Présentation de  

Iain LACHLAN

GANGREL

Nom : Lachlan Prénom : Iain Surnom : Lala Date et lieu de naissance : 15 août 1936 à Cheyenne, comté de Laramie (Wyoming) Date et lieu d'étreinte : 8 octobre 1965 quelque part dans le comté de Sweetwater (Wyoming) Age + Statut d'âge : 78 ans, Nouveau-Né Génération 11 Faction Aubains Clan Gangrel Poste aucun Disciplines Force d'âme (3), Métamorphose (1), Animalisme (1)

Feat. Marco Tapani Hietala

Les apparences sont trompeuses

A QUOI JE RESSEMBLE RÉELLEMENT ?

Iain semble plus grand qu'il ne l'est en réalité ("seulement" 1,80m) et plutôt athlétique pour un cow boy. Il porte désormais les cheveux longs, ainsi que la barbe. Il ne se vêt que de coton et de cuir, matières naturelles, et ne supporte pas le synthétique. Par contre, il lui arrive souvent de troquer son mustang ou son quater horse contre une Harley... plus pratique pour aller en ville.
Son regard est généralement celui d'un enfant découvrant le monde, avec une candeur désarmante, mais peut rapidement devenir sauvage et perçant donnant l'impression parfois déconcertante de se trouver nu devant lui, ou même traduire fort clairement une menace s'il s'avise de baisser un peu la tête et vous regarder par en dessous, un peu comme un loup qui se mettrait en chasse ou un lion qui s'apprêterait à l'attaque.
Tout en lui appelle les grands espaces et lorsqu'il se tient en un lieu clos, tout paraît plus petit tant il emplit la pièce de sa présence déplacée, comme ses membres déliés, la manière dégagée de se mouvoir, la lenteur comme calculée de ses gestes pouvant céder à tout instant place à une mortelle rapidité.

A la découverte de votre esprit

QUEL GENRE DE PERSONNE JE SUIS ?

Humain, Iain était un garçon honnête et droit, travailleur, franc, appréciant la simplicité, l'authenticité. De nature calme et solitaire, il aimait se retrouver loin du tumulte engendré par ses semblables (fêtes, rassemblements, bars,...). Le jeune homme fuyait ce que les jeunes de son époque poursuivaient : la vie en ville, à tout prix, le confort moderne, la drogue et la musique trop forte pour oublier leur perte.  Non, lui préférait les grands espaces, les chevaux, le travail bien fait dans le calme et le respect des belles choses. Son temps libre, il le passait à cheval à explorer la nature qui l'entourait, ou allongé sur le dos à regarder les nuages.
Devenu vampire, il a conservé ces traits de caractères et sa non-vie lui a donné la liberté qui lui manquait pour vivre pleinement ses rêves d'intégration quasi mystique à la nature. Cependant, le Sang lui a apporté l'amour du sang et il tue sans distinction là où d'autres cherchent une justification de goût, de valeur, ou même de sens de la justice (meurtriers, vierges,..). Non, Iain boit quand il a soif, ce qu'il trouve, sans jugement. Et il n'intervient jamais, jamais dans les affaires humaines. C'est leur histoire.

My life before and after...

MA VIE  DE MA NAISSANCE A AUJOURD'HUI...

Allongé dans son lit d'hôpital, Iain vit défiler ses amis et ses proches avant que le médecin n'y mette bon ordre en jetant tout le monde dehors. Il y avait là son patron William Robert Emerson, sa femme Judith et leurs deux fils, sa nouvelle famille depuis la mort de sa mère, neuf ans auparavant, mais aussi Bud, Rick et Brad... Les autres avaient dû rester dans le couloir. Mauvaise chute de cheval lors du rodéo de trop. Le bronco était fou et connu pour ses vices... mais le cow boy avait besoin d'argent. Pour la première fois de sa vie, il voulait en gagner pour acheter une petite maison dans les environs de Green River et y abriter Jessica. Toutes les filles s'appelaient Jessica, à l'époque...  Transport à l'hôpital... verdict : hémorragie interne, éclatement de plusieurs organes. Décès constaté à 1 h 08 le 8 octobre 1965, à l'âge de 29 ans. Le personnel fit sortir les visiteurs, il était tard... et le corps fut dérobé. Scandale à Green River. On ne le retrouva pas, malgré les gros titres dans la presse et les efforts des shérifs locaux. Pourtant, il y eut une tombe pour Lachlan. Et puis le temps passa. Les années s'écoulèrent et Jessica se maria. Elle déménagea à Douglas et ne parla plus jamais de son cow boy. Son mari tenait une épicerie, la seule de la ville, et elle menait une vie bien tranquille. Une vie gâchée, selon ses amies...

Tout avait commencé quelques vingt neuf années plus tôt, à Cheyenne, capitale du Wyoming, à l'hôpital local. Mary, une Cheyenne mariée à un Blanc, donnait naissance à son premier enfant, Iain. C'était très mal vu, à l'époque, les mariages inter ethniques, et pires encore entre Amérindiens et Blancs... Les Noirs semblaient jouir d'une meilleure reconnaissance. Pourtant, Jeffrey, le charpentier, tenait bon. Il avait choisi sa femme en toute connaissance de cause et l'amour qui unissait ses deux là devait surmonter les réticences des deux cotés. D'où leur installation en ville. Une petite soeur arriva trois ans plus tard, en 1940, juste avant l'entrée en guerre des USA, et le départ de Jeff. Lorsqu'il revint, il ne fut plus jamais le même : les Japonais avaient fait... de sacrés dégâts dans son cerveau, à moins que ce ne fut la mort de ses camarades... ou les deux.
La vie n'avait pas été sans drame pour ce couple et leurs enfants. Ainsi, Jenny était une petite fille douce et effacée, un ange qui ne resta que quatre ans avec eux, avant de partir, emportée par une fièvre subite qu'aucun médecin ne sut enrailler. Depuis, Iain vivait avec le souvenir persistant de cette petite soeur... Il allait à l'école à reculons, comme la plupart des garçons, préférant explorer les alentours, monter à cheval chez le voisin... il était doué et passait de plus en plus de temps avec les chevaux, les chiens... trouvant auprès d'eux ce qui manquait à la maison : des confidents. Mary devait faire face aux cauchemars de plus en plus destructeurs de son époux, qui l'épuisait de ses nuits agitées, et cherchait à se suicider le jour. Jeff ne supportait plus l'après guerre et sombrait peu à peu dans la folie. N'ayant pas d'argent, Mary se tourna vers l'armée, qui l'interna dans l'un de ses hôpitaux, à plus de trois cents kilomètres de là. Pourtant, Iain et sa mère y allaient chaque mois. L'état du vétéran se dégradait, mais les médicaments le tenaient dans un calme relatif. Le collège et le lycée se succédèrent dans la longue marche en enfer de l'adolescent qui évitait tout contact avec les autres élèves. Pas ou peu d'amis, et pourtant, une certaine intégration due à une aura personnelle incontestable, et bientôt une réputation d'impartialité qui fit venir à lui les ados pour résoudre des conflits, régler des différents, trancher qui avait tort ou raison. Les premières fois, Lachlan n'y avait pris garde, et comme cela concernait ses "proches", il s'y était soumis de bonne grâce, pour les aider, mais peu à peu, ses conseils valurent au sein des établissements qu'il fréquentait. Iain détestait cela, et le vivait comme une croix à porter. En cas de désaccord persistant, il n'hésitait pas à joindre le poing à la parole. Sa voix était sans appel. Ainsi, sans avoir rien fait pour cela, devint il une sorte de juge de paix non officiel à l'école.

A l'âge de dix neuf ans, Iain participa à la Danse du Soleil de Pine Ridge (Dakota du Sud), et mit quatre heures à se libérer des entraves reliant ses pectoraux au poteau, en scrutant le soleil. Une couverture sur les épaules, il attendit le coucher du soleil, agenouillé face à lui, ses compagnons à ses côtés, sur une ligne -ils étaient une dizaine cette année-. Les Lakota étaient dans un état avancé d'abandon par le gouvernement des Etats Unis, qu'ils traînaient dans les bouteilles vides et les vapeurs d'alcool, la violence prenant le dessus... Mais depuis peu, ils cherchaient à récupérer un peu de leur grandeur. La Danse du Soleil faisait partie de la thérapie, et l'AIM vit le jour... un mouvement violent de reconnaissance des droits Indiens. Iain s'esquiva, peu désireux de se mêler des affaires politiques en général. La semaine précédente, il avait rencontré son animal totem, le loup, avec des yeux jaunes, qui le regardait en silence, dormir, se déplacer, agir, sans rien perdre de la moindre de ses actions, de ses pensées. Cela gêna le métis au début, puis il s'y fit... C'était comme ça.

L'hiver 57 fut terrible et emporta Mary en quelques jours. Au printemps suivant, Iain se présenta à une place de cow boy dans le comté de Sweetwater. Lui qui rêvait de vie libre au contact des chevaux déchanta rapidement. Le travail était rude, les chevaux rompus aux exercices de triage et d'escorte des vaches, longues heures en selle sous la pluie, dans le vent, ou sous un soleil implacable. Il découvrit ainsi un nouvel aspect de la nature... et le savoura. Une fois les vaches mises en pâture, ce furent les barbelés à tendre, les clôtures à refaire, les corral à réparer, les chevaux à débourrer les uns à la suite des autres. Les jours se succédaient si rapidement. La saison des rodéos, les premières méchantes chutes, rentrer et trier les bêtes, manger froid, dormir trempé. Les camarades véreux. Les westerns ne montraient jamais ça. Seuls les paysages étaient au rendez-vous... l'hiver se passa au calme et William R. Emerson conserva Lachlan comme employé, ayant remarqué son travail, son calme, sa présence, et s'était séparé des autres, les saisonniers, ceux qui encombraient les bars et les prisons locales les nuits de rodéos.

Iain avait une vraie chambre dans la maison du contremaître, Trevor Dawson, qui allait se marier au printemps. Il y a toujours quelque chose à faire, dans un ranch de plus de mille hectares, même en hiver... mais le jeune homme sut trouver du temps pour en passer avec un mustang destiné à l'abattage dès que les trains partiraient vers Chicago. Texas... noir et blanc, trapu, poilu, pas vraiment le beau cheval qu'on voyait dans les meeting, mais endurant, maniable, solide. Maintenant, le cow boy avait une année de travail derrière lui, et deux principales montures : Lock, le quater horse puissant, rapide, maniable, et Texas, que son boss l'avait autorisé à conserver, s'il était castré.

La deuxième année se passa bien mieux. Le métier rentrait. Lala put observer les animaux autour de lui, les arbres, les saisons... souvent, il pensait à sa mère, là-bas, enterrée dans les Black Hills, les montagnes sacrées des Cheyennes. Et aussi à son père, interné dans un hôpital psychiatrique de l'armée. Les mains de Iain sont devenues caleuses, malgré les gants, et il n'a pas son pareil pour le tri à cheval. Pourtant, il répugne toujours à la capture au lasso. La troisième année, il a gagné le challenge de la course autour des barils du Wyoming, et le patron lui a versé une jolie prime. Comme Trevor s'était marié, Lala eut une chambre dans la maison principale. Au début, il en fut très gêné, mais peu à peu, se sentit adopté par la famille Emerson. A tel point que, lors de la Thanksgiving de 61, Lachlan leur avoua qu'il était à demi Indien. Stupéfaction. Silence gêné. Madame Emerson l'avait servi sans rien dire, et William, le patron se demandait visiblement que penser de cela. Un Indien dans sa maison ! A la fin du repas, Iain prit ses affaires et s'apprêta à partir, discrètement, demandant à Trévor de l'emmener à Green River. Mais le patron le rattrapa alors que le moteur du pick up tournait déjà :

- Reviens à la maison. C'est bon. Ca nous a surpris, mais ça va. Iain, tu fais partie de notre famille. Un point, c'est tout.

Le cow boy se demanda si c'était vrai... mais le regard de l'homme ne trompait pas. Trévor, étonné, se demandait de quoi il retournait, mais sans poser de question : c'était un taiseux de première, dur à la tâche, et Iain et lui se ressemblait étrangement parfois.

Cela se produisit un an plus tard, en septembre. Les cow-boys cherchaient les vaches depuis deux jours entiers, quand ils finirent par les trouver dans une combe. Les ramener serait long et fastidieux. Toutes n'étaient pas là, et elles s'étaient mélangées à celle du voisin (!). Iain suivit une piste, seul. Il avait l'habitude et tous connaissaient sa maîtrise du terrain et de la lecture d'une piste. La nuit venue, son feu allumé, son cheval dessellé, son ragoût à chauffer, un inconnu s'approcha, sortant de nulle part, comme un fantôme : "bonsoir... je peux ?" Iain l'invita à s'approcher du feu. L'autre avait tout l'air d'un animal sauvage et malgré lui, Iain songea aux contes indiens sur les Wendigo, que les Blancs nommaient loup garou. L'étranger parla peu, mais si bien que le cow boy fut subjugué. "D'où venez-vous ?" - "De là-bas..." dit l'inconnu en désignant le Nord. Inutile de lui demander où il allait. En fait, inconsciemment, Iain sut que c'était ce qui l'observait depuis un an... ce qui l'avait observé dans la fosse à Rêves, alors qu'il n'avait que 19 ans, et aussi à l'enterrement de sa mère et de sa soeur. Ces yeux jaunes, fascinants ni humains, ni animaux...  "C'est vous ?" demanda-t-il simplement, et l'autre de répondre "oui". Il n'y eut pas d'autres mots échangés...

L'événement le plus marquant de la vie humaine de Iain fut sa rencontre, en février 64, de Jessica. La saison de rodéo de l'année dernière avait bien rapporté. L'équipe du ranch avait été classée première et aujourd'hui on fêtait cela, à l'occasion de l'anniversaire du patron. Il était difficile pour Iain de rester enfermé tout un après-midi, mais il faisait des efforts surhumains pour ne pas fuir la tablée. Tout le monde était heureux et mangeait les plats préparés par l'épouse du boss. C'était délicieux, rien à redire. Tout cow-boy qu'ils étaient, ils se tenaient très bien à table, les chapeaux sous les chaises, dans la grange, entouré des chevaux. Parfois, pour s'échapper, le jeune homme regardait dans leur direction et lisait dans leurs yeux les grands espaces qui lui manquaient tant. On parla politique, l'assassinat de JFK, les tensions mondiales, les problèmes du FBI, tout ça... passait bien au-dessus de la tête de Iain, qui s'ennuyait ferme, mais faisait bonne figure. Ensuite, il y eut le bal... et la rencontre avec Jessica ! Et Iain dansa. Pas seulement une ou deux fois, comme d'habitude, pour donner le change, non... longtemps, avec plaisir... il fut très courtois avec elle, charmant, même, prenant soin de la demoiselle, tirant la chaise pour l'asseoir, lui cherchant des rafraichissements...  Tout le monde le remarqua, mais personne ne dit rien.

Pourtant, les mois qui suivirent, pendant le travail, Trévor, William et ses fils, le charriaient gentiment, jamais devant les saisonniers, car c'était une affaire sérieuse qui ne regardait pas les étrangers. Les amoureux se revirent ponctuellement pour les fêtes dans les ranchs voisins, puis plus souvent et Iain descendit même plusieurs fois en ville. En juin, ils se sont fiancés, et les ennuis ont commencé : le père de Jessica, l'honorable juge Felton découvrit que non seulement le futur de sa fille était un simple cow boy sans aucun bien, mais aussi l'ascendance mi-amérindienne du prétendant à la main de sa fille ! scandale. Tout le monde le sut à Green River où le racisme anti amérindien était au-moins aussi fort que celui qui animait les gens de Louisiane à l'endroit des Noirs, si ce n'est plus. Pourtant, les jeunes gens tinrent bons et s'affichèrent ensemble à la fête du 4 juillet. Les ragots allaient bon train. Le juge mit sa fille à la porte. Jessica n'en dit rien à Iain, et trouva un logement à Green River : impossible pour elle, désormais, de retourner à Cheyenne. N'empêche, le couple avait trouvé une jolie petite maison, à la sortie de la ville... Jessica avait coupé les ponts avec son père, et travaillait dans un magasin de bois et matériaux de construction comme comptable. Il manquait pas mal pour la maison... Et il y avait ce rodéo, là... La capture du veau au lasso n'était pas la tasse de thé de Iain, mais la course autour des tonneaux, si, et aussi, la monte des bronco. Et cette année là, au rodéo de Shéridan, le gros lot serait énorme ! Pour la première fois de sa vie, donc, Iain voulut gagner de l'argent, au mépris de tout ce qu'il avait choisit jusqu'alors...

7 octobre 1965

Le bronco ne bougeait pas dans sa cage, et Iain, le gant de cuir solidement arrimé à l'anse, se posa délicatement sur son dos. Jessica lui sourit... mais ses yeux trahissaient la terreur. C'est que ce cheval n'était pas n'importe pas lequel. "le cheval de trop" était son surnom. Il avait déjà tué, pourtant, on ne l'avait pas abattu. La foule, l'arène de sciure  trop blanche sous le soleil trop haut pour l'époque... la musique country, les ballons bleus, blancs, rouges, les bannières étoilées qui balançaient mollement au vent... Le loup était venu cette nuit et lui avait dit : "me suivras-tu ?" - "où ?" - "aux limites" - Iain n'avait pas répondu... et le loup était parti. Le portail s'ouvrit sur le côté gauche, libérant brutalement le bronco qui partit en violents coups de dos sur les côtés, tournant comme un furieux à gauche, à droite, sautant, le nez à ras du sol. Iain tenait bon, il lui fallait cette maison ! et puis, son assiette lui permit de tenir, tenir, tenir... 8 secondes !!! des acclamations fusèrent et deux cavaliers vinrent récupérer le cow boy. A ce moment là, l'attache céda et il fut éjecté à trois mètres de sa monture déchainée, qui, dès qu'elle l'aperçut enfin, le chargea et le piétina, le mordit sauvagement, le traînant sur plusieurs mètres. Les aides ne purent rien, et finalement, plusieurs coups de feu claquèrent dans les cris. Le silence s'abattit. Iain ne bougeait plus, et le sang teintait la sciure. Les brancardiers se hâtèrent et prirent l'homme inconscient. Les médecins ne purent que constater leur impuissance et attendre l'hélico qui emmènerait le blessé dans un hôpital mieux équipé... Les visites furent interdites, mais Emerson et quelques autres réussirent à le voir, avant de se faire virer... Le visage d'Iain était intact, mais le reste de son corps portait les traces des coups et morsures du bronco.

Le blessé fut seul. Le dernier médecin partit à la suite de l'apparition d'un inconnu flottant dans un dustcoat de coton huilé. Il s'approcha, ses yeux jaunes seuls discernables à travers ses cheveux emmêlés et trop longs, ses doigts parcoururent le corps seulement couvert d'une camisole légère et de pansements, l'ouie discernant le pouls faible et fuyant en route pour la mort. Il se courba au-dessus de Iain et :
"Veux tu vivre ?" - "oui..." réussit à articuler le mourant qui songeait à Jessica - "tu erreras seul et libre pour l'éternité, le veux-tu ?" - "oui..." répondit le blessé en ouvrant les yeux pour découvrir les yeux jaunes qui le suivaient depuis si longtemps. "Je t'ai longuement observé, et tu es digne de mon sang." pause.... "Je vais te l'accorder. Je suis Jehan de Boisfeu, né en 1392 en Auvergne, là-bas, en France". Rien ne semblait étonner Iain... qui se disait *pourquoi pas... s'il le dit*, acceptant l'évidence, l'accueillant. "Je vais te créer, t'enterrer, et tu devras seul te sortir de là... sinon, tu mourras." Il mourrait de toute manière... alors... La douleur fut fulgurante et le peu qui restait encore de son sang s'échappa. Iain eut peur et mourut. Le sang le brûla de son froid glaçant et il sombra dans un sommeil sans rêves.

Lorsqu'il s'éveilla, il était sous terre et fit tout pour se sortir de là, grattant de ses ongles, hurlant -comment pouvait-il hurler ?!!! respirer ? il ne respirait pas...-. Qu'avait-il dit d'autre ? Jéhan ? qu'il était Français, qu'il avait tué sans discernement, pour se nourrir uniquement, qu'il n'était plus Chrétien et obéissait aux lois des dieux anciens, rencontrés lors de ses errances. Le respect de la terre... la souffrance de la terre... son aliénation par l'homme... la méfiance envers les autres vampires... les autres clans... le respect de la Mère... éviter les lupins... tout se mélangeait dans la tête du neonatus qui grattait comme un fou pour se sortir de là. Rien à voir avec la Fosse à Rêves des Lakotas... Epuisé, il s'arrêtait, puis reprenait. Seul. Il devrait rester seul cent ans. Et s'il survivait, son Sire le reconnaîtrait. Jéhan. Ne dire son nom qu'en cas d'absolue nécessité. Gangrel. Le clan de l'Animal, du Loup. Eviter les lupins pourtant... les espaces naturels se réduisent comme peau de chagrin... gare aux loups de Fenrir et aux "rouges", possible de parler aux Longues Marches. Et puis, vivre, vivre, vivre ! traverser le temps, jusqu'à la rencontre avec lui, Jéhan, son Créateur. S'il mourait avant, ce serait seul, et sans sa reconnaissance devant les membres du clan. Ses doigts arrivèrent à la surface et Iain devint hystérique. Ah oui : la Bête ! l'aimer et la chérir. Ne pas la craindre, l'accueillir. Par chance, il faisait nuit noire... Ne pas marcher sous le soleil. Sa vision l'étonna : tout était si net... Les bois autour de lui l'abritaient des regards indiscrets et garantissaient sa survie, du moins dans un premier temps. Il voulut revoir Jessica. Mais son Sire l'ayant interdit, il ne passa pas outre. Malheureux, déchiré, il avança, traversa la forêt, vit les vastes étendues s'étendre devant lui, les montagnes étaient proches... Il courut. Et se réfugia dans des grottes de lui connu déjà humain. Il dormit comme une masse tout le jour, et se réveilla la nuit suivante, découvrant au loin les lumières d'une petite ville, sans doute Green River. Le mieux était de s'éloigner. Il partit au nord.

Commença pour Iain la difficile découverte de sa nouvelle nature, mais il s'accrochait à la non-vie, l'occupant à l'observation du monde qui l'entourait. Les montagnes, les plaines, vallées, sommets, animaux, humains. Il se détachait sans trop de difficultés de son humanité, et si, au début, il ne buvait que des assassins, violeurs et autres plaies de la société humaine, il ne fit bientôt plus de différence, après s'être rendu compte que l'un des tueurs qu'il avait occis était en fait une victime. Et un gentil petit gars terrifié, un tueur en série. Donc, lorsque le Gangrel se nourrissait, il se nourrissait, un point c'est tout. Quelques frénésies plus tard pour se sortir de situation risquées face à des lupins ou d'autres vampires, et voilà Iain affublé de marques de la Bête : oreilles et yeux de loup, qu'il cachait grâce à ses cheveux longs et à des Rayban, ainsi que des plaques de fourrures sur le dos et l'intérieur des cuisses. C'est qu'il s'adonnait souvent à la Bête, au début, avant de comprendre qu'à ce rythme là, il ne pourrait plus se balader librement, et de transférer sa Frénésie sur un autre dès qu'elle montrait le bout du nez.

Le temps passa, la technologie progressa, les distances se raccourcirent. Iain avait visité les villes de l'Est, Boston, New York, Washington, New Orleans, rencontré des vampires de toutes sortes, bien qu'il évite soigneusement leur route, et se rendit compte, à l'occasion, qu'eux non plus ne tenaient pas à sa compagnie : tant mieux. Les princes des villes -cela demeurait incompréhensible pour le néonatus !- le laissaient aller et venir, parce qu'il était Gangrel. Plus tard, il découvrit que c'était aussi en grande partie à cause des traces visibles de la Bête sur lui, un sacré avantage, chez les vampires... Plusieurs fois, il assista à des réunions de son clan, à des règlements au premier sang, aux récits des dernières nouvelles d'untel ou untel, les connaissant sans les avoir jamais vu. Il y avait de véritables troubadours chez les Animaux, mais Iain demeurait silencieux.

Le nouveau-né découvrit aussi deux grandes factions dans son clan : camaristes et sabbatiques. Les uns lui semblèrent curieux, les autres infréquentables, et ce, dans les deux camps. Pour autant, tous étaient Gangrel, contrairement aux autres clans qui reniaient les membres des autres tendances. Il rencontra aussi des Brujahs, s'entendant plutôt bien avec eux, à la Nouvelle Orléans, et à New York, mais ceux de San Francisco lui parurent faux, et il les évita. Il rencontra aussi quelques fous de l'art sous toutes ses formes, des Toréadors, que la fascination du beau rendaient hystériques à ses yeux, deux Ventrues qu'il s'empressa de quitter, de peur de se faire manipuler, lors d'une fuite, des Nosfératus le cachèrent, à San Francisco, mais... leur odeur l'incommodait beaucoup et Iain ne parvenait pas à aller au-delà de leur apparence physique (bien qu'il reconnaisse une dette de vie à leur égard)... La plupart du temps, il demeurait hors des villes, rechignant à aller s'enfermer dans les odeurs de gasoil et de bitume. Au début, il voyageait souvent de manière clandestine par train, se nourrissant de hobos, mais ce type de transport était trop aléatoire et il opta pour une moto, s'amusant à intégrer, parfois, des clans de motards. Il arrêta bientôt, car appartenir à quelque organisation que ce soit le rebutait profondément.

De San Francisco, donc, il arriva à Los Angeles... De là, il filerait dans les Rocheuses pour courir tout son saoul en pleine nature. Cette ville serait donc un simple passage, une découverte pour ne pas rester ignare. Le Gangrel demeurait méfiant, mais ce qui l'amenait là... était une dette d'honneur. Dette contractée de plein gré envers les Nos', dont un jeune avait disparu dans cette ville. Pour faire simple, il retrouvait le néonatus des égouts, le ramenait par la peau du cou à ses pairs, et faisait la peau, si nécessaire, à ses ravisseurs. Mais d'abord se présenter au Prince, une Toréador....

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