ta protection.
Elle est faible. Elle est perdue.
Justement ! Elle n'attend que cela !
Lui. Le Sage. Il devait s'en occuper. Il a failli.
Alors tue-le. Le sang de la Lune ne saurait être versé sans représailles !
Sois pas si obtus. Elle a besoin de réconfort. Elle a besoin de la chaleur d'un père.
Nous sommes froids. Nous ne réconfortons pas. Nous jugeons.
Pourquoi pleure-t-elle ?

Oh. Une question. Il n'aimait pas les questions. Il ne voulait que des réponses.
Ses pouces passèrent doucement sur les joues d'Alice pour essuyer le sang qui y coulait toujours.

Cesse de pleurer.

Le ton était autoritaire mais une pointe de douceur incongrue y perçait.
Il aurait été facile de manipuler les sentiments de la petite pour qu'elle se sente de nouveau en sécurité.
Il aurait été facile de lire en elle ce qui s'était passé, ce qui avait causé un tel bouleversement.
Mais elle devait apprendre. Pour l'aider, il ne devait pas intervenir dans son esprit.

Tu es ici... pour apprendre... à devenir forte...
Il te trouve... seule...
Où est... ton maître d'arme ?