Au milieu de la piste, Raven se déchaîne ondulant son corps au rythme si délicieux de la musique qui s'empare d'elle. La possédant avec une lenteur calculée pour lui offrir l'extase particulier qu'offre l'art pour la libérer d'un poids quotidien et qui s'appelle tout simplement la vie. L'art musical a toujours eu une grande place dans le cœur de notre ravissante gothique qui ne peut s'empêcher de bouger son bassin à la première note jouée.

Rythmique qui la fait s'envoler au-delà de Los Angeles suivant la moindre brise qui l'emporte là où elle décide de se rendre. Oublier les problèmes insignifiants de ce monde, mais qui nous paraisse insurmontable en dehors de la boîte. Être en ce lieu, c'est comme si le temps s'était arrêté pour permettre à Raven de se reposer et d'oublier ce qui se passe à l'extérieur. Comme par exemple ce frisson horrible qui la parcourt de tout son long à chaque fois qu'elle progresse dans la rue, ses pas semblant être le glas d'un événement loin d'être plaisant.

Encore une fois, au milieu de la piste, Raven ne passe pas inaperçu avec son style atypique, mais tellement hypnotisant pour une manière qui nous dépasse parfois. Peut-être est-ce ce regard perçant qui se pose où il le souhaite à la recherche d'un petit quelque chose. Ou bien est-ce encore cette peau d'albâtre au contact si doux ou encore ses lèvres d'un rouge intense et parfait.

Un tour au bar pour se désaltérer avec ses amis, son groupe de toujours. Ils avaient réussi à avoir un contrat avec cette boîte pour l'espace d'une soirée. C'était mieux que rien et il a fallu déployer des moyens inconsidérés pour convaincre Raven de chanter. Ô chanter ne la gênait guère, mais son temps était happé par un travail prenant. Et oui, de nos jours, ce n'était plus une vie agréable, mais une survie plutôt. Les gens ne pensaient qu'à utiliser leur temps pour bosser jusqu'à l'épuisement pour se permettre une bonne retraite ou encore payer leur assurance maladie et que sais-je encore.

Passage éphémère au bar pour se réhydrater puis direction la scène. Le cœur battant, la demoiselle avançait. Cela faisait tellement longtemps qu'elle n'était plus montée sur cette estrade de bois claquant sous ses talons ou encore brillant de mille feux grâce aux projecteurs mis ici et là. Raven se demandait si elle serait à la hauteur des attentes de son groupe. Sûrement enfin elle l'espérait.

Prenant une profonde inspiration et fermant les yeux, la jeune femme se concentrait attendant la première note qui démarra bien rapidement et avant même que le traque ne s'amplifie, sa voix s'éleva accompagné des membres du groupe pour donner un ton plus puissant à ces quelques mots de latin. Puis seule, elle chanta encore et encore. Raven se laissa guider par les instruments ainsi que les paroles qui l'emportaient en plein milieu d'un chant de bataille qu'elle commandait faisant avancer ou reculer les guerriers sauvant ou noyant leurs âmes dans les ténèbres.

Il n'y avait rien de plus palpitant pour la jeune femme que de vivre sa musique à 100%. Là était le secret pour toucher les autres, vivre et croire ce en quoi on chantait. Cet art a toujours permis à Raven de s'évader au loin et également partager le fond de ses pensées sans aucun tabou, sans personne qui lui dirait qu'il ne faut pas dire telle ou telle chose. Non, la musique est une liberté que l'on ne peut brider, personne n'a le pouvoir d'enlever cette liberté si cher à l'humain.

Coup d’œil circulaire à la boîte, elle voyait les gens danser sous la musique qu'elle chantait, que son groupe jouait avec un feu presque palpable qui les prenait tout entier. La fin arrivant, la dernière note fut émise. Le silence fut à nouveau, souffle court, Raven observa le public avec une boule au ventre avant d'être soulagé par les applaudissements puissants de ces derniers.

Le joli corbeau a su séduire par son chant et aller à l'encontre de ses frères et sœurs noirs volatiles auquel on prête un chant horrible à l'oreille. En cette nuit et en cette heure, Raven a su démontrer qu'un corbeau pouvait et savait chanter.

Avançant avec prestance dans la loge, Raven donne un coup d’œil circulaire autour d'elle nourrissant ainsi depuis toujours sa curiosité de savoir comment était des loges privées de haut standing. La jeune femme esquissa un simple sourire se moquant d'elle-même intérieurement pour avoir trop imaginé, mais bon, la célébrité amène parfois des goûts si loufoques et trop prestigieux offrant ainsi une loge digne d'un émirat arabe.

Un baiser posé sur la main par le propriétaire pour la saluer comme une grande diva, ce qui fit quelque peu rougir Raven sur le moment n'étant pas habitué à tant de déférence envers elle. S'en suivie une flûte de champagne qu'elle prit délicatement remerciant chaleureusement Sydney pour cette attention.

"Je vous en prie appelez moi Sydney. Je suis enchanté de vous connaître, penez place ma chère. Je n'ai guère pris le temps de vous demander votre avis, mais une coupe de champagne, cela vous convient? J'ai quelques jus de fruit si vous ne suppotez pas l'alcool."

- Une coupe ne me fera pas de mal tant que je n'abuse pas de l'alcool. La chanson et l'alcool ne font pas bon ménage. Quoi que je ne dis jamais non à plusieurs petits verres de sake dit-elle en émettant un petit rire cristallin.

Après avoir prit place sur un fauteuil confortable et que Raven devait dépenser plus de la moitié de son salaire pour pouvoir se l'acheter. En faite, tout dans cette loge devait coûter extrêmement cher, mais Sydney pouvait se le permettre puisque son club fonctionnait très bien et que sa recette devait être plus que convenable chaque soir. Après tout, les gens ont besoin de s'amuser pour oublier leurs affreuses journées tout du moins ceux qui viennent se perdre ici en milieu de semaine. Raven en faisait partie de ces paumés de la vie et qui pourtant, s'évertuait à se battre pour rendre le lendemain meilleur.

"Bien... Raven, vous avez une voix éblouissante, j'ai été charmé dès la première note. Votre hargne, votre présence, votre voix, c'était magnifique. Croyez moi j'ai vu beaucoup d'artiste se succeder sous mon toit. Mais je vous en prie, parlez moi un peu de vous. Alors que la radio est monopolisé par Justin Bieber, expliquez moi l'injustice de la non célébrité de votre nom? Depuis combien de temps exercez vous votre art?"

Les compliments allèrent droit au coeur de la demoiselle qui inclina délicatement la tête tout en souriant et regardant son vis-à-vis droit dans les yeux. Regard délicat et admiratif face à ce personnage atypique et avec une présence imposante.

- De l'injustice ? En faite, nous ne cherchons pas la célébrité juste à chanter et à montrer notre amour pour la musique. Certains qui deviennent célèbres se perdent et oublie pourquoi ils ont commencé à chanter. La musique n'est pas la célébrité, c'est un désir de partage, chaque mot, chaque mélodie est un message envers ceux qui l'écoutent. On veut simplement parler à travers notre musique. Justin Bieber est un idiot qui s'est perdu et qui se croit grand alors qu'il n'est qu'un grain de poussière dans ce monde de paillette.

Raven bu une gorgée de champagne le temps que Sydney assimile ce qu'elle venait de dire puis elle reprend.

- Je chante depuis que j'ai 18 ans en faite dès que j'ai commencé à travailler. J'ai rencontré le groupe au restaurant dans lequel je travaillais et depuis on s'est pratiquement plus quitté sauf quand j'ai décidé d'aller vagabonder ici et là. Les voyages forgent la jeunesse comme on dit et puis sans ça je ne saurais sans doute pas parler japonais, allemand, italien et un peu l'espagnole.

Raven se confiait avec naturel à Sydney. Bien sûr, elle ne disait pas tout simplement l'essentiel en faite. On sait de par ces mots ce qu'à dû être sa vie ou tout du moins tenter de comprendre le passé de la ravissante chanteuse. Quoi que non, cela reste floue.

- Je suis le genre de personne qui a appris seul et qui s'est battu pour se faire une place dans la société. Et j'avoue que c'est très délectable de voir un visage emplie de colère lorsque l'on a réussi là ou d'autre avait prédit le contraire. Ces gens ne savent pas que plus on rabaisse plus ils donnent de la force à la personne et ils deviennent plus heureux que ceux qui le montraient du doigt.

On peut dire que Raven est une ravissante fleur, mais avec des épines acérées. Le plaisir qu'elle a ressenti le jour où elle a vu les visages de ceux qui l'ont rabaissé pendant plusieurs années lui a procuré un bien fou inexplicable. Mais entre nous, il lui arrive de ressentir à nouveau cela.

Plus Raven observait Sydney et plus elle le trouvait atypique comme personnage, exactement ce qu'elle aimait. Les personnes qui avaient leur propre style, leur propre manière de voir les choses avaient le mérite de donner un peu de piment dans la vie d'un être lambda dont le style se conformait à celui que la société souhaitait voir en chacun des mortels foulant cette terre. Raven n'a jamais voulu entrer dans le moule, elle a toujours voulu montrer que même si le style ne convenait pas à la société, on en restait pas moins intelligente et digne de tenir une conversation tout aussi intelligente.

Sur ce point, les japonais sont bien plus ouverts, car les styles là-bas sont divers et variés et aucune critique n'est fait sur ce point. Là-bas, les gens sont en avance niveau mode tout en restant respectueux des traditions. Ici c'était bien plus rare et Sydney était un peu comme le joli corbeau à la chevelure rouge et noire.

Par moment, Raven se prenait à sourire tout en écoutant le propriétaire du Black Umbrella. Pas de moquerie simplement un moment plaisant à parler avec un homme qui malgré sa préférence du disco et aussi un peu de son style, ne regardait pas avec dédain la demoiselle qui se tenait face à lui. Au contraire, il semblait subjugué par la jeune femme qui par moment se sentait un peu gênée par tant d'attention et aussi un peu touché, il faut l'avouer.

"Vous êtes quelqu'un de rare Raven, croyez moi j'ai vu nombre de divas passer le pas de ma porte. La superficialité est le privilège des grands artistes. L'humilité est au dessus de tout."

- Peut-être parce que je suis moi. Certaines divas utilisent trop d'artifices de nos jours et cela ne fait que les enlaidir. Moi, j'aime le naturel, c'est une arme de séduction et de réussite que peu utilise de nos jours et c'est fort dommage.

"Je suis parti de rien, j'ai fondé un empire. Mais le théâtre me manque ! Avant de ne tomber dans ma sombre condition d'homme d'affaire, j'étais un jeune et talentueux acteur et metteur en scène. On m'accordait bien trop souvent mes caprices à Broadway."

- Vous avez toute mon admiration Sydney, travailler dur pour obtenir son rêve est une chose magnifique. Vous capricieux ? J'ai dû mal à le croire, vous ne ressemblez pas à un de ces êtres qui ne pense à rien qu'à lui-même et qui demande à ce que l'on se soumet à ces moindres désirs. Je ne vous vois pas en être tyrannique. Mais en même temps... Un japonais m'a dit un jour que plus on vieillit plus la sagesse devient notre cadeau. Vous êtes devenu plus sage je pense, mais aussi... mélancolique de ces moments à jouer sur scène et à faire parler votre talent... Pourquoi ne pas faire connaître par moment le monde du théâtre à ceux qui viennent ici ? Vous êtes un homme d'affaire influent et qui je suis sûr réussi parfaitement bien dans ces affaires. Je pense que vous pouvez vous permettre de faire une soirée théâtre une fois pour voir si cela plaît au public dans le cas contraire et bien tant pis, mais au moins vous aurez essayé. Comme je dis toujours, il est mieux d'avoir des déceptions que des regrets, dans le second cas, cela prouve que l'on n'a pas essayé.

Raven avait parfaitement remarqué la nostalgie sur les traits du visage de Sydney et elle en fut touchée. La jeune femme pouvait comprendre que parfois dans la vie ce sentiment nous étreignait sans prévenir nous ramenant ainsi à une époque qui nous était chère. Cela est parfois le cas pour elle, lorsqu'elle repense à la vie qu'elle a menée au Japon, lorsqu'elle était mannequin prisée. Ce fut une merveilleuse expérience pour elle.

"Dite quels sont vos projets ? A Los Angeles de nombreuses opportunités peuvent se créer. En tout cas mon club vous sera toujours ouvert ma chère."

- Mes projets ? Je souhaite pouvoir ouvrir mon cabinet. Voyez-vous j'ai fait des études en psychologie et à l'obtention de mon diplôme j'ai voyagé ici et là afin de m'ouvrir au monde et aussi me reposer après ces années à étudier tout en travaillant pour pouvoir me payer mes études. Je me suis spécialisé pour les enfants... Je pense que je suis la plus apte à les comprendre que d'autre psy qui font des longues thèses sans avoir vécu le problème. Et puis j'aime me qualifier de psy atypique. C'est rare de voir un psy avec un style comme le mien dit-elle en riant, imaginez que vous ne vous attendiez pas à ça n'est-ce pas ? Je vous rassure, je continuerais la musique ne pas chanter ou ne pas jouer du violon et du piano me manquerait bien trop.